L'Ordre des Chevaliers Divins
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L'Ordre des Chevaliers Divins

L'Ordre des Chevaliers Divins regroupe nombre de soldats plus ou moins expérimentés mais se battant pour une cause juste, Dieu.
 
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 La dernière campagne, le rassemblement

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SquallDiVeneta
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SquallDiVeneta


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MessageSujet: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeVen 19 Aoû - 3:05

La Dernière Campagne

Une compagnie de cavaliers dépassa au trot les Gardes de Fer ainsi que les survivants de la bataille de La-Pointe. Livio regarda passer les chevaux avec appréhension, l’une des bêtes le frôlant presque. Il fit un bond de côté pour s’en écarter, faisant s’esclaffer son propriétaire qui avait semble-t-il délibérément envoyé son cheval sur l’ancien Svarog.

- Faîtes attention où vous marchez l’hérétique, je ne voudrais pas que mon cheval salisse ses sabots sur de la vermine avant la bataille !

Un peu plus loin, Otto remarqua la scène du coin de l’œil et se retourna pour foudroyer d’un regard noir le cavalier qui blêmit aussitôt. L’homme fit stopper sa monture, et regarda Livio en s’excusant.

- Je suis navré… Capitaine, bafouilla-t-il avant de regagner son groupe au trot.

Livio s’arrêta à la hauteur du Surintendant qui regardait le cavalier s’éloigner. Tout le long de la route, ils apercevaient des compagnies d’hommes en arme se dirigeant vers le campement de l’Ordre, à deux kilomètres au nord. Rénald rassemblait ses troupes.

- Vous êtes dans un de vos bons jours, remarqua Livio, je m’attendais à ce que vous le fassiez pendre dans la minute.

« Dommage, ça aurait été drôle. »

- On aura besoin de toutes les lances disponibles pour les semaines à venir, expliqua simplement Otto avant de repartir, remontant la colonne que formaient ses hommes, laissant Livio à l’arrière, en compagnie de Zäcker.

Antoine avait été envoyé à Castelfort pour s’y reposer : de toute manière, il ne serait plus d’aucune utilité dans ce conflit, il n’y avait pas de place pour un estropier sur le champ de bataille. Cabal quant à lui, Otto lui avait ordonné de les suivre, mais le petit homme semblait n’en faire qu’à sa tête et avait ignoré les directives du Surintendant et avait suivi Antoine pour s’occuper de lui. Malgré son étrangeté, il n’était pas dénué de compassion, bien qu’il ait expliqué que c’était par intérêt médical, étant curieux de voir comment se déroulerait la rémission du vieux mercenaire. Connors et les Ombres avaient disparu dès le lendemain de la bataille de La-Pointe, leurs gardes avaient été retrouvés inconscient, aucun n’avait été tué, fort heureusement. Otto était entré dans une rage terrible en l’apprenant, mais il avait reçu des ordres clairs de Rénald avant leur départ. Dès que la situation à La-Pointe serait réglée, ils devraient rejoindre le front pour se préparer à la campagne imminente contre le Comté Toulousain. Et même s’il n’avait pas apprécié que ses « hôtes » lui faussent compagnie, il savait que Connors n’était plus une menace immédiate et donc que sa présence en première ligne serait plus importante que de se lancer à sa poursuite.
Ainsi, les chevaliers s’étaient mis en marche.

Ils arpentaient une route dont toute la neige avait fondu à force d’être martelée par les bottes et les sabots, les champs autour d’eux étaient encore recouverts d’un voile blanc, mais il s’amenuisait, par ci par là, l’on pouvait voir quelques touffes d’herbes éparses dépasser de la neige. L’hiver avait été brutal, les chutes de neiges puissantes, mais après la dernière tempête survenue la veille de la bataille de La-Pointe, Livio devinait que le temps allait vite se réchauffer et que l’hiver se retirerait aussi vite qu’il était arrivé. C’était une bonne chose en soit, mais elle apporterait mort et dévastation sur les terres toulousaines.
Une autre compagnie de cavaliers dépassa les hommes de Von Kassel, passant presque au galop, une trentaine d’hommes et de chevaux, lourdement vêtus de capes et de fourrures, l’homme de tête portant fièrement au-dessus de lui un étendard coloré que Livio ne reconnut pas.

- Des chevaliers castillans, expliqua un Garde de Fer un peu plus loin à ses camarades qui étaient eux aussi intrigués. Je ne sais plus à quelle famille appartiennent ces armoiries, mais je les ai vu lors d’une mission près du Léon.

- Rénald a appelé à ses côtés d’anciens frères d’armes, confirma David, seulement à l’attention de Livio cette fois-ci. Ces hommes là ont passé leur vie à combattre les Maures en Ibérie, ils ne seront pas de trop.

- Faîtes place, ordonna le héraut portant les couleurs de son seigneur, laissez passer le Seigneur Reinosa !

Ne semblant apprécier que moyennement de devoir céder la place à un seigneur étranger, Otto obtempéra cependant, faisant signe à ses hommes de dégager la route et de faire halte à quelques mètres de là en contrebas. Les charretiers firent lentement descendre les bœufs tirant les chariots, les faisant avancer prudemment de peur que les roues ne s’embourbent dans le sol rendu boueux par la fonte des neiges. Les cavaliers repartirent, satisfait, continuant à rabattre les troupes marchant vers le nord afin de dégager la place pour l’arriver de son seigneur.

- Il a intérêt à ne pas venir les mains vides ce Reinosa. Marmonna un Garde de Fer à côté de Livio.

- On raconte qu’il l’homme de confiance du Roi Alphonse de Castille, raconta David à Livio. Il participerait activement à toutes les campagnes de ces dix dernières années contre les Maures, il sera un allier précieux.

Livio n’avait que peu d’intérêt pour les ragots sur les cours étrangères, mais comme il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire pour le moment, il étendit une couverture qu’il gardait dans son paquetage et s’installa aussi confortablement que possible pour écouter, tandis que les membres de l’intendance suivant les Gardes de Fer préparaient des feux pour réchauffer les soldats.

- Rénald aurait combattu à ses côtés lors d’une campagne contre les Maures, poursuivit Zäcker tandis que quelques Gardes se regroupaient autour de lui pour écouter, rendant mal à l’aise Livio, il ne tenait pas se retrouver au plein milieu de cet attroupement. Il s’en écarta, agacé, tandis que David continuait de parler des rumeurs sur ce Seigneur castillan et ses exploits accomplis avec Rénald.

