L'Ordre des Chevaliers Divins
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L'Ordre des Chevaliers Divins

L'Ordre des Chevaliers Divins regroupe nombre de soldats plus ou moins expérimentés mais se battant pour une cause juste, Dieu.
 
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 Terre brulée

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*chaos*
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Nom: Adrian Gordon
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MessageSujet: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeDim 2 Oct - 23:48

Le Capitaine Gordon, emmitouflé dans une épaisse cape de fourrure, observait paisiblement la fumée produite par une cheminée du village tout proche, seul signe de vie dans la campagne qui semblait endormie.Il porta à sa bouche la corne dont il se servait depuis quelques temps pour boire sa bière.
Constatant que le récipient était vide, il fit quelques pas, s’approchant de sa monture qui broutait l’herbe un peu plus loin. Replaçant la corne dans une des fontes de sa selle, le Géant s’étira longuement avant de prononcer quelques mots à voix basses : « Eh bien, l’heure est venue… »
Après une série de caresse sur l’encolure de l’animal qui le servait depuis déjà si longtemps, Adrian fit un signe à Shiva qui se tenait quelques mètres plus loin, tenant dans une main un arc composite, et de l’autre une flèche à l’embout inflammable. Après plusieurs tentatives d’allumage à coups de silex, la jeune femme parvint à enflammer son projectile qui s’éleva dans les airs, très haut, malgré les innombrables branches d’arbres qui auraient pu la stopper.
Simultanément les deux officiers se mirent en selle, rejoignant le gros de la troupe des Faucheurs qui les attendaient dans une clairière proche, et ce depuis plusieurs heures. Les soldats s’empressèrent de se relever, leur commandant leur avait permis de dormir plusieurs heures après une chevauchée harassante, mais le temps du repos était déjà terminé.
Shiva, observant le ciel constata d’un ton neutre :

- Ça a commencé…

En effet, le ciel semblait s’éclaircir, des dizaines de petits points lumineux traversaient les ténèbres, décrivant une courbe vers le haut avant de retomber. Presque instantanément, une nouvelle série de ces étranges apparitions fut visible et Gordon, suivi de sa centaine de Faucheurs, commença alors à progresser à travers les arbres.
Il fallut un certain temps à la petite troupe pour parvenir à trouver un chemin dans ce dédale de branche que n’éclairait d'aucune lumière : les torches ne seraient allumées que plus tard, c’était la règle et chacun savait ce qu’il en coûtait de ne pas obéir scrupuleusement aux ordres du Démon du Nord.
Heureusement, des nombreux cris de terreur indiquaient la direction à suivre aux soldats et bientôt, ceux-ci furent en vue de leur destination, un village de taille assez conséquente dont environ déjà la moitié des toits avaient pris feu. Un vent favorable semblait avoir décidé de propager l’incendie et déjà, les villageois couraient et hurlaient en tout sens. Gordon pris la parole :

- Comment s’appelle ce bourg ?

Personne ne connaissant la réponse, nul ne répondit. Le Colosse haussa les épaules, visiblement indifférent :

- Bah, je suppose que ça n’a déjà plus grande importance…

Talonnant sa monture, il la fit descendre une petite pente, se dirigeant vers la rivière toute proche, où déjà certains habitants armés de seaux c’étaient précipités, laissant les portes de la cité grandes ouvertes ; au moins il ne faudrait pas attendre que les palissades brûlent, c’était déjà ça. L’affaire serait rapidement réglée songea l’Ecossais.
D’un geste, il autorisa ses hommes à allumer leurs torches, ce qui se fit dans un grand vacarme de pierres s’entrechoquant. le Géant frissonna, ce bruit le révulsait toujours un peu, lui rappelant le choc des boulets de pierres heurtant les hautes murailles de la citadelle de Svarga. Depuis quelques temps, les spectres du passés harcelaient sans cesse Gordon, sous la forme de rêves ou simplement de bruits familiers. Des souvenirs enfouis ressurgissaient, certains heureux, la majorité funestes.
Étonnamment, ce fait avait eu pour effet de radoucir un peu le comportement du Capitaine, du moins à l’encontre de ses soldats : si aucune indiscipline n’était tolérée, l’officier se révélait plus magnanime depuis le début de son expédition à travers les terres toulousaines et le discours prononcé par certains hommes juste après l’attaque des ombres y était pour beaucoup.
Deux autres facteurs cruciaux avaient entraîné ce changement qui bien que subtil, n’avait échappé à personne. Le premier était une terrible altercation entre Shiva et Gordon : en effet, quelques heures avant de quitter Fort Guède avec le gros de ses troupes, l’Ecossais avait rendu visite à la blessée qui était totalement incapable de repartir aussi vite au combat.
Toujours aussi distant malgré les années, les deux individus peu portés aux démonstrations sentimentales s’étaient violemment disputés. La raison du conflit était simple : Gordon en pénétrant dans la pièce et après avoir pris des nouvelles de sa subalterne s’était exprimé de manière plus que maladroite, promettant à l’infirme de la venger, de planter sur des piques les têtes de ceux qui avaient osé avoir recours à des méthodes aussi viles que l’assassinat et ce, sur un ton dépourvu de la moindre émotion.
L’Amazone, malgré son état de faiblesse avait rugi,se moquant de la répugnance de Gordon vis-à-vis des assassins tandis que lui-même était l’être le plus sanguinaire au monde,une brute totalement insensible et dénuée de toute morale avait(elle clamé avant de s’emporter encore davantage.
Elle n’avait que faire des promesses de vengeance du Démon du Nord : après tout, il avait pour dessein de massacrer les toulousains depuis des mois et cela ne changeait donc rien. Elle n’avait que faire de servir de prétexte pour justifier les atrocités qu’il comptait commettre.
Lorsqu’elle se mit à le traiter d’idiot, capable d’imaginer que les toulousains puissent avoir formé des assassins aussi compétents alors qu’ils ne parvenaient pas même à disposer d’éclaireurs, le Colosse avait bien failli commettre l’irréparable, agrippant la gorge de la jeune femme d’une main : la tuer tant il avait mis de force dans son geste.
C’est alors qu’il sentait la vie de l’Amazone palpiter dans sa main que le Colosse s’était rendu compte d’un sentiment qui lui était devenu totalement étranger et qu’il avait déjà vaguement ressenti lorsqu’il avait cru cette femme morte : il y était attaché, ne voulait pas la perdre ou que du mal lui soit fait. Il avait relâché son étreinte soudainement, et avait quitté la pièce précipitamment.
Deux semaines plus tard, l’Amazone l’avait rejoins, montrant sa froideur habituelle. Elle n’avait pas même ouvert la bouche en retrouvant le Colosse qui ne s’était pas montré plus chaleureux, elle s’était contentée de lui remettre une lettre reçue à Fort Guède peu de temps avant, et de reprendre sa place à ses cotés.
La lettre constituait le second facteur ayant quelque peu bouleversé Gordon/ Elle était en effet signée de son ami Wallace, le manchot qui avait été son second quelques temps et qui, après avoir été mutilé à Svarga, avait préféré retrouvé sa contrée natale, l’Ecosse, afin de profiter des arriérées de salaires perçues en une seule fois.
La lettre, bien que transpirant le respect entre les deux hommes, lié autant à la différence de grade qu’au tempérament de chacun, était amicale et remplie de bonnes nouvelles. Wallace avait effectivement réussi à trouver la paix et son second fils venait de naître et il portait d’ailleurs le même nom que le Démon du Nord, ce qui n’était évidemment pas anodin. Le hasard était par contre, que ce fut à Falkirk que la petite famille avait élu domicile.
Ce nom surgit du passé très lointain de Gordon avait fait naître en lui un autre sentiment terriblement humain et donc étranger à son caractère : la nostalgie. En effet, le Capitaine avait songé qu’après avoir remporté cette guerre et avant qu’une nouvelle ne débute, ce qui était inévitable avec Rénald à la tête de l’Ordre, il lui plairait de revoir quelques jours sa terre natale : après tout, il était toujours Lord de Falkirk, en théorie du moins…

Wallace félicitait aussi son ancien officier supérieur pour ses exploits sur le champ de bataille et son ascension dans la hiérarchie. A la grande surprise de Gordon, de nombreux soldats sous ses ordres,des compatriotes en grande partie, étaient en correspondance avec l’Ecossais, et ne tarissaient pas d’éloges sur leur Commandant. Le manchot avait d’ailleurs cité les patronymes de plusieurs de ses hommes, dont certains suivaient le Démon du Nord depuis des années, quelques uns même depuis ses premières batailles !
La lecture de ses noms qu’il avait pourtant lu à maintes reprises dans ses rapports, il en avait même mentionné plusieurs dans les comptes-rendus de bataille qu’il avait envoyés à Rénald ,sans se rendre compte qu’il s’agissait d’hommes qu’il côtoyait depuis si longtemps, perturbèrent beaucoup le Capitaine.
C’est sans trop comprendre comment leur supérieur s’était soudain souvenu d’eux que ces hommes avaient subi une conversation qui ressemblait assez à un interrogatoire concernant leurs états de services et les batailles menées en compagnie de Gordon, avant de se retrouver propulsé à un grade supérieur, la majorité d’entre eux étaient en effet toujours simples soldats tandis qu’ils luttaient pour l’Ordre depuis plus de cinq ans !
Ces changements de grades furent accueillis avec une certaine mauvaise humeur par la troupe, certains trouvant injuste ce favoritisme soudain. Ils furent rassurés lorsqu’un des nouveaux gradés voulu s’adresser directement à Gordon pour le remercier, l’interpellant durant l’un des arrêts consacrés à l’abreuvage des chevaux : l’homme fut rossé convenablement par le Démon duNord qui ne tolérait pas qu’on lui adresse la parole sans en au préalable en avoir demandé l’autorisation.
C’est donc un Gordon quelque peu différent qui menait ses Faucheurs vers la rivière, dégainant l’une de ses épées et donnant ainsi le signal de la charge. En quelques instants, le gros de la troupe était sur la masse de paysans cherchant à remplir leurs seaux d’eau afin de calmer l’incendie.
Il fallut quelques secondes pour que les exécuteurs viennent à bout de ce menu fretin qui déjà avait commencé à fuir en direction des portes, sans qu’aucun ne parvienne à échapper aux cavaliers. Gordon fit galoper sa monture jusqu'à l’entrée des murailles, montrant ainsi que le temps du véritable massacre avait sonné. Bientôt les auxiliaires et les mercenaires ayant provoqué l’incendie firent leurs apparitions, surgissant de l’obscurité où ils étaient restés dissimulés, un peu partout autour de l’enceinte, et se ruèrent à leur tour dans les rues du village où les Faucheurs venaient de s’engouffrer.
Gordon chercha du regard sa seconde et la vit, perchée sur la colline surplombant la rivière. Elle ne semblait pas vouloir se mêler à ce qui tourna rapidement en une boucherie immonde. Les paysans occupés à lutter contre les flammes étaient décimés par les guerriers surentraînés de l’Ecossais, certains furent projetés vivant dans les brasiers, bousculés par les montures et bientôt, une odeur atroce de chair brûlée emplit l’atmosphère.
Quelques rescapés s’étaient empressés de se barricader dans une église, du moins ceux qui n’avaient pas été abattus en chemin, soit une minorité. Eudes, qui était arrivé en même temps que ses hommes, mais n’avait participé à la chasse, demanda l’avis de Gordon d’un hochement de tête et celui-ci répondit :

- Barricadez l’entrée, que nul ne puisse sortir. Mettez-y le feu ensuite et surtout, cette fois, vérifiez bien le cimetière…

Lors de l’assaut d’un village une semaine auparavant, un homme avait en effet réussi à survivre à l’attaque en se dissimulant derrière une tombe, il avait été intercepté dans sa fuite par le plus pur des hasards, certains hommes ayant été chargés de surveiller les alentours de manière à prévenir leur Capitaine si une troupe armée était à sa poursuite.
L’homme avait raconté le moyen grâce auquel il avait sauvé sa vie et fut exécuté immédiatement après. Gordon voulait en effet que ses adversaires apprennent ses déplacements le plus tard possible et surtout qu'ils ignorent dans quel ordre il avait détruit leurs domaines.

