L'Ordre des Chevaliers Divins
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L'Ordre des Chevaliers Divins

L'Ordre des Chevaliers Divins regroupe nombre de soldats plus ou moins expérimentés mais se battant pour une cause juste, Dieu.
 
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SquallDiVeneta
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SquallDiVeneta


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MessageSujet: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeDim 2 Oct - 5:02

Révoltes

«
3 mars 1153
Cher Ethan, mon fils.
Bien que toutes mes précédentes lettres n’aient reçu aucune réponse, je t’écris encore ce soir pour supplier ton pardon et t’appeler encore une fois à mes côtés.

La Guerre des Ombres vient de s’achever. Après des décennies de conflits, la vendetta sanguinaire que livrait notre famille contre cet ordre dément connaît enfin son terme. Je ne saurais dire quel sentiment est le plus présent en mon cœur ; le soulagement d’avoir enfin vengé les miens ? Le chagrin de ne pas y être parvenu plus tôt ? Ou l’amertume qu’au final, cette victoire n’apporta guère de soulagement à mon esprit ? Les batailles furent nombreuses, sous des cieux et sur des terres différentes, depuis les lointaines terres de notre Seigneur en Orient, jusque sous les murs de Castelfort. Mais finalement, le dernier combat eut lieu en une modeste ville du nom de La-Flèche. Là, mes hommes se sont confrontés à la folie de notre ennemi et l’ont vaincu, faisant échouer ainsi leurs sombres projets que je ne saurais décrire à la seule aide de ma plume. Toujours est-il que, ton frère et ta mère peuvent désormais reposer en paix car en ce jour, tous leurs meurtriers ont péri dans les flammes de leur démence. Je souhaiterais pouvoir célébrer cette libération avec toi, pourvu que tu daignes pardonner à ton père ses fautes.

Aujourd’hui, je peux me concentrer sur des problèmes plus terrestres, je peux m’adonner à la charge qui m’incombe pleinement. Toulouse est à l’agonie, sa noblesse, déjà mise à mal par mes officiers, est à présent harcelée par l’Armée Tibérienne, eux qui avaient fait appel à ces mercenaires pour leur venir en aide sont désormais leurs esclaves, quelle fatalité étrange. Mais je sais que lorsqu’ils devront choisir entre affronter Plantagenêt, les mercenaires, ou nous rejoindre, ils le feront sans hésiter, ce n’est plus qu’une question de temps. Lorsque l’affrontement contre Plantagenêt viendra, je serais prêt à le défier à la tête d’une armée unie contre sa puissance croissante, et j’ai bon espoir que ton Seigneur nous rejoigne dans cette coalition, peut-être aurons-nous alors l’occasion de nous retrouver sur le champ de bataille. Ma cause est juste et désintéressée, je t’en donne ma parole mon fils, j’ai changé. Je ne souhaite plus qu’assurer le bien de mes hommes, même si cela doit passer par des sacrifices. J’instaurerai un nouvel ordre au sein du chaos laissé par mon prédécesseur, je prendrai la tête de l’alliance contre Plantagenêt avant de me tourner vers la Koalition qui se rassemble à l’est. Je rachèterai mes fautes, toutes mes fautes. Le temps passe, et les péchés restent, tu avais raison, il n’y a que les actes qui puissent laver nos erreurs, c’est pourquoi je n’aurai aucun repos jusqu’au jour où Dieu m’accordera son pardon et aussi, lorsque tu reviendras vers moi.

Reviens-moi, mon fils.
Ton père qui t’aime et t’attend
. »

Ethan de Hauteville broya le parchemin dans son poing, le regardant se froisser avec une indifférence glaciale sur son visage aux traits rappelant celui de son père, avec quelques années de moins et des contours plus doux, hérités de sa mère. Une mèche de cheveux foncés, presque noirs, tomba sur son front lorsqu’il tourna la tête pour mieux viser et envoyer le papier roulé en boule dans un petit brasier qui réchauffait la tente des vents encore froids en cette région. Au milieu de la tente, un homme assez mince et élégant observait le général avec une expression désapprobatrice. Il s’installa sur un trône juste en face d’une table couverte de cartes et de rapports manuscrits tandis qu’Ethan se rapprochait pour en attraper quelques uns et les lire une énième fois. Un long silence s’installa, silence dont profita le Général De Hauteville pour lire une bonne dizaine de rapports, faire des annotations sur quelques papiers et mettre à jours des cartes jusqu’à ce que Louis VII, dit le Jeune, ne le force à stopper son travail.

- Seigneur de Hauteville, le premier devoir d’un fils est d’honorer son père, m’a-t-on appris. Déclara le Roi Franc de sa voix lente et solennelle, les mains jointes devant son visage, étouffant quelque peu ses paroles.

Ethan lâcha aussitôt les papiers qu’il tenait et sa plume pour se tourner vers son suzerain du moment et inclina la tête en signe de soumission.

- Il me déplait de vous voir ainsi ignorer les appels au pardon de votre père, poursuivit le roi après avoir profondément inspiré pour gagner du temps et développer son raisonnement. Il sera l’un de nos alliés les plus précieux pour combattre l’influence grandissante d’Henri. Et puisque votre Seigneur, le Roi des Romains, Frédéric, n’a pu se permettre d’entrer en conflit ouvert avec Henri, Rénald sera certainement notre allié le plus puissant militairement parlant. Alors, il me plairait de vous voir vous réconcilier avec votre père, ne serait-ce dans les intérêts de notre campagne à venir.

Ethan garda la tête baissée jusqu’à ce qu’il lui paraisse clair que le Roi avait fini de parler, et bien qu’intérieurement, une colère implacable ne l’habite : sa voix lorsqu’il prit la parole ne trahît aucune rancœur et il sut garder l’élégance habituelle qu’il dont il savait faire preuve.

- Mon Seigneur a très certainement raison, dit-il avec obéissance, je veillerai de réfléchir à vos paroles à l’avenir, dans l’intérêt du conflit contre Plantagenêt.

Louis sembla satisfait, clignant des yeux pour signifier son approbation. Ethan se retint de lancer un regard vers le Roi des Francs afin de le jauger. Il ne savait pas si ce prêtre, reconvertit en roi par les caprices du destin était aussi mou qu’il le paraissait, ou bien si réfléchi qu’il paraissait lent et hésitant. Son frère aîné, Philippe, aurait fait certainement un meilleur roi, plus fort, énergique et charismatique mais le destin glorieux qui s’offrait à lui avait été lamentablement détruit lorsqu’un porc sauvage avait effrayé sa monture qui l’avait alors broyé sous son poids en lui tombant dessus, vingt ans auparavant. Le Royaume avait alors du mettre son destin entre les mains de ce jeune homme, destiné à entrer dans l’Église, plus rat de bibliothèque que lion, plus scribe que chevalier, plus mou que guerroyeur.
Mais depuis que Frédéric Barberousse avait envoyé Ethan le servir pour contrer les ambitions d’Henri Plantagenêt, De Hauteville avait décelé dans son regard à plusieurs reprises une lueur d’intelligence et de ruse insoupçonnée. Cet homme mince au visage blafard parlait lentement, passait plus de temps à prier qu’à s’entrainer à l’épée, lisait pendant des heures au lieu d’être en contact avec ses généraux... Bref, il était tout ce que Ethan méprisait chez les souverains. Mais parfois, il voyait dans ses yeux cette lueur calculatrice qui lui plaisait énormément, lorsqu’il pensait que personne ne l’observait. Était-ce un effet de son imagination, ou bien ce roi savait se faire passer pour ce qu’il n’était pas ? Il ne le saurait peut-être jamais.

Mais pour l’instant, il s’en fichait, il avait une campagne à préparer. Harnaché de sa lourde armure, l’ainé de la dynastie des Hauteville s’inclina devant le Roi des Francs avant de sortir de sa tente. Les gardes royaux refermèrent le passage derrière lui, telles les portes d’une muraille, tandis qu’Ethan remontait le camp à grandes enjambées. Dissimulé dans les montagnes du pays de Planèze, en Auvergne, l’armée du Roi attendait son heure, à quelques jours de marche du Comté de Toulouse où allait se jouer un chapitre majeur de son histoire. En traversant cet océan de tentes, Ethan observa l’état des lieux et aboya ses instructions pour que tout soit prêt en temps et en heures. Arrivé à l’extrémité Nord, il retrouva sa garde personnelle. Cinquante hommes qui formèrent les rangs à son approche, cinq rangées de dix hommes, impeccablement parallèles, chacun armés d’un bouclier, d’une lance et d’une épée longue à leur hanche, le regard fixe. Tous portaient un heaume leur couvrant le front jusqu’aux joues, coiffé d’un plumet qui tombait jusque dans leur cou, tandis que leur armure de maille était renforcée d’un plastron de cuir pour amortir les chocs. Ethan les passa en revu, ne décelant aucun défaut dans leur équipement ou dans leur posture. Satisfait, il siffla et aussitôt, sa jument arriva au galop. La bête ralentit son allure pour venir se positionner devant lui, au trot. Ethan caressa le museau de son percheron à la robe argentée, puissamment bâtie et grande pour une femelle. Elle était sa favorite de toutes les bêtes qu’il avait mené au combat. Longtemps, il avait préféré les étalons, mais leur impétuosité lui avait trop souvent joué des tours. A présent, il n’avait d’yeux que pour sa Dame. D’un bond, il monta en selle, et fit faire quelques pas à sa jument autour de ses hommes.

- L’heure approche, je m’en vais en reconnaissance vers le Sud avec les hommes de notre hôte, leur dit-il. En attendant, gardez l’ordre dans ce camp, peut-être arriverons-nous à tirer quelque chose de ce ramassis de paysans. Eugène, ajouta-t-il à son premier capitaine, Eugène Petry, je te laisse le commandement.

Ethan talonna alors sa monture et partit rejoindre les éclaireurs du Roi, tandis que derrière lui, ses Prétoriens, comme il aimait les appeler, se dispersaient pour aller remettre de l’ordre dans les armées du roi.

*
**

Aube du 17 mars 1153, Comté de Toulouse, Fort Flamme.

Le chevalier qui grimpait à l’échelle devant Bertrand reçut une flèche en plein cou. L’homme poussa un grognement humide qui aurait du être un hurlement de douleur, mais les bulles de sang qui remontèrent dans sa gorge l’en empêchèrent. Il se débattit vainement et ne réussit qu’à arracher la flèche, faisant gicler le sang autour de lui, aspergeant le visage de Bertrand par la même occasion. Une odeur écœurante qu’il ne connaissait que trop bien lui envahit le nez et la gorge, et Bertrand se résigna à attraper le blessé par la ceinture et le fit basculer dans le vide, conscient qu’il le condamnait à mort. Mais s’il restait là, Bertrand et les autres chevaliers qui suivaient sur l’échelle allaient également se faire tirer dessus. Le mourant tomba en poussant un gémissement étouffé et Bertrand se mit à gravir les échelons à toute allure, sous les tirs des archers positionnés sur la tour Est de la palissade de Fort Flamme. Depuis la nuit précédente, le fort était assiégé par l’Ordre et après des heures de tirs d’artillerie, l’assaut général avait été ordonné. A la tête d’une compagnie de cent hommes, Bertrand avait reçu l’ordre d’escalader la palissade du côté Est du fort tandis que des béliers étaient dépêchés pour en enfoncer les portes et les segments de barrière les plus affaiblies. Une marrée humaine se massait en bas des défenses du fort, sous les flèches des soldats toulousains, tandis que leurs murs étaient sur le point de tomber.
Bertrand posa le pied sur le chemin de ronde ennemi, se retrouvant aux côtés de ses hommes à combattre l’ennemi, alors qu’ils avaient à peine assez de place pour se déplacer à deux de front sans risquer de basculer dans le vide, à environ six mètres plus bas. Son bouclier devant lui, Bertrand se posta derrière un de ses hommes, prêt à prendre la relève s’il était blessé ou tué, ce qui ne tarda pas. Le chevalier fut touché au flanc par son adversaire que Bertrand ne vit que lorsqu’il piétina le corps de son ennemi agonisant. Le Toulousain attaqua, tentant d’infliger le même sort au Lorrain. Mais Bertrand leva son bouclier pour intercepter le coup d’épée et répliqua aussitôt de la sienne, éventrant son ennemi. Il avança ainsi, se frayant un chemin à coups d’épées, éliminant ses ennemis un à un pour mener ses troupes jusqu’à la tour d’où une dizaine d’archers faisaient pleuvoir la mort. Il dut éliminer une demi-douzaine d’homme avant d’arriver à l’échelle menant à la tour, trois mètres plus haut. Derrière lui, les chevaliers faisaient face à une contre-attaque toulousaine et bataillaient ferme pour garder leur position, permettant ainsi à leurs camarades qui grimpaient aux échelles de les rejoindre.

- Retenez-les encore un peu ! Hurla Bertrand par-dessus le brouhaha de la bataille.

Il ne sut pas s’il fut entendu, car au même moment, une tente dans le camp explosa : les incendies ravageaient le camp, nappant le ciel d’un voile noir. D’autres chevaliers avaient été envoyés du côté Nord et du côté Sud tandis que la cavalerie contournait le camp pour couper toute sortie possible vers l’Ouest. Les béliers aux portes finirent par les enfoncer et la charge suivit presque aussitôt. A présent, la bataille s’était étendue à l’intérieur des murailles de bois. Bertrand gravit l’échelle et arriva sur la plateforme des archers qui ignorèrent sa venue, continuant de tendre et de relâcher les cordes de leurs instruments. Le Commandant avait les pieds enfoncés jusqu’aux chevilles dans les flèches, les cordes usées et les arcs brisés : depuis combien de temps entreposaient-ils tout ça en prévision de cette bataille ? D’un bond, il coupa net à son étonnement en même temps que la tête de l’archer le plus proche de lui. Les autres n’y prêtèrent pas attention et continuèrent de tirer jusqu’à ce que Bertrand ait massacré plus de la moitié d’entre eux. Alors seulement, un Toulousain leva ses yeux hagards et épuisés vers lui et cria pour alerter ses camarades. L’archer lâcha son arc et saisit un couteau à sa ceinture, mais fut trop lent pour éviter l’attaque de Bertrand qui frappa d’estoc, l’embrochant sur sa lame et repoussant son corps d’un coup de pied. Les trois derniers se dépêchèrent de l’attaquer, mais leurs bras étaient épuisés par les mouvements répétés ces dernières heures et le Lorrain dévia leurs attaques sans peine, les tuant sans la moindre difficulté. Bertrand se dépêcha alors de briser la hampe de la bannière toulousaine flottant au-dessus de la tour. Il s’empara alors d’un paquet à sa ceinture et le déplia, révélant un drap noir sur lequel était dessinée une croix blanche, avec en son centre, les armoiries des Hauteville. Il l’attacha au mat qu’il venait de briser, remplaçant les couleurs toulousaines par celles de l’Ordre, et l’agita haut vers le ciel, attirant les vivats des chevaliers qui virent qu’une première tour de Fort Flamme venait de tomber. Bertrand eu l’impression qu’il allait vomir d’être le premier à brandir les couleurs de l’Ordre de Rénald pour signifier une victoire.

En bas des murailles, la bataille continuait...


Dernière édition par SquallDiVeneta le Mer 6 Juin - 14:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeDim 2 Oct - 13:28

Tu as l'audace de mettre en scène le Roi de France ! MrGreen
Passage très sympa... Quand est-ce que Bertrand se bouge le cul et fait sécession ?
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeDim 2 Oct - 14:14

Faut lui laisser un peu de temps MrGreen

Miam,je sens encore un nouveau perso débordant de charisme,très chouette passage,ça m'a motiver à commencer une nouvelle mission.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeDim 2 Oct - 15:22

*chaos* a écrit:

Miam,je sens encore un nouveau perso débordant de charisme,très chouette passage,ça m'a motiver à commencer une nouvelle mission.

Ethan ou Louis VII ?
Je vais essayer de faire d'Ethan un jeune Rénald encore plus vicelard mais qui n'assume pas son côté dictateur. Avec en prime, ses prétoriens qui inspirèrent les gardes de fer de Von Kassel.

Quant à Louis VII, je me suis un peu documenté et il semble que l'Histoire le juge comme un roi mou qui a fait pas mal de conneries, mais vu le bilan de son règne (renforcement du pouvoir royal, début de défeodalisation, renforcement de l'économie et de l'agriculture) je n'arrivai pas à concilier cette image de benêt naïf avec les apports qu'il a fait au royaume. Donc je l'ai imaginé en politicien bien malin qui cache son jeu pour duper son entourage.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeDim 2 Oct - 15:35

Un autre personnage dont il faudrait faire référence,c'est Simon de Monfort,c'est lui qui a mener la croisade des albigeois,donc celle dans laquelle intervient notre Raymond,mais aussi Henri et Louis.

Sinon,c'est surtout car son père était un souverain incroyable qu'il a été complètement éclipsé le Louis, il y a la même chose plus tard,la majorité des fils de Philippe le Bel passent pour des idiots juste car lui était au dessus du lot ^^
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 6 Oct - 2:51

Après-midi du 17 mars 1153, aux abords de Castelfort.

- Tuez-les. Ordonna distraitement Livio aux gardes de fer.