Livio ne s’en souciait guère, tout ce qu’il souhaitait, c’était repartir aussi vite que possible, faire son rapport à Rénald et être envoyé en mission, quelque part, peu lui importait l’objectif et le lieu : il avait juste besoin de quelque chose pour lui occuper l’esprit. Il lui paraissait étrange de voir l’Ordre en guerre à nouveau, après les événements de La-Pointe, il lui avait été difficile de reprendre sa vie là où il l’avait laissé, il avait l’impression de se promener à l’aveuglette dans un champ de ruines. Les Ombres avaient été quasiment annihilées, Matilda été morte, Wladyslaw également, Al Assel avait trahi l’Ordre, il l’avait transpercé, et finalement, il se sentait terriblement coupable, porteur du secret de sa trahison. Mais ça n’avait aucun sens, il n’avait fait que son devoir, il ne devait rien à cet égyptien capricieux qui n’avait pas supporté de ne pas être au centre des attentions de Rénald.

« Peut-être, mais c’était qu’un gosse, n’importe qui aurait les couilles à l’envers après ça. »

La voix de Wladyslaw, ça n’aidait vraiment pas Livio à se concentrer, les voix se bousculaient dans sa tête pour donner leur avis, faire des commentaires. Parfois même, il ne sentait que leur présence dans sa tête, les voyant presque faire des hochements de tête pour approuver ou désapprouver ce qu’il voyait, ça en devenait insupportable de se sentir ainsi épié en permanence.

« Et peut-être même avait-il raison à propos de Matilda et de Rénald, peut-être était-il prêt à se sacrifier pour atteindre ses objectifs. Cela t’étonnerait-il vraiment ? »

« Ma sœur était du genre persuasive, elle obtenait ce qu’elle voulait, peu importait les méthodes et le temps nécessaire à l’accomplissement de ses plans… Et elle n’était pas du genre à pardonner non plus… »

Patrick et Saraphina s’y mettaient également, Livio se frottant le visage en soupirant avec exaspération, mais ils avaient raison… Rénald aurait très bien pu marchander sa vie contre les services de Matilda, Livio n’était pas indispensable, il n’était qu’un pion de plus, comme tous les autres au service de Rénald, il n’était ni idiot ni du genre à se voiler la face… Pas toujours en tout cas. Il hésitait sur ce qu’il allait faire, demander des comptes à Rénald ? Non, Rénald n’en avait aucun à lui rendre. Lui demander à se justifier ? Il connaissait parfaitement les motivations de Rénald : la victoire, pure et simple, quel qu’en soit le prix. Quitter l’Ordre, claquer la porte derrière lui après avoir fait un scandale ? Et pour aller où ? Quel intérêt, il n’avait nulle part où aller. Non, Livio allait devoir faire avec…

« Après tout, si mes souvenirs sont exacts, agir ainsi, sacrifier vos hommes par centaines était tout à fait dans vos méthodes, mon cher Livio. Avant de vouloir ôter une épine dans l’œil de votre voisin, occupez vous de la poutre dans le votre. »

Véraldus aussi entrait dans la partie apparemment, Livio n’avait plus pensé à son ancien maître, l’autoproclamé Grand Professeur de l’Ordre du Svarog, depuis très longtemps. Après tout, depuis qu’il avait basculé dans la folie en Hongrie, il ne s’était senti que de moins en moins attaché à cet homme pourtant autrefois si clairvoyant. A présent, Livio se demandait même si Kaujan, à l’époque sous ses ordres, n’avait pas drogué son maître avec la Rose de Sithis : il en aurait été capable. Mais tout cela n’avait plus d’importance, Livio devait se concentrer sur le présent, chasser tous ces invités indésirables de sa tête et foncer jusqu’à sa prochaine étape. Rénald lui donnerait d’autres missions, il les accomplirait ou mourrait en essayant, et la vie reprendrait son cours normal, morts, violences, complots sordides, oui, les choses iraient bientôt mieux.

« Hé ben, on va pas rigoler tous les jours avec toi…Heureusement que je suis pas tout seul dans ta caboche. »

- Merci Wlad… Marmonna Livio, dépité.

- Livio, regardez-ça ! Appela Zäcker.

Livio se retourna, et vit apparaître des cavaliers au détour de la route qu’ils avaient empruntés. La voie y formait une courbe, contournant un sous-bois et remontant une petite colline donnant sur les hautes terres de cette partie du territoire de l’Ordre, si bien qu’ils ne virent les chevaliers qu’une fois à une centaine de mètres d’eux. Les cavaliers chevauchaient en tenue de voyage, mais tous portaient leurs tabards ou les couleurs de leurs maisons sur eux afin de s’identifier. C’était un festival de couleurs, de symboles et de blasons, probablement de Castille, de Léon, d’Aragon, de Navarre, de Catalogne, de Galicie et du Portugal, tous les royaumes chrétiens d’Ibérie étaient représentés. Près d’une soixantaine de chevaliers défilèrent au pas, accompagnés de leurs écuyers, doublant, voir triplant le nombre de cavaliers, les sabots résonnant sur les pavés de la route, rendant confus un bruit plus sourd qui se rapprochait. Puis, Livio vit arriver les piétons.
Une longue colonne d’hommes en arme suivait les chevaliers, arborant les couleurs de leurs seigneurs, équipés de mailles, de cuir et de boucliers, armés de vouges, d’épées, de haches et d’arcs. La troupe n’en finissait pas, les bottes claquant sur les pavés leur donnant le rythme de marche, accompagné des ordres de leurs sergents, les hommes chantant dans divers langues des chants de bataille. Ils arboraient tous des traits différents, des tailles et des corpulences diverses, certains à la peau claire, mâte, et quelques un étaient presque noirs, certainement des Maures convertis au christianisme et qui avaient pris les armes pour garantir la sécurité de leurs familles restées au pays.

La réalité du conflit en préparation sauta alors aux yeux de Livio. A La-Pointe, il avait oublié tout ce qu’impliquait la guerre contre Toulouse, la minimisant à l’extrême face à la menace des Ombres et de leur peste. Mais il voyait mieux à présent, des milliers d’hommes allaient se battre et périr dans très peu de temps. Autour de lui, les hommes observant le défilé en attendant de pouvoir reprendre la route se mirent à applaudir et à lancer des vivats pour saluer l’arrivée du Seigneur de guerre castillan et du millier d’hommes qu’il avait ramené de ses terres.