Quelques heures après le début de l’attaque, le toit de l’église, en grande partie consumé, s’écroulait, ensevelissant les éventuels rescapés. Adrian et ses hommes se rassemblèrent, le recensement des troupes ayant permis de vérifier qu’aucun soldat n’avait disparu. Le soleil commençait à pointer à l’horizon, ce qui voulait dire qu’il était temps de partir, la prochaine cible étant assez éloignée.
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeJeu 6 Oct - 0:40

Enfin, j'ai eu le temps de lire tout ceci (de ton dernier poste sur l'autre sujet à ici), il était temps !

Dit-moi, pourquoi en lisant ça j'ai l'impression de lire un récit sur une épuration éthnique ou quelque chose s'en approchant ? MrGreen
Faut croire qu'à l'époque c'était plus facilement accepté socialement, les temps sont durs aujourd'hui... Sad Terre brulée 308425
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeJeu 13 Oct - 12:13

Bah en fait notre campagne actuelle est plus ou moins proche de ce qu'on a appeler la croisade cathare, qui fut en fait un gigantesque génocide,donc je me suis dis que le comportement de Gordon devait bien témoigner de l'atrocité de la chose,et je pensais dans la suite de la mission faire un peu question de religion MrGreen

Mais ouais sinon bah, la décimation du peuple toulousain est assez joyeuse à planifier en fait MrGreen
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeVen 14 Oct - 23:55

*chaos* a écrit:
Bah en fait notre campagne actuelle est plus ou moins proche de ce qu'on a appeler la croisade cathare, qui fut en fait un gigantesque génocide,donc je me suis dis que le comportement de Gordon devait bien témoigner de l'atrocité de la chose,et je pensais dans la suite de la mission faire un peu question de religion MrGreen

Mais ouais sinon bah, la décimation du peuple toulousain est assez joyeuse à planifier en fait MrGreen

Je suis d'ailleurs content que l'on soit un peu décallé chronologiquement par rapport à ces événements : le bordel à gérer que ça serait. Shocked
Bon ben dépèches toi de pondre d'autres récits de massacres que je puisse puiser un peu d'inspiration.
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeSam 15 Oct - 16:16

Bah autant ça aurait permis d'avoir une foule de perso sympas avec lesquelles interagir autant c'est clair que ça aurait été compliqué à gérer,d'autant plus que cette guerre est un sacré bordel.

Pour ce qui est des massacres à venir,faudra un peu de patience,c'est le dimanche matin mon jour de rédaction et j'ai un concert ce soir ,donc m'étonnerais que je sois fort prolifique demain MrGreen
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeMar 1 Nov - 20:40

Le maigre butin fut rapidement réparti entre les guerriers : il s’agissait principalement de nourriture et visiblement le village était spécialisé dans les viandes salées, ce qui réjouit les envahisseurs. En revanche, il y avait peu de bétails, ce qui était tout aussi bien vu que chaque bête de somme devait être abattue, seuls les rares chevaux étaient épargnés, tous ceux trouvés étant utilisés pour porter les bagages des hommes.
L’armée d’Adrian, forte d’environ 300 hommes n’était en effet constituée que de cavaliers, même les archers gallois s’étaient vus obligés de passer le pied à l’étrier de manière à ce que la troupe soit extrêmement mobile et puisse ainsi éviter d’avoir à affronter une armée trop conséquente.
Romuald, l’Intendant de l’Ecossais avait trouvé un système permettant d’attacher entre deux cavaliers, une monture seule à l’aide d’anneaux placés sur les côtés de la selle et d’un système complexe de cordage, la monture sans cavalier suivant ainsi le rythme des deux chevaux qui l’entouraient et portant ainsi des carquois remplis de flèches, quelques ustensile de cuisine et surtout, les tentes ainsi que des réserves de nourritures et d’eau. L’ingénieux système permettait avantageusement de remplacer les lourds chariots qui habituellement suivaient les armées, d’autant plus qu’en cas de blessures d’un cheval lors d’un combat, les soldats disposaient ainsi de montures de rechanges, en nombre trop limité néanmoins, puisque qu’au total, la troupe ne disposait que de 400 chevaux, dont une vingtaine ayant été nouvellement acquise suite à quelques pillages.




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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeMar 1 Nov - 20:43

Sylvestre n’était pas ce que l’on pouvait appeler un intellectuel. Descendant d’une riche lignée de marchands, son père avait en grande partie ruiné l’héritage familial, aidé en cela par une quantité assez surprenante de bouteilles au contenu alcoolisé .A la mort de son géniteur, le gaillard n’avait pu que constater le déplorable état dans lequel se trouvait les anciens magasins appartenant à ses ancêtres, et avait vendu le tout pour une bouchée de pain à des banquiers venus de Sienne et désireux d’installer un comptoir dans les environs de Toulouse. Le fait que ses anciennes propriétés soient maintenant devenues l’un des sièges de l’une des plus prospères banques françaises préoccupait assez peu le jeune homme qui consacrait l’essentiel de son temps à son travail : celui de bûcheron. A défaut d’un grand intellect, l’individu était en effet doté d’une paire de bras solide ayant déjà fait mordre la poussière à une foulée de conifères et autres fagacées. D’ailleurs, c’est alors qu’il revenait d’une journée de dur labeur, hache sur l’épaule et cruche de vinasse à la main, que le campagnard croisa la route de ce qui avait tout l’air d’un grand seigneur.
L’homme en question était monté sur un destrier imposant et portait une armure massive à l’allure peu locale, une longue épée effilée pendait à son flan tandis qu’une hache à double tranchant était accrochée à la selle de sa monture. Les longs cheveux noirs de jais du cavalier, tombaient sur ses épaules, son visage maculé de nombreuses cicatrices était tourné dans la direction du jeune bûcheron qui stoppa sa marche, impressionné par la considérable escorte de l’homme.

- Salut l’ami ! Dis-moi, à qui appartient ce bois ?

Sylvestre tressaillit, cela faisait plusieurs années qu’il travaillait à déblayer l’une des clairières : il y avait même établit sa demeure, profitant de l’indifférence du seigneur local qui ne quittait guère la capitale de son duché : Tournefeuille.

- Euh, il me semble que c’est le bon sieur de Tournefeuille qui possède ce bosquet…

A la grande satisfaction du bûcheron, le cavalier semblait assez peu intéressé par ce détail. Pourtant lorsque l’énorme destrier s’avança dans sa direction, un frisson secoua le solide campagnard ; le regard du cavalier était en effet fixé sur lui et le visage avait une allure intriguée mais aussi un brin dégoûté.

La question qui trottait dans la tête d’Eudes était simple : s’il donnait un coup d’épée dans l’énorme tache de vin qui recouvrait une bonne partie du visage de son interlocuteur, le sang en jaillirait-il de la même couleur que d’ailleurs ? C’était idiot mais pourtant, il n’en savait rien, n’ayant que rarement eu l’occasion de croiser un individu portant une telle marque. Le sang à cet endroit était peut être noir… Enfin, ce n’était pas véritablement le plus important, quoique.

- Et quel est le village le plus proche ?

Cherchant à capter le regard de l’homme qui le fixait, le bûcheron répondit d’un ton soupçonneux :

- Ben, il y a Tournefeuille même, mais c’est fort, fort loin au Nord. Sinon il y a Reynerie qui est situé à quelques lieux au Nord-Est…

Eudes fronça les sourcils, mécontent : Gordon emmenait ses hommes beaucoup trop loin au cœur du Comté de Toulouse à son goût. Les risques de croiser des troupes armées étaient de plus en plus grand, et chacun savait que Gordon ne renoncerait pas à un éventuel affrontement, fut-ce en infériorité numérique.

- Merci bien l’ami, passe une bonne journée…

Le bûcheron s’inclina maladroitement, laissant tomber une lampée de vinasse par terre avant de commencer à marcher en direction de sa hutte. Eudes quant à lui avait pris la direction opposée et plaçait lentement sa main sur la garde de son épée quand la tête de l’individu fut fauchée par Shiva qui déboula au grand galop, et rugit :

- Pauvre crétin, pas de témoin, c’est si compliqué à comprendre ?

Le crétin en question eut une moue de mécontentement, cette furie l’avait empêché de réaliser sa petite expérience, et qui plus est se permettait de l’insulter, quelle garce… Cependant mieux valait ne pas le lui signaler vu son tempérament.

- J’allais l’abattre, il n’y avait tout de même pas d’urgence, ce gars était très sympathique.

La seule réponse de l’Amazone fut un regard méprisant. Elle rengaina son épée avant de rejoindre Gordon au cœur même de la forêt, assis sur une souche. Le Colosse lisait une longue missive marquée du sceau de Renald. En effet, l’Ecossais envoyait régulièrement des cavaliers à Fort Guède afin de s’assurer des directives du Maître de l’Ordre.

L’humeur du highlander était sombre ; d’une part le contenu de la lettre n’était guère enthousiasmant, mais sur trois messagers envoyés, seul un était revenu, ce qui signifiait que les deux autres avaient soit été interceptés, soit avaient désertés. Par chance, c’est le dernier messager envoyé qui était le seul à être revenu, et la date de la lettre semblait prouver qu’aucune autre n’avait pu être passée aux mains des ennemis.

Shiva se plaça aux côtés d’Adrian et tendit la main pour lire la missive tandis qu’Eudes arrivait à son tour, lançant un regard mauvais à la jeune femme tout en déclarant :

- Bien, bien, j’ai des renseignements. Au Nord-Est se trouve une bourgade du nom de Reynerie, mais elle est dangereusement proche de Tournefeuille et donc de Toulouse…

Gordon sembla réfléchir un instant avant de déclarer :

- Dans ce cas, nous marcherons sur Tournefeuille.

Le Normand resta un instant interdit avant de préciser :

- Il ne s’agit pas d’un simple village comme ceux que nous avons attaqués jusqu'à présent, c’est une ville fortifiée, avec des remparts et sans doute des défenseurs, étant donné qu’elle appartient à un des vassaux du compte…

Le Démon du Nord sourit, ce qui ne lui arrivait pas souvent et n’était en général pas de bon augure. Il se leva et répondit :

- C’est précisément la raison pour laquelle il est important que Tournefeuille brûle, sa chute marquera les esprits, d’autant plus que la proximité avec Toulouse va provoquer un vent de panique et définitivement semer le trouble chez les vassaux de Raymond qui auront ainsi la preuve que ce dernier est incapable de les protéger.