Il ne prêta pas attention à l’hésitation de ses hommes au moment de mettre à mort les déserteurs, capturés à quelques kilomètres au Nord. Deux jours auparavant, il était tombé avec sa troupe sur un groupe d’une vingtaine d’individus, lourdement armés, avec de nombreux vivres dans leurs bagages, deux chevaux et même un apprenti forgeron transportant la moitié de son matériel de travail sur le dos d’une malheureuse mule. Livio et les hommes l’accompagnant avaient chargé, et après un bref combat au cours duquel trois des traîtres périrent, les autres s’étaient rendus, constatant que la défaite été inéluctable. Lâches jusqu’au bout. Pourtant, ils auraient dû deviner quel sort la justice de l’Ordre leur réserverait.
L’adolescent avait été épargné cependant, et envoyé travailler au front sous haute surveillance, l’Ordre avait trop besoin d’artisans selon Rénald pour que l’on puisse s’en séparer, même si de l’avis de Livio, ce jeune imprudent aurait mérité le même châtiment que ses compères. Mais Livio n’était pas Maître de l’Ordre et donc, son avis n’avait de valeur que si Rénald y prêtait attention, ainsi le jeune homme avait eu la chance insolente de s’en sortir avec une simple marque apposée sur son front au fer rouge : « T » pour traître. Mais si à l’avenir il tentait à nouveau de déserter les rangs de l’Ordre, le jugement de Rénald serait beaucoup moins clément.
Mais les soldats, des auxiliaires qui jamais ne seraient adoubés chevaliers, menés par un vétéran du conflit Svarog, allaient subir le juste courroux du Maître : étouffés devant la foule avant d’être jetés dans une fosse commune qu’ils avaient eux-mêmes creusés. Leur meneur, le Capitaine Kaël Kroetz, avait été le dernier à mourir avant que ses hommes ne se rendent, probablement était-ce sa mort qui les avait convaincus de cesser le combat. C’était regrettable, bien qu’âgé d’une cinquantaine d’année, le vétéran était resté un homme solide et vaillant, mais également un traître manifestement, et Livio aurait voulu lui réserver un sort spécial en guise d’avertissement. Il devait donc se contenter d’exhiber sa dépouille dénudée et mutilée, suspendue à une corde sous l’arbre où étaient alignés les quinze hommes restants de son groupe.

Les Gardes de Fer passèrent des nœuds autour du cou des traîtres et serrèrent de toutes leurs forces, tandis que les déserteurs, prostrés à genoux, pieds et poings liés, suffoquaient en battant frénétiquement des paupières. Leurs visages rougirent avant de prendre une teinte violacée, alors que la foule de paysans et les quelques soldats présents retenaient eux aussi leur souffle, comme pour accompagner les condamnés dans leur mise à mort. Les grognements et les gémissements étouffés commencèrent à se taire, l’un des traîtres s’affaissant contre son bourreau qui serra davantage la corde autour de sa gorge encore quelques secondes avant de balancer le corps sans vie dans la fosse pleine de foin. Puis, les autres périrent les un après les autres : dès qu’un corps tombait dans la fosse fraichement creusée, un autre mourrait et rejoignait son camarade. Le dernier mutin résista étonnamment longtemps. Soit le Garde de Fer ne serrait pas assez, soit le condamné avait réussi à contracter son cou de toutes ses forces, assez pour qu’un mince filet d’air passe dans sa gorge et le maintienne en vie. L’homme, un guerrier blond à l’imposante musculature, se tortillait comme pour échapper à son bourreau. Son visage rouge crispé dans l’effort, sa langue gonflée pendant entre ses dents, un râle écœurant lui raclant la gorge, il tentait de se mettre debout mais deux gardes le maintinrent à genoux, prêtant main forte à leur camarade qui peinait à le retenir seul. Les spectateurs observait son dernier combat avec un masque d’horreur sur leurs visages, soutenant le regard désespéré du condamné qui les fixait de ses yeux rouges, leurs vaisseaux sanguins ayant depuis longtemps explosé.
Livio estima qu’il avait résisté plus de six minutes jusqu’à ce que, lassé, le Garde de Fer qui l’étranglait ne fasse signe à l’un de ses compagnons qui frappa l’homme d’un grand coup de genou dans le ventre. Le traître poussa un gémissement pathétique en expirant sa dernière goulée d’oxygène salvatrice et son visage devint presque aussitôt bleu. Il tressaillit quelques secondes encore, tentant d’articuler des mots silencieux à la population fasse à lui, et finalement, sa tête tomba sur son torse. Enfin, il avait cédé. Le corps resta à genoux en équilibre quelques secondes, comme si l’homme refusait d’obtempérer, même dans la mort, puis son cadavre bascula dans la fosse. Alors, Livio vint se planter devant la foule qui semblait seulement reprendre son souffle, leurs visages trahissant leur dégoût. Lorsque le condamné était un meurtrier, un voleur ou un violeur, les foules acclamaient les mises à mort : pendaisons, décapitations, écartèlements en Germanie, bûcher pour les païens, etc. Mais là, même si ces traîtres méritaient pleinement leur mise à mort, l’étouffement avait un aspect sordide recherché par l’ancien Svarog : il ne voulait pas que cela passe pour de la justice à leurs yeux, mais pour une punition, longue et pénible à regarder. La résistance désespérée du dernier rebelle avait été parfaite, elle montrait bien le sort qui attendait ceux qui s’opposeraient à Rénald : un combat désespéré, mais dont la seule issue possible était une mort aussi honteuse que douloureuse.

- Ces hommes ont trahi l’Ordre ! Lança-t-il à la foule d’une voix autoritaire en commençant à faire les cents pas face à la fosse où les Gardes de Fer mirent le feu à la paille en tapissant le fond. Ils ont volé les armes et la nourriture destinés à nos courageux chevaliers au front ! Ils ont tourné le dos à leurs camarades, préférant sauver leurs vies, au détriment de ceux qui ont eu le courage de rester et de se battre ! Ce ne sont pas des hommes, ce ne sont même pas des animaux ! Ils ne sont rien ! Et ainsi, leurs vies n’ont pas la moindre valeur, ils n’ont ni honneur, ni nom, ni passé !

En disant ce dernier mot, il braqua un doigt accusateur vers le capitaine Kroetz qui se balançait toujours au dessus du brasier de la fosse.

- Autrefois, l’Ordre compta dans ses rangs un brave chevalier qui combattit les hérétiques en Italie, en Ibérie, en Germanie et dans le Royaume Franc, un homme qui s’illustra en guerroyant en Hongrie contre l’ennemi Svarog puis face aux insurgés à Byzance.

Un ricanement retentit dans la tête de Livio lorsqu’il parla de « l’ennemi Svarog », mais il ne put identifier son propriétaire. Peut-être étaient-ce tous les « occupants » de son esprit qui avaient trouvé sa déclaration ironique, probablement.

- Cet homme n’existe plus, dit Livio d’une voix forte et autoritaire, comme un ordre lancé à la nature même. Nous avons oublié ses victoires, nous avons oublié son passé, nous avons oublié son visage, sa voix et son nom ! Nous ne nous souvenons plus que d’une chose : Kaël Kroetz a trahi le Seigneur Rénald, l’Ordre et tous ses chevaliers, et il a subi le sort qu’il méritait ! Qu’on se le dise, l’Ordre traquera tous les traîtres, tous ceux qui parleront de désertion, et même ceux qui ne feront qu’y penser ! Si vous êtes de ceux-là, souvenez-vous de ce jour lorsque viendra pour vous le moment du choix, souvenez-vous de ceux qui sont morts aujourd’hui… Et souvenez-vous de MOI ! Demandez-vous, le jour où vous serez tentés d’échapper à votre devoir, si je ne suis pas là, très proche de vous, écoutant vos conversations, épiant vos pas et scrutant votre regard à la recherche de vos pensées. Demandez-vous, si vous aussi, vous ne finirez pas dans une fosse que vous aurez creusé à la force de vos doigts, le visage violet, dans une expression de souffrance et de peur, à brûler tandis que je regarderai vos cadavres se racornir et devenir cendres. Souvenez-vous de moi et de ce jour.

Les menaces de Livio semblèrent être efficace, car il fallut plusieurs minutes à la foule pour comprendre que le spectacle était terminé, et plus encore pour que le premier paysan n’ait le courage de partir le premier, chassé par la puanteur des corps brûlés, tandis que Livio continuait de poser sur eux un regard lourd et menaçant. Une heure plus tard, les paysans et les soldats étaient retournés à leurs occupations, et les flammes de la fosse furent étouffées lorsque les Gardes de Fer sous les ordres de Livio commencèrent à balancer la terre à côté de la fosse sur les cadavres calcinés. Seul Kroetz aurait le privilège de rester là pour les jours à venir, buffet à ciel ouvert pour les charognards.
Livio n’attendit pas que la fosse soit recouverte. Il repartit pour la forteresse dès que les derniers spectateurs furent partis. Il puait, il voulait se laver, faire nettoyer ses vêtements et peut-être même faire une sieste. Cela faisait près de dix jours que Rénald l’avait renvoyé à l’arrière, à la Capitale de l’Ordre avec la mission de traquer les trop nombreux traîtres qui commençaient à déserter les rangs en pillant les réserves des chevaliers. Cette prise était sa plus grosse depuis le début de sa mission, il n’avait attrapé à côté d’eux que trois hommes, dont deux n’avaient pas véritablement l’intention de déserter, juste de piquer un somme pendant leur tour de garde, mais qu’importe : ils avaient eux aussi fini au fond d’une fosse.
Livio avait la ferme intention d’étouffer ces désertions avant qu’elles ne prennent trop d’ampleur, et pour cela, la peur serait un outil excellent. Il voulait en finir avec cette mission ingrate et retourner au front, là où il serait véritablement utile. Il ne savait pas pourquoi Rénald l’avais mit à l’écart des combats, le renvoyant à l’arrière faire le travail des Gardes de Fer de Von Kassel. Peut-être l’avait-il déçu en laissant partir Connors et les derniers Ombres survivants ? Ou bien voulait-il le ménager après la difficile bataille contre les assassins ? Peu probable… Livio enrageait d’être ainsi négligé, lui qui avait désespérément besoin d’action pour ne pas penser justement à cette boucherie qu’avait été la bataille de La-Pointe. La mort de Matilda, de Wlad et même de d’Al Mynia le pesaient énormément et il aurait voulu avoir un exutoire à sa morosité. Au lieu de ça, il passait ses journées à traquer les soldats qui piquaient dans les réserves et à effrayer des paysans abrutis…

Ruminant ses pensées, Livio avait atteint le château et en arpentait les couloirs en direction de ses appartements, croisant de nombreux soldats de garnison, et des domestiques, s’écartant tous de son chemin avec méfiance. Il n’y prêtait pas attention, c’était même mieux ainsi : plus ils le craindraient, plus son travail serait efficace, il devait devenir pour eux un mauvais présage. « Daleva est là ? Devaient-ils se dire. Alors faisons attentions à ce qu’on raconte, je ne veux pas finir étranglé pour m’être plaint du repas de ce midi ! » C’était plus ou moins l’idée… Même s’il craignait de finir avec un couteau dans le dos s’il terrorisait trop les chevaliers ou faisait étouffer une personne de trop.
Il était presque arrivé à sa chambre lorsqu’un petit homme au visage affreux ne se posa devant lui avec une expression impassible. Toujours aussi chauve, toujours aussi ridé, les yeux toujours aussi vides, Cabal le gratifia d’un de ses désormais célèbres monologues.

- Capitaine Daleva, ravi de vous revoir, dit-il à toute vitesse d’une voix monocorde. Très impressionnante mise en scène tout à l’heure, pour sûr, vous connaissez votre affaire en justice expéditive, très bon procédé. La strangulation : mise à mort par compression de la trachée, causant évanouissement puis la mort par asphyxie, pouvant parfois mener à la fracture d’un petit os sous le larynx. Très bon moyen de détecter le meurtre par étouffement pour un homme ayant des connaissances anatomiques poussées. Ce petit os est le véhicule de nombreuses superstitions d’ailleurs : l’une d’elle est à l’origine d’une tradition étrange qui veux que lorsque deux personnes tirent à chaque extrémité de ce même os tiré d’un animal dont ils ont consommé la chaire, et que l’os se brise, celui qui garde en main la partie la plus grande verra l’un de ses vœux s’exaucer. Curieuse idée je dois avouer, j’ai moi-même tenté l’expérience à de nombreuses reprises avec des os issus de toutes sortes d’animaux ou d’individus, sans succès je le crains. Savez-vous d’ailleurs que le fait de…

- Cabal ! S’exclama Livio qui avait vu son capital patience s’envoler pendant les vingt secondes qui avaient été nécessaires au petit homme pour lui faire cet exposé qui, chez un individu normal, aurait prit au moins deux fois plus de temps. Que voulez-vous ! Soyez clair et surtout économe en mots !

Cabal le gratifia d’un sourire qui dura moins d’une demi-seconde, sourire artificiel, plus une grimace qu’il tentait de faire sans en comprendre le sens.

- Inventions, innovations : requiert votre avis. Dit-il alors simplement.

Livio fronça les sourcils, le soupçonnant de se moquer de lui, puis il secoua la tête en trouvant ses pensées absurdes. Pour que Cabal puisse se ficher de lui, il aurait fallu qu’il soit capable d’appréhender le concept d’humour, ce dont il doutait. Cabal lui fit signe de le suivre et Livio obtempéra. Ils marchèrent jusqu’à l’infirmerie à l’autre bout du château. Là, des dizaines de blessés attendaient de récupérer de leurs blessures pour retourner au front, tous sauf un. Antoine d’Echin, endormi sur un lit, sa jambe amputée posée sur un oreiller en plumes, était toujours là. Livio eut un pincement au cœur en voyant le mercenaire dans cet état, sachant que plus jamais il ne pourrait vivre comme il l’avait fait ces quarante dernières années.

- Il va bien, lui dit Cabal en passant devant le lit occupé par le mercenaire, remontant la longue salle où les blessés étaient alignés sur leurs matelas confortables. Il plaisante souvent et dort beaucoup : un esprit intact et un corps qui récupère ses forces, encourageant.

- Ou bien il fait semblant... Murmura Livio, mal à l’aise en regardant Antoine dans son lit en le dépassant.

Cabal ne releva pas la remarque de Livio et poursuivit jusqu’à remonter la longue salle, arrivant dans une partie séparée de l’aile réservée aux blessés par d’épais draps gris étendus par des fils d’un bout à l’autre de la pièce. Là, une table d’opérations tâchée de sang, un bureau plein de parchemins, des armoires débordant d’outils, de pots et d’instruments d’alchimie, et le chirurgien principal de Castelfort, foudroyant Cabal du regard. L’homme avait rendu de fiers services à l’Ordre, mais à l’arrivée de l’étrange petit homme, ses talents étaient devenus totalement obsolètes. Il en était conscient, mais il n’appréciait pas pour autant d’avoir été relégué au rang d’assistant du jour au lendemain, Cabal s’appropriant complètement les lieux.

- Ah, Sylvain, parfait ! S’exclama Cabal en voyant son assistant dont le regard était de plus en plus menaçant, ce que le petit homme semblait ignorait complètement. Vous me servirez de sujet de test !

Le médecin resta muet, se contentant de regarder Cabal puis Livio avec hostilité. Cabal lui tendit une tige de métal reliée à une poire en cuir, le tout relié par ce qui semblait être un cordon en boyaux de porcs assez fin.

- Enfilez-ça comme je vous l’avais indiqué ! Lui demanda Cabal.

L’homme ne bougea pas une oreille, croisant les bras au bout de quelques secondes pour signifier son refus. Livio dut alors faire jouer son autorité, lassé de ce petit jeu grotesque autant que le médecin. Il voulait se laver et dormir et Cabal ne le laisserait pas en paix tant qu’il ne lui aurait pas montré ce qu’il voulait. Le dénommé Sylvain prit alors l’étrange instrument et remonta la manche droite de son long tablier, attachant le mécanisme à son poignet, la poire passée autour de son biceps à l’aide d’une petite corde en cuir, et la tige de métal remontant le long de son avant bras jusqu’à sa paume.

- Merci, s’empressa de dire Cabal avant de s’exclamer : ceci est un petit système très ingénieux qui va révolutionner l’art de la guerre ! J’y ai pensé lors de notre affrontement avec les Ombres, je suis retourné à La-Pointe et ai trouvé de nombreuses traces des liquides inflammables qui ont rasé la ville ! J’en ai découvert la composition et j’ai réussi à créer ceci. Tenez-ça mon cher.

Il passa au médecin récalcitrant une bougie posée jusqu’ici sur le bureau de Cabal qu’il attrapa de sa main à laquelle l’instrument était attaché. L’homme blêmit et commença à trembler, sans le moindre ménagement, Cabal lui prit son autre main libre et lui fit la poser sur son biceps, là où sous sa tunique se trouvait la poire en cuir. « Appuyez fort ! » Ordonna-t-il au médecin, mais celui-ci resta figé, fixant son bras avec effroi. « Attendez, je vais vous aider. » s’empressa de dire Cabal, et le petit homme appuya fermement sur le biceps du médecin. Un jet de liquide jaunâtre fut projeté de sous la manche du médecin, à partir de la tige en fer qui y était dissimulée, et passa à travers la flamme de la bougie qu’il tenait. Un véritable jet de flamme naquit lorsque le liquide entra en contact avec la flammèche, le médecin effrayé hurlant de terreur alors qu’une lance de feu surgissait de son bras. Cela dura moins de deux secondes, jusqu’à ce que la poche pleine de liquide inflammable ne s’épuise. Les flammes remontèrent le jet qui sortait de la manche du médecin et tout son bras droit prit soudainement feu. L’homme poussa un hululement strident en agitant ses bras dans tous les sens, courant dans la pièce comme un oiseau ardent tentant de prendre son envol.

- Le seau, mettez-donc votre bras dans le seau ! S’exclama Cabal, exaspéré.

Le médecin fit trois fois le tour de la salle en hurlant avant de sauter vers une bassine remplie d’eau et y plongea son bras, éteignant les flammes et lui arrachant un gémissement de soulagement lorsqu’il regarda l’étendue des dégâts : seuls ses vêtements avaient véritablement soufferts, mais son bras était désormais imberbe.