*
**

Le Général Dimitri Bredev observait ses hommes en bas de la colline, des soldats épuisés, blessés, malades et meurtris par l’hiver impitoyable, par cette campagne qui, il y a quelques mois seulement, il pensait, se serait terminée avant Noël. Le campement toulousain avait été érigé à flanc de colline par soucis défensif, Bredev avait sa tente sur la partie supérieure, seulement dominé par les tours de guets surveillant les allées et venues dans la vallée au pied de la colline. Les tentes des officiers étaient à quelques mètres sous la sienne, puis venaient les bâtiments en construction de l’intendance, des forgerons et des maréchaux ferrants, des médecins et des chirurgiens ainsi que le mess, la chapelle et les grandes tentes destinées aux conseils de guerre. La plupart des officiers auraient préféré dormir sous des toits de chaume et de bois, mais la plupart des constructeurs travaillaient déjà sans relâche à l’établissement de palissades et au renforcement des défenses déjà existantes. Toulouse se préparait à recevoir la visite des Chevaliers de l’Ordre.

Les hommes étaient ainsi à bout de nerf, dans l’attente des mouvements de troupes adverses, cantonnés là, ou bien envoyés dans d’interminables patrouilles desquelles ils savaient que tous ne reviendraient pas. Chacune des ces patrouilles étaient l’équivalent d’une sentence de mort pour certains. Harcelés par les Pisteurs de l’Ordre dès qu’ils s’approchaient des forêts à la frontière, ces derniers leurs prélevaient un lourd tribut à chaque rencontre. Ces lâches qui les attendaient, tapis dans l’ombre des bois, tirant à vue et fuyant le combat au corps à corps, disparaissant dans les fourrés, ne laissant derrière eux que quelques flèches et de nouveaux cadavres toulousains. Toutes leurs tentatives pour les exterminer avaient été vaines, tout juste avaient-ils réussi à en capturer en tout une dizaine, et les interrogatoires n’avaient quasiment rien donné. Ces hommes étaient de véritables fantômes et ébranlaient le moral des troupes, les épuisant dans d’interminables battues inutiles et coûteuses en vies. Les Pisteurs étaient le fléau des hommes d’armes.

Parmi la noblesse cependant, c’était le Démon du Nord qui était le plus redouté, lui et ses exécuteurs pourchassaient tous les chevaliers qui avaient le malheur de croiser leur route lorsqu’ils partaient trop loin au nord, près de Fort Guède. A présent, chaque homme transféré sur le front nord s’y rendait en faisant ses adieux, persuadé de ne pas en revenir. Des nouvelles accablantes leur parvenaient quotidiennement, des rumeurs de massacres, de pillages et de raids désastreux menés très loin dans les terres des vassaux de Toulouse. Adrian Gordon, cet homme était un problème majeur… Il fallait l’éliminer coûte que coûte avant qu’il ne parvienne à briser le moral des toulousains. De nombreuses familles nobles avaient été décimées par cet individu sombre et amoral, les Fenouillet n’avaient été que les premiers d’une longue liste de Comtes, de Barons et de Châtelains, tous massacrés par le Démon, leurs corps laissés en pâture aux charognard, servis sur des piques, ou bien trainés sur de longues distances par leurs chevaux, ne restant de leurs dépouilles qu’une charpie méconnaissable. Certains commençaient à parler de rumeurs, comme quoi plusieurs familles nobles pensaient se rendre à l’Ordre pour éviter l’extermination, craignant que le Démon du Nord ne vienne les prendre, tels des enfants redoutant l’arrivée d’un croque-mitaine.

Les pensées embrouillées du Général russe se perdirent un peu plus loin, se remémorant des scènes de batailles confuses, d’un passé lointain, qui lui semblait appartenir à un autre. Dimitri se sentait nauséeux. Son attention fut cependant attirée par une dispute au niveau du mess des officiers où deux hommes étaient sur le point d’en venir aux mains, se disputant avec fureur. Un mercenaire de l’armée Tibérienne et un noble, au milieu d’une troupe d’autres guerriers agités. Le Général ne pouvait pas savoir quelle était la cause de la dispute, mais cela semblait suffisant pour que les deux guerriers soient sur le point de dégainer l’épée. Ils s’injuriaient copieusement et se poussaient du doigt, comme deux chats feulant l’un en face de l’autre, sans débuter le combat, espérant que l’autre ne cède avant que le sang ne coule. Mais le sang coula, le mercenaire n’apprécia pas les dernières paroles du noble, que Dimitri ne saisit pas, le soldat se jeta sur le chevalier avec rage et le frappa au visage tandis qu’autour d’eux, les guerriers sortaient leurs épées de leurs fourreaux et s’apprêtaient à se lancer dans une bataille acharnée. Mais juste avant que l’irréparable ne se produise, une trentaine d’individus intervinrent, se frayant un chemin à coup de bâtons dans la mêlée et s’emparèrent des deux hommes sous les regards médusés des deux camps.

- Encore d’autres agitateurs qui tentent de semer le trouble dans notre armée, constata Viera aux côtés de Bredev. Il faut agir contre cela, sinon, ça sera le chaos.

- Oui… Murmura Bredev d’une voix somnolente. C’est vrai, il faut agir.

- Qu’ont-ils fait ? Demanda Viera depuis le chemin menant à la tente de commandement, les hommes à plusieurs mètres levant la tête pour l’observer et le chef des gardes lui répondant.

- Commandant, ce chevalier a insulté cet homme et l’a menacé ! Répondit le mercenaire qui faisait régner la loi dans le camp.

- Quoi ?! Non ! Se défendit le noble en hurlant de terreur. Ce n’est pas vrai ! Général, je n’ai fais que défendre mon honneur et celui de mes hommes ! Ce mercenaire volait dans nos réserves, lorsque je l’ai pris la main dans le sac, il m’a accusé du larcin !

- Menteur ! Hurla le mercenaire accusé, immédiatement imité par une dizaine d’autres, y compris les gardes qui ceinturaient à présent le noble uniquement.