Eudes semblait malgré tout perplexe et se risqua à une série d’objection :

- Mais nous ne disposons pas du matériel pour assiéger une ville, et encore moins des effectifs nécessaires, et les portes ne s’ouvriront pas aussi facilement que celles d’une bourgade…

Adrian s’apprêtait à répondre quand un cavalier fit son apparition, sa monture couverte d’écume, tout comme lui. L’Ecossais fut heureux de reconnaître un de ses messagers disparus qui articula avec peine :

- Capitaine, je suis poursuivis par une troupe toulousaine, une cinquantaine de cavaliers. Ils campaient sur le chemin menant à Fort Guède. J’ai fui dès que je les ai aperçus mais ils m’ont poursuivi. Je pensais les avoir semés mais ils m’ont rattrapé il y a quelques heures : ils ne doivent pas me suivre de loin…

Le sourire de l’Ecossais se transforma en un rictus cruel, il fit un signe à Eudes ainsi qu’un autre à Shiva, tandis que lui-même empoignait sa sweihander d’une main et défaisait de l’autre les rênes de sa monture, attachée à une branche.

L’auxiliaire avait raison, ses poursuivants le talonnaient. Pourtant, lorsqu’ils pénétrèrent dans le bois, ils ne trouvèrent pas le moindre signe de la présence de leur proie, un hennissement soudain leur assura pourtant qu’elle n’était pas loin. Les hommes dégainèrent leurs lames, s’avançant d’un pas rapide à travers les branches. Les Toulousains poussèrent un cri de joie en entendant un second hennissement fort proche ; visiblement, le cheval de leur gibier était à bout de force et incapable de les distancer à nouveau. C’est donc confiant qu’ils s’enfonçaient encore davantage dans les profondeurs de la forêt.
Lorsqu’ils aperçurent enfin un cavalier, ce ne fut pourtant pas celui auquel ils s’attendaient mais un Géant terrifiant monté sur un véritable monstre et entièrement vêtus de noir, tenant d’une seule main une énorme épée crantée tel un véritable cavalier de l’apocalypse.
Les hommes au premier rang hésitaient à charger, décontenancés. Ils le furent encore plus quand une volée de flèches s’abattit sur eux, immédiatement suivie d’une seconde mais qui cette fois, ne provenait pas de front mais des flancs. Et enfin, ce fut une formidable charge de cavalerie qui conclut l’assaut.
Des colosses armés de faux et de claymores surgissaient de toutes les directions, chacun montés sur une bête de la même allure que celle de leur chef. D’autres cavaliers étaient eux aussi présents, équipés de haches et d’arcs. Et enfin, des fantassins armées de vouges surgissaient de toutes les directions.
En un instant, les Toulousains furent encerclés et anéantis. Certains eurent le réflexe de chercher à fuir, mais les auxiliaires criblaient leurs dos de leurs traits acérés. Adrian n’eut pas même le temps de trouver une cible que déjà, le bataillon ennemi avait cessé d’exister.
L’Ecossais ordonna que les montures s’étant enfuies durant les combats soient rattrapées, elles seraient toujours utiles. La surprenante apparition de la troupe ennemie lui permit qui plus est de commencer à établir une tactique pour prendre le contrôle de Tournefeuille.
C’était la seconde fois qu’un groupe de cavaliers isolés croisait ainsi la route de Gordon ; fait surprenant vu que les terres traversées par ses hommes étaient habituellement désertes. Qui plus est, 50 hommes était un trop gros nombre pour constituer une troupe d’éclaireurs et trop peu pour constituer une armée. Quelle pouvait donc être la stratégie des Toulousains ?
A vrai dire, Gordon commençait à douter qu’ils fussent capables d’en établir une, il n’avait encore eu à affronter que des officiers incompétents, tandis que lui-même prenait de plus en plus de plaisir à user de ruses et à diversifier son art de la guerre, privilégiant les assauts nocturnes et les embuscades, aidé en cela par des troupes très polyvalentes.
Si tout se passait bien, la prise de Tournefeuille serait l’aboutissement de ses efforts et le succès ne pourrait être obtenu qu’en combinant les différents talents de ses hommes. Petit à petit, le plan de l’Ecossais se précisait tandis qu’il progressait à travers les dépouilles, dévisageant chaque corps.

- Eudes, tu vas prendre 30 hommes parmi les auxiliaires, pas de gallois, et vous passerez les frusques de ces idiots.

Le mercenaire semblait peu enthousiaste à cette idée et répondit :

- Si tu comptes m’envoyer à la mort d’une manière ou d’une autre, j’aimerais mieux être avec mes hommes …

Gordon ne broncha pas, expliquant froidement :

- Toi et ton groupe devrez sûrement lutter au corps à corps pour prendre le contrôle des murs, mieux vaut que tu disposes d’hommes habitués à tirer l’épée plutôt qu’à décocher des flèches…

Le Normand comprit vraisemblablement que toutes discutions serait vaine et s’éloigna, interpellant plusieurs hommes pour leur signaler qu’il les enrôlait. Shiva fit son apparition, elle n’avait visiblement pas jugé utile de participer aux combats. Elle rendit la missive de Rénald au Géant qui lui lança un regard intrigué, attendant une réaction.

- Visiblement, les choses ne se passent pas aussi bien que prévu.

Adrian sourit légèrement, c’était le moins qu’on puisse dire : la lettre était en réalité un enchevêtrement subtil de mauvaises nouvelles et de formules de politesses mielleuses, qui dissimulait ainsi quelques reproches. Cela représentait assez bien la personnalité de Rénald. Il jeta un dernier regard à la large écriture du Maître, fronçant les sourcils en relisant le tout.


Cher Adrian,

J’espère que vous vous portez bien, et prenez plaisir à parcourir les vastes terres Toulousaines. Malheureusement, je crains que ce que j’ai à vous apprendre attriste votre humeur. En effet, la magnifique stratégie que nous avons ensemble planifiée semble ne pas se révéler aussi efficace que nous l’avions espérée. Les nombreuses invitations que j’ai envoyées aux vassaux de Raymond,visant à les faire rejoindre notre cause, sont restées sans réponse, et ce malgré le fait que vous et vos hommes ayez pourtant sillonné leurs propriétés et massacrés leurs serfs… J’ai entière confiance en la liste que vous m’avez envoyée, stipulant votre parcours depuis Fort Guède. Vous avez parcouru de très grandes distances en peu de temps pour honorer ma confiance mais malheureusement, il semblerait que les résultats ne soient donc pas à la hauteur de nos attentes respectives... Vous imaginez sans peine ma déception et surtout la situation délicate dans laquelle je me trouve : me privez de vos talents et de ceux de vos hommes sur le champ de bataille m’est pénible mais cela devient insupportable, si c’est en vain que je consens ce sacrifice. Je ne peux guère vous reprocher quoi que ce soit, vous avez, j’en suis certain, respecté mes ordres. Cependant, l’information circule très mal en l’absence de rescapés pour la transmettre, voyez-vous ? Peut-être aurait-il été judicieux de laisser quelques paysans vivants afin qu’ils informent leurs maîtres de la destruction de leurs villages, cela aurait donné plus de poids à mes arguments. A vrai dire, il est dommage que vous ne disposiez que d’une troupe suffisante pour anéantir des bourgades dont nul ne se soucie, ce qui est bien entendu de mon fait, je ne vous reproche rien. Je serais cependant l’homme le plus heureux du monde si j’apprenais que vous êtes parvenus à frapper définitivement les esprits, d’une manière ou d’une autre, en éliminant un vassal de Raymond par exemple ? Je vous demanderai bientôt de marcher à nouveau à mes côtés. D’ici là, je vous souhaite bonne chance, et j’escompte que vous fassiez une nouvelle fois honneur à votre réputation mon cher ami.

Meilleurs salutations.
Raymond de Hauteville
Grand Maître de l’ordre



Gordon replia soigneusement la missive, souriant toujours du style si particulier du Maître. Son semi-échec lui importait peu car bientôt, il brûlerait Tournefeuille et rentrerait à nouveau dans les bonnes grâces de son supérieur. Mais avant cela, il se ferait une joie de massacrer un nouveau fleuron de la noblesse toulousaine, c’est-à-dire un sombre idiot incompétent et vaniteux.
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeVen 11 Nov - 21:18

Sylvain de Tournefeuille était pourtant tout sauf un imbécile. Derrière un visage commun, orné d’un point de beauté partiellement dissimulé par une épaisse barbe, se cachait un cerveau fort efficace, supérieur à celui de nombre de ses compères de la haute société.
Cet homme, dans la force de l’âge, compensait une faible carrure, rendue ridicule par des maux de dos le forçant à demeurer perpétuellement voûté, par une vive intelligence, qu’il avait prouvé depuis plusieurs années en agrandissant considérablement ses propriétés via le mariage de ses nombreuses filles avec une foule de petits seigneurs qui avaient, jusqu’à présent eu la bonne idée de mourir dans des délais assez brefs.
L’expansion du domaine de la seigneurie posait en revanche un important problème juridique. En effet, aucune des filles de Sylvain n’avait donné d’héritiers à leurs maris, et aucun n’avait de parent proche susceptible d’hériter. Ainsi le Sieur de Tournefeuille s’était tout simplement emparés des terres aux alentours, sans même en référer à son propre suzerain : Raymond de Toulouse.
Sylvain était donc dans une situation précaire. Heureusement, la guerre occupait tant le Comte que jusqu'à présent, il n’avait pas eu le temps de trancher la question. D’un autre côté, une bonne partie des dernières acquisitions de l’astucieux Baron étaient déjà partie en fumées, bien qu’il n’en sache rien.
Depuis quelques semaines, le nouveau propriétaire avait entrepris de prendre à son service plusieurs intendants afin qu’ils se chargent de relever la dîme sur ces terres, qu’ils accomplissent le recensement, … Bref, une foule d’activités bien en-dessous de la condition du Comte. Malheureusement, il fallait du temps pour fonder les bases d’une administration stable.
C’est alors qu’il venait précisément de renvoyer un de ses conseillers que le Baron apprit de la part d’un de ses soldats qu’un petit détachement de cavaliers attendait devant la herse, quémandant l’autorisation pour pénétrer l’enceinte fortifiée de Tournefeuille.
Sylvain, installé dans un confortable fauteuil de velours, spécialement conçu pour ménager sa colonne vertébrale, se leva péniblement avant de quitter sa salle d’audience, suivant le soldat, après avoir acquiescé d’un signe de tête, intrigué quant à l’identité de ces inconnus qui venaient frapper à sa porte.
Un peu surpris par le froid, le Baron de Tournefeuille préféra pourtant ne pas prendre le temps d’aller chercher un vêtement plus chaud, habillé d’une longue tunique d’intérieur et de simples brodequins de cuir. Il resta un instant à contempler les hauts murs de pierre qui entourait sa cité ; ce spectacle le ravissait toujours. Son père lui avait légué un village, il l’avait transformé en une ville de première importance.
Il baissa les yeux et vit le soldat qui l’attendait, le dévisageant d’un air narquois. Sylvain fronça les sourcils, conscient de ce qui provoquait ce regard moqueur. Il s’était raidi au contact de l’air glacé, haussant les épaules par réflexes et accentuant encore son allure d’échassier.
Réprimant sa colère le Baron se redressa, au prix d’un terrible effort, majestueux et surplombant largement son sous-fifre. Car en effet, lorsqu’il se tenait droit et malgré une faible largeur d’épaule, Sylvain était grand, et son aspect filiforme avait quelque chose d’intimidant.
Dépassant le soldat qui à présent inspectait consciencieusement l’état de ses bottes, le Baron descendit une série d’escalier, immédiatement escorté par une trentaine d’hommes en arme. Une fois arrivé dans la ville à proprement parler, le palais du Baron était en effet placé sur une colline surplombant légèrement les murs eux-mêmes et au sommet de laquelle on discernait les immenses forêts ayant donnés leurs noms à la cité.
Marchant d’un bon pas, Sylvain fut bientôt devant la herse. C’était une imposante grille, conçue dans un acier fort épais ; le baron n’avait pas lésiné sur les moyens pour accroître la majesté de sa propriété, bien qu’en réalité, les enceintes fussent assez disproportionnées compte tenu de la faible population abritée à l’intérieur.
Un homme était assis par terre, les fesses dans la boue, le regard dans le vide, arborant le blason du Comte de Toulouse sur une tunique déchirée et maculée de sang. Le visage de l’homme lui-même était ensanglanté, ses longs cheveux noirs étaient maculés de boues et de branchage. Il tenait mollement la bride d’une monture en sueur et était trop fatiguée pour bouger.
D’autres hommes étaient pareillement installés, certains étant mêmes endormis. Sylvain fronça les sourcils, inquiet et se demandant depuis combien de temps ces pauvres hères l’attendaient. Plusieurs semblaient blesser, certaines blessures étaient encore visibles, d’autres étaient dissimulés sous des garrots maladroits, mais les bouts de tissus eux-mêmes étaient déjà imbibés du liquide vital.