- Hum, je crois qu’il me faudra encore revoir le système d’allumage, et il faudrait trouver un moyen de stocker plus de carburant dans un récipient qui serait plus facile à maîtriser, songea Cabal en grattant son menton en galoche. Mais je suis sûr qu’un jour, cette arme fera des ravages… Hormis chez ses utilisateurs. J’ai aussi ça à vous montrer, je l’ai également trouvé à La-Pointe, sur le corps d’un assassin que j’ai tué sur l’un des navires que j’ai réquisitionné, ça m’a aidé dans la conception de mon jet-de-flamme.

Il attrapa sur son bureau un brassard en cuir ordinaire, mais lorsqu’il le retourna, Livio vit une lame dissimulée à l’intérieur, apparemment actionnée par un curieux mécanisme de roues dentées.

- C’est très complexe, s’extasia Cabal. Je n’avais jamais vu ça auparavant et j’ai bien dû l’étudier une heure avant d’en déceler toutes les subtilités ! C’est pour dire ! Je l’ai amélioré, car le modèle d’origine nécessitait que son utilisateur ne se coupe l’annulaire pour s’en servir sans qu’il ne se l’ampute lui-même en l’actionnant. Je crois avoir résolu le problème, voulez-vous essayé ? Mon assistant semble encore avoir besoin de temps se remettre de ses émotions.

En effet, le médecin était à présent recroquevillé dans un coin de la pièce, les bras autour des genoux, se balançant d’avant en arrière sur ses fesses en murmurant des paroles incompréhensibles, les yeux écarquillés, fixant le vide.

- Euh… Une autre foi, lui dit Livio, pas du tout convaincu après la démonstration précédente.

- Hum, dommage. Fit Cabal en reposant le brassard. J’ai également ceci !

Cabal sortit d’une de ses poches une petite fiole en verre, récipient à la valeur inestimable, fermée par un bouchon de cire et remplie d’un petit liquide bleuté qu’il secoua fièrement.

- Laissez-moi deviner, je casse ça par terre et je me transforme aussitôt en torche humaine ? Hasarda Livio à bout de patience.

- Mais non voyons ! S’exclama Cabal, semblant véritablement vexé, jusqu’à ce qu’une lueur n’éclaire ses yeux. Mais ça serait intéressant, imaginez l’effet sur vos ennemis ! Cela les déstabiliserait à coup sûr.

- Moi aussi je pense que je serais un peu surpris, ironisa Livio.

- Je vois ce que vous voulez dire, mais j’y réfléchirai. Ceci est un poison que j’ai réussi à extraire de quelques Roses de Sithis que j’ai sauvé des ruines de La-Pointe. Je n’avais plus assez de pétales pour faire les poisons et drogues ordinaires, alors j’ai essayé une variante. Et ainsi, avec ça, vous pourrez plonger un adulte en bonne santé dans un sommeil si profond que son cœur semblera presque s’arrêter, la chaleur de son corps baissera et il sera impossible de le réveiller par des moyens conventionnels : aux portes de la mort, mais bien vivant !

Livio prit la fiole entre ses doigts, sceptique.

- Grandiose, et à quoi cela va me servir ? Grogna-t-il. Je demande poliment à mes ennemis de la boire sur le champ de bataille pour qu’ils paraissent presque mort ? Combien de temps ça dure ? Et qui me dit qu’on n’en meurt pas pour de bon ?

- Euh, impossible à dire, avec les quantités que j’ai produit, je n’ai pu l’essayer que sur deux porcs et un gros chien et tous trois sont morts. Mais je suis persuadé que l’effet sur l’homme sera celui escompté !

- Vous êtes un grand malade. L’accusa Livio à bout de nerfs. Je vais dans mes appartements, je ne veux plus vous voir inventer de telles choses dans ce château, je ne veux plus vous voir essayer vos bizarreries sur nos médecins et je ne veux plus que vous me dérangiez pour de telles absurdités ! Et je vous confisque ce poison, avant que vous ne finissiez par tomber sur quelqu’un d’assez inconscient pour le boire. Maintenant, au revoir !

Fourrant la fiole dans sa poche, Livio s’en alla, fatigué et prêt à faire un massacre. Il avait vraiment besoin de se défouler.

- Faites attention avec la fiole, l’avertit Cabal tandis qu’il s’éloignait. Le verre est fragile et le liquide risque de vous bruler la main jusqu’à l’os, il est un peu acide.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeLun 10 Oct - 2:20

Passage très intéressant, on passe de la situation dramatique avec l'exécution, à la situation comique avec Cabal et ses inventions MrGreen

Citation :
Il attrapa sur son bureau un brassard en cuir ordinaire, mais lorsqu’il le retourna, Livio vit une lame dissimulée à l’intérieur, apparemment actionnée par un curieux mécanisme de roues dentées.

- C’est très complexe, s’extasia Cabal. Je n’avais jamais vu ça auparavant et j’ai bien dû l’étudier une heure avant d’en déceler toutes les subtilités ! C’est pour dire ! Je l’ai amélioré, car le modèle d’origine nécessitait que son utilisateur ne se coupe l’annulaire pour s’en servir sans qu’il ne se l’ampute lui-même en l’actionnant. Je crois avoir résolu le problème, voulez-vous essayé ? Mon assistant semble encore avoir besoin de temps se remettre de ses émotions.

Toi tu as trop joué à Assassin's creed geek geek

Pour la fiole, elle risque d'être très utile, surtout pour se faire passer pour un mort. Reste à savoir si Livio l'utilisera sur lui ou sur quelqu'un d'autre à l'avenir, que Livio pourrait vouloir sauver d'une mort certaine ou bien capturé pour ensuite l'interroger...
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeMar 11 Oct - 1:18

Le-Nain a écrit:
Passage très intéressant, on passe de la situation dramatique avec l'exécution, à la situation comique avec Cabal et ses inventions MrGreen

Citation :
Il attrapa sur son bureau un brassard en cuir ordinaire, mais lorsqu’il le retourna, Livio vit une lame dissimulée à l’intérieur, apparemment actionnée par un curieux mécanisme de roues dentées.

- C’est très complexe, s’extasia Cabal. Je n’avais jamais vu ça auparavant et j’ai bien dû l’étudier une heure avant d’en déceler toutes les subtilités ! C’est pour dire ! Je l’ai amélioré, car le modèle d’origine nécessitait que son utilisateur ne se coupe l’annulaire pour s’en servir sans qu’il ne se l’ampute lui-même en l’actionnant. Je crois avoir résolu le problème, voulez-vous essayé ? Mon assistant semble encore avoir besoin de temps se remettre de ses émotions.

Toi tu as trop joué à Assassin's creed geek geek

C'était seulement pour le côté comique, je ne compte pas faire de Livio un Ezio 2.0, je me suis calmé de ce côté là.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 13 Oct - 12:14

J'ai bien aimer ce passage, je m'étais dis "ha ben ouais,d'office ça gérerait l’assassin méga furtif, à deux doigts de sa proie puis : haaaaaaa,fais chier,mon doigt "
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeVen 14 Oct - 23:53

*chaos* a écrit:
J'ai bien aimer ce passage, je m'étais dis "ha ben ouais,d'office ça gérerait l’assassin méga furtif, à deux doigts de sa proie puis : haaaaaaa,fais chier,mon doigt "

Mine de rien ça apporterait un peu de gaieté dans ces moments bien glauques. MrGreen
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeSam 15 Oct - 0:48

Nuit du 17 mars 1153, Terres de l’Ordre, Camp des rebelles de Stuart de York.

- Fort Flamme et Fort Vouivre sont déjà attaqués, Fort Hildegarn quant à lui le sera très bientôt également, expliqua Harper à Stuart de York, tandis que Karl Skapty écoutait, lui aussi assis autour du feu de camp.

La troupe de Stuart campait dans une clairière, au milieu des arbres d’une forêt à quelques lieux seulement de la frontière entre l’Ordre et Toulouse. Quelques semaines plus tôt, cela aurait été du suicide, puisqu’ils étaient dangereusement proches de Fort Guède, mais depuis que Gordon s’en était allé en guerre, la surveillance de ces terres laissait à désirer. Les rebelles bénéficiaient ici d’une base d’opération appréciable, d’où ils pouvaient lancer une attaque vers Toulouse ou Castelfort, à n’importe quel moment.

- Combien d’hommes Rénald a sous ses ordres ? Demanda Stuart d’un air sombre.

- Difficile à dire... lLa veille de la bataille, des Chevaliers du Temple l’ont rejoint, ils ont traversé les terres toulousaines sans le moindre mal. Je dirais, dans les deux mille à Fort Flamme, soupira Harold d’un air sombre. Peut-être deux cents de plus sous les ordres de Grégory de Caen, et peut-être mille cinq-cents avec Di Cecina et Reinosa.

- Ces templiers, prendraient-ils partis si nous nous soulevions ouvertement contre Rénald ? Demanda Skapty, intrigué par l’arrivé de cet ordre guerrier religieux dans le déroulement du conflit.

- Je ne crois pas, suggéra Stuart avec une légère note d’espoir dans la voix. Les commandeurs locaux sont plus des politiciens que des hommes de foi, il faut croire qu’ils ont vite repris leurs travers d'antan. Rénald a dû les appeler en leur promettant terres et richesses. S’il est mis à mal, je pense qu’ils se mettront en retrait pour voir qui l’emporte pour se ranger à son côté. Ils sont aussi avides que lâches, et ils n’aiment pas vraiment Rénald, c’est certain.

- Sauf qu’en l’état actuel des choses, ce n’est pas nous qui serions en position de force si nous lancions une insurrection… Marmonna Patrick en faisant griller au bout d’un bâton un petit morceau de viande au-dessus du feu. Ils seront plus prompts à se ruer sur nous que de nous tendre la main.

Stuart grimaça, le jeune voleur avait rapidement adopté une mentalité cynique depuis qu’il s’était joint à eux. C’était bien dommage pour lui, mais il craignait de devoir reconnaître que cela lui serait plus utile à l’avenir que de rester éternellement un jeune homme innocent et naïf.

- Tu te trompes Patrick, lui dit-il. Car lorsque nous lancerons notre attaque, nous ne serons pas seuls. Le Comte Thomas Lancier et le Comte Hugues Molay se rangeront à nos côtés, je t’en donne ma parole. Ainsi, avec Forez et Velay à nos côtés, bien des esprits se poseront des questions sur la légitimité de Rénald à la tête de l’Ordre, et vu le nombre de sympathisant pour Charles de Bretagne parmi les survivants de Béziers, il est fort à parier que leurs chevaliers se rangeront à nos côtés. Nous avons nos chances Patrick, je te l’assure.

Le jeune Irlandais hocha la tête, un léger rictus se dessinant sur son visage à la lueur vacillante du petit brasier qui ne les réchauffait guère. Stuart adressa une rapide prière au Ciel, pour qu’il ne le fasse pas mentir. Les comtes de Forez et de Velay lui avaient effectivement dit qu’ils se joindraient à lui s’il défiait Rénald, mais seulement s’ils percevaient qu’ils parviendraient tout de même à vaincre Raymond de Toulouse tout en repoussant les prétentions de Plantagenêt loin de leurs frontières, car eux aussi étaient menacés par ses ambitions. Stuart ne bénéficiait de leur soutien que sous de lourdes garanties. Il était allé à leur rencontre après avoir réchappé de peu aux assassins de Rénald lors de sa route aux côtés de Di Cecina. Il ignorait si l’Italien avait participé à ce complot, mais il était clair qu’on le pensait mort au sein de l’Ordre, et cela devait rester ainsi le plus longtemps possible.

- Patrick, j’aurais une mission pour toi, annonça Stuart après un court silence. Elle est extrêmement dangereuse, mais je ne te demanderai pas de l’accomplir si je t’en pensais incapable ou si elle n’était pas d’une importance capitale.

- Dîtes-moi. Répondit simplement Patrick. J’accepte.

- Attend de connaître ma requête avant de répondre, l’incita Stuart en lui faisant un signe le conviant à l’écouter attentivement. Nous ne pourrons pas remporter la guerre qui approche contre Plantagenêt, pas si nous nous acharnons à combattre Raymond de Toulouse jusqu’à son anéantissement. Je veux que tu te rendes du côté des lignes toulousaines, que tu trouves le Comte, et que tu lui proposes une alliance, entre ses troupes et notre mouvement de résistance…

- Cette mission c’est à moi de la mener ! S’exclama soudainement Harold, scandalisé de voir Stuart confier une si périlleuse quête à Patrick. Il est trop jeune, il va se faire tuer !

- Il est très doué, et j’aurai besoin de toi pour d’autres tâches qui t’attendent, et elles ne seront pas de tout repos non plus, crois-moi, lui dit Stuart, d’une voix ferme, l’incitant au silence. Et c’est à Patrick d’en décider, il est jeune, mais il est un homme depuis longtemps déjà.

Harold ferma les yeux quelques instants, semblant encaisser la nouvelle assez mal, mais il se renferma dans un de ses célèbres silences, se contentant d’approuver d’un signe de tête imperceptible. Il regarda le jeune Irlandais et dut se rendre à l’évidence. Oui, Patrick était un homme. Il avait vieilli, à vrai dire, il n’était plus un adolescent depuis Constantinople, peut-être même avant, lorsque Livio l’avait pris sous son aile. Harold ne savait pas si c’était une bonne chose, mais Patrick était apte à faire ses choix à présent.

- Patrick, reprit alors Stuart. Tu vas devoir te glisser entre les lignes de Rénald et celles de Toulouse. Personne ne devra te voir, tu comprends ce que je veux dire ? Si un chevalier de l’Ordre t’aperçoit et te reconnait, tu devras le tuer, sans hésiter. Personne ne doit savoir que tu es vivant. Et tu devras traiter en notre nom avec l’ennemi de l’Ordre pour nous assurer que nous n’aurons pas à l’affronter après avoir destitué Rénald. S’il accepte, nous lui prêterons main forte contre Plantagenêt, lui laisserons le loisir de mettre à la tête de Béziers n’importe quel membre de sa maisonnée… Et lui céderons nos terres jusqu’aux Champs Dorés et Prades.

- Tu vas abandonner nos terres à ce bâtard ?! Sexclama Karl en se dressant sur ses jambes, furieux, prêt à s’attaquer à Stuart à coups de poings. Comment peux-tu oser ne serait-ce l’envisager ?

- Asseyez-vous, Lieutenant. Ordonna sèchement Stuart en lançant un regard implacable sur le Danois.

Jusqu’ici, Karl n’avait vu chez lui qu’un jeune homme impétueux, fort, sympathique et plutôt intelligent, mais soudainement, il vit un général qui pouvait tout aussi bien se montrer implacable, la menace vibrant dans sa voix et illuminant son regard. D’un coup, il se rappela que Stuart était le fils du célèbre commandant Edouard de York, et il eut l’impression de voir son fantôme surgir face à lui dans la nuit. Karl se rassit sur la bûche qui lui servait de siège et bredouilla des excuses gênées.

- Nous n’avons pas d’autres choix, fit Stuart en ayant retrouvé son attitude neutre. Il faut nous allier à Toulouse, sinon, nous sommes perdus. Il faut contacter aussitôt leur Comte et commencer les négociations. Je te fais confiance pour te montrer persuasif Patrick, n’hésite pas à mentir, à leur manipuler, fait tout son possible pour qu’il accepte nos conditions.

Patrick hocha la tête, acceptant sans enthousiasme. Karl fulminait, atteindre de telles extrémités était inconcevable pour lui. Capituler face à leurs agresseurs pour renverser Rénald ? Leur céder la moitié de leurs terres en échange d’une alliance éphémère ? Cela valait-il la peine ? C’est alors qu’il se mit à penser à sa terrible expérience à Fort Sarrack, ces mois de tortures, ces nuits passées sur le sol glacial de sa cellule, entièrement nu, affamé, les os brisés, son corps meurtri par le sadisme de ses geôliers. Les cellules de Fort Sarrack étaient-elles à nouveau habitées par les victimes du règne de Rénald ?

- Stuart, je te demande pardon. Je n’aurais pas dû... Finit par souffler Karl. C’est juste que… Je n’aurai jamais imaginé que les choses puissent tourner si mal. Le Seigneur Sopraluk nous a laissé un lourd fardeau, et tout ce que nous avons trouvé à faire, c’est nous déchirer jusqu’à envisager de plier face à l’ennemi.

- Je sais Karl, le rassura Stuart en lui posant une main apaisante sur l’épaule, lui souriant avec compassion. Il n’y a rien à pardonner, je comprends. Aucun de nous n’était préparé à tout ceci.

- Merci Seigneur, soupira Karl en hochant la tête. Et pour moi, avez-vous une mission à accomplir ?

- Oui, nos éclaireurs ont repéré un groupe de chevaliers un peu plus au Nord d’ici, nous pensons qu’ils fuient le combat. Ce sont des déserteurs, mais nous pouvons espérer les convaincre de se rallier à nous. Il faudra que tu les interceptes très rapidement, avant que les Gardes de Fer ne leur tombent dessus. Prends une dizaine de tes gars, quelques éclaireurs et fonce à leur rencontre.

Karl se frappa le cœur pour signifier son accord et se leva, prêt à rassembler hommes et matériel pour se préparer à cette expédition. Mais il fut arrêté un peu avant qu’il ne s’éloigne par Patrick qui posa une question d’une voix que l’on ne lui connaissait pas. Il vibrait dans ses paroles une appréhension glaciale, on aurait dit qu’il ne voulait pas entendre la réponse à sa question, mais qu’il savait qu’il devait savoir.

- Est-ce vrai que Livio mène les Gardes qui traquent les déserteurs et les traîtres ?