- Vous connaissez le châtiment réservé aux voleurs, pendez-le ! Ordonna Viera à ses hommes sous les vivats des mercenaires. Pendez tous ceux qui s’opposeront à mon jugement ! Hurla-t-il lorsque des nobles tentèrent de libérer leur camarade, terrifié de subir la pendaison, châtiment d’ordinaire réservé aux vilains et non pas à la noblesse.

Benasuto Viera, ancien Chevalier de l’Ordre, traître et à présent homme de confiance de Kaujan, tendit un gobelet en terre cuite dans lequel un breuvage grisâtre laissait s’échapper un mince filet de vapeur bleutée.

- Buvez général, cela vous fera du bien, lui assura-t-il d’une voix servile. Il faut diriger ces hommes d’une poigne de fer, sinon, le chaos s’installera et nous n’aurons aucune chance de protéger Toulouse. Faîtes-moi confiance. Rentrez dans votre tente et reposez-vous.

Bredev regarda la mixture en hésitant, une voix au fond de son crâne lui hurlant de ne pas boire, mais sous le regard insistant de Viera, il avala sans broncher, marmonna une réponse dans sa barbe et s’en retourna vers sa tente où il dormirait pour les prochaines vingt-quatre heures, juste le temps dont Viera avait besoin pour achever ses préparatifs. Il regarda en bas de la colline une longue colonne de mercenaires arriver en renforts, tandis qu’à l’ouest, des chevaliers castillans venaient en renfort, suite à une prétendue lettre de demande de Raymond lui-même. Il n’avait eu aucun mal à falsifier son écriture, ainsi, quelques nobles ibères se joindraient à cette guerre contre l’Ordre. Les choses progressaient comme il s’y attendait, la guerre allait bientôt pouvoir reprendre.
Le long de la route menant au campement toulousain, une quinzaine de nobles furent pendus pour avoir essayé de s’élever contre la tyrannie imposée par les mercenaires de l’armée Tibérienne, sous l’œil impassible de leur général. Depuis des semaines, les mercenaires avaient pris le contrôle du Comté, ce fut progressif, invisible au départ, mais à présent, c’était eux qui contrôlaient tout d’une main de fer. Là où on s’opposait à eux, les hommes étaient pendus, là où on coopérait, les hommes étaient traités comme des chiens. Bientôt, la noblesse se soulèverait, las des brimades de ces racailles, mais pour l’heure, elle allait encaisser les coups, espérant que leur général réagirait où que Raymond de Toulouse réapparaitrait enfin.
Mais pour l’heure, quinze cadavres se balançaient au vent, à la vue de tous. Le lendemain, six autres les rejoindraient…
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Le-Nain
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeVen 19 Aoû - 13:39

Attends, si j'ai bien compris, des soldats castillans viennent à la fois aider l'Ordre et l'armée Tibérienne ? Suspect
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeVen 19 Aoû - 15:14

Le-Nain a écrit:
Attends, si j'ai bien compris, des soldats castillans viennent à la fois aider l'Ordre et l'armée Tibérienne ? Suspect

Yep, divers nobles ne partageant pas les mêmes alliances.
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Le-Nain
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeVen 19 Aoû - 17:17

Quel massacre out ça va être ! Je suis impatient MrGreen
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 1:48

Dans la nuit, le ciel au nord s’illumina. Gabriel, les bras chargés du paquetage de son sergent, regardait interloqué ce spectacle étrange. La patrouille se stoppa, permettant au jeune écuyer de rattraper son chef qui lui aussi observait le curieux phénomène, avec une expression plus sinistre que surprise. Gabriel jura à voix basse, conscient de ce qui lui arriverait s’il se permettait d’être vulgaire ouvertement, rattrapant la dague préférée de son maître avant qu’elle ne touche le sol boueux avec le pied, maudissant les lanières fragiles du sac dans lequel il portait les affaires du sergent d’ordinaire. Elles avaient lâché et maintenant il devait porter l’équipement du sergent à bout de bras.

- Maître ? Demanda Gabriel, tout bas en le voyant toujours arrêté, fixant l’horizon.

- On continue, ordonna le sergent Valéry Bach en faisant signe à la petite troupe de vingt hommes de poursuivre leur route. En silence.

La patrouille poursuivit sa route, marchant le long de la route menant à l’avant poste de Basse-Cime. La lueur se faisait plus intense à mesure qu’ils s’approchaient, et même la naïveté de Gabriel ne lui permit pas de se faire des illusions sur ce qu’ils allaient trouver au détour de la route, lorsqu’ils seraient arrivés en vue du camp. Une colonne de fumée s’élevait dans le ciel, et le bruit des flammes dévorant le bois résonnait dans les collines. Une odeur de chaire carbonisée fut projetée sur Gabriel qui peina à ne pas rendre son dîner et à garder les affaires de son maître entre ses bras.
Ils franchirent les derniers mètres de route jusqu’au sommet de la petite butte dominant la garnison, et purent la contempler, ravagée par les flammes, plusieurs cadavres éparpillés de ci de là aux alentours. La patrouille descendit la route sans un mot, les hommes tirant leurs armes et se dispersant sans que Valéry n’ait à le leur dire, tandis que Gabriel restait près de lui, le garçon de seize ans avançant avec anxiété. Ils arrivèrent aux portes du camp, barrés par son encadrement qui s’était effondré, calciné. La troupe attendit les ordres, mais alors que le sergent Bach réfléchissait en observant les alentours, il se figea en entendant un bruit résonner à travers les collines. Surgissant d’un bosquet, accompagnés par le son des cors de bataille, hurlant des cris de guerre en les chargeant, près de cinquante lanciers lancèrent leurs montures au galop vers la vingtaine d’hommes à pieds. Gabriel resta pétrifié tandis que les hommes formaient une ligne de défense, vouges et boucliers devant eux, prêts à intercepter la charge. Alors que la mort se ruait vers eux, Gabriel eut le temps de voir une bannière flotter au-dessus des cavaliers, un léopard d’or sur un fond rouge. Les cavaliers balayèrent les hommes de Toulouse.

*
**


- Ces six dernières semaines, les troupes toulousaines ont été rejointes par une centaine de nobles castillans, autant de léonais et une cinquantaine de navarrais, déclara Sacha Mend en tapotant de la pointe de son épée l’emplacement du camp principal ennemi, sur une carte très détaillée, étirée dans un cadre de bois fixé à la verticale pour que tous puissent la voir assez facilement. Du moins, c’est ce que nous ont dit nos alliés aux ordres du Seigneur Reinosa qui ont reconnu les bannières ennemies.