- Par Dieu, qui êtes-vous ? Et que vous est-il donc arrivé ?

L’homme le plus proche de la herse redressa son visage maculé de blessures, toutes couvertes de sang. C’était à se demander comment il avait survécu. Il parla d’une voix faible :

- Nous sommes envoyés par le Comte. Il tenait à vous informer qu’une troupe de chevaliers ennemis avait franchi la frontière et attaquait plusieurs villages. Nous étions tout prêt quand une bonne centaine d’hommes nous est tombés dessus. Nous avons été mis en déroute en un instant , sans pouvoir rien faire…

Méfiant, le noble demanda :

- Pourquoi avoir envoyé une telle troupe pour me transmettre un message ? Un seul homme aurait suffi, et il aurait été plus discret.

La réponse ne tarda pas :

- Nous avions ordre de transmettre le message et ensuite de rejoindre la garnison de Fort Flamme, Tournefeuille n’était qu’une escale…

Le Baron demeurait soupçonneux, continuant son interrogatoire :

- Vous n’avez pas choisi l’itinéraire le plus court me semble- il. Puis-je voir au moins la missive du Comte qui confirme votre déclaration ?

Les yeux de l’individu assis dans la boue semblèrent soudainement briller, le regard hagard semblant une seconde plus vif, c’est du moins ce qu’il sembla au Sieur de Tournefeuille.

- Malheureusement, c’était notre supérieur qui portait dans ses fontes les messages et il a été abattu le premier, tout comme vingt de nos compagnons. Nous avons alors fui chacun de notre côté, et nous sommes rejoins ensuite. Fort heureusement, nous n’avons pas été poursuivis, mais nous avons tous dû nous frayer un passage parmi les forces adverses…

Ce faisant, l’homme montrait de la main certains de ses compagnons en bien piteux état, ce qui ne suffit pas à endormir la méfiance de son interlocuteur qui rétorqua :

- Vous êtes donc des lâches ayant abandonné leur officier, et n’avez pas la moindre preuve de ce que vous m’avancez. Rénald est fourbe, ses espions sont partout. Qui me dis que vous n’en faîtes pas parti ?

Tout en prononçant ces mots, le Sieur désigna du doigt une potence, visible de loin sur la place du marché, et à laquelle un corps mutilé pendait mollement : un des informateurs du Grand Maître à n’en point douter. Eudes, se relevant péniblement pour défier du regard le Baron n’eut pas le temps de parler que des cris résonnèrent au loin et une vigile hurla :

- Un groupe de paysans arrive, ils semblent fuir devant quelque chose…

Le Baron s’élança vers les escaliers menant à la tour de garde, abandonnant les chevaliers devant la porte. Montant quatre à quatre les marches, il parvint essoufflé aux côtés du soldat qui venait de donner l’alerte. En effet, une troupe importante et désordonnée accourait vers Tournefeuille.
Surgissant de la forêt, une nuée de cavaliers s’abattit sur les fuyards, élaguant leurs rangs à grand coups d’épée, sous les regards impuissants du Seigneur Toulousain et de la garnison réunie sur les murs. En un instant la centaine de fugitifs fut anéantie.
Se détachant de la masse de chevaliers, un géant s’approcha suffisamment près de la cité pour que sa voix porte jusqu’aux oreilles du maître des lieux :

- Ces chiens étaient tout ce qu’il restait de la population de Reynerie, c’est là-bas que vous attendrez…

Le visage du noble tourna au pourpre en un instant. Se penchant en avant, il chercha à hurler quelque chose mais ne parvint qu’à se plier en deux, en proie à une terrible quinte de toux qui le poursuivit presque aussi longtemps que le rire joyeux que poussa Gordon.
Cette manifestation de joie glaça le sang à chacun de ceux qui le suivait, tous étant conscients de ce que cela signifiait : l’infortuné Baron venait d’être désigné comme la cible exclusive du Démon du Nord, ce qui présumait d’une mort particulièrement violente et douloureuse…
Parvenant à grande peine à reprendre son souffle, Sylvain s’aperçut que les étrangers avaient disparus, s’engouffrant dans les bois. Une colère sauvage grondait à l’intérieur du noble. Il eut un instant l’envie d’ordonner à sa garnison d’immédiatement poursuivre ces envahisseurs, mais il se ravisa, conscient que cela reviendrait à tomber probablement dans un piège grossier.
Croisant le regard navré d’un de ses sous-fifres, visiblement honteux de la pâle impression qu’avait dû faire son Seigneur à ce colosse arrogant, le Sieur de Tournefeuille céda pour une fois à sa nature qui était orgueilleuse, bien qu’habituellement bien dissimulée sous un calme olympien. Il asséna un terrible soufflet au soldat, manquant de peu de le faire tomber dans l’escalier voisin, et clama d’une voix autoritaire :

- Que la garnison soit prête à marcher dans deux heures. Armez la milice, que les écuyers nourrissent les montures, et qu’on apprête mes armes !

Les hommes d’armes, peu habitués à voir leur maître use r de son autorité, obtempérèrent. La garnison permanente de Tournefeuille était forte d’une centaine d’hommes, des soldats de métiers bien entraînés et équipés, chacun possédant un cheval, généreusement entretenu par le Baron, tel était le prix pour posséder une escorte digne de son rang.
En plus de cette force permanente, le noble pouvait compter sur ses paysans, qu’il forçait à combattre de temps en temps et armait à moindre frais, cela permettait de disposer d’un nombre de soldats conséquents, suffisant pour satisfaire le Comte de Toulouse qui exigeait une certaine contribution à sa guerre. Fort heureusement, la proximité de la capitale du Comté avait permis à Sylvain de conserver ses troupes sur son territoire, contrairement à d’autres vassaux qui avaient vu leurs propriétés désertées de toute protection, Raymond exigeant de conserver les soldats sous les armes. Sylvain descendit lentement les marches, prenant la direction de sa demeure, avant d’être interpellé par le cavalier avec qui il avait conversé un peu plus tôt :

- Sieur, avons-nous l’autorisation de rentrer ? On ne tient pas forcément à rejoindre Fort Flamme tant que ce Démon est dans le coin…

Le noble Baron se retourna promptement, marchant d’un pas vif, ses bras exécutant des mouvements saccadés, signe de son état de nervosité. Il toisa d’un regard méprisant le guerrier lui faisant face : il ressemblait à ce monstrueux colosse qui avait osé le narguer et massacrer ses gens…

- Vous êtes des couards, vous avez failli en prenant la fuite devant ces monstres qui se prétendent des chevaliers. J’aurais presque envie de vous envoyer au diable, mais le sang va couler en abondance avant ce soir et je vous renverrai à mon suzerain avec la tête de barbare comme présent…

Il fit un signe aux soldats présents sur les murs, et la herse commença lentement à se lever. Il conclut l’entretien avec de partir vers son palais :

- Je ne tiens pas à ce que des lâches viennent ternir le moral de mon armée. Je vous laisse deux jours pour reprendre des forces et vous soigner. Ensuite, vous rejoindrez Toulouse mais en attendant, je ne veux voir aucun d’entre vous. Vous trouverez facilement les écuries, mais vous vous occuperez vous-mêmes de vos chevaux : les écuyers sont à mon service, non au vôtre.

Eudes eut bien du mal à se maîtriser et à rester impassible, tiraillé entre l’envie de se jeter sur ce foutu nobliau et de le percer de sa lame, et l’envie, tout aussi peu raisonnable, d’éclater d’un gigantesque éclat de rire en pensant au sort qu’Adrian réserverait à ce fou arrogant. Bien que la patience ne fasse pas partie des vertus que le normand cultivait, il parvint à se contenir.
Tout se passait comme prévu, et il allait enfin pouvoir se débarrasser du sang de l’infortuné Toulousain qu’il avait réduit en charpie afin de rendre crédible les soi-disant blessures qui n’étaient autre que ses multiples cicatrices, badigeonnée avec art. Il fut néanmoins bien moins enthousiaste quand, deux heures plus tard, accompagné de ses hommes, il avait assisté au départ de la troupe ennemie, bien plus importante que prévu. Sylvain avait réuni une force de quatre cents hommes, chiffre surprenant qui s’expliquait par le fait que toute la population masculine avait en fait été enrôlée de force.
La mobilisation si rapide d’un tel nombre d’hommes avait été rendue possible par la mesure préventive qu’avait pris le Seigneur Sylvain quelques mois plus tôt : chaque habitant de Tournefeuille s’était vu confié un équipement sommaire, avec à charge de le conserver et l’entretenir. Cette mesure contraignante était compensée par une suppression de la dîme pour chacune des familles concernées. Pour cette raison, les finances du Comte était au plus mal, l’entretien des cavaliers coûtait une fortune, l’achat des différentes armes et armures l’avaient ruiné, et il ne disposait pratiquement d’aucun revenu, vu qu’il n’avait pas encore su percevoir les impôts de ses nouvelles terres… Cet état de fait contribuait à stimuler la motivation du Comte, l’argent investi allait enfin être rentabilisé. Il allait remporter une victoire qui allait le hisser parmi les barons les plus influents, légitimerait ainsi l’annexion des territoires voisins, et accroîtrait surtout son prestige personnel assez peu reluisant jusqu'à présent.