- Nous ne sommes sûr de rien, répondit Stuart après un instant d’hésitation. Pour l’instant, on sait juste que beaucoup d’hommes ont été exécutés près de Castelfort et que les battues s’intensifient… Et que des rumeurs l’en rendent responsable, oui, mais rien n’est certain.

- Je ne veux pas t’accabler Patrick, intervint Karl, mais il a participé au massacre des Séraphins et d’Antoine de Caen. Ça ne serait pas étonnant qu’il poursuive dans ce sens...

Patrick resta coi un moment avant de se lever. Il salua Stuart en inclinant la tête et s’éloigna d’un pas accablé. Karl se sentit très stupide, quel imbécile il faisait. Malgré ses défauts, Livio était presque un père pour le jeune homme, et il n’avait pas besoin de savoir qu’il était occupé à massacrer des dizaines de chevaliers pendant que lui participait à l’organisation de la résistance contre Rénald. Il voulu rattraper le jeune homme, mais une énorme main le retint par l’épaule. Harold regardait Patrick s’en aller dans l’obscurité de la nuit, passant entre les feux de camps comme une ombre.

- Il a besoin d’être seul, Stuart a raison, ce n’est plus un gamin, dit-il avec tristesse. S’il a besoin de réconfort, soit il le trouvera seul, soit il viendra le demander. Mais il ne faut plus le ménager, c’est un homme aujourd’hui.

Karl voulut protester, mais Harold avait raison, lui-même avait l’impression d’être seulement entré dans l’âge adulte depuis quelques semaines seulement. A vrai dire, il avait l’impression que tous les événements précédant Fort Sarrack s’étaient déroulés dans une autre vie, ou même, étaient ceux d’un autre que lui. Il devrait vivre avec son fardeau, et Patrick avec le sien. Il appréciait le jeune homme, franc et joyeux, même s’il était en proie à des humeurs sombres par moment, qui le faisaient ressembler à son mentor. Cela attristait Karl au plus haut point.

- Va trouver tes hommes et les éclaireurs qui ont repéré ta cible, lui conseilla Harold tandis qu’il prenait congé de Stuart en compagnie de Karl, tous deux se dirigeant vers leur tente qu’ils partageaient un peu plus loin : tous deux s’étaient liés d’amitié depuis que le grand Pisteur les avait rejoint après avoir été banni de l’Ordre. Prends de quoi te tenir à l’écart de toute civilisation pendant une semaine et part avant l’aube. Privilégiez les voyages de nuit, les patrouilles sont nombreuses à la frontière.

- Oui pa’, j’y penserai, se moqua Karl en souriant au Norvégien qui le foudroya d’un regard mauvais, même si en réalité, il trouvait cette plaisanterie récurrente plutôt amusante.

- Et embrasse qui tu sais avant de partir, ça te portera chance.

Karl se sentit rougir jusqu’aux oreilles et repoussa le grand homme des bois, souriant d’un air gêné. Harold poussa un ricanement qui se voulait maléfique et s’en alla, laissant Karl, le visage rouge et un sourire à présent bêta inscrit sur son visage.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeSam 15 Oct - 1:48

Y aurait-il quelqu'un dans la vie du Danois ? santa

Ça va être sympa de voir Patrick chercher tant bien que mal le Comte de Toulouse, mais d'un autre côté, ce serait le bon moment de le sortir de son cachot celui-là...

Une petite confrontation en prévision entre Skapty et Livio ? Ça fait longtemps que c'est pas arrivé What a Face
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeSam 15 Oct - 2:39

Aube du 19 mars 1153, Comté de Toulouse, Fort Flamme.

Un groupe d’une vingtaine de toulousains étaient à genoux face à Otto Von Kassel, les mains liées dans leur dos, les pieds entravés par des cordes également. Leurs armures étaient maculées de sang, plusieurs d’entre eux étaient blessés, certains agonisant.

- Jurez-vous allégeance au Seigneur notre père, à l’Ordre de Saint-Christophe et à Rénald de Hauteville, notre Maître et son agent sur cette terre ? Demanda le Surintendant, sa masse d’arme posée sur l’épaule de l’un d’entre eux.

- Jamais je ne prêterai un tel serment, tel un hérétique, cracha le noble en foudroyant du regard le Germain. Je suis un chrétien, un fidèle de Christ et de notre Seigneur ! Je sers Raymond de Toulouse, non pas un usurpateur qui égorge ses propres hommes pour asseoir son autorité ! Je suis…

Otto mit un terme à ses paroles d’un grand coup de masse en pleine tempe. Le visage du chevalier fut à moitié pulvérisé par l’impact, sa mâchoire se disloquant, certaines de ses dents volant sur plusieurs mètres aux alentours tandis qu’il en avala une bonne moitié dans une ultime inspiration. Le corps sans vie heurta l’un de ses camarades qui poussa un gémissement apeuré lorsque le cadavre s’étendit sous ses yeux. L’un des yeux du mort avait sauté de son orbite et s’enfonça dans une flaque de boue sous son regard apeuré, semblant le fixer avec étonnement tandis qu’il disparaissait lentement. Otto vint se planter face à l’homme qui tenta de s’écarter de son camarade, mais deux Gardes de Fer le ceinturèrent pour le maintenir sur place.

- Jurez-vous allégeance au Seigneur notre père, à l’Ordre de Saint-Christophe et à Rénald de Hauteville, notre Maître et son agent sur cette terre ? Répéta Otto d’une voix pleine d’autorité, implacable et menaçante.

Le toulousain hocha frénétiquement la tête pour signifier sa soumission, mais son regard toujours rivé sur l’œil qui était encore à moitié visible. Les gardes le lâchèrent et coupèrent ses liens rapidement, le forçant à se relever sans la moindre douceur.

- Avec les autres ! Ordonna Otto avant d’exiger sa soumission à un autre ennemi vaincu.

Observant la scène de loin, Bertrand ne souhaita pas rester à regarder sans rien faire le Surintendant réduire en esclavage d’autres hommes qui n’auraient d’autre issue que la mort. Il rattrapa les deux gardes escortant le toulousain hors de l’enceinte de Fort Flamme, tombé cinq heures auparavant.

- Où emmenez-vous cet homme ? Exigea de savoir Bertrand en posant sa main sur l’épaule du garde le plus proche pour le forcer à lui faire face.

Un bref instant, il crut que le garde allait le frapper en se retournant, où même sortir son arme du fourreau. Mais l’homme au visage masqué se figea en voyant l’insigne de commandant sur le tabard blanc de Bertrand, quoique terni par la poussière et constellé de traces de sang.

- Le Grand Maître a exigé que nous escortions en lieu sûr ceux qui se rangeront sous l’autorité de l’Ordre, déclara le garde depuis l’enveloppe noire qui masquait ses lèvres. Ces hommes doivent être rééduqués pour pouvoir servir le Seigneur et pour cela, nous allons les mener loin des combats. N’ayez aucune crainte Commandant.

Malgré les paroles courtoises du garde, Bertrand entendit très clairement « Ça ne te regarde pas, va te faire foutre. ». Et l’homme se retourna, poussant son prisonnier vers un convoi de charrettes pleines de soldats toulousains blessés, les emmenant vers une destination inconnue.
Bertrand serra poings et mâchoire, frustré de voir le cours des événements échapper à tout contrôle. Quels pouvaient bien être les plans de Rénald ? Autour de lui, les chevaliers fouillaient les décombres de la petite forteresse à la recherche de survivants, de matériel, d’armes et de vivres intacts. Les combats avaient duré deux jours mais finalement, les ennemis avaient capitulé lorsque les chevaliers avaient fini par s’emparer des enceintes côté Est, Sud, et que les bannières de l’Ordre à l’Ouest les avaient finalement persuadé qu’aucune victoire ne serait permise pour eux : leur Comte les avait abandonné. Le petit château de bois au centre des palissades allait faire un merveilleux quartier général pour les prochaines semaines de cette campagne, lors de la marche de l’Ordre vers l’Ouest.

D’après les rapports, Grégory de Caen et Adrian Gordon avaient pratiquement rasé Fort Vouivre au sud, quelques heures avant que Fort Flamme ne succombe à son tour. Et au Nord, Fort Hildegarn avait vu arriver à ses portes Di Cecina et le Seigneur Conrado Reinosa. Bertrand, bien qu’il ait eu son compte de combats ces dernières heures, avait l’impression de voir cette guerre se dérouler depuis l’extérieur, comme un simple spectateur. Il avait été au cœur des événements lors de la Guerre Svarog et du Soulèvement Impérial, et à présent, il se retrouvait à l’écart de ce conflit, chargé de s’opposer à Rénald par Charles de Bretagne, soutenu par des centaines de chevaliers, mais sans savoir comment faire.
Un peu plus loin, Otto pulvérisa le crâne d’un autre toulousain après qu’une dizaine d’entre eux aient pourtant accepté de se soumettre. Bertrand secoua la tête, résigné, se sentant sale.

*
* *

Une lune orange planait dans le ciel nocturne, tandis que des nuages voilaient brièvement l’astre des nuits. Livio avançait le long de la route menant à Svarga. La Capitale Svarog semblait frémir dans l’obscurité, comme si ses murs étaient vivants, ondulant tels des tentacules de monstres marins. Et il entendait cette voix, ces paroles entêtantes qui l’appelaient sans cesse. Il ne saisissait que de sons confus, étouffés, mais il savait qu’on lui demandait d’avancer, de pénétrer dans cette ville fantomatique, plus qu'une nécropole à présent de la cité dont avait un jour rêvé Véraldus. Et Livio avançait, d’un pas lent, lourd, comme s’il marchait dans des eaux agitées. Il baissa son regard et comprit : il pataugeait dans le sang, jusqu’aux chevilles, il était debout dans ce liquide chaud et poisseux. Autour de lui, à la périphérie de son champ de vision, il apercevait des centaines de cadavres, voir même des milliers, à perte de vue, flottant dans cette marée de sang. Mais dès qu’il essayait de se concentrer sur un en particulier, celui-ci disparaissait et il ne pouvait voir que tout ce sang qui recouvrait la campagne.
Inlassablement, il avançait à travers cette mer de sang et de corps. Lorsqu’il passa sous les portes grandes ouvertes de la cité, il ferma les yeux et se vit traverser toute la forteresse jusqu’à atteindre ses sous-sols, là où il avait pour la première fois affronté Kyojiro et vu son frère mourir. Sclavo était là, attendant les bras le long du corps. Droit comme un piqué. Et les jambes de Livio le guidèrent jusqu’à lui. Son frère ne prêtait pas attention à son arrivée, il garda son regard dans le vague, jusqu’à ce que Livio ne se rende compte qu’il tenait un sabre dans sa main droite.

- Pourquoi m’as-tu tué Livio ? Demanda Sclavo d’une voix éteinte, absente, le regardant avec apathie.

Le sang se mit à se déverser de la gorge de Sclavo, répandant ici aussi une nappe de sang sur les dalles de l’ancien temple païen. Livio recula, regardant son frère perdre des litres et des litres de sang. Il recula, encore, et tomba. Il se sentit happé par le vide, jusqu’à se retrouver dans une forêt aussi sombre et sinistre que Svarga. Au milieu d’une petite clairière, Patrick le regardait paisiblement, la tête légèrement inclinée.

- Tu es sûr de ce que tu fais Livio ? Demanda Patrick, haussant légèrement la voix.

Livio tenta de le rejoindre, mais chaque pas dans sa direction semblait l’éloigner du jeune homme qui disparut rapidement entre les arbres, bien qu’il sembla à Livio qu’il ne bougeât pas d’un pouce.

- Tue-moi Livio ! Hurlait Saraphina devant lui, alors qu’il se retrouvait à Perpignan, dans l’hôtel du Saule, là où il avait étranglé son amante avec sauvagerie et désespoir. Serre-moi, enlace-moi comme j’aurais tant voulu que tu le fasses. Prends-moi et tue-moi !

Mais les images commencèrent à défiler trop vite pour qu’elles n’aient toutes un sens. Morts, destructions, trahisons, rien ne semblait plus avoir de logique pour Livio, si ce n’est un sentiment de désespoir, de culpabilité et de résignation. Les voix étaient de plus en plus nombreuses et présentes, il pouvait les comprendre à présent.

- Pitié Livio… Suppliait Al Assel, transpercé par le sabre de Livio, ne dis rien à Rénald…

- Ma femme a tenté de s’interposer, murmura la voix de Rénald avec tristesse, alors ils l’ont prise elle aussi, ils ont été pendu sur la plus haute tour de mon donjon, les pieds et les mains tranchées, les yeux crevés et le nez amputé.

- Vous êtes très certainement l’un des êtres les plus abjectes qu’il m’ait été donné de rencontrer Capitaine Daleva… Murmurait Tiberio Polani sur son lit de mort. Rénald et les Ombres vous ont particulièrement bien choisi…

Les morts continuaient de lui parler, inlassablement, il voyait des fantômes du passé qui venaient le harceler. Et son nom, son nom qu’ils répétaient sans arrêt.

« Daleva, Daleva, Daleva, Daleva, Daleva… »

Puis soudain, les images cessèrent de défiler, le monde s’arrêta net. Il était au milieu d’un vaste espace plongé dans l’obscurité. Un seul homme lui faisant face. Charles de Bretagne l’observait, à genoux, le visage couvert de sang, son armure tâchée elle aussi, déchirée ici et là, révélant des blessures profondes sur le corps du vieux Connétable.

- Livio, pitié… Murmura Charles.

Une supplique pathétique. D’une voix faible, tremblante, il l’implorait comme un condamné à mort s’adresse à son bourreau. Un vieillard fragile et fatigué, non plus le général qu’il avait admiré.

- Livio, pitié… Répéta Charles.

Livio tenait son épée entre ses doigts, il la serrait avec force, presque avec rage. La colère, la haine et un dégoût profond le submergèrent en rencontrant le regard suppliant du Connétable, il pouvait presque y voir des larmes. Un hurlement retentit, sortant de sa gorge, et il abattit son épée, tranchant la tête du vieillard qui s’évanouit dans l’obscurité.
Le Svarog se retrouva seul dans le noir, son nom continuait de résonner, mais les voix des morts ne le harcelaient plus. C’est alors qu’un ricanement sinistre couvrit les appels. Il ressentit une présence dans son dos, mais Livio n’avait pas la force de se retourner, il savait que s’il le faisait, c’était la folie qui le guettait, il verrait le rieur et son esprit s’effondrerait. Le peu de lucidité qui le rattachait au monde comme un fil se romprait et il basculerait. Une main aux doigts glacials se posa sur son épaule et il tressaillit.

-Bien Livio, murmura sa propre voix, mais elle était aussi celle de Rénald, celle de Sclavo, de Véraldus, de Matilda, de Saraphina, et de tant d’autres. Au prochain.
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Galadas
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeSam 15 Oct - 10:53

Ca claque ! cheers Je me remet a l'ecriture des que possible !
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeSam 15 Oct - 16:32

Ce vieux bourrin d'Otto MrGreen Il ne reste que Karl qui ne soit pas à moitié cinglé dans cet ordre finalement MrGreen
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 17 Nov - 3:24

Nuit du 20 mars 1153, au Nord de Castelfort.

Livio se réveilla brusquement, hébété. Les souvenirs de son cauchemar s’estompèrent presque aussitôt, comme balayés par le vent nocturne, glacial, le faisant frissonner dans sa couchette à la belle étoile et malgré le feu de camp entretenu par ses hommes. Courbaturé, il se redressa précautionneusement en tirant sa couverture sur lui pour se protéger du froid. La plupart des chevaliers étaient endormis, seuls ceux de garde cette nuit là étaient debout pour garder les feux allumés et pour surveiller les alentours. De nouveaux rebelles étaient apparus à Castelfort : ils avaient pillé les réserves du château avant de s’enfuir sans que Livio et ses hommes ne parviennent à les stopper. Il s’était donc tout naturellement lancé à leur poursuite. Les suivant à travers le pays, le long de la frontière jusqu’aux forêts qui séparaient les terres de l’Ordre du petit Duché de Béziers, il avait fini par ordonner une halte dans une clairière pour la nuit, conscient que dans l’obscurité, ils seraient incapables de suivre correctement leur piste. Comme Livio regrettait que Harper et ses Pisteurs ne soient pas là pour l’assister, ces maudits traîtres seraient déjà morts si le Norvégien avait été là avec ses troupes… Quoique, il n’était pas certain que l’homme taciturne mais doté d’un sens de la justice trop rigide aurait été d’avis que ces rebelles aient mérité un tel châtiment. Livio était presque convaincu qu'Harold aurait préféré joindre leur cause…
Sachant qu’il ne parviendrait plus à se rendormir, Livio décida de se lever et poussa un long soupire pour camoufler un grognement de douleur lorsque ses articulations protestèrent. Commençait-il à se faire si vieux pour que ses os ne supportent ainsi plus l’air humide ? Lentement, il s’équipa de son plastron de cuir, de ses brassards et de ses jambières avant de se réfugier sous une lourde cape de fourrure pour se protéger du froid. Le printemps arrivait, mais les nuits étaient encore très froides, il faudrait attendre Mai pour pouvoir se permettre de dormir à la belle étoile sans feu ni fourrure. Il se déplaça en silence parmi les Gardes de Fer et soldats endormis pour rejoindre une des sentinelles au nord du campement. Là, il se mit à observer l’obscurité, attendant, cherchant à deviner vers où les insurgés pouvaient bien se diriger. Le vent hurlait à ses oreilles, lui faisant croire qu’il entendait des sons qui n’existaient que de son imagination : des pas, des brindilles qui se brisaient, des mouvements dans l’obscurité… Et une chanson, chantonnée par une voix aiguë, enfantine, mais sinistre et teintée de cruauté. Les voix des mortes. Matilda, Saraphina… Les deux sœurs chantaient en cœur des paroles menaçantes.