Le Seigneur Reinosa, debout juste à côté de Rénald, confirma d’un hochement de tête les dires du Capitaine à l’horrible accent germanique et l’invita à poursuivre.

- Le plus gros de l’armée toulousaine est donc toujours postée ici, à Castelnaudary, dit-il en frappant à nouveau l’emplacement indiqué sur la carte. Mais avec l’arrivée de ces nouvelles troupes, l’ennemi s’est étendu au nord et au sud, bloquant les sorties des principaux passes qu’ils ont grandement fortifié. Nous avons réussi à repérer six forts majeurs bâtis spécifiquement pour bloquer le passage de nos troupes vers l’intérieur des terres toulousaines. Fort Fontaine, Le-Puit, Fort Vouivre, Fort Flamme et Fort Hildegarn.

Mend indiqua les positions des forts à mesure qu’il énumérait leurs noms, chacun étant placé sur les routes traversant la frontière séparant l’Ordre de Toulouse, empêchant n’importe quelle armée de taille respectable de s’infiltrer sur le territoire ennemi. Seules de petites compagnies rapides pourraient trouver un chemin praticable à travers les collines et les forêts et contourner ces forts, à condition de trouver du ravitaillement sur leur route, car il leur serait ici impossible de mettre en place la logistique nécessaire pour mener une campagne de plusieurs semaines.

- Je peux d’ors et déjà vous dire qu’il sera très difficiles de s’emparer de ces places fortes, occupées chacune d’environ trois cent hommes et renforcées par des unités d’artillerie. Ces places fortes ont également été…

- A quel point ces informations sont-elles fiables ? Demanda un officier de l’Ordre, sceptique et semblant se méfier du Capitaine des Pisteurs qui prit offense de cette intervention et de cette question.

- Au point que douze de mes meilleurs éclaireurs ont trouvé la mort en territoire ennemi pour que ces informations puissent nous parvenir, rétorqua Sacha. Si vous doutez de leur exactitude, libre à vous de partir en mission de reconnaissance. Prenez bien grade aux troupes ennemies, les toulousains ont la fâcheuse habitude d’emmener des chiens avec eux lors de leurs patrouilles. Ces bêtes ont gouté au sang de nos chevaliers et en sont devenues assoiffées.

L’officier ne cilla pas devant le regard dur du germain, mais lorsque Rénald se racla la gorge et posa une main apaisante sur l’épaule de Sacha, le chevalier finit par baisser le regard, ce qui sembla satisfaire le Capitaine. Rénald le remercia et lui permit de se retirer parmi les officiers présents dans la grande tente du Maître de l’Ordre.

- Merci Capitaine. Ainsi donc, l’ennemi a érigé ses défenses et attend que nous nous lancions à l’assaut de ses terres... Poursuivit Rénald. Selon toutes vraisemblances, il compte camper sur ses positions et espérer que nos armées s’épuisent à les prendre une à une, nous affaiblissant jusqu’à ce qu’une contre-attaque massive ne vienne nous balayer lorsque nous serions les plus vulnérables.

- De plus, l’arrivée des troupes alliées du Comté démontrent une certaine fragilité chez notre ennemi, ajouta Reinosa. Mes compatriotes ne sont pas les seuls à avoir rejoint Toulouse, certains Seigneurs de Bourgogne ont également envoyé des troupes et de nombreux mercenaires de l’armée Tibérienne affluent toujours vers Toulouse. Jusqu’ici, Raymond bénéficiait d’une écrasante supériorité numérique contre l’Ordre, de tels déploiement de forces seraient inutiles… S’il n’avait que nous à affronter. D’après les renseignements obtenus par les Pisteurs du Capitaine Mend, Henri Plantagenêt d’Aquitaine s’apprête à envahir Toulouse par le Nord, et vos alliés de Velay et de Forez auraient commencé leur marche, côte à côte et attaqueraient en ce moment même les frontières septentrionales du Comté.

Des murmures intrigués retentirent dans la grande tente du Maître, les paroles du noble castillan ayant éveillé l’intérêt des officiers présents.

- Oui, les jours de Toulouse sont comptés ! Confirma Reinosa avec un sourire en coin tendu, le faisant ressembler à Rénald.

Les deux Seigneurs de guerre, côte à côte, étaient très semblables, tous deux présentant un maintien royal, une barbe impeccablement taillée. Même si Reinosa avait clairement un teint plus mate, il était lui aussi solidement bâti mais avait un ventre naissant qui se profilait au-dessus de sa ceinture. Il avait tendance à se dégarnir au-dessus des tempes et laisser ses cheveux poivres et sels flotter librement autour de son visage, jusqu’à sa nuque, tandis que Rénald préférait les maintenir en une queue de cheval ou les couper court, tout simplement, par soucis pratique.

- Le Seigneur Reinosa et moi avons d’ors et déjà établi un plan pour la campagne qui débutera sous peu, annonça Rénald sans avoir à réclamer le silence, ses paroles l’imposant chez ses hommes à peine eut-il élevé la voix. Nous sommes moins nombreux que nos ennemis, mais nos troupes comptent dans nos rangs bien plus de vétérans et nous sommes bien mieux équipés. De plus, Toulouse va devoir se battre sur trois fronts à la fois si l’Aquitaine s’en mêle : il n’y a pas d’alliance officielle entre nous et le Duché, mais dès que l’un de nous deux aura fait le premier pas, l’autre ne tardera pas à se ruer sur Toulouse.

- Maître ? Demanda David Zäcker, Rénald lui donnant la permission de parler d’un hochement de tête appréciateur. Qu’en est-il des renforts de l’Amiral Herk ? Se joindront-ils aux combats ?

- Je crains que nous ne devions considérer que nous mènerons cette guerre sans les renforts que nous espérions obtenir d’Italie, déclara Rénald avec une aigreur perceptible dans la voix. Il n’y a aucun signe de l’Amiral, et plus nous attendrons, plus nos ennemis auront le temps de renforcer leurs positions, et Plantagenêt aura tout le loisir de marcher sur Toulouse d’ici là. Non, il faut attaquer dès maintenant et prendre le Comté avant qu’Henri Plantagenêt n’en fasse le sien.