Tout dans la tenue du noble témoignait en effet de son envie de briller : son heaume, ses gantelets et sa cotte de maille brillait de mille feux sous le faible soleil d’hiver. Son bouclier, orné de son blason tout comme sa tunique, pendait au flan de son élégante monture : un hongre espagnol à la robe étonnamment claire. Malheureusement, la nature s’acharnait et cette magnifique bête ne faisait qu’accentuer encore le ridicule de son maître, dont les longues jambes pendaient mollement. Le dos perpétuellement voûté, et le cou anormalement gonflé, musclé à l’extrême et contrastant donc avec la maigreur du reste du corps, c’était une véritable pitié qu’un aussi excellent cavalier soit ainsi poursuivi par une apparence si pathétique.
La seule satisfaction dont disposait Sylvain était que tout comme son intelligence, ses talents guerriers étaient parfaitement dissimulés : bien qu’ils fussent considérables, on n’aurait jamais cru que cette espèce de vautour famélique puissent toujours porter une épée. Et pourtant, il excellait dans ce domaine.

Si la combativité du Baron était ainsi invisible, celle de ses miliciens l’était tout autant, mais pour une autre raison : elle était inexistante, tout comme leur expérience. Malgré leurs séquences d’entraînement, jamais ces hommes n’avaient versé leur sang et celui de leurs ennemis.
Ils marchaient d’un pas lent, rendu maladroit par les lourds boucliers, les lances encombrantes ou les épées extrêmement tranchantes et donc dangereuses dont on les avait affublés. Ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre, on n’avait pas jugé utile de leurs enseigner certaines pratiques militaires. Lorsqu’ ils croisèrent les corps sans vie des habitants de Reynerie, plusieurs vomirent, certains versant des larmes en reconnaissant la dépouille d’un membre éloigné de la famille… Ces réactions suscitèrent bien des rires de la part des cavaliers, la centaine de soldats réguliers. Ils constituaient la menace la plus sérieuse et étaient enthousiastes : cela faisait bien longtemps que la plupart de ses rudes gaillards n’avaient pas goûté à la frénésie du combat, comme en attestait d’ailleurs le léger embonpoint dont la plupart étaient lotis.

La situation n’était pourtant pas si favorable que la plupart l’estimaient, le jour était déjà bien avancé lorsque l’imposante troupe s’engagea sur la route traversant les bois, et les journées d’hiver étant fort courtes, il ferait nuit lorsqu’ils attendraient leur objectif.
Si Sylvain de Tournefeuille n’avait pas été à ce point blessé dans son orgueil et aveuglé par son envie d’impressionner, il s’en serait sans doute rendu compte et aurait remis au lendemain cette entreprise hasardeuse.
Cependant, lorsque vers quatre heures de l’après-midi, le Baron vit déjà l’astre solaire décliner, il ordonna non pas la retraite mais la marche forcée. Il n’était pas un lâche, se refusant donc à fuir, mais il n’était guère chaud partisan d’un combat nocturne, tout simplement car il n’y était pas formé.
L’ordre fut propagé, à la grande joie des cavaliers que ce rythme lent irritait, et à la grande indignation de la piétaille, qui obéit pourtant.
La cadence accélérée eut une conséquence fâcheuse : la colonne déjà importante de soldats s’allongea encore considérablement, les cavaliers chevauchaient loin en tête, suivis à bonne distance par les hommes armés de haches, d’épées, d’arcs, tandis que bien loin derrière eux suivaient les vougiers.

L’allure de ces hommes était assez amusante en soi, la grande majorité de ceux-ci ayant placé leurs pavois sur leurs dos, de manière à ne pas avoir à le porter, déjà bien assez alourdis par leur cotte de mailles ou veste matelassée. Le bouclier étant assez lourd, certains pliaient sous son poids, et ressemblaient ainsi à un reptile bien connu. Ainsi, après les chevaux et les chiens de guerres, ceux qui les premiers seraient envoyés en première ligne, venaient enfin les tortues.
Ce fut ces derniers qui subirent les premières pertes quand, une quarantaine de cavaliers, menés par Gordon, déboulèrent à travers les arbres nus, et traversèrent les rangs clairsemés des vougiers, semant un vent de panique.

Au fur et à mesure de la marche, l’écart s’était considérablement forgé entre les différents groupes d’hommes, et l’armée était presque arrivée à destination. Elle avait parcouru les trois quarts de la distance jusqu'à Reynerie.
Sylvain de Tournefeuille et ses cavaliers mirent peu de temps à arriver, ayant aperçu de loin les chevaliers filant à travers la forêt. Ils avaient chercher à les rattraper, mais les hommes d’Adrian étaient montés sur des chevaux rapides et avaient une bonne avance. Le Baron put donc uniquement constater les dégâts lorsqu’il arriva à l’endroit vers lequel se dirigeait le Démon du Nord : l’arrière garde, si vulnérable, et surtout à présent si démoralisée, bien que les pertes eussent été minimes.
Adrian n’avait fait que traverser les troupes ennemies, ne cherchant pas à poursuivre les fuyards.
Il s’était contenté de galoper, décochant des coups d’épées dès qu’il en avait l’occasion, mais ne se lançant dans aucun combat à proprement parler, contrairement à son habitude, évitant les hommes en posture de lutte. Sur la cinquantaine d’hommes au sol, la majorité était encore en vie. Ayant été bousculés et ainsi mis à terre, ils devaient la vie à leurs pavois : plusieurs avaient été frappés dans le dos mais les coups avaient touché le bois plutôt que la chaire.

Au loin, Sylvain voyait encore ses ennemis, galopant le long du chemin menant à Tournefeuille.
Subtile ironie, si la cité porte ce nom, c’est parce qu’en été, les énormes forêts aux alentours de la cité sont extrêmement feuillues. En hiver cependant, le sol est jonché de feuilles en grande partie décomposées et les arbres nus frissonnent sous les bourrasques venus du Sud. Le son porte à des lieux à la ronde, et l’on peut voir d’extrêmement loin, c’est la raison pour laquelle jamais le Baron n’aurait pensé que son adversaire aurait l’audace de lui tendre un piège, toute embuscade étant théoriquement impossible dans ces conditions.
Bientôt, de nouveaux cris retentirent, alarmant à nouveau le Baron, qui talonna sa monture dans la direction dont ils émanaient, suivis de très près par ses cavaliers, laissant sur place les vougiers, lentement en train de se remettre de leurs émotions. Le Sieur de Tournefeuille arriva juste à temps pour voir ses fantassins occupés à poursuivre deux groupes distincts de cavaliers équipés d’arcs, plusieurs dizaines de corps jonchaient déjà le sol. Le noble comprit enfin à quelle sorte d’adversaire il avait affaire. Il lui fallait trouver une solution, ne pas laisser ses hommes trop éloignés les uns des autres, sous peine de les voir se faire attaquer séparément…

Hurlant d’une voix autoritaire et galopant derrière la piétaille, il ordonna le rassemblement, ayant bien du mal à se faire entendre des fantassins et peu désireux de tourner le dos aux auxiliaires, qui n’avaient évidemment aucun mal à se maintenir à distance. Plusieurs cavaliers tentèrent eux aussi d’attaquer les tirailleurs, mais finirent cribler de flèches, tandis que les vougiers commençaient à affluer au loin.
Le noble Toulousain réagit promptement. Ayant analysé la situation, il entreprit de se servir des lanciers comme d’une barrière derrière laquelle s’abriteraient les fantassins, mais surtout les cavaliers, ceux-ci étant de fait les plus exposés. Il fallut quelques longues minutes durant lesquelles les Toulousains continuèrent à tomber sous les traits de plus en plus rares des auxiliaires, dont les réserves de flèches s’amenuisaient rapidement, pour qu’enfin les soldats parviennent à adopter la formation requise.

Au loin, Gordon de son regard d’aigle, observait la situation : il n’avait pas escompté que son adversaire réagisse aussi bien. Adrian avait espéré que le noble ne changerait rien, se contentant d’augmenter encore la cadence de marche pour en finir le plus rapidement possible avec les chevaliers de l’Ordre, ce qui aurait permis d’harceler ses vougiers, d’en tuer quelques-uns, mais surtout de briser leur moral. A la place de cela, le Toulousain préférait adopter une formation plus compacte, mettant ses hommes à l’abri des traits, et permettant aussi à ses propres archers, très peu nombreux, vus qu’ils n’étaient sans doute qu’une dizaine à avoir emporté une telle arme, d’ajuster leurs tirs et d’abattre ainsi les tirailleurs.
Bien qu’une telle réaction prouve un certain sens tactique de la part de son adversaire, le Capitaine des Faucheurs était pourtant ravi : ses ennemis ne parviendraient pas à atteindre Reynerie avant des lustres s’ils conservaient cette disposition, ce qui signifierait que c’est dans l’obscurité la plus totale que se déroulerait la bataille.

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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeJeu 22 Déc - 14:50

Toutes les dispositions étaient prises pour défendre le village, transformé en place fortifié, mais plus le temps passait, plus les Toulousains seraient démoralisés et épuisés, étant peu habitués aux marches nocturnes dans lesquelles les hommes de Gordon étaient devenus experts. Il fallait donc à tout pris obliger les ennemis à rester disposés de la sorte, mais malheureusement, Gordon ne disposait que de cinquante auxiliaires disponibles, les trente autres étant partis avec Eudes. La carence de flèches obligerait les archers montés à rejoindre Reynerie pour se réapprovisionner, leur commandant leur avait en effet ordonné de se décharger de leurs fontes,contenant habituellement des réserves, afin d’être plus mobiles et de pouvoir distancer leurs éventuels poursuivants : grave erreur.