Qui massacre veuves et orphelins ?
Qui trahît les siens un beau matin ?
Qui détruit tout ce qu’il touche ?
Qui entend des voix lorsqu’il se couche ?

C’est Livio, c’est Livio,

Bientôt, il faiblira,
Bientôt, il nous rejoindra,
Bientôt, il sera fou,
Bientôt, il sera à nous…


Un frisson parcourut son corps lorsque la voix termina sa comptine, et la sentinelle à ses côtés le regarda brièvement, mal à l’aise. Depuis des semaines, le Capitaine Svarog était de plus en plus étrange, fixant le vide, tendant l’oreille dans le silence le plus complet, parfois frappé par des absences répétées. Lentement, le Capitaine se releva et fit quelques pas dans l’obscurité, sans que le garde ne dise mot, craignant de s’attirer sa colère. Daleva semblait chercher quelque chose dans la nuit, puis, il sembla réaliser ce qu’il faisait, regardant aux alentours d’un air perdu, et ses yeux tombèrent sur la sentinelle. Dans la pénombre, il crut que ses paupières étaient totalement dilatées, ses yeux entièrement noirs le fixant avec une lueur de folie qui brilla brièvement. Puis, tout cessa lorsque Daleva se frotta les yeux, semblant épuisé.

- Nous levrons le camp une heure avant le levé du soleil, annonça-t-il, il faut retrouver ces traîtres et les châtier sans plus attendre.

Et Daleva s’en alla vers l’intérieur du camp, laissant la sentinelle avec elle-même, inquiète de devoir suivre les ordres de ce païen doublé d’un dément.

*
* *

Nuit du 20 mars 1153, Comté de Toulouse, village de Mont-Chêne.

Les derniers soldats toulousains étaient en fuite au nord de la bourgade selon les rapports des Pisteurs envoyés en éclaireurs. L’escarmouche avait pris fin après moins d’une heure de combats, après que le régiment où Bertrand avait été placé ait rencontré sur sa route une compagnie ennemie déjà en déroute. Ces retardataires, fuyant les massacres après la chute de Fort Flamme, avaient certainement tenté de trouver refuge pour la nuit dans le petit village de Mont-Chêne. Cependant, les habitants n’avaient semble-t-il pas été du même avis et avaient réussi à eux seuls à repousser les soldats hors de leurs murs. Blessés et épuisés après leur défaite, les soldats avaient alors campé aux portes du bourg. Les hommes qu’avaient donc affronté les chevaliers étaient dans un état pitoyable et n’avaient réussi à leur opposer qu’une maigre résistance, érigeant des fortifications de fortune autour de la ville et tentant de repousser les hommes de l’Ordre sans faire preuve de beaucoup de vaillance, avant de s’effondrer. Une trentaine de Toulousains avaient trouvé la mort pendant les combats, le reste, une vingtaine d’hommes tout au plus, avait pris la fuite. Bientôt, ils seraient massacrés sans la moindre vergogne par les cavaliers du Commandant Sigmund, un officier de la Garde de Fer, un chien sans honneur mais fidèle jusqu’à la mort à Von Kassel et aussi retors que son maître. Aussi fort que massif, et à la limite du sadisme aux vues de ses méthodes, Bertrand et lui ne s’entendaient guère, même s’ils n’avaient que peu d’occasions d’entrer en confrontation puisque Sigmund ne prenait jamais la peine de prendre l’avis de Bertrand sur les décisions tactiques, ne lui transmettant ses ordres que par messagers qui refusaient de porter toute réponse de la part de Bertrand. Le Lorrain, accompagné de seulement vingt de ses fidèles, était donc pieds et poings liés, sous les ordres d’un officier méprisant à la botte de Rénald.

Bertrand rongeait alors son frein, espérant que les armées de l’Ordre ne se rassemblent au plus vite pour lui permettre de retrouver ses alliés et obtenir de nouveau une marge de manœuvre. Il avait été placé sous les ordres de Sigmund, dirigeant une armée de près de deux cent hommes, faisant office d’avant-garde du gros de l’armée de Rénald. Ils avaient ordre de traverser les quelques kilomètres de collines entre les ruines encore fumantes de Fort Flamme et la cité de Carcassonne, dont le sort était d’ors et déjà scellé…
Sans l’appui de Charles, de Roland et d’Etienne, son fidèle Lieutenant, il se sentait terriblement seul : il avait quelques soldats loyaux sous ses ordres, mais il avait besoin de conseils. Il se maudissait pour son manque d’initiative, de confiance en lui, Roland avait raison, il était lâche de n’avoir rien tenté jusqu’ici, et peut-être était-il trop tard, peut-être l’Ordre créé par Sopraluk était-il mort pour de bon ? Peut-être l’Ordre de Saint-Christophe, naît sur les cendres de celui des Chevaliers Divins, aurait-il plus sa place dans ce monde ? Avec Rénald à sa tête…

- Commandant ! Hurla le Lieutenant Hilbert Sérac en le rejoignant au galop depuis le champ de bataille que Bertrand avait observé avec mélancolie.

Bertrand vit l’officier s’approcher, une expression de panique inscrite sur son visage. L’homme, d’une trentaine d’année mais à la chevelure déjà grise et clairsemée fit s’arrêter sa monture au dernier moment, l’empressement le faisant bafouiller lorsqu’il parla.

- Sig… Sigmund est sur le point d’entrer dans le village ! Bredouilla-t-il en pointant un doigt tremblant vers le hameau situé au sommet d’une petite colline isolée, une forteresse naturelle. Il… Il fait enfoncer ses portes en ce moment même et va faire charger sa cavalerie dès qu’elles s’ouvriront !

Bertrand n’eut pas besoin de se faire prier. Il savait que si ce pervers de Sigmund faisait entrer ses troupes dans le village, tous ses occupants seraient massacrés sans la moindre pitié. Il ignorait quelle influence il pourrait avoir sur Sigmund, jusqu’à quel point ce dernier serait prêt à l’ignorer, mais il comptait bien faire appel au peu d’humanité qui restait dans les cœurs des chevaliers pour ne pas s’adonner à une mise à sac indigne de leur rang. Il poussa sa monture au galop sur le quart du kilomètre qui le séparait du chemin menant au village, suivi par ses hommes, serpentant sur le flanc de la colline entre les défenses érigées à la va-vite par les soldats toulousains deux heures plus tôt. Piétinant les cadavres indistinctement, préférant se concentrer sur le sort des vivants, Bertrand pria pour arriver avant que le bélier des hommes de Sigmund n’enfonce les portes de Mont-Chêne. Mais comme pour répondre à son espoir désespéré, il entendit au-dessus de lui et de ses hommes le fracas des portes du hameau s’ouvrir sous les assauts du tronc d’arbre dont les chevaliers s’étaient servis. Puis, des cris de guerre et des hurlements de frayeur retentirent. Bertrand jura à voix haute, Mont-Chêne était une forteresse naturelle mais elle avait une faille : elle n’avait qu’une seule entrée, et donc qu’une seule sortie, celle que Sigmund venait d’enfoncer. Les habitants du village étaient piégés. Et tandis qu’il faisait tourner sa monture dans le dernier virage que prenait le chemin de terre vers l’entrée du village, il entendait les sabots des chevaux qui chargeaient, le bruit des combats, puis les cris des mourants, suivis de rires sinistres, de hurlements de joie barbares et de suppliques dans la nuit. Ses hommes et lui arrivèrent finalement aux portes du village.

Le tronc d’arbre qui avait servi de bélier avait été abandonné là, il gisait en travers du chemin au milieu d’éclats de bois, les portes enfoncées jetées à bas vers l’intérieur du village à quelques mètres de là, laissant la palissade grande ouverte sur un spectacle atroce pour Bertrand. Les hommes de Sigmund n’avaient pas perdu leur temps, ils avaient probablement jeté des torches dans l’enceinte de Mont-Chêne avant même qu’ils n’en ouvrent les portes car plusieurs chaumières étaient déjà en feu et au centre de la ville, là où le marché et les rassemblements locaux devaient avoir lieu d’ordinaire, un grand Chêne dénudé par l’hiver brûlait. Une quinzaine de cadavres, déchiquetés par les sabots des chevaliers lors de leur charge, étaient dispersés autour de l’entrée du village, certains armés d’épées et de lances, d’autres plus simplement d’outils agricoles, ils avaient essayé de s’interposer mais s’étaient aussitôt fait balayer. Au-delà de ces morts, quelques paysans tentaient encore de défendre leur foyer, affrontant vainement les chevaliers, mieux équipés, entrainés, expérimentés et assoiffés de sang par la haine que leur avait insufflé Rénald. Certains chevaliers semblaient plus amusés qu’inquiétés par la résistance des paysans toulousains, jouant avec eux comme un chat le ferait avec une souris blessée qui essaye encore de mordre pour se défendre, alors qu’elle se vide de son sang. Bertrand sentait que Sigmund jubilait, se tenant sur sa monture près du Chêne enflammé, observant les derniers combats, un sourire cruel flottant sur son visage, éclairé par la lumière dansante des flammes qui ravageaient le village.

- Finissons-en ! Tuez les hommes ! Faites sortir les femmes et les enfants ! Ordonna Sigmund, sonnant la fin des jeux des chevaliers qui achevèrent méthodiquement les défenseurs désespérés.

Alors, les hommes de Sigmund mirent pied à terre et se dirigèrent vers les chaumières dont ils enfoncèrent les portes avec aisance, comme s’ils brisaient des brindilles. Quelques habitants restés dans les maisons tentèrent de les repousser, mais ils subirent rapidement le même sort que leurs frères déjà tombés. Et avec une efficacité effrayante, les chevaliers commencèrent à faire sortir les femmes et les jeunes enfants des habitations. Bertrand fit avancer sa monture en protestant, mais ses paroles se perdirent dans le flot de sanglots et de protestations des villageois, les mères serrant leurs enfants contre elles, les vieillards tentant de raisonner les guerriers autour d’eux. Plusieurs garçons furent séparés de leurs familles, jugés assez vieux pour être passés au fil de l’épée comme leurs pères, sous les yeux de leurs mères, de leurs sœurs et de leurs grands-parents qui à leur tour commencèrent à être exécutés sommairement.
Bertrand crut avoir poussé un hurlement de protestation, mais aucun son ne sortit de sa gorge, la stupeur, l’effroi le paralysant. Il avait assisté à de pareils massacres, principalement en Hongrie et à Constantinople, mais il s’agissait des Svarogs et des Insurgés du Général Valandross qui agissaient ainsi, pas des chevaliers. Jamais l’Ordre ne s’était abaissé à de tels actes, même les Faucheurs de Gordon avaient été maintenus sous contrôle pour que de telles exactions ne soient pas commises. Les rares à perpétrer de tels crimes avaient rapidement été jugés et châtiés comme ils le méritaient. Mais jamais depuis qu’il faisait partie de l’Ordre, jamais il n’aurait cru assister à un tel massacre perpétré par ses « frères » sous l’approbation et la participation générale.

Les derniers hommes et les vieillards éliminés en quelques secondes, les hommes commencèrent à se disputer les femmes et les enfants poussant des ricanements pervers, tandis que Sigmund descendait de sa monture pour se diriger vers une jeune femme particulièrement belle, à peine une adulte, ceinturée par deux de ses soldats qui riaient aux éclats. Partout sur la place, parmi les cadavres encore chauds des habitants, les hommes se mirent à frapper les femmes, en riant, en les regardant avec lubricité, commençant à arracher méthodiquement leurs vêtements, ne laissant aucun doute possible sur leurs intentions. Cette fois-ci, Bertrand poussa un rugissement effroyable, sautant depuis sa selle et se ruant sur Sigmund qui lui tournait le dos.

-Non ! S’écria-t-il en sautant sur Sigmund, le projetant à terre avec lui. Je ne le permettrai pas ! Pas ça !

Une seconde après, deux paires de bras l’attrapaient par les aisselles et le projetaient en arrière, lorsque les hommes de Sigmund réagirent à l’agression de leur Commandant par son rival. Certains lâchèrent leurs victimes et voulurent encercler Bertrand, mais ses fidèles intervinrent, s’interposant, formant un mur humain autour de lui.

- Qu’est-ce qui vous prend De Lorraine ? S’exclama Sigmund en se relevant, furieux, couvert de boue et de sang. Êtes-vous devenu fou ? Vous rendez-vous compte de ce que vous êtes en train de faire ?!

- Et vous ? S’époumona Bertrand en bousculant ses propres hommes pour se frayer un passage, déterminé à faire face à Sigmund. Avez-vous conscience de ce que vous avez fait ? Vous tous ? S’adressant à l’ensemble des hommes présents dans le village, plus d’une soixantaine de soldats sans compter ses fidèles. De ce que vous êtes devenus ! Vous avez massacré tous ces gens sans la moindre raison, ces gens qui défendaient leurs foyers et leurs familles, et étiez prêts à vous jeter sur leurs femmes et leurs filles comme des animaux !

- Ainsi va la guerre De Lorraine ! Répliqua Sigmund avec mépris, s’avançant d’un pas d’un air menaçant, sortant de son fourreau son épée. Si cela ne vous plait pas, libre à vous de partir, mais ne venez pas contester notre droit de vainqueurs !

- Non ! Vous n’avez aucun droit sur ces gens ! Hurla Bertrand. N’invoquez pas la guerre pour justifier vos crimes, car vous en êtes les seuls responsables, vous avez fait le choix de vous comporter comme des barbares, alors assumez-le !

-Ce ne sont pas ces chiens les victimes ici, c’est nous ! Explosa Sigmund. Toulouse a attaqué l’Ordre, c’est Raymond de Toulouse et ses mercenaires qui ont violé nos frontières, ravagé nos terres, nos villes, massacré nos gens ! Ils ont semé la mort et la destruction, à eux d’en payer les conséquences maintenant ! Car Rénald ne laissera pas les criminels impunis, qu’ils viennent de l’extérieur, comme de l’intérieur !

- Mais ces gens que vous venez de massacrer n’y étaient pour rien ! Protesta Bertrand en commençant à faire les cents pas face aux soldats, cherchant leurs regards, tentant de raviver leur humanité. Rénald vous a abreuvé de discours de peur et de haine pour mieux vous manipuler, il vous a aveuglé, il m’a aveuglé ! Il nous a convaincu que la seule voie à suivre était la sienne, que nul ne pourrait s’opposer à lui, que lui seul pourrait vaincre dans cette guerre… Mais à quel prix ? Regardez autour de nous, regardez ce sang à nos pieds, ce sang sur nos mains, c’est nous qui l’avons fait couler, car nous avons été séduits par les promesses de vengeance de Rénald, ses promesses de gloire et de richesse ! Regardez ces visages, plein de frayeur et de souffrance, de ces gens dont vous avez détruit les foyers et massacré les proches, méritent-ils toute cette haine, cette soif de sang est-elle justifiée ? Trouvez-vous leurs visages différents de ceux des gens que nous avons juré de défendre ? Rénald veux nous transformer en animaux, nous vider de notre âme, de notre libre arbitre ! Mais comme vous avez eu le choix de perpétrer ce massacre, vous avez encore le choix, celui de dire stop ! Dire stop à Rénald et à sa haine, faire cesser cette guerre vide de sens et traduire ce traître en justice ! Assez de massacres ! Assez de haine ! Assez de souffrance ! Car dans un avenir proche, ce choix, vous ne l’aurez plus, lorsque notre vie à tous sera dictée par cette haine et cette peur, lorsque la voie de Rénald sera la seule à suivre car nous l’aurons embrassée trop longtemps avec notre consentement, alors là il sera trop tard ! Il sera trop tard pour faire demi-tour, et vous serez ses esclaves. Alors baissez-vos armes, par pitié, cessons ces massacres.

A bout de souffle, Bertrand regarda les hommes, assemblés au milieu des cadavres, du sang, des flammes et des femmes en pleurs, leurs sanglots étant les seuls sons à percer la nuit avec les brasiers qui gagnaient en intensité. Plusieurs chevaliers hésitaient clairement, leurs yeux se perdant sur leurs pieds, honteux, d’autres se mettant à regarder avec frayeur celles qu’ils s’apprêtaient à violer, à torturer et à massacrer dans leur accès de folie. Mais la lueur d’espoir s’estompa lorsque les cris enragés de Sigmund retentirent, couvrant flammes et pleurs, avec sa haine.

- Et ainsi, la vérité éclate ! Explosa Sigmund en montrant Bertrand du doigt d’une voix triomphale. Comme Rénald nous l’avait dit, les traîtres n’ont pas tardé à pointer le bout de leurs nez ! Il nous avait prévenu, que lorsque nos forces victorieuses s’enfonceraient sur les terres de nos ennemis, leurs espions commenceraient à tenter de mettre ses paroles en doute, de nous monter les usn contre les autres, de nous inciter à passer à l’ennemi. Et devons-nous nous étonner de voir Bertrand de Lorraine être le premier à le décrier ? Lui qui héberge dans sa tente un officier Toulousain depuis le début de ce conflit, proche parent de Raymond de Toulouse ? Dieu seul sait quels pêchés ils commettent lorsqu’ils ne complotent pas pour renverser notre Maître ? Notre Maître que nous avons désigné pour nous protéger de ce même ennemi dont De Lorraine a embrassé la cause manifestement ! Encore une fois Rénald nous avait prévenu que bien des traîtres tenteraient de le diffamer, de nous détourner de lui, et qui d’autre aurait pu commencer que le chien fidèle de Charles de Bretagne, premier prétendant à la souveraineté de notre Ordre, qui en a usurpé la régence alors que le sang du Seigneur Sopraluk était encore humide sur les pavés de la lointaine Constantinople ! Mes frères, ne vous laissez pas abuser par ces discours, cet homme cherche à vous détourner de notre Maître, notre Maître qui jamais encore ne nous a fait défaut ! Qui a sauvé l’Ordre du désastre en Hongrie en envoyant des renforts à nos armées et mettant en place la campagne victorieuse contre les Svarogs ? Qui a purgé nos terres des parasites qui la gangrenaient à notre retour de l’Empire ? Qui a maintes fois repoussé nos ennemis de Toulouse sans jamais faillir ? Je vous laisse deviner ; il ne s’agit ni de Bertrand de Lorraine, ni Charles de Bretagne, mais bien notre Maître, Rénald ! Rénald, qui ne nous demande qu’une chose en échange de la gloire et de la richesse : votre confiance et votre obéissance ! Cette haine dont De Lorraine vous parle, c’est Toulouse qui l’a déclenché ! Rappelez-vous Fort Quentin ! Rappelez-vous les Champs Dorés ! Rappelez-vous la Vallée des Sanglots ! Ce sont nos ennemis qui ont frappé les premiers, et c’est à nous de répliquer, de montrer une fois encore que nous, Chevaliers de l’Ordre de Saint-Christophe ne sommes jamais vaincus tant que nous restons soudés ! Ne laissez pas ce traître briser ce qui a été accompli, la victoire est proche, et il cherche à nous en détourner !