- Pensez-vous que le Duc irait jusque là ? Demanda Von Kassel cette fois-ci, sans prendre la peine de demander la permission de parler. Annexer purement et simplement les terres de Raymond de Toulouse ?

- Il en a la force, et surtout, l’ambition, avertit Rénald. Non seulement, il a obtenu le Duché d’Aquitaine par sa femme, mais vu son pouvoir considérable, il est également promis au trône d’Angleterre d’ici peu : si Henri s’empare de Toulouse, il deviendra alors plus puissant que le Roi de France, et c’est tout le Royaume qui tombera sous son emprise lorsqu’il aura accédé au trône de l’Albion. Il est jeune mais brillant, et sa femme le conseille : elle est une dangereuse politicienne, il ne faut surtout pas les sous-estimer.

- A l’heure actuelle, intervint Reinosa d’un air sombre, je dirais qu’il faut se résigner au fait que, une fois Toulouse écrasée, nous devrons nous préparer à poursuivre la guerre, contre les troupes normandes et aquitaines. Henri Court-Manteau est actuellement Duc d’Aquitaine, Duc de Normandie, Comte d’Anjou et du Maine, ses troupes se comptent donc par milliers, et il ne saurait s’arrêter à quelques terres du Comté de Toulouse... Leurs familles sont ennemies depuis des décennies, et Henri est d’une ambition sans limite, il préférera ravager les terres toulousaines jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des cendres plutôt que de renoncer à la moindre parcelle.

Un froid glacial s’abattit alors sur la tente de commandement, les officiers s’attendaient à ce que ce conseil se termine sur la promesse d’une victoire prochaine sur Toulouse, et sur la promesse d’une période de paix durement gagnée, mais l’avenir se faisait à présent bien sombre, plein de combats plus sanglants encore que ceux menés contre Toulouse jusqu’ici.

- Nous pensons que Raymond de Toulouse avait envahi l’Ordre et Béziers afin d’être capable de faire face à l’invasion imminente de Plantagenêt, renchérit Rénald. C’était une grave erreur, il aurait mieux fait de solliciter une alliance mais à présent, les choses sont allées bien trop loin, la guerre ne peux être stoppée, et c’est à nous de nous emparer des terres de notre ennemi pour nous préparer et sauvegarder notre indépendance.

Plusieurs exclamations stupéfaites retentir dans la tente, même les officiers les plus naïfs comprenant la situation.

- Oui messieurs, Raymond de Toulouse et ses troupes n’étaient qu’un avant goût de ce qui nous attendait. Henri Plantagenêt arrive, et il ne s’arrêtera pas à la simple conquête de Toulouse, il poursuivra sa marche implacable jusqu’à Castelfort et Béziers, avec le projet de réduire à néant toute résistance sur sa route. Notre nouvel ennemi a l’intention de devenir le seul maître du Royaume Franc, et cela commence ici !
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeSam 27 Aoû - 3:37

- Henri Plantagenêt va bientôt se mettre en marche, dit Stuart, réfléchissant à haute voix en observant une carte sur laquelle plusieurs figurines sculptées dans le bois représentaient les forces en présence.

Une dizaine de chevaliers en bois, peints en rouge, étaient massés à la frontière Nord de Toulouse, du côté Aquitain, quatre leur faisant face du côté du Comté, peints en violet. Trois représentaient les forces de l’Ordre, dorées, prête à avancer à travers les défenses érigées par Raymond ces derniers mois, quelques figurines étant disposées là où des forts avaient été érigés du côté toulousain. Deux figurines représentaient les troupes de Velay et de Forez, peintes en vert. Dans l’esprit de Stuart, tout ce petit monde se mettait en mouvement, il voyait d’ors et déjà les troupes de l’Ordre balayer celles de Toulouse, pour arriver jusqu’aux portes de la capitale ennemie. Mais il ne pouvait s’empêcher de s’imaginer les figurines rouges se déverser à ce moment sur le Comté, balayant tout sur son passage, jusqu’à atteindre Castelfort. Oui, tout comme Rénald, il avait perçu la menace imminente d’Henri Plantagenêt. Il n’y avait guère songé jusqu’à il y a quelques semaines, mais avec son mariage avec Aliénor d’Aquitaine et son arrivée sur les terres de son épouse à la tête d’une troupe de plus de dix mille hommes, il était difficile d’ignorer cette Épée de Damoclès. Ces rapports ne lui étaient parvenus qu’une vingtaine de jours auparavant et depuis, Stuart avait à peine dormi.

- Rénald ne proposera pas la paix à Toulouse, confia Stuart à Skapty, assis près de lui.

Karl récupérait lentement des nombreuses blessures reçues lors de sa captivité à Sarrack, mais il était à présent prêt à retourner au combat selon l’avis de Stuart. Les seules blessures qui pourraient encore l’en empêcher seraient celles dans son âme. Autrefois bien bâti, Karl avait affreusement maigri et semblait peiner à reprendre du poids malgré la nourriture qu’on lui proposait : il n’arrivait que rarement à conserver tout ce qu’il ingurgitait plus d’une heure. Il laissait pousser sa barbe négligemment et des cernes noirs creusaient son visage sous ses yeux. Stuart savait que, chaque fois qu’il parvenait à trouver le sommeil, Skapty était harcelé par des cauchemars terrifiant qui ne le laissaient que rarement en paix. C’était un homme affaibli, mais Stuart était persuadé que s’il se reprenait, il saurait trouver la force de se battre.

- Par orgueil j’imagine, approuva Karl en hochant la tête.

- Oui et non, ce fut par orgueil qu’il mena une guerre si violente contre Toulouse, mettant à mort tous leurs officiers capturés sur le champ de bataille, mais à présent, une trêve, voir même une alliance, serait la bienvenue… Mais avec tous les crimes commis contre Toulouse, jamais l’ennemi n’acceptera. L’orgueil de Rénald l’a mené si loin dans la barbarie qu’il ne peut plus faire demi-tour maintenant. Il doit à présent conquérir le Comté, rallier le plus de nobles à ses côtés, en leur proposant terres, pouvoir et richesses, afin de se tourner vers Plantagenêt… Sinon, nous sommes tous perdus.

- Très bien… Que faisons-nous alors ? Demanda Karl en fixant la carte d’un œil las.