Adrian mit quelques minutes à réfléchir tout en suivant du regard la lente marche de ses adversaires, il ordonna à l’un de ses lieutenants, Ulrich, l’officier ayant pris la parole au nom des Faucheurs après l’attaque des ombres, de mener la moitié de la troupe de cavaliers légers jusqu'à la lisière de la forêt, soit à quelques lieux de Tournefeuille. Un autre officier, récemment monté en grade fut lui envoyé jusqu'à Reynerie, avec pour ordre de mobiliser les 60 chevaliers restants, de contourner largement les ennemis, de manière à ne pas être repérés, et enfin de rejoindre l’autre groupe, et d’ensemble pénétrer à l’intérieur de la cité, d’y bouter les Toulousains, sans laisser le moindre survivant, comme d’habitude.
La tactique d’Adrian était risquée, il faudrait qu’Eudes ait déjà pris le contrôle des murs pour qu’elle fonctionne d’une part, et d’une autre, que les Toulousains soient assez lents pour que les cavaliers aient le temps de rejoindre Reynerie avant que les défenseurs n’aient été taillés en pièce. Le Capitaine des Faucheurs prit la tête de 20 chevaliers, des nouvelles recrues ayant auparavant appartenu aux garnisons de différents fortins d’importances mineures, avant d’être envoyé par Rénald pour renflouer les effectifs du Démon du Nord, fortement réduits. Il entreprit alors de harceler suffisamment ses adversaires pour qu’ils demeurent perpétuellement sur leurs gardes. Le moyen de ralentir la progression adverse était simple : simuler à répétitions des charges, en se rapprochant toujours plus prêt, de manière à demeurer crédible, tout en se tenant à distance respectable des traits adverses et des cavaliers. Adrian et ses cavaliers accomplirent la manœuvre avec zèle, à la première tentative, tous les lanciers avaient brisés la formation, formant un mur de vouges, tandis que les cavaliers s’étaient eux aussi rassemblés, avant de s’élancer à la poursuite de Gordon dés que celui-ci avait fait volte face.
Il était pourtant bien vain pour les Toulousains de chercher à rattraper les rapides montures de l’Ecossais : habituées à des heures et des heures de trots, ces dernières avaient acquises une endurance assez impressionnante, et le Démon du Nord lui-même chevauchait une petite jument beige, semblant assez ridicule sous le poids du géant, mais parvenant pourtant à demeurer en tête, aussi bien lors des charges que des retraites. Les Toulousains réagirent plusieurs fois de la même manière, mais furent bientôt las de ces courses inutiles, les chevaux se fatiguant tandis que les cavaliers étaient tendus à l’extrême et déconcertés.

Bientôt, la cavalerie toulousaine se replaça en tête de colonne, immédiatement tiraillée par les auxiliaires ayant refais leur apparition. Presque au même instant, Adrian et sa minuscule escorte chargeaient l’arrière-garde à nouveau. Cette fois, Gordon et ses sbires maintinrent le contact un certain temps, se lançant dans un rude corps à corps contre les vougiers, ceux-ci épuisés par les innombrables manœuvres se faisaient tailler en pièce. La majorité des lanciers avaient toujours leurs boucliers sur le dos, et maniaient maladroitement leurs armes. Déboussolés, ils cherchaient vainement à atteindre les cavaliers, plutôt que les montures, de graves erreurs témoignant de leur inexpérience.
Quand le Démon du Nord rompit le contact, une bonne cinquantaine de corps jonchait déjà le sol : parmi ses hommes, la moitié répondait encore à l’appel, tandis qu’il les dénombrait d’un coups d’œil,tout en reprenant son souffle. Il s’aperçut que déjà, la nuit tombait. Selon les comptes du Highlander, environ un quart de la troupe adverse devait déjà être tombée, ce qui égalisait plus ou moins le rapport de force. En effet, au total, l’Ecossais disposait de trois cents hommes, 80 auxiliaires, autant d’archers gallois, 40 faucheurs, et surtout les 100 dernières recrues, dont 10 venaient de périr. Ainsi, 30 auxiliaires accompagnaient Eudes, tandis que les 50 autres harcelaient les ennemis, les faucheurs et les gallois étaient rester à Reynerie sous le commandement de Shiva,10 chevaliers demeuraient avec Gordon, et les autres devaient être en route pour Tournefeuille. Si les Toulousains parvenaient à atteindre leur objectif avant le retour des 120 guerriers ayant pour mission de brûler la cité, il faudrait donc que les hommes de Gordon combattent à pratiquement 2 contre 1, soit un rapport de force équilibré au vu de la différence de niveau entre assaillants et défenseurs.
Confiant, l’Ecossais donna ses ordres, se séparant d’un nouveau cavalier ayant pour ordre d’informer les auxiliaires qu’ils devaient battre en retraite et défendre la ville. Le colosse estimait avoir gagné suffisamment de temps, il était peu probable que les ennemis disposent de torches, ils parviendraient bien à en fabriquer à l’aide de bois mort, mais cela les ralentirait encore considérablement.
Pendant quelques heures, le petit groupe de cavalier suivit tranquillement l’ost toulousain, Sylvain ayant à nouveau fait adopter à ses hommes la formation précédente, décontenancé par l’inconstance et la fourberie de son adversaire, et conscient de la précarité de sa position. Le noble commençait à douter de rencontrer qui que ce fut à Reynerie, mais faire demi tour était inconcevable…
Cela serait revenu à non seulement se combler de honte, mais en plus perdre la face devant ses hommes : ce serait assumer avoir été mené par le bout de nez, mais surtout les soldats ne comprendraient pas la raison pour laquelle ils avaient subi un tel calvaire, et pourquoi les compagnons étaient tombés.

Lorsqu’enfin Reynerie fut en vue, le Baron poussa un énorme soupir de soulagement. Son adversaire était bien présent/ De nombreuses maisons étaient en flammes, dévoilant une petite armée : cinquante hommes semblaient les attendre. On pouvait aussi discerner, un peu en avant, les archers qui avaient harcelé ses hommes, eux aussi avaient mis pied à terre. Rendu méfiant par les dernières tactiques utilisées par ses adversaires, le noble s’abstint bien de charger avec ses cavaliers comme ceux-ci le réclamaient, impatient d’en découdre. A la place il fit avancer ses vougiers, de manière à ce que les boucliers protègent le reste de l’infanterie qui suivrait. Il divisa aussi son groupe de cavaliers en deux, de manière à attaquer sur trois flans différents, et de prendre à revers les fantassins adverses. Idée de plus judicieuse, comme il put rapidement s’en rendre compte : les vougiers, formant un mur compact rencontrèrent en effet bientôt de longs pieux effilés, placés suffisamment loin du village pour qu’ils restent invisibles, et destinés à stopper une éventuelle charge.
Les soldats commencèrent à dégager le passage, arrachant du sol les bois taillés avec art par les archers gallois, habitués à se défendre ainsi contre la cavalerie. Surgissant des rares maisons encore intactes, une pluie de traits enflammés s’abattit sur les vougiers à l’ouvrage, faisant peu de victimes mais déclenchant un nouvelle vague de panique. Sylvain de Tournefeuille lança l’ordre aux cavaliers de se mettre en marche et simultanément, les auxiliaires se mirent eux aussi à l’ouvrage, les traits tirés à l’aveuglette faisant rarement mouche mais ralentissant considérablement la progression de l’infanterie. Les chevaliers toulousains, au trot, se dispersèrent donc, devenant la cible principale des archers, du moins le groupe de Sylvain. Ayant assisté à toute la scène, Adrian et ses suivants avaient quant à eux pris position à l’Est du village. Un nouveau cavalier avait été envoyé à Shiva pour l’informer de la tactique de l’Ecossais. Le Démon du Nord, attendant que ses Faucheurs soient à proximité, chargea la horde ennemie. Accompagné de ses huit suivants, le rapport de force était des plus déséquilibrés mais les Chevaliers de l’Ordre broyèrent littéralement leurs opposants, dont les montures épuisées refusaient d’accélérer la cadence. Les soldats de Gordon s’enfoncèrent à travers la masse d’ennemi avec une aisance surprenante, leurs adversaires étant en train de trotter pour contourner leurs proies, ils n’avaient adopté aucune formation et les chevaux, à bout de souffle s’écartaient instinctivement, afin de laisser le passage aux nouveaux venus. Adrian et ses suivants s’en donnaient à cœur joie. Le Colosse, armé dans chaque main d’une de ses bâtardes anéantissait chaque homme qu’il croisait, la vitesse du galop apportait une puissance telle, qu’un simple coup d’épée bien placé devenait mortel, et une cible au trot demeurait particulièrement vulnérable.

Finalement, les Toulousains parvinrent à encercler les chevaliers, après avoir subi des pertes considérables. Les Faucheurs tombaient déjà sur eux, harponnant à l’aide de leurs faux les ennemis qui leur tournaient le dos, ou se servant de leurs épées comme d’une lance pour transpercer les adversaires surélevés.
Le Highlander et les siens étaient à présent engagés dans une lutte frénétique pour sauver leurs vies, les coups venant de toutes les directions. Il était impossible de contre-attaquer, sous réserve de devenir aussitôt vulnérable, aussi chacun était réduit à la défensive. Malgré le premier choc initial et les dégâts occasionnés par les fantassins, les Toulousains demeuraient bien trop nombreux. Pendant quelques instants, qui semblèrent être des heures, chaque homme dut affronter à lui seul au moins deux ennemis et bien peu parvinrent à tenir ce rythme effréné : le Démon du Nord lui-même, acculé, cherchait un moyen de se sortir de cette mauvaise passe. Une monture quittant le champ de bataille lui offrit l’opportunité de fuir, la bête ayant créé une brèche dans la masse d’ennemis, et Adrian s’y engouffra, laissant derrière lui les deux derniers cavaliers qui succombèrent presque instantanément.

Tout en galopant à bride abattue pour reprendre son souffle, le Colosse observai le champ de bataille pour voir comment évoluait la situation : la troupe de fantassins ennemi venait de franchir le mur de pieux, et subissait à présent les tirs soutenus des tirailleurs, tandis que la troupe de Tournefeuille avait versé un lourd tribut aux traits gallois. Scrutant les ténèbres, Adrian cherchait à déceler les formes de ses alliés, dont l’arrivée serait salutaire. Mais aussi loin que son regard le permettait, il ne discernait rien.

L’épéiste laissa sa monture reprendre son souffle. Derrière lui, les chevaux allégés de leurs cavaliers affluaient de toutes les directions, cinq ou six hommes avaient survécu aux Faucheurs et s’apprêtaient à rejoindre Sylvain et ses rescapés, mais furent pris comme cible par les gallois, et rapidement anéantis. Le Capitaine hésitait sur les ordres à donnés, les mercenaires étaient très bien placés, en hauteur et donc peu vulnérable, mais les auxiliaires étaient eux à découvert, tout comme les Faucheurs : il devait rester une trentaine de cavaliers en face, mais surtout, combien d’hommes à pied encore ?
L’instant d’hésitation faillit être fatal aux exécuteurs, ceux-ci subissant la charge des chevaliers toulousains avec à leur tête Sylvain. Fort heureusement, Shiva, qui commandait les fidèles de Gordon, avait ordonné à ceux-ci de se servir des lances des cavaliers tombés. Ainsi, ils étaient prêt à se défendre au moment de l’impact. Plusieurs montures furent abattues, s’écroulant en brisant le corps de leurs maîtres. Quelques cavaliers s’empalèrent sur les claymores ou les piques, mais la majorité survécut, traversant le groupe de Faucheurs de part en part. Les Toulousains continuèrent dans leurs lancées, s’élançant vers les auxiliaires immédiatement. Grave erreur ! Bien peu survécurent aux traits des gallois qui n’aimaient rien de plus que d’anéantir les cavaliers, principale menace pour tout tirailleur. Le Baron lui-même roula au sol, sa monture atteinte aux jambes ayant trébuché en plein galop : il put alors voir ses derniers cavaliers se
disperser à l’approche du groupe compacte d’auxiliaires et succomber sous leurs flèches. Le noble se releva précipitamment, serrant fermement son épée et ramassant son bouclier, avant de se précipiter vers ses fantassins, rapidement pris en chasse par le Démon du Nord.