Les regards sur Bertrand étaient à présents courroucés, les hommes réagissant au discours pourtant confus de Sigmund avec colère. Une rage portée vers Bertrand.

- Nos ennemis sont là, à nos pieds, il nous appartient de disposer de leurs vies comme il nous chante ! Et moi je dis que ces chiens méritent une bonne leçon, et tant mieux si nous en retirons bonne chaire… Finit-il sur un jeu de mot lubrique avec un sourire entendu vers les jeunes femmes toujours prostrées à terre.

Plusieurs éclats de rire moqueurs retentirent, glaçant d’effroi le cœur de Bertrand. Il se sentait blessé, meurtri au plus profond de son âme, jamais il n’aurait imaginé que les choses soient déjà allées si loin.

- Ce n’est pas ce que le Seigneur Sopraluk aurait souhaité ! Cria Bertrand d’une voix pathétique, implorant presque les hommes autour de lui de revenir à la raison, mais ne recevant en retour que des regards moqueurs ou haineux. Il voulait nous unifier face à la barbarie, à la cupidité et à la haine de nos ennemis, pas que l’on devienne comme eux ! Aucun d’entre vous ne réalise-t-il à quel point Rénald nous a changé ? Que nous sommes allés beaucoup trop loin… Aucun de vous ne se rangera à mes côtés contre ces atrocités qui ont été commises ce soir ?

Plusieurs soldats se mirent à le huer, l’abreuvant d’insultes, crachant dans sa direction, retournant vers les femmes qu’ils brutalisaient de nouveau, leurs cris désespérés retentissant à nouveau dans Mont-Chêne. Rien, Bertrand n’avait rien changé. Un pierre vola et l’atteignit en pleine tempe, le faisant tomber à genoux, le visage en sang, complètement sonné. Un sourire arrogant sur son visage ignoble, Sigmund s’approcha de lui d’un pas nonchalant, s’abaissant pour lui parler à l’oreille tandis que les fidèles de Bertrand étaient repoussés à l’écart par sa garde rapprochée.

- Rénald savait que tu ne résisterais pas à tout cela, chuchota-t-il, il a eu raison de me confier la tâche de te pousser à la faute. Maintenant, toi et tous tes amis allez crever la corde au cou. Votre pathétique rébellion va être étouffée dans l’œuf, et moi, je serais un héros.

Sigmund commença à ricaner avec cruauté, certain de sa victoire, qu’il avait réussi à briser Bertrand de Lorraine. Il se trompait.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 17 Nov - 3:29


Bertrand se redressa d’un bon, tirant de la ceinture de Sigmund une dague qu’il planta en pleine gorge de son propriétaire en poussant un hurlement de rage. Sigmund fut trop surpris pour émettre le moindre son, il ne put que reculer de quelques pas en trébuchant, se tenant le cou d’où un flot de sang poisseux giclait à chacun de ses battements de cœurs affolés. Bertrand, qui n’avait pas été pris d’un tel élan de rage depuis le jour où il avait décapité le Général Valandross à Constantinople, arracha le couteau de la gorge du Sigmund pour l’y replonger à nouveau, lui tailladant le cou jusqu’à ce que le corps sans vie du garde de fer ne s’écroule, à moitié décapité. Les hommes du défunt Commandant, trop choqués pour réagir, ne bougèrent pas immédiatement, laissant le temps à Bertrand de se saisir de son épée et d’en abattre deux avant que le panique ne se déverse sur le village à feu et à sang.
Les fidèles de Bertrand brandirent leurs épées et attaquèrent dans la plus grande confusion. Le Commandant transperça un Garde de Fer et s’attaqua à un second qui para d’un coup de bouclier alors que la bataille s’amorçait, les habitants survivants en profitant pour fuir. Les chevaliers s’affrontaient dans une bataille des plus confuses. Les femmes courant dans tous les sens autour d’eux, les hommes portant presque les mêmes tabards se battant avec férocité. Mais malgré la surprise provoquée par cette attaque soudaine, l’équilibre des forces était bien trop en la défaveur de Bertrand et ses hommes. Bertrand en était conscient, il savait qu’il allait mourir ici, tout ce qu’il espérait, c’était permettre à un maximum de ces pauvres gens de sauver leurs vies. Ses vingt fidèles affrontaient une soixantaine de soldats loyaux à Rénald, sous les ordres à présent de Leonard Ridriech, le Capitaine de Sigmund, qui aboyait des ordres pour que ses chevaliers encerclent ceux de Bertrand et leur coupent toute retraite, à eux et aux villageoise.

Malgré la détermination de Bertrand, abattant ennemis après ennemis, ses hommes se faisaient massacrer, croulant sous le nombre, d’autres soldats du défunt Sigmund arrivant au village depuis la seule route en sortant, rabattant les habitantes vers l’intérieur de la palissade. Décapitant un adversaire et frappant dans le dos un Garde de Fer en prise avec le Lieutenant Sérac, Bertrand n’eut pas le temps de voir l’attaque que lui portait un autre Garde, l’atteignant à l’arrière du crâne avec le plat de son épée, le mettant à terre d’un seul coup.
Précipité dans la boue pleine de sang, le visage à moitié enfoncé dans une flaque rougeâtre, Bertrand fut plongé dans un état second, les sons lui parvenaient avec un temps de retard, comme s’ils étaient très lointains et sa vue était floue. Conscient, mais ne comprenant pas ce qu’il ressentait ni ce qu’il voyait. Ainsi, il vit vaguement le corps de Sérac s’effondrer à côté de lui, sans vie, mais ne réalisa pas que son officier avait trouvé la mort quelques instants après qu’il soit assommé, le corps transpercé de parts en parts. Les combats durèrent encore quelques minutes, ou bien des heures, Bertrand aurait été incapable de le dire, sa perception du temps était elle aussi troublée. Il ne put voir le dernier de ses hommes se faire embrocher sur l’épée de Leonard Ridriech, marquant la fin de sa courte révolte.
Les soldats de Ridriech se mirent à crier leur joie, face à cette rapide victoire sur les traîtres.

- Amenez les femmes au camp ! Ordonna Ridriech d’une voix pleine d’autorité, semblant ravi de prendre la suite de son défunt supérieur. Que personne n’y touche avant que je n’en donne l’ordre, celui qui désobéira à cet ordre sera écartelé avant l’aube ! Ramassez les blessés, laissez les traîtres brûler ici ! Exécution.

Ses ordres furent relayés par les sous-officiers, chacun donnant des directives plus précises aux soldats de leur compagnie. Allongé dans le sang, en état de choc, Bertrand vit les bottes de Ridriech s’approcher de lui, il leva les yeux vers le visage de l’officier, un homme particulièrement grand, au regard de glace et à la mâchoire si carrée qu’on aurait dit qu’elle était taillée dans la pierre. Sans coup férir, Ridriech lui envoya un coup de pied en plein ventre, ayant le mérite de repousser les ténèbres qui avaient commencé à s’emparer de Bertrand. Ce dernier suffoqua, cherchant de l’air en pleurant et en se tortillant sur le sol.

- Vous avez lamentablement échoué De Lorraine, lui dit Ridriech en s’accroupissant à ses côtés et lui tirant les cheveux pour amener son oreille près de ses lèvres. Votre petite insurrection a été un échec cuisant, et par votre faute, bon nombre de nos frères gisent ici, après avoir été obligés de s’entretuer à cause de votre vendetta égoïste contre Rénald. Vous regretterez amèrement de ne pas avoir trouvé la mort avec vos hommes, soyez maudit !

Et il rejeta la tête de De Lorraine contre le sol en hurlant à ce que l’on l’enchaine après l’avoir dépouillé.

- Ce traître sera jugé par Rénald en personne, tous pourrons voir quel châtiment attend ceux qui se dressent contre l’Ordre.

Bertrand plongea dans un état de demi-inconscience, fermant les yeux pendant ce qui lui semblait être que quelques secondes, alors que de longues minutes s’étaient écoulées. Il était transporté sans ménagement, traîné sur le sol, le ciel rougit par les incendies comme seule vision du monde tandis que l’armée s’éloignait des ruines de Mont-Chêne, les pleurs des femmes se mêlant aux rires des hommes. Il ferma les yeux. Puis, lorsqu’il les rouvrit, il était jeté sous une tente nue où on l’enchaînait à un piquet. Cinq hommes, ou peut-être plus l’entouraient, et les coups se mirent à pleuvoir, il entendait leurs insultes, il entendait leurs bottes frapper la chaire, mais il ne ressentait quasiment aucune douleur, il était là, comme un spectateur un peu lent, se demandant à quoi il pouvait bien assister. Il ferma les yeux. Et lorsqu’il les rouvrit, ce fut pour ne plus les refermer pendant d’interminables heures, tout était noir autour de lui, la douleur qui le transperçait était terrible, mais le plus insoutenable était les sons qu’il entendait, lorsqu’il comprit enfin quels étaient ces bruits qui retentissaient dans la nuit.

Les pleurs de femmes et des jeunes filles, leurs hurlements de douleur, de désespoir, leurs voix s’élevant pour implorer inutilement pitié. Les rires sadiques des hommes, leurs cris de plaisir, leurs rugissements sauvages, les coups qu’ils leur donnaient, tout cela dans une cacophonie insoutenable. La gorge nouée, ayant l’impression que sa poitrine se déchirait, refusant d’écouter ce que ses oreilles entendaient, Bertrand tenta de se les boucher avec ses mains, mais elles étaient toujours liées par des cordes et des chaines dans son dos, reliées à un piquet profondément planté dans le sol. Les hurlements rauques des hommes lorsqu’ils jouissaient allaient de concert avec les plaintes des femmes, Bertrand croyait connaître la terreur, la souffrance, mais jamais il n’avait entendu de pareilles cris que ceux des habitantes de Mont-Chêne, violées et torturées par les chevaliers de l’Ordre. Bertrand se mit lui aussi à hurler, de rage, de désespoir, il aurait tout donné pour ne plus entendre ces cris, il rugit plus fort encore pour les couvrir avec sa voix, à s’en arracher la gorge, les larmes coulant sur ses joues en se rendant compte que ses efforts étaient vains. Il voulait se lever, s’emparer de la première arme qui lui tomberait sous la main et de traverser le camp pour en massacrer tous les hommes qu’il trouverait, mais lorsqu’il poussa sur ses jambes, ses liens se mirent à mordre sa chaire, lui lacérant les poignets et les avants-bras. Rendu fou par la colère, il forçait, tirant de toutes ses forces, s’arrachant la peau, poussant sur ses jambes, puis par à-coups, si fort qu’il risquait de s’y déboiter les mains ou de ses briser les os, mais il n’en avait que faire. Les cris retentissaient plus fort encore. Bertrand retomba à genoux, tremblant de stupeur, les bras en sang, il reconnaissait clairement des gémissements d’agonie dans le camp, les femmes épuisées, mutilées et souillées cédant, se vidant de leur sang tandis que les hommes se relayaient pour les violer chacun à leur tour. Il y avait une trentaine de femmes à Mont-Chêne au grand maximum… Et l’armée de Ridriech comptait environ deux cent hommes.
Tremblant plus fort encore à cette idée, des visions se mirent à assaillir Bertrand : c’était comme s’il voyait tous ces soldats s’en prenant aux femmes, les uns après les autres, le sang coulant entre les cuisses de leurs victimes, toujours plus, aussi bien des femmes mûres que des adolescentes. Et Bertrand perdit tout contrôle de son corps, il ne voulait plus rien entendre, il ne voulait plus voir ces images dans sa tête. A deux doigts de la folie, il précipita son crâne contre le piquet auquel il était attaché, le frappant sur l’arrière de son crâne, espérant perdre connaissance ou même mourir, mais il ne fit que s’ouvrir le cuir chevelu et s’écrouler sur le côté, à mi-chemin entre l’évanouissement et la conscience. Il resta allongé ainsi pendant des heures, tremblant, pleurant et gémissant, jusqu’à ce que les derniers cris ne cessent, jusqu’à ce que la dernière femme ne meure finalement, le dernier soldat de Ridriech contenté l’égorgeant à peine eut-il fini avec elle. L’aube pointa à l’horizon, et l’armée se mit en marche, laissant derrière elle les corps dénudés et mutilés des femmes de Mont-Chêne, transportant dans une cage sur un chariot le Commandant De Lorraine qui ne prononça pas le moindre mot, le regard plongé dans le vague, les yeux rouges. Cette nuit resterait gravée dans sa mémoire à tout jamais.


Dernière édition par SquallDiVeneta le Lun 21 Nov - 3:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 29 Mar - 4:10

Je sais je suis chiant mais il faut lire la partie que j'ai posté chez Nano d'abord dans Amour aveugle pour avoir tout ça dans le bon ordre. MrGreen

Nuit du 21 mars 1153, Terres de l’Ordre, aux abords du camp des rebelles de Stuart de York.

Le campement s’étendait sur tout le long d’une clairière dans la forêt, creusée des siècles auparavant par une rivière à présent asséchée. Elle avait laissé sont lit derrière elle, serpentant entre les arbres, les rochers et les tumulus, formant ainsi une longue dépression cernée par la forêt et sa végétation. A présent, le sol aride où elle avait autrefois coulé offrait refuge aux ennemis de Rénald et de l’Ordre.

- Ce doit être le plus gros attroupement de traîtres que nous ayons jamais repéré, commenta Livio à voix basse en observant le camp dans la pénombre, dans la nuit éclairée par la lune presque pleine, perché dans les branches d’un vieux chêne à près de quinze mètres du sol, lui offrant une vue imprenable sur le camp qu’il surplombait au loin.

- Combien peuvent-ils être ? Se demanda Hervé D’Iverne à ses côtés, Lieutenant de la Garde de Fer, attaché au service de Livio, l’un des rares officiers de Von Kassel à ne pas lui être aveuglément loyal et à être suffisamment intelligent pour être d’une quelconque utilité et fiabilité. Livio l’appréciait également car il était capable de le suivre, même dans les branches de son perchoir, fragilisées par le givre. Je dirais dans les trois cents, vu les feux et les tentes.

- Et une bonne cinquantaine de plus au Nord, décréta Livio en tendant son index vers quelques torches qui s’éloignaient du camp lentement en suivant le même sentier. Ils ont du établir un petit avant poste d’où ils patrouillent les chemins forestiers. Ces salopards ont bien eu le temps de s’organiser.

« Oui, des hommes qui osent s’opposer à la tyrannie de Rénald, ses meurtres, ses complots et son ambition dévorante, quelle bande de misérables. Commenta sarcastiquement la voix de Sclavo dans un coin de sa tête. Ces gens font ce qui est juste, eux. »

« T’entends ça l’affreux ? Le petit frangin défiguré n’aime pas beaucoup tes fréquentations ! Se moqua Wladyslaw à son tour »

- La ferme ! S’emporta Livio en se donnant une tape sur le crâne.

- Capitaine ? S’étonna Hervé, pensant avoir mal compris les paroles de son supérieur, le fixant avec un regard inquiet. Vous avez dit quelque chose ?

- Je pestais contre ces traîtres, prétexta Livio, embarrassé. Nous ne sommes pas assez nombreux pour attaquer leur camp.

- Alors, nous nous replions ? Demanda Hervé, scrutant son chef avec méfiance, craignant que Livio, de plus en plus souvent instable, ne crie à nouveau d’autres mots sans le moindre sens.

« Laisse ces hommes faire ce qu’ils ont à faire mon frère. Tu peux encore racheter tes fautes... Murmura Sclavo dans l’esprit de Livio. Rien ne t’oblige à avoir davantage de sang sur tes mains. »

Livio ferma les yeux, se massant les tempes, une nouvelle migraine fulgurante lui donnant l’impression qu’une barre de métal chauffée à blanc lui transperçait le crâne. La douleur s’estompa aussi vite qu’elle n’était apparue et une chaleur subite réchauffa ses lèvres puis son menton.

- Capitaine, vous saignez ! Le prévint Hervé, de plus en plus inquiet, lui tendant un bandage sorti de sa ceinture.

Surpris, Livio se toucha les lèvres, découvrant alors ses doigts couverts de sang. Un flot coulait de ses narines et le Svarog jura en pressant le mouchoir sur son visage. Quelle poisse songea-t-il en attendant une inévitable réflexion, de Sclavo, Wladyslaw, peut-être de Saraphina ou Matilda, il y avait tant d’esprits qui hantaient ses pensées. Mais, il fut surpris du calme qui y régnait et put contempler le camp ennemi, dérangé uniquement par ses saignements de nez. Il ressentit un élan de détermination et pencha la tête en observant les tentes au loin.