Stuart ne répondit pas immédiatement, prenant son temps, réfléchissant à toutes les options qui s’offraient à lui. Entourés par leurs hommes, les deux officiers, assis sur de modestes tabourets autour d’une petite table en plein air, restèrent muets quelques instants. Leurs soldats quant à eux étaient occupés à monter le camp pour les nouvelles recrues qui arrivaient sans cesse : déserteurs, exilés, paysans expulsés de leurs terres, et même quelques toulousains ou biterrois ayant eu vent de l’existence de membres rebelles de l’Ordre. Tous avaient rejoint Stuart avec pour seul espoir de se dresser contre Rénald, certains pour remettre l’Ordre dans le droit chemin, vers un avenir plus noble, moins pragmatique, plus en accord avec les espoirs de Sopraluk. D’autres, par vengeance contre les exactions de Rénald. Et certains, par loyauté envers les officiers ayant été exilés par les Gardes de Fer au cours des mois précédents.
Situé en plein cœur d’une forêt à quelques kilomètres au sud de Narbonne, dans le Duché de Béziers, le camp abritait pour l’instant environ deux cent-cinquante âmes, près de cent-soixante soldats, et le reste était composé de civils ayant suivi les mouvements de troupes rebelles, de médecins, d’artisans et de vagabonds en fuite. Émergeant de la foule de guerriers en pleine activité, Harold Harper suivi par Patrick arrivèrent, encore en tenue de Pisteurs, revenant tout juste d’une longue mission de reconnaissance, sales et fatigués.

- Rénald s’apprête à bouger, les informa Harold en s’empressant de s’agenouiller devant la table et en indiquant l’emplacement du Vallon aux Vergers où l’armée de l’Ordre avait le gros de ses troupes. Il va faire route vers le Nord avec la quasi-totalité de ses troupes.

- Il vient droit sur nous, sommes nous repérés ? S’inquiéta Karl en dévisageant Harold avec inquiétude.

- Non, je ne pense pas, le rassura Harold, en gardant cependant un ton inquiet. Mais il faudra que nous nous déplacions, et vite. Rénald a toujours sous ses ordres de nombreux Pisteurs, menés par Sacha Mend, mon ancien second, et ils risquent de détecter notre présence en s’aventurant de notre côté. Nous devons plier bagages et effacer toutes traces de notre présence au plus vite.

- Si Rénald vient par ici… Murmura Stuart en examinant la carte d’un air songeur en y traçant un trait invisible du doigt. C’est qu’il compte emprunter la route allant de Narbonne jusqu’à Carcassonne, puis de là, il prendra d’assaut la forteresse de Castelnaudary… Et si elle tombe, alors il n’aura plus qu’un pas à faire pour marcher sur Toulouse.

- C’est en effet la route la plus rapide, confirma Karl néanmoins avec scepticisme. Et donc, la plus défendue. Raymond de Toulouse n’est pas stupide, cette route est la plus évidente pour une invasion depuis nos terres, il y concentrera tous ses efforts, Rénald va droit au massacre. Au mieux, l’Ordre se heurtera à des défenses impénétrables et sera cloué sur place… Au pire, tout comme nos ennemis lors de leur tentative d’invasion, les troupes de l’Ordre s’écraseront contre ces défenses et seront vulnérables à une contre-attaque.

- Ou face à l’offensive de Plantagenêt et ses troupes d’Aquitaine et de Normandie. Acheva Stuart avec le même air inquiet.

Les trois officiers hochèrent la tête de concert, tous persuadés que l’Ordre courait droit vers sa ruine. Patrick resté en retrait jusqu’ici s’avançant légèrement en grattant sa barbe naissante de jeune homme.

- On dirait que quelqu’un s’est donné beaucoup de mal pour que nos deux camps s’entretuent avant de se faire balayer par l'Aquitaine, remarqua-t-il, provoquant l’étonnement de ses pairs. Toulouse qui attaque Béziers, je comprends, Toulouse nous attaque, pourquoi pas… Mais notre offensive désespérée et l’avancée de l’Aquitaine qui s’apprête à tous nous écraser… C’est louche.

- Henri Plantagenêt est jeune mais il dispose de nombreux conseillers, et il est aussi ambitieux que dangereux, expliqua Stuart, ne semblant pas fâché que Patrick émette des doutes. Il a vu une ouverture et se hâte de s’enfoncer dans la brèche, sa famille se dispute la souveraineté de ces terres depuis longtemps avec celle de Raymond de Toulouse.

- Oui, je sais, approuva Patrick. Mais j’ai vraiment l’impression depuis quelques temps que tout était fait pour que nous en arrivions là. Toulouse a lancé contre nous des assauts acharnés au début du conflit, nous avons peiné pour les repousser, et depuis quelques temps, c’est comme si l’armée ennemie était complètement désorganisée. Là-haut, nous avons vu de nombreux nobles se faire pendre, des mercenaires réprimer par les armes des révoltes de chevaliers toulousains : leur armée est complètement désunie, et on ne voit plus de toulousains à la tête de la chaîne de commandement, juste ces foutus mercenaires qui donnent des ordres complètement aberrants. Je crois que Rénald parviendra assez facilement à percer le front toulousain avec une telle désorganisation dans les rangs ennemis… Et je crois que juste après cela, il finira par être balayé par Plantagenêt.

Stuart observa Patrick quelques instants, cherchant à voir dans ses yeux si ses soupçons avaient une base solide où s’il extrapolait simplement. Mais le cerveau du jeune homme semblait tourner à plein régime, et il ne semblait pas prêt à s’arrêter pas là.

- Continue Patrick, que vois-tu ? Demanda Stuart en désignant la carte.