L’Ecossais parvint à rejoindre sa proie à une distance encore respectable de l’armée ennemie, Tournefeuille n’était néanmoins pas le genre d’homme à périr facilement. Ayant aperçu son ennemi, il s’était retourné et avait fait face, se protégeant de son bouclier du coup de son adversaire. Adrian frappa avec rage, mais ne parvint pas à jeter à bas son ennemi qui resta sur ses jambes malgré la violence du choc. Talonnant violemment sa monture, le géant attaqua à nouveau, sans plus de succès, le noble s’étantl sauvé à l’aide d’une roulade sur le coté. Un troisième assaut fut tout aussi infructueux : cette fois, c’est l’acier que sa lame rencontra. Le noble, emporté par l’élan de la monture fut enfin mis à terre, mais déjà ses hommes accouraient en tous sens pour le secourir, malgré la pluie de flèches qui s’abattaient sur eux.
Le Démon du Nord, à l’arrêt et à bonne distance de la masse ennemie regarda avec stupeur cet homme à l’allure si pathétique se relever indemne. Le noble se plaça à la tête de ses soldats et pointant les Faucheurs du bout de son épée, lança l’attaque. Les exécuteurs, ayant subis quelques pertes suite à la charge de cavalerie étaient bien trop peu nombreux pour stopper la marée humaine qui s’apprêtait à fondre sur eux : l’infanterie toulousaine devait encore être forte de plus de deux cents hommes, malgré le harcèlement des gallois et des auxiliaires.
Gordon accourut pour les rejoindre, hurlant d’une voix terrible « Faucheurs, allez récupérer vos montures, placez vous en formation et soyez prêt à charger ! ». Après un instant de flottement, les terribles soldats se mirent à courir, fuyant devant les Toulousains alors que les shires avaient été attachés à bonne distance du village, afin qu’ils ne paniquent pas durant l’affrontement.
L’Ecossais vint se placer près de Shiva, l’aidant à se placer en selle, juste devant lui, et ils galopèrent ensembles à travers les bois, laissant derrière eux Reynerie, où les toulousains maintenant s’apprêtaient à massacrer les tirailleurs encore présent. Les auxiliaires furent pris d’un vent de panique en voyant leur Capitaine fuir. Heureusement, commandés par des officiers compétents, ils s’empressèrent de rejoindre les gallois, eux aussi complètement déboussolés. Ils n’avaient néanmoins pas quitter leurs postes de tirs et continuaient à décocher leurs traits.

Sylvain de Tournefeuille était allègre. Il avait mis en fuite cette brute immonde, les soldats le suivaient, ses soldats, ceux qu’il avait lui-même armés, équipés et qui lui faisaient une confiance aveugle malgré ses erreurs précédentes et son apparence. Il allait triompher, anéantir un par un les archers ennemis et rentrer victorieux dans sa demeure, auréolé de gloire ! Galvanisé par les événements, le jeune homme se précipita vers un escalier permettant d’accéder au toit d’une grange garnie d’ennemis. Avançant d’un pas assuré, il croisa le fer avec un auxiliaire puis, parant facilement un coup de hache, il empala son ennemi avant de lui faire dévaler les marches et de continuer sa progression. Pendant plusieurs minutes, la fortune sourit outrageusement aux Toulousains, les fantassins encerclaient les points de tirs. Les archers, acculés et à court de munitions, n’avaient d’autres choix que de défendre leurs vies. Heureusement, leurs positions surélevées les avantageaient.
La faveur du terrain ne suffisait pourtant pas à sauver les auxiliaires qui, épuisés par des heures d’efforts, succombaient les uns après les autres. Sylvain continuait à grimper les échelons de la gloire, il abattait ses adversaires avec une facilité déconcertante, semblant invincible. Il parait, contre-attaquait et tuait instinctivement, sans le moindre effort. Lorsqu’il brisa la nuque d’un gallois d’un simple coup de bouclier, contemplant ses soldats qui lui jetaient des regards d’admiration, un rire terrible monta dans sa gorge. L’hilarité du noble se poursuivit longtemps, tandis qu’il admirait le courage de ses simples miliciens, qui pourtant se battaient avec ardeurs, sans grands talents mais avec conviction. Ils étaient nombreux à tomber, mais les chevaliers crouleraient tôt ou tard sous la masse.

Lorsque Gordon et ses Faucheurs réapparurent, le noble demeura confiant. Ses soldats allaient triompher, ils étaient deux fois plus nombreux, ils ne pouvaient faillir… Même lorsqu’il aperçut les énormes destriers anglais, Sylvain demeura de marbre, appuyé sur son épée. Même lorsque le vacarme de la charge surplomba le bruit des combats, sa confiance ne s’ébranla pas. Il fallut attendre que ses miliciens stoppent tout mouvement pour qu’il fasse un pas en avant, et lorsqu’ils prirent la fuite en masse, il tressaillit, incrédule, son rêve venait de s’achever.
L’unité de Faucheurs, Gordon à sa tête, piétina la masse compacte de soldats. Les montures à elles seules semaient la mort, c’est à peine si les cavaliers avaient le temps de frapper que déjà, leurs ennemis gisaient au sol. Traversant complètement la formation ennemie, les exécuteurs ne continuèrent pas sur leur lancée : ils s’engagèrent dans de terribles corps à corps. Les combats tournaient au massacre, les miliciens les plus braves se lançaient vers les terribles cavaliers, tandis que certains de leurs compagnons commençaient à quitter le champ de bataille. Les tirailleurs, avides de venger leurs frères, se lançaient à leurs tours dans la masse d’ennemis, effectuant une contre-attaque générale. Les Toulousains, bien que largement plus nombreux se crurent acculés, les assauts venant de toutes les directions. Et bientôt, la bataille tourna à la débandade, des groupes entiers d’hommes prirent la fuite, malgré les cris de leur maître, qui avait rejoint la mêlée et cherchait à les retenir.
S’époumonant tout en agrippant ses hommes pour les contraindre à se battre, Sylvain de Tournefeuille ne vit pas lequel, pour se débarrasser de l’obstacle qu’il constituait, crut bon de lui asséner un terrible coup à l’arrière de la jambe. Terrassé par la douleur, le noble s’écroula sur le sol, poussa un cri de douleur mêlé de rage, puis redressa la tête, et vit son adversaire le géant Ecossais le dévisageant du haut de sa terrible monture, le visage impassible.

Cherchant à se relever, le noble jeta un regard autour de lui : les combats étaient presque terminés. Les infortunés Toulousains avaient en grande partie pris la fuite, les faucheurs les poursuivant impitoyablement. Le jeune Baron songea amèrement qu’ils devaient être bien plus nombreux à avoir péris dans leur déroute plutôt que durant les combats à proprement parler. Un homme tomba à quelques mètres de lui, l’une des épées de Gordon fichée dans le dos. Le Démon du Nord sauta lourdement du haut de sa monture, dégainant sa terrible sweihander, tout en fixant sa victime. Il parla :

- Mener des soldats non entraînés à la guerre revient à les condamner, tu aurais dû le savoir…

Le Toulousain, blessé dans orgueil, prit appui sur son épée et se mit péniblement en garde, son bouclier protégeant une bonne partie de son corps. Il cracha vivement à terre, méprisant :

- Ces chiens, je les ai toujours traités avec bonté, je les ai exemptés d’impôts, je leur ai donné des armes pour défendre leurs foyers, ils me doivent tout !

Adrian fit quelques pas en avant, la pointe de son épée en avant était maintenant toute proche du corps de son adversaire. Il conclut la conversation :

- N’aie crainte, tu seras vengé, aucun d’entre eux ne survivra, mais tu tomberas avant la plupart d’entre eux…

Se précipitant sur son adversaire, le Colosse lança une série d’attaques rapides, destinées à tester son adversaire. L’acier se croisa plusieurs fois, Sylvain se contentant de dévier les coups puissants du Nordique. Il le surpris en s’élançant d’un coup, bouclier en avant, tandis que sa lame était prête à frapper d’estoc. Gordon, bousculé, n’évita le coup d’épée qu’en empoignant la targe de son ennemi d’une main qu'il le projeta en arrière, usant de toute sa force pour déstabiliser son ennemi, qui manqua de peu de tomber, sa jambe ayant bien du mal à soutenir son poids. L'Ecossais rugit, se lançant dans un nouvel assaut, plus brutal encore. Cette fois, le noble n’eut d’autre choix que d’utiliser son bouclier pour se défendre des terribles coups de boutoirs dont le gratifiait son adversaire. Le noble lança alors plusieurs contre-attaques dangereuses, profitant de l’impétuosité de l’Ecossais, qui avait tendance à baisser sa garde, excédé par une telle résistance de la part d’un ennemi blessé. Aucune des manœuvres de Tournefeuille ne parvint pourtant à inquiéter le géant. Utilisant l’une de ses bottes secrètes favorites, Gordon prit son élan, faignant de frapper de tête, ce qui obligeait son ennemi à relever sa garde. Il se jeta en fait en avant, donnant un terrible coup de genoux dans le bouclier de son ennemi : le choc brutal fit choir le noble au sol. Cette technique avait déjà permis à Adrian de terrasser bien des adversaires talentueux, mais celui-ci s’accrochait désespérément à la vie. Il exécuta plusieurs roulades, esquivant les nombreux coups qui auraient pu lui être fatals, avant de se redresser soudainement pour asséner une frappe rapide au niveau des jambes du Colosse qui recula d’un bond. Une fois sur ses jambes, le noble à son tour utilisa une feinte qu’il affectionnait, faisant tournoyer son bouclier au dessus de sa tête, en utilisant la longue sangle de cuir dont il se servait habituellement pour l’accrocher à sa selle. Il le jeta finalement vers son ennemi, qui esquiva difficilement le rapide projectile, tandis que le noble tentait une nouvelle frappe d’estoc. Adrian dévia péniblement la lame. Surpris, il parvint pourtant à repousser une nouvelle fois son adversaire qui se retrouvait dorénavant sans protection.

La suite du duel devint plus technique, les deux combattants utilisaient chacun leur arme à deux mains, la portée supérieure de l’Ecossais étant compensée par la rapidité du Toulousain qui, malgré sa blessure, demeurait un combattant hors pair.
Après une série d’échange, Gordon trouva enfin le moyen de l’emporter, étonné de n’y avoir pas songé plus tôt. Un rictus triomphant éclaira son visage tandis qu’il commençait à accomplir plusieurs pas de côté, décrivant un large cercle autour de son ennemi. Il fallut peu de temps à Sylvain pour réaliser que cette manœuvre lui serait fatale s'il ne réagissait pas. Fort diminué, il cherchait à économiser au maximum son jeu de jambe. Acculé, il refusait de jouer le jeu de son adversaire et se lança une nouvelle fois à l’assaut. L’Ecossais, déçu de voir sa tactique échouer, fut bientôt la victime d’une série d’attaques particulièrement rapides : le noble toulousain démontrait une détermination sans faille et impressionnait par son courage, jusqu'à ce que la longue lance de Shiva lui perce le flanc. Le Démon du Nord profita de l’occasion pour lui aussi empaler son adversaire, qui mourut dans l’instant. Il se retourna vers sa compagne, maussade :

- Pourquoi être intervenu ? Il se battait bien, c’était un combat intéressant !