- Je sais ce que j’ai à faire, murmura-t-il en éloignant le mouchoir de son visage, le sang avait cessé de couler. Que les hommes se rassemblent. Nous allons attaquer.

*
* *

Stuart était penché sur une carte dessinée sur une longue bande de cuir, volée dans les archives de Castelfort par quelques hommes qui les avaient rejoints dans la matinée. Ils étaient nombreux à rejoindre ses rangs, mais rares étaient de véritables chevaliers, tout au plus des conscrits, enrôlés par la Garde de Fer de force ou poussés à rejoindre Rénald par la peur de la famine qui s’annonçait. L’hiver avait été rude, les razzias nombreuses, aussi bien par les troupes de l’Ordre que de Toulouse, alors bon nombre de serfs se faisaient mercenaires. Rapprochant une bougie près de lui et s’emparant d’un rapport écrit de ses éclaireurs, Stuart tacha de mettre à jour la carte, bon nombre de fortins avaient été érigés à la hâte, d’autres abandonnés, si bien que la carte ne lui servirait à rien tant qu’il n’aurait pas fait un énorme travail de cartographie. Et avant de décider quand se révéler au grand jour, il devait être certain des forces en présence à affronter. Même s’il espérait que beaucoup de chevaliers n’attendent que l’émergence d’une alternative puissante qui s’oppose à Rénald pour rejoindre la lutte, il savait pertinemment aussi que certains se battraient jusqu’à la mort pour protéger l’Usurpateur. Ceux que Rénald avait encensé, ceux qui avaient reçu ses privilèges, ses distinctions et sa confiance, toute relative cependant. Maxime, Gordon, Daleva, Von Kassel, Di Cecina, ils ne lâcheraient pas leur Seigneur si facilement, et avec eux à la tête de ses armées, beaucoup de chevaliers ressentiront plus de peur que de courage pour oser s’opposer à Hauteville. Le jeune Intendant De York se frotta le visage en soupirant, la fatigue le tenaillait et, surpris, il se rappela seulement à son contact de sa barbe naissante. Il regarda son reflet dans un petit bassin d’eau glacial dont il se servait pour s’humecter le visage afin de repousser le sommeil. Des yeux bleus presque gris avec de vilaines cernes grisees en dessous, une barbe blonde vieille de presque deux semaines, ses cheveux blonds tirant sur l’argenté coupés courts… Il était loin le temps où sa longue chevelure, son regard malicieux, son sourire moqueur et son visage d’ange lui accordait les faveurs de presque toutes les femmes qu’il croisait : le temps où, jeune et insouciant, il profitait de la fortune de son père, feu Edouard de York, lui aussi Intendant de l’Ordre et l’un de ses fondateurs.

Il avait passé ses jeunes années à l’exaspérer, ne prenant jamais rien au sérieux, ni ses études, ni ses devoirs. Il séduisait les femmes, obtenait d’elles baisers, caresses, coucheries, richesses, en échange de quelques promesses de mariage, puis les quittait le sourire aux lèvres. Il avait joué, il avait triché, jusqu’à perdre tout l’or qu’il avait accumulé de ses conquêtes, lorsque cela ne suffisait pas, il volait. Il s’enivrait jusqu’à en être malade et violent, se battant avec d’autres nobliaux comme lui, avec les hommes de guets des villes d’Angleterre où il séjournait. Tantôt vagabond, tantôt mercenaire, tantôt « invité » de riches familles espérant les faveurs de son père, il avait traversé une bonne partie de l’Albion, des royaumes Francs, Germaniques, et fait quelques détours en Italie. Tout ça avant ses vingt-deux ans. Jusqu’à la mort de son père. Un événement qui l’avait marqué plus qu’il ne l’aurait cru. Éternelle déception d’Edouard, Stuart ne lui incitait plus ni colère ni déception, son père était juste… Lassé de lui, de son attitude désinvolte, si bien qu’il n’y prêtait plus attention. En réalisant que son père était mort en ayant de tels sentiments pour lui, Stuart avait brutalement changé. Il n’aurait su l’expliquer, mais c’était ainsi. Il s’en était retourné à York, réclamer le rang de son père, lui qui était tout juste Chevalier de l’Ordre à titre honoraire, on pensait à l’époque qu’il était mort dans une quelconque taverne d’un quelconque royaume germanique.
Parti de rien, il avait pourtant conquis le pouvoir, à coup de ruses, stratagèmes, trahisons, usant de son intelligence lorsqu’il le fallait, sa force lorsque les armes devaient être tirées et la même fermeté héritée de son père. Il s’était emparé de l’Intendance de York par tous les moyens possibles, même le meurtre… En cela, il n’était pas si différent de Rénald. Quelle ironie qu’il soit à présent celui qui s’oppose au règne tyrannique de Hauteville en sachant que lui-même avait plus d’ombres sur sa conscience que le commun.

Stuart se laissa aller contre le dossier de son siège, exaspéré de ressasser le passé. Son Intendance, il l’avait mené noblement, s’appliquant à accomplir tous ses devoirs pour la prospérité de ses terres, et que Dieu en soit témoin, il était allé à confesse pour ses crimes. Il s’était attiré les faveurs des fidèles de son père, devenant le chef des Paladins. Et pourtant, il était toujours mal à l’aise lorsque l’on lui témoignait le respect lié à son rang, comme s’il estimait ne pas le mériter…quelle plaie d’avoir une conscience dans un monde où pour survivre, il fallait se montrer plus cruel encore que le pire des salauds. Un sifflement le tira de ses songes, et il découvrit une flèche, plantée en plein centre de la carte sur laquelle il travaillait auparavant, elle avait traversé plusieurs épaisseurs de toiles de sa tente pour aller se ficher là. Puis, les cris retentirent, le calme qui régnait dans cette heure tardive de la nuit fut bouleversé par une myriade de cris paniqués alors qu’une pluie de flèches s’abattait sur lui. Stuart envoya valser son siège à travers la tente d’un coup de pied et se roula en boule sous la table à laquelle il était une seconde plus tôt, juste à temps pour voir les pointes de flèches la cribler depuis son dessous. La dernière volée venant de s’abattre, Stuart se remit sur ses pieds et se précipita sur le coffre au pied de son lit de camp pour s’y saisir de sa cotte de maille qu’il enfila plus vite qu’il ne l’avait jamais fait. Il décida d’abandonner ses jambières de cuir, ne se chaussant que de ses bottes et passant son heaume de maille aussi rapidement que possible avant de se saisir de son épée.

- Seigneur York ! L’appela un soldat à l’autre extrémité de la tente.

- Merde ! Hurla Stuart en guise de réponse, occupé à boucler les lanières récalcitrantes de sa cotte autour de lu. Puis, y arrivant finalement, il rejoignit l’homme et se rua dehors juste à temps pour voir les premières tentes s’embraser.

La tente de Stuart avait été érigée au sommet d’une petite bute surplombant le camp, si bien qu’il le voyait presque dans son intégralité bien qu’il ne s’étendit sur toute la longueur de la vaste clairière. Des torches étaient lancées par les assaillants sur les tentes situées à la périphérie Sud d’où des volées de flèches enflammées étaient tirées. Plusieurs petits groupes d’assaillants à pied se ruaient à l’assaut du camp en hurlant, tandis que sous le couvert des arbres, d’autres semblaient approcher à entendre le bruit des bottes et les clameurs qui s’y élevaient. Les hommes de Stuart étaient encore sous le choc, plusieurs erraient entre les brasiers qui s’allumaient, à demi-nus, paniqués, se faisant faucher comme le blé par les attaquants.

- Mon seigneur ? Demanda le premier Capitaine de Stuart, John Snowood. Quels sont les ordres ?

Stuart n’eut pas le temps de répondre que des cris retentirent sur sa gauche et qu’une demi-douzaine de guerriers leurs tombaient dessus, surgissant des tentes alentours. L’intendant n’en fut pas décontenancé et brandit sa lame pour se lancer dans la mêlée. Lui et ses hommes étaient trois ou quatre, il n’eut su le dire, face à six hommes en noirs, dont un lourdement harnaché de maille, d’une cape et au visage masqué par un foulard noir. La Garde de Fer pesta t-il intérieurement. Rénald avait envoyé ses sbires. Le premier qui l’attaqua tenait une hache à une main et voulut lui trancher le jarret, Stuart recula, le bloqua sans la moindre difficulté et le repoussa, attaquant aussitôt en retour, lui ouvrant profondément le torse, si bien que dans la plaie et la gerbe de sang, Stuart put y décerner ses cottes alors que le malheureux s’effondrait. Il se trouva de suite un autre adversaire. Ce dernier, ayant vu le sort réservé à son compagnon fut plus hésitant, si bien que Stuart en profita pour prendre l’initiative, se lançant dans une série de coups lents pour tester sa défense. L’homme réussit à parer chaque attaque, mais sans véritable talent, Stuart n’eut alors aucune difficulté à trouver une faille et à le transpercer juste au niveau du foie. Derrière lui, John acheva son second adversaire lui aussi, mais le soldat qui les accompagnait jusqu’ici n’eut pas la même chance. Confronté au Garde de Fer, il fut transpercé par sa lance tout comme ses camarades. Il ne restait plus que lui face à Stuart et John, où était passé le sixième ? Le Garde levait haut son bouclier entre lui et ses adversaires, avachit sur ses jambes, prêt à sauter dans n’importe quelle direction pour esquiver, soufflant comme un bœuf sous son foulard, les toisant avec férocité de ses yeux bruns sous son heaume de fer, sa lance ensanglantée prête à les transpercer eux aussi. John se déplaça sur sa droite tandis que Stuart fit quelques pas sur sa gauche afin de l’encercler, mais le Garde ne sembla pas de cet avis, sautant vers John, lance et bouclier en avant. L’Anglais fit un saut sur le côté pour esquiver la charge mais le Garde était aussi agile que déterminé et intercepta une attaque de John avec son bouclier, se fendant aussitôt de sa lance, manquant de peu de l’atteindre au cou, mais lui entamant tout de même l’épaule gauche. Profitant de la stupeur de John, le Garde l’envoya à terre d’une puissante impulsion de son bouclier et s’apprêta à l’achever. Stuart s’élança en hurlant, l’épée au poing et l’abattit, mais le Garde fit preuve encore de ses réflexes étonnant, se retournant pour lui faire face et encaisser le coup de son long bouclier. La puissance de l’attaque le fit cependant reculer et Stuart se lança à nouveau à l’assaut, frappant de toutes ses forces encore et encore, tandis que le Garde encaissait en grognant sous chaque impact, n’osant user de sa lance pour se concentrer uniquement sur sa défense, son bouclier faisant toujours barrage mais souffrant de chaque coup un peu plus.
Le Garde, se sentant repoussé tenta une attaque après avoir essuyé un nouvel assaut. Frappant d’estoc, Stuart ne l’esquiva que de justesse, la lance glissant sur son côté non sans lui déchirer une partie de ses mailles. L’Intendant abattit alors son épée dessus, plaquant la pointe de l’arme au sol tandis que son propriétaire luttait pour la récupérer et brisa sa hampe d’un coup de talon, le Garde se retrouvant alors avec entre les mains un bâton d’à peine la longueur d’un bras. Furieux, il l’abandonna et alla se saisir de son glaive, mais Stuart fut plus rapide, passant à nouveau à l’attaque. Il projeta le Garde à terre d’un seul coup d’épée sur son bouclier et se mit à l’œuvre, le harcelant de coups puissants, arrachant à chaque impact un morceau de bois et de métal, martelant le bouclier jusqu’à finalement l’envoyer voler en éclats d’un coup de taille. Son adversaire roula sur le côté et se redressa d’un bond, s’éloignant le plus possible en dégainant son glaive, sa respiration saccadée entravée par son foulard, il l’arracha et se débarrassa de son heaume également. Il était en sueur, son crâne chauve ruisselait et son visage ridé montrait qu’il souffrait le martyre. Le soldat devait être âgé d’une cinquantaine d’années, sinon plus, Stuart était décontenancé car il s’attendait à quelqu’un de plus jeune. De plus, le vieux guerrier ressemblait un peu à son père. L’homme dut discerner la confusion chez Stuart car il se rua sur lui pour l’attaquer, rapide et efficace, cherchant à l’atteindre au cou et aux bras avec sa petite épée. L’intendant recula de quelques pas en se défendant, puis, d’un revers de lame, parvint à repousser celle de son adversaire qui, déséquilibré, eut un instant d’hésitation. C’en était assez pour Stuart qui, d’un pas chassé souple et rapide se déporta sur le côté et fit glisser sa lame derrière le genou droit de son ennemi, lui sectionnant tendons, muscles et cartilage, le faisant tomber à genoux dans un râle de douleur. D’un mouvement rapide, il posa le tranchant de son épée sur la carotide du vieil homme et lui empoigna le crâne de sa main libre, tirant de toutes ses forces sur les deux tout en prenant appui de son pied sur la poitrine du Garde pour le repousser, le décapitant à moitié sur le coup. Le vieil homme s’effondra, vidé de son sang en un éclair.
A bout de souffle, Stuart observa le corps de son ennemi en tentant de reprendre ses esprits. Cet homme avait été un adversaire redoutable, probablement était-il un solide vétéran de l’Ordre, il crut même se rappeler l’avoir vu parmi la vieille garde de Rénald avant qu’il ne devienne Maître, mais il ne pouvait pas en être certain. Il s’était battu comme un lion, et il mourrait ici, dans un sombre bois insignifiant.

- Quel gâchis... Marmonna Stuart, ne trouvant que cela à dire. Mort pour rien.

- Je désapprouve catégoriquement pour ma part, lança John en le rejoignant, apparemment intact mis à part une vilaine entaille à son épaule.

Stuart n’était pas d’humeur à rire et lança un regard désapprobateur à son bras droit qui se contenta de hausser les épaules, ils se connaissaient depuis trop longtemps pour être impressionné par ses humeurs.

- On suit le plan prévu, nous nous replions vers le camp auxiliaire. Ordonna Stuart en s’écartant du corps sans vie. Fait sonner la retraite.


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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 29 Mar - 4:10

Je sais je suis chiant mais il faut lire la partie que j'ai posté chez Nano d'abord dans Amour aveugle pour avoir tout ça dans le bon ordre. Ou bien mettre ce post chez Nano à la rigueur, ça sera plus logique MrGreen

Cassandra entendait les hurlements à l’extérieur, plus distinctement encore que si elle s’était trouvée parmi les combattants. Elle pouvait presque discerner ceux qui criaient sous le coup de la colère, de la peur, de la souffrance ou de l’agonie. Autour d’elle, les blessés et les malades se débattaient dans leurs lits pour s’échapper où rejoindre la bataille, et ses injonctions au calme étaient veines. En temps normal, elle savait dompter les peurs, mais en plein milieu d’un combat, elle ne le pouvait pas. Les flèches avaient commencé à s’abattre, puis les flammes à brûler les tentes, puis les hommes armés étaient entrés dans le camp et le chaos avait tout emporté. Prisonnière de sa cécité, elle se sentait encore plus démunie qu’en temps normal, debout au milieu du pavillon des blessés, elle les entendait se débattre et crier pour qu’on les aide à se lever, mais ne pouvait rien faire. Le dos à la table sur laquelle elle posait ses onguents, cataplasmes et bandages, elle attendait en priant que quelqu’un vienne… Elle priait pour que Karl vienne. Karl… Elle regrettait tant les horreurs qu’elle lui avait dites. Une trompette sonna et Cassandra dut se mordre la langue pour garder son calme : l’évacuation. Le Seigneur Stuart les avait prévenu que cela pouvait un jour se produire, qu’en cas d’attaque, le camp devrait être abandonné, il fallait suivre un plan très précis, mais elle serait à présent incapable de se rappeler quoi faire.

- Les blessés légers ! S’exclama Imad en entrant en trombe dans la tente d’infirmerie, escorté par des chevaliers en arme compte tenu du bruit qu’ils produisaient en marchant. Aidez ceux-là à se lever, ils peuvent de déplacer seuls. Ceux-là et ceux-là devront être brancardés ! Cassandra, la réserve, les onguents, cataplasmes, bandages et potions, prenez tout !

Rassurée par l’autorité dans la voix du médecin arabe, la jeune femme se précipita sans hésiter pour saisir deux sacs en toile et y fourra tout ce qui lui passait sous la main, reconnaissant le contenu des fioles et bocaux à leur poids, à la texture du verre ou de la poterie et des petites inscriptions qu’elle y gravait. Derrière elle, elle entendait les soldats qui aidaient les blessés à quitter la tente.

-Celui-là, celui-ci et encore celui-là, mettez les sur les civières et transportez-les au point d’évacuation, poursuivit Imad, indiquant dans quel ordre évacuer les occupants de l’infirmerie. Les autres ne peuvent être déplacés, ils sont fichus.

Ces mots glacèrent Cassandra, ces autres ne pouvaient qu’être les blessés les plus sérieux et les plus récents. Narcisse était parmi eux.

- Par pitié maître non ! Hurla-t-elle en lâchant ses sacs pour se précipiter vers Imad en se guidant au son de sa voix, heurtant au passage un tabouret ou un lit. Ils peuvent être sauvés ! S’écria-t-elle en s’agrippant à lui par sa tunique. Juste quelques hommes pour les porter jusqu’aux chariots de l’intendance et ils sont sauvés ! S’il vous plait !