- Je crois que Rénald va effectivement enfoncer les lignes ennemies à Carcassonne, se lança alors Patrick en saisissant une de ses dagues pour tracer des traits à toute allure sur la carte face à lui. Mais aussi envoyer deux armées, une par le Sud à Limoux, et une au Nord par Castres, pour sécuriser ses flancs et consolider ses acquis à mesure de son avancée. Il dispose de nombreux officiers de talents pour mener ces trois avancées conjointement, lui-même est très compétent, mais il a aussi sous ses ordres Grégory de Caen, un brillant attaquant, et il a été rejoint par le seigneur Reinosa, un de ses vieux alliés, très talentueux aussi selon les rumeurs. Une fois ces trois cités prises, ils devraient mettre leurs efforts en commun pour mettre à bas la forteresse de Castelnaudary, jamais elle n’a été prise dans son histoire, alors il tâchera d’assembler toutes ses armées pour la faire tomber et dégager sa route vers Toulouse.
Ensuite, il assiégera Toulouse et exigera une reddition totale… Et c’est là que Plantagenêt frappera. Une fois Toulouse au bord de la défaite, il marchera sur sa capitale, et écrasera Rénald avec sa supériorité numérique et n’aura plus qu’à se baisser pour s’emparer des ruines laissées par la guerre… Toulouse, l’Ordre, Béziers, nos alliés de Velay et Forez…

- Tu déraisonnes, Plantagenêt ne se risquerait pas à une telle chose, prendre Toulouse passe encore, mais le reste, non. S’écria presque Karl, coupant court aux spéculations de Patrick. Faire une telle chose déclencherait immanquablement une guerre contre le Roi : Louis le Jeune et Henri Plantagenêt sont déjà à couteaux tirés, se partageant en deux le Royaume Franc. Si Plantagenêt se permettait de changer la donne en s’emparant du Sud du Royaume, alors Louis n’aurait d’autre choix que d’intervenir à son tour et mener une guerre effroyable qui déchirerait en deux son Royaume.

- Et si c’était là le but de cette guerre ? Demanda Patrick d’un air sombre. Tout a commencé par une querelle de succession sur les terres de Béziers, laissées vacantes à la mort de ses Seigneurs, mais cette région pourrait être le déclencheur et l’enjeu d’une guerre terrible entre deux des hommes les plus puissants de notre temps. Tout ça, à cause de Toulouse et de l’Ordre qui se seront faits la guerre sur les ruines de Béziers.

- Cette guerre pourrait profiter à bon nombre de personnes à travers l’Europe, approuva Stuart, prit d’une humeur sinistre. Le futur Empereur, Barberousse, le Pape, Alphonse de Castille et de Léon… la Koalition…Tous seraient susceptibles de s’y retrouver dans une guerre ouverte entre le Roi Franc et le futur Roi Anglais…

- Alors que fait-on ? Demanda Karl, toujours dubitatif, mais légèrement moins : s’il ne croyait pas au complot, il sentait que la situation était tout de même très dangereuse pour l’Ordre.

- Nous nous cachons, dit-alors Stuart, nous reprenons des forces, et nous nous tenons prêts à intervenir. Il se peut que bientôt, nous dussions sauver l’Ordre d’un grave péril.
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeDim 28 Aoû - 23:12

Nos guerres ne sont jamais simples hein MrGreen
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeLun 29 Aoû - 11:27

C'est pas drole sinon...^^
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeLun 29 Aoû - 15:22

On va bien s'amuser MrGreen

C'était cool de revoir les "Résistants". Comment ça se passe pour Bertrand d'ailleurs, ça fait longtemps qu'on ne l'a pas vu celui-là...
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeDim 11 Sep - 3:42

Depuis trois jours, Rénald enchaînait les réunions d’état major avec les officiers, entrecoupées seulement par de brèves interruptions pendant lesquelles le Maître prenait quelques heures, voir seulement quelques minutes de repos avant de reprendre le travail. Au départ, Livio avait tenu à toutes y assister, mais au bout d’une vingtaine d’heures interminables durant lesquelles il avait souvent entendu les mêmes instructions se répéter, des cartes tactiques parsemées des mêmes figurines, aux mêmes emplacements, représentant les mêmes déplacements de troupes, il avait fini par se lasser. Rénald, Von Kassel, Di Cecina et Reinosa s’entretenaient avec le plus d’officiers possible, exposant la situation et évoquant avec eux toutes sortes de scénarios possibles qui pourraient se produire. Sans cesse, l’on voyait entrer et sortir de la tente de commandement des dizaines de jeunes écuyers, les bras chargés de parchemins vierges puis remplis d’instructions à leur départ. Mais aussi des serviteurs qui se relayaient sans cesse pour nourrir les officiers et les généraux, des messagers relayant les informations depuis le front et l’arrière, de nouveaux chevaliers étrangers venus prêter main forte à l’Ordre, et tant d’autres avec des missions toutes aussi importantes qui défilaient constamment. C’était une véritable fourmilière qui s’agitait autour de la tente de Rénald, au sein d’une plus grande encore : le camp de l’Ordre.
Il ne cessait de grandir à mesure que des soldats arrivaient de toutes parts, Livio avait vu de nombreux nobles étrangers, mais aussi des natifs des terres de l’Ordre et de Béziers, rejoignant l’armée dans l’espoir de devenir chevaliers, espoir vain évidemment puisqu’ils n’obtiendraient jamais ce titre. Mais leur arrivée portait le nombre de l’armée de l’Ordre à près de quatre mille hommes selon les dernières estimations de Livio, et ça ne serait pas de trop pour les batailles à venir. Di Cecina était revenu quelques semaines plus tôt avec une centaine d’hommes venus de Forez et de Velay avec la promesse des alliés de l’Ordre qu’ils se mettraient en marche très rapidement. Cependant, il avait également apporté une terrible nouvelle, sur la route vers les comtés voisins : son escorte et celle de Stuart de York avait été attaquée. Les deux hommes avaient été séparés et tout portait à croire que l’Intendant y avait trouvé la mort, ce qui était une terrible perte pour l’Ordre. Le jeune noble avait la réputation d’être un fantastique meneur d’hommes et un guerrier implacable, il manquerait énormément à l’Ordre dans la guerre contre Plantagenêt.

Livio était assis en compagnie de ses Pisteurs, à la bordure est du camp, le long d’une palissade séparant la partie centrale du camp de sa périphérie où l’on construisait un autre muret pour le protéger d’une éventuelle attaque. Il était midi passé et la plupart des hommes cherchaient de quoi manger, tandis que les Pisteurs se contentaient de leurs maigres rations, grimaçant en mangeant la nourriture sèche, sans goût et peu abondante. Il était primordiale de se rationner car les réserves allaient vite s’entamer lorsque la campagne allait débuter, et d’ici à ce que du ravitaillement n’arrive de l’arrière et de Fort Guède, Livio tenait à ce que ses hommes économisent la nourriture.

- Il paraît que les hommes de Gordon sont repartis vers le nord, lança