Peu sensible à l’argument, la frêle jeune femme leva les yeux au ciel, répondant simplement :

- Nous avons assez perdu de temps, il est anormal que nos renforts ne nous aient pas rejoint.

Arrachant sa lame du corps sans vie, le Colosse acquiesça. Emporté par la fureur du combat, il en avait oublié l’absence de prêt de la moitié de sa troupe. Il se mit à la recherche de sa monture, essayant d'estimer combien de ses hommes étaient tombés. Gordon avait perdu plus de la moitié de ses hommes. Les auxiliaires avaient particulièrement été décimés, ils n’étaient plus qu’une vingtaine. Les gallois avaient perdu la moitié des leurs effectifs, ils devaient être 40. Les cavaliers légers avaient tous péris, et plus d’une dizaine de Faucheurs étaient morts. Sur 180 hommes vivants au début de la bataille, il ne pouvait plus compter que sur environ 80 soldats dont beaucoup étaient blessés et surtout épuisés. De plus, il n’avait toujours pas la moindre idée de ce que pouvait bien faire Eudes. Contrarié, le géant se mit en selle, hélant ses Faucheurs pour qu’ils l’accompagnent, laissant à Shiva le commandement du reste de l’armée : les archers devaient récupérer un maximum de flèches, s’occuper des blessés et ensuite établir le campement.

Le groupe réduit de cavaliers se dirigeant vers Tournefeuille avait une allure des plus étranges. Les montures étaient harassées, leurs poitrails couverts de sang et de boue, plusieurs boitaient tandis que leurs cavaliers étaient eux aussi dans un triste état : l’air hagard, ils luttaient contre le sommeil. Aucune parole ne troublait le silence de la forêt, le contraste avec le vacarme de la bataille et les hurlements des poursuites qui venaient de s’achever était saisissant, presque surréaliste. Chacun de ses vétérans était perdu dans ses pensées, presque consternés d’avoir une nouvelle fois survécu. Leurs pensées se tournaient naturellement vers leurs compagnons moins chanceux.
Largement en tête, Adrian au contraire pensait aux survivants : Rénald serait furieux d’apprendre les pertes subies, malgré la victoire éclatante. Et surtout, avec une troupe aussi réduite, parviendrait-il encore à accomplir sa mission ? L’Ecossais craignait qu’Eudes n'ait été pris, et surtout que ses hommes aient été exécutés. Mais alors les renforts qu’il avait envoyé auraient vraisemblablement rejoint Reynerie, à moins qu’ils aient eux été aussi massacrés ? Tant d’incertitudes exaspéraient l’épéiste qui inconsciemment forçait son escorte à accélérer l’allure, ne se rendant pas même compte que sa monture avait lancé le galop. L’énorme shire martelait le sol de ses énormes pieds, l’Ecossais ayant en effet récupéré son fidèle compagnon en même temps que les exécuteurs, rendant à Shiva sa petite jument. Visiblement, le fier étalon avait été vexé d’être remplacé par une femelle durant plusieurs heures et faisait de son mieux pour prouver sa valeur, distançant encore davantage ses congénères. Lorsque Gordon arriva finalement à proximité de Tournefeuille, il était seul.

Le spectacle qui l’attendait était pour le moins impressionnant. Le ciel entier semblait brûler, des flammes gigantesques s’élevaient par-dessus les murailles, qui elles-mêmes semblaient avoir pris feu. Plusieurs tours de gardes dotés d’un toit en bois s’étaient écroulées.
Adrian restait immobile, hésité, ne se sentant pas assez sûr de lui pour continuer seul, sa curiosité pourtant l’empêchait d’attendre ses compagnons. Il patienta plusieurs minutes avant de voir une file de cavaliers sortir par l’entrée principale, Eudes en tête. Constatant la petite taille de la troupe, l’Ecossais crut un instant à une trahison du mercenaire, il se rassura en reconnaissant plusieurs officiers de confiance. Il fit avancer lentement son destrier, prudent.
Le mercenaire normand habituellement si éloquent ne dit pas un mot en voyant son supérieur arriver, ce qui assombrit ce dernier encore davantage. Il se contenta de s’emparer d’une boule de tissus pendant à sa selle et de la tendre vers Gordon qui s’en empara vivement. Plusieurs têtes roulèrent au sol, ainsi qu’un certain nombre de bagues. Adrian inspecta longuement l’étoffe jaune clair, déjà imbibée de sang. Un blason inconnu ornait le centre de ce qui avait du être une bannière. Le tissu très fin avait une teinture inconnue du Nordique. Eudes expliqua :

- Les francs n’utilisent pas de tels pigments, seuls les maures parviennent à les produire …

Adrien observait à présent les crânes, plusieurs des morts portaient de longues moustaches, tous avaient le poil noir et aucun n’était aminci par les privations, ce ne pouvaient définitivement être des vassaux de Raymond. Il constata :

- Ces hommes doivent être des seigneurs Toscans, Castillans, ou une autre engeance de la même sorte… Le Comte de Toulouse a visiblement appelé tous ses alliés, afin qu’ils meurent à ses cotés. Mais que venaient ils faire ici ?

Eudes, visiblement embarrassé, s’abstint de répondre spontanément et ayant préparé ses paroles, commença à parler :

- Je pense qu’ils venaient juste passer la nuit ici, ils n’étaient qu’une vingtaine, 4 ou 5 nobles et les autres étaient leurs escortes. Ils se sont précipités sur nous dès leur arrivée. Nous étions en train de mettre le feu aux dernières habitations et au palais…

Le Démon du Nord se retourna vivement, scrutant les rangs de ses hommes, avant de demander d’une voix froide :

- Combien de soldats as-tu perdu ? Tu aurais du prévoir cela, si nous avions été vaincus, tu aurais été surpris également par Tournefeuille…

Le normand faisait face à son accusateur, répondant simplement :

- Une dizaine sont tombés directement, ensuite encore environ quarante pour venir à bout de ces furieux… Ils étaient habiles et nous étions fatigués et pris au dépourvus.

La main posée sur la garde d’une de ses épées, le géant hochait de la tête. Il s’attendait à pire à vrai dire, et avait cependant la nette impression que Rénald n’apprécierait pas du tout ces nouvelles pertes, et moins encore les informations qu’il allait lui fournir sur le soutien reçu par le Comte de Toulouse.

- Cinquante victimes de notre coté alors qu’ils étaient si peu nombreux, c’est intolérable…

Eudes conservait son calme. Sa main s’étant doucement approchée de son arme, il répondit :

- J’en suis conscient, et j’assumerai ma négligence.

Gordon hésita un instant, songeur, avant de mettre pied à terre et de remballer les têtes et d’empocher les bagues. Se replaçant en selle, il manœuvra sa monture de manière à être en tête de colonne et fit un geste à ses troupes afin qu’elles le suivent, puis s’adressant à Eudes, tout en fixant dans les yeux :

- Échoue encore une fois de la sorte dans la mission que je t’assigne et c’est ta tête qui finira dans un linge. Tu aurais pu au moins m’envoyer un messager pour m’informer, nous avons failli tous périr là-bas à cause de votre retard !

Eudes hocha la tête, apparemment impassible mais ne se contrôlant en réalité qu’avec une grande peine, ayant risqué sa vie pour regrouper les soldats de Gordon et lancer l’assaut : il estimait les avoir tous sauvés… Mieux valait cependant se taire, il était conscient d’être sur la sellette. Et puis, s'il tuait l’écossais, ses hommes se rueraient probablement sur lui.

- Au fait, je dois t’informer que ta « négligence », comme tu l’appelles, a coûté la vie à cent d’entre nous, quarante gallois gisent dans les cendres de Reynerie…

La nouvelle arracha un cri au mercenaire qui blêmit en un instant. Ces mercenaires le suivaient depuis des années, il avait lié de solides liens avec chacun d’eux, les connaissait tous… Quarante amis avaient donc disparus de sa vie en une journée ?

Trop abattu pour se mettre en colère ou même répondre, Eudes ne vit pas le large sourire de satisfaction qui illumina les traits du Nordique qui lança la marche, serein. Le mercenaire avait largement été puni. Comme Adrian l’avait escompté, le coup avait été rude et les remords ne tarderaient pas à le dévorer. C’est donc un Gordon radieux qui rejoignit le reste de ses acolytes quelques heures plus tard. Un camp provisoire était déjà monté, beaucoup d’hommes dormaient, emmitouflés dans leurs couvertures, la tête reposant sur leurs selles, bercés par la chaleur qui se dégageaient des maisons transformées en gigantesques bûchés funéraires. Visiblement peu dérangés par l’immonde odeur de chaires brûlées, les rescapés de la troupe d’Eudes mirent pied à terre et imitèrent leurs compagnons, s’empressant de se restaurer avant de se coucher, épuisés et brisés par des heures de chevauchées.
Bientôt, seules trois personnes restèrent éveillées. Shiva, qui avait été surprise au retour de l’Ecossais d’être gratifiée d’un fugace baiser, dont le souvenir pourtant suffisait à illuminer cette maudite journée de carnage, bien que ne comprenant pas ce soudain geste d’affection, se laissait aller à rêver d’un changement dans cette relation étrange. Eudes, ayant rejoint ses gallois, avait pu mesurer l’ampleur du drame : tant de visages avaient disparus… Bien qu’étant un homme de guerre, côtoyant la mort depuis des années, il avait presque oublié qu’elle pouvait s’abattre aussi sur ses propres hommes. Il se maudissait autant de s’être attachés à eux, que de n’avoir pas su les protéger. Adrian, totalement absorbé dans la contemplation du corps de Tournefeuille en train de progressivement disparaître dans les flammes, jouait machinalement avec les nombreuses bagues présentes dans sa bourse, symbole de l’autorité seigneuriale. Elles étaient surtout autant de trophées qu’il pourrait remettre au Maître de l’Ordre.

Il ne faisait aucun doute pour Gordon que la guerre était sur le point de prendre un nouveau tournant. Si des protagonistes supplémentaires faisaient leurs apparitions, le conflit prendrait de l’ampleur, et les batailles continueraient à se suivre. Il aurait de nouvelles occasions de croiser la mort et de lui refuser sa main…
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeVen 23 Déc - 3:32

J'ai lu et corrigé le début du topic (et oui ça remonte What a Face ). Je continuerai et finirai demain et samedi, fêter Noël en famille dans une région paumée où il n'y aura rien et même pas Internet va me permettre de me concentrer exclusivement sur ton récit (une petite sauvegarde sous word, un pc portable cachée au fond de mon sac et le tour est joué geek ).

Trop fatigué pour continuer ce soir Sleep
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeMar 27 Déc - 12:28

Merci bien nano, ca te plais sinon ? MrGreen

Ca fait longtemps qu'on a plus vu l'ami Squall !
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeMar 27 Déc - 18:52

Bah, il doit être en vacances MrGreen
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeSam 18 Fév - 23:58

Lecture/Correction terminée !
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MessageSujet: Re: Terre brulée   Terre brulée Icon_minitimeDim 19 Fév - 12:22

Faudrait que je pense un jours à copier/coller tous mes textes que tu as déjà corrigés pour me faire un dossier "L'ordre" sans fautes d'orthographe MrGreen
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