- Cassandra ! Reprenez-vous ! Protesta Imad en lui attrapant les poignets. Nous sommes en guerre, des sacrifices sont nécessaires et vous le savez ! Pour sauver le plus grand nombre, il faut se résigner à en abandonner quelques uns, même votre frère ! C’est dur mais c’est ainsi ! Je ne peux mobiliser plus d’hommes pour transporter des blessés qui mourront probablement sur le chemin vers le nouveau camp. Je nous condamnerais peut-être à l’extermination en agissant ainsi par caprice !

Un sanglot déchirant secoua Cassandra, elle avait déjà repoussé Karl, elle ne pouvait pas perdre Narcisse également. Imad était un maître dur mais il avait un bon fond, il n’était pas cruel, elle devait le raisonner.

- S’il vous plait maître, supplia-t-elle. Il est tout ce qu’il me reste ! Sauvez-le ! Vous pouvez le faire ! Juste deux hommes pour le porter aux chariots !

-Et les autres ? Protesta Imad, indigné. Vous les laissez à leur sort pour sauver votre frère ?!

- Pour sa vie, je serais prête à partager le sort de ceux que je condamne ! Assura Cassandra, désespérée, car si Narcisse mourrait, autant mourir elle aussi à présent.

- Maître guérisseur, intervint un des chevaliers présents, d’une voix grave et posée, sûrement un vétéran d’une cinquantaine d’années, je puis resté avec la dame, le temps de bricoler un traineau avec une civière et des bandages pour porter un ou même deux hommes parmi les blessés les plus graves. Ils seront secoués, mais au moins pourrais-je tenter d’en sauver quelques uns.

Poussant une exclamation de soulagement, Cassandra chercha à tâtons la main du chevalier volontaire et la lui serra de toutes ses forces en le remerciant. Imad qui n’avait pas donné son accord pourtant balbutia quelques mots en arabe avant d’abandonner.

- Très bien, c’est votre vie que vous jouez-là. Nous, nous sommes prêts à partir. Bonne chance à vous, j’espère vous revoir au camp.

Et tandis que Imad partait avec les chevaliers et une dizaine de blessés, Cassandra se retrouva seule dans la tente avec le soldat qui se rua dans un coin de la pièce et se mit à fracasser les meubles.

- Je vais utiliser le sommier d’un des lits pour faire une civière, expliqua-t-il. Prenez des bandages, les plus longs possibles, vous les attacherez autour de moi et au sommier pour que je puisse tracter votre frère et peut-être quelqu’un d’autre.

Cassandra acquiesça et se mit à l’œuvre, utilisant torchons et serviettes tandis que le soldat s’activait. Au dehors, la bataille faisait rage et l’odeur de fumée emplissait les narines de la jeune aveugle, la faisant tousser et éternuer. Elle suppliait Dieu pour qu’aucun assaillant n’entre à ce moment alors qu’ils étaient occupés.

- Ça devrait suffire ! Lança le soldat en lui prenant la corde de torchons qu’elle avait noués entre eux. Ça ne tiendra pas longtemps, mais j’espère ne pas avoir à faire cinquante allers-retours !

Ne rien voir n’était pas si gênant après plus de quinze ans de cécité, Cassandra s’était habituée au néant, mais ce soir, elle se sentait si impuissante que c’en était une torture. Elle entendait le chevalier dans l’effort, sans doute en train de mettre Narcisse sur leur traineau de fortune tandis que certains blessés laissés là commençaient à se réveiller malgré leur état grave et à appeler à l’aide, la tourmentant davantage encore. Quel monstre était-elle pour les condamner ? Les larmes aux yeux, elle se força à ignorer leurs cris désespérés.

- Allez on y va ! Ordonna le soldat en lui attrapant la main et en la tirant à l’extérieur.

Elle l’entendait lutter pour garder leur traineau improvisé en équilibre, pour qu’il ne se retourne pas et le faire passer le terrain irrégulier, s’arrêtant parfois pour le dégager lorsqu’il se retrouvait coincé et jurant en soufflant comme un bœuf, tout en la tenant par la main pour ne pas la perdre. La chaleur des flammes lui arrachait des plaintes pitoyables, elle se sentait perdue au milieu d’une fournaise ou le moindre pas en dehors du sentier qu’elle ne pouvait voir lui serrait fatale. Ils ne devaient même pas avoir fait dix mètres quand son protecteur trébucha, manquant de peu de l’entrainer avec lui dans sa chute. Elle se retint autant qu’elle put et l’aida à se relever.

- Ça ne va pas marcher ! Lui dit-elle. Partez avec mon frère, je retourne à l’infirmerie !

- C’est hors de question ! Objecta le chevalier. C’est la mort assurée là-bas ! Ou pire encore pour une femme ! Vous ne saurez même pas retrouver votre chemin !

- Sauvez mon frère ! Lui ordonna-t-elle. Et revenez me chercher après !

- Vous savez que je ne pourrai pas... Dit-il avec tristesse.

Cassandra ne répondit pas, se contentant de sourire, elle aussi avec tristesse, avant de se lever sur la pointe de ses pieds pour baiser la joue du chevalier.

- Dîtes au Lieutenant Skapty que je regrette.

Et elle s’en fut, en courant. Elle n’avait pas couru depuis ses jeunes années, lorsqu’elle voyait encore à peine. C’était une sensation grisante et un court instant, elle oublia presque l’horreur autour d’elle et les cris du chevalier qui l’appelait. C’était comme si, après avoir eu des poids accrochés aux jambes pendant des années, on l’avait soudain libérée pour la laisser s’envoler. Oui, s’envoler, elle se surprit à penser que si elle levait les bras, elle pourrait s’envoler loin d’ici et ne jamais revenir, guidée par la chaleur du soleil sur son visage. Mais la réalité la rattrapa lorsqu’elle trébucha sur des braises ardentes et qu’elle se retrouva à plat ventre dans la boue et le côté gauche du visage qui roussissait à cause de la proximité des flammes. Elle roula sur le dos et se releva, marchant les bras devant elle, secouée par sa respiration paniquée, refoulant ses sanglots maintenant qu’elle se rappelait ou elle était. Des jurons et des cris de douleurs raisonnaient autour d’elle, le fracas de l’acier, les hennissements des chevaux et le martellement de leurs sabots. La bataille faisait rage autour d’elle et à plusieurs reprises, elle fut bousculée par un combattant en prise avec un ennemi. Mais alors qu’elle se sentait définitivement perdue, elle entendit sur sa gauche les plaintes des blessés de l’infirmerie, reconnaissables par leur désespoir plus fort encore que chez les mourants autour d’elle. Ses mains agrippèrent la toile de la vaste tente qu’elle longea en tremblant, redoutant de tomber à nouveau dans des décombres brûlants.
Elle retrouva l’entrée de l’infirmerie et s’y jeta presque, tombant au sol et rampant dans un coin du pavillon, rassurée de retrouver un environnement familier. Recroquevillée entre une étagère et un lit désormais vide, les jambes serrées contre sa poitrine, elle se mit à attendre. Que les flammes viennent la dévorer ou qu’un assaillant ne la viole avant de l’égorger, ça ne lui importait plus à présent. Elle voulait rester là, avec ceux qu’elle avait condamnés à la mort et dont les plaintes pathétiques continuaient de la harceler. Certains étaient tombés de leur lit et tentaient de s’échapper en rampant, elle les entendait dans leur effort désespéré, donnant tout ce qu’ils avaient, jusqu’à leurs dernières forces pour essayer d’échapper à leur sort funeste. Elle eut un sanglot pour eux et murmura qu’elle regrettait… Mais le son qui sortit de sa bouche fut si sourd que le vacarme environnant l’étouffa bien vite.

- Eh ! Ils sont vivants ceux-là ! S’exclama une voix à l’entrée de la tente, glaçant le sang de Cassandra.

- Achève-les ! Ordonna une autre voix.

Les suppliques des blessés se mirent à fuser tandis que le son d’une lame fendant l’air se mit à siffler à intervalles réguliers, réduisant à chaque fois le nombre de blessés qui imploraient grâce. A la fin, il n’y en eut plus un seul et le silence se fut. Et égoïstement, Cassandra se mit à espérer : « Ils ne m’ont pas vu, ou me croient morte. » pensa-t-elle. Peut-être les flammes ne bruleraient-elles pas suffisamment longtemps et que l’infirmerie serait épargnée. Mais une main la saisie alors brutalement par les cheveux, lui arrachant le bandeau qu’elle affectionnait tant et la tirant à travers la tente, la faisant crier de douleur et se débattre sous les éclats de rire de son agresseur.

-Eh, c’est pas mal ce que j’ai trouvé là ! Ricana l’homme.

- Une putain à la solde des traîtres, commenta celui qui semblait être l’officier. Tu sais ce que tu as à faire.

- Oh Sergent, c’est un joli bout de femme ! Protesta la brute qui continuait de maltraiter sa chevelure, la cramponnant d’une main de fer comme si elle n’était qu’une poupée de chiffon.

L’officier renifla de mépris, puis après un instant d’hésitation, il lui lança « Fais-ça vite. ». Et ses pas s’éloignèrent tandis que la brute poussait une exclamation triomphante qui fit hurler Cassandra de terreur. L’homme lui lâcha les cheveux pour mieux lui saisir la gorge dans un étau impitoyable qui lui bloqua la respiration.

- Aveugle mais pas mal du tout, murmura le violeur en approchant son visage du sien, elle sentait la chaleur de sa face et les gouttes de transpiration qui lui tombaient sur les joues, à moins qu’elle ne soit en train de pleurer. Je n’aurais pas cru pouvoir m’amuser ici !

« Il va m’étrangler, je vais manquer d’air et mourir avant d’avoir le temps… Je ne sentirai rien. » pensa-t-elle alors qu’elle convulsait presque à cause du manque d’oxygène. Elle sentit une énorme main sèche la palper sous son tablier, remontant de son entrejambe jusqu’à sa poitrine pendant que l’homme gloussait, puis il lui lâcha la gorge et la poitrine. Et tandis que Cassandra reprenait instinctivement et frénétiquement sa respiration, toussant et pleurant, elle sentit qu’il déchirait son tablier avec rage avant de lui saisir les poignets et bloqua ses jambes pour les écarter avec ses genoux sans qu’elle n’ait le temps de se débattre. Il sentait la transpiration, la fumée et le vin, ses doigts poisseux lui tordait douloureusement les mains et elle sentait presque sa virilité à quelques centimètres de son entrejambe. Elle eut beau crier, il n’en relâcha pas la pression sur elle, cela ne faisait que renforcer son hilarité et l’étau autour de ses poignets.

- T’en fais pas, je serai doux au début ! Susurra-t-il à son oreille avec un sadisme qui trahissait son mensonge.

Et alors qu’elle s’attendait à sentir la douleur de la pénétration forcée, elle l’entendit hurler de douleur et relâcher ses mains et ses jambes entre ses cuisses se raidir et se relâcher. Le corps du violeur fut projeté sur le côté et Cassandra se redressa sur ses jambes pour s’enfuir, mais un autre homme s’interposa, se heurtant contre son torse qu’elle martela de coups de poings avec fureur en criant.

- C’est moi ! C’est moi ! Calmez-vous Cassandra !

La jeune aveugle eut du mal à comprendre puis, lorsqu’elle eut suffisamment repris ses esprits, elle enlaça le chevalier, revenu pour la chercher, laissant éclater ses pleurs. « Merci ! » s’exclama-t-elle, tellement heureuse de sentir contre elle cet homme dont elle ne connaissait même pas le nom mais qui n’avait que bienveillance envers elle. « Merci ! ». Mais il l’écarta aussitôt.

- Il faut se dépêcher, lui dit-il, je vais vous vêtir et on va s’en aller ! Les autres sont déjà partis !

Il la drapa rapidement d’une couverture et la souleva dans ses bras avec facilité, et alors qu’elle s’agrippait à son cou, il s’élança à travers la tente, enjambant les corps des hommes qu’il avait tué pour la secourir, puis plongeant dans le camp, entre les flammes et les dernières mêlées. Il courut, encore et encore, s’arrêtant de temps en temps, hésitant sur le chemin à suivre pour échapper au brasier, elle ne voyait rien mais elle sentait son cœur battre dans sa poitrine avec frénésie, sa respiration affolée lorsqu’il se croyait cerné par le feu ou les ennemis. Mais bientôt, la chaleur des incendies se fit moins forte et les bruits des combats plus lointains. Le chevalier ralentissait le pas à mesure et lorsqu’elle sentit une branche égratigner une de ses jambes nues, elle comprit qu’il avait réussi à la mener sous le couvert des arbres. Il marchait à présent, luttant pour respirer calmement, avançant d’un pas léger.

- On va tâcher de suivre le convoi qui a fui, murmura-t-il pour la rassurer. En faisant le moins de bruit possible.

- D’accord, je vais essayer de ne pas avoir le pas trop lourd, répondit-elle, elle-même surprise de réussir à faire un trait d’humour après ce qu’elle avait vécu.

Le chevalier ricana brièvement, il la portait toujours contre lui, sa tête lovée contre son torse solide. Évidemment qu’elle n’allait pas faire trop de bruit.

- Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez fait mon seigneur ! Lui dit-elle, sentant les larmes lui revenir en pensant à l’homme qui avait tenté de la violer avant que son sauveur n’intervienne. Pour moi et mon frère… Narcisse ! Va-t-il bien ? Réalisa-t-elle.

- Je ne saurai dire avec certitude, répondit le vieux chevalier, mais maître Imad prenait soin de lui dans les chariots de l’intendance lorsqu’ils sont partis. Alors, il a de grande chance de s’en sortir. Quand à me remercier, il n’y a nul besoin. Je suis un chevalier, et je peux me vanter ce soir d’avoir été plus digne de ce titre que tous les salopards d’en face réunis. C’est pour ça que l’Ordre doit se débarrasser de Rénald et ses sous-fifres, avec eux, les hommes tels que celui qui a tenté de vous violer vont se multiplier davantage. Des hommes sans honneur, sans foi ni grandeur. Il faut arrêter ça, l’Ordre et le Seigneur Sopraluk méritaient mieux que ça. Nous méritions mieux que ça !

- Vous avez raison, approuva Cassandra. Mais merci encore. Puis-je vous demander votre nom ?

- Vous le pouvez demoiselle. Je m’appel…

Le chevalier s’arrêta net dans sa marche et dans sa phrase, sursautant brièvement. Sans un mot, il la déposa à terre délicatement et un sifflement retentit dans le calme de la forêt nocturne.

- Que se… ? Commença Cassandra.

Le chevalier tomba à genoux tout prêt d’elle et elle se précipita pour le soutenir. Ses mains se posèrent sur son torse et se piquèrent sur des pointes d’acier poisseuses… Poisseuses de sang.

- Fuyez demoiselle… Murmura le vieux guerrier alors que de nouveaux sifflements retentissaient et que son corps sursautaient à nouveau avant de s’effondrer.

Paniquée, Cassandra s’élança sans savoir où aller, perdant le drap qui la couvrait, se retrouvant à moitié nue dans la froideur de la nuit. Mais en quelques pas seulement, elle perdit l’équilibre à cause du terrain inconnu et son épaule heurta un arbre, la projetant à terre. Ses yeux à présent étaient si secs qu’elle ne put pleurer, bien qu’elle s’attende à revivre la même scène que dans l’infirmerie, mais cette fois-ci, personne ne viendrait la sauver. A genoux, prostrée, elle entendit les pas d’un homme s’approcher. Attendant son triste sort, elle repensa à Narcisse, au moins était-il sauf. Elle pensa à son sauveur, anonyme, mais qui avait tout donné pour elle et son frère. Et enfin, elle pensa à Karl. Comme elle regrettait ses mots, sa cruauté. Si effrayée de le perdre, de se retrouver démunie face à ses blessures comme face à celles de Narcisse… Qu’elle l’avait repoussé à coups de mensonges et de paroles cruelles. Elle aurait tant voulu lui dire qu’elle regrettait, qu’elle ne pensait pas un mot de ce qu’elle avait dit, que les quelques jours avec lui avaient été comme une lumière dans sa vie. Qu’elle l’avait aimé lui aussi, bien avant qu’il ne s’éveille, dès lors qu’elle eut à s’occuper de lui pendant sa convalescence, elle l’avait aimé. Que dans ses délires fiévreux, il lui avait dit bien plus que lors de leurs conversations en attendant l’aube. Son passé, à l’abbaye, son village, ses parents, ses frères et sa sœur, toutes ses choses dont il ne se souvenait pas éveillé… Pourquoi ne lui avait-elle pas dit avant de tout gâcher ?

- Karl… Je suis tellement désolée… Murmura-t-elle en laissant échapper une dernière larme.

Les pas s’arrêtèrent devant elle. Dans l’obscurité qu’était sa vie, elle discerna, plus noire encore que sa cécité, la silhouette de l’homme face à elle.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 29 Mar - 10:32

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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 29 Mar - 11:44

Lundi soir, Galadas me demandait justement quand est-ce qu'on allait te revoir ! J'ai bien fait de lui dire de ne pas s'inquiéter MrGreen

Bon, faut encore que je bosse ce matin, je devrais pouvoir lire ce passage ce soir.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 29 Mar - 19:07

Toujours aussi passionnant, ne nous fais pas trop attendre pour la suite MrGreen
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeJeu 29 Mar - 22:33

Je ne m'attendais absolument pas à ce que le campement des rebelles se fasse attaquer,grosse surprise... Je suis impatient de voir l'évolution de tout ça.
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeVen 30 Mar - 1:20

C'est vrai que je ne m'y attendais pas du tout, mais je m'attendais encore moins à une retraite (qui semble en plus être réussi) des rebelles vers un camp auxiliaire.
Et d'ailleurs, au moment de l'attaque, est-ce que Patrick est déjà parti pour Toulouse ?
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MessageSujet: Re: Révoltes   Révoltes Icon_minitimeVen 30 Mar - 10:19

Vs saurez la suite au prochain épisode king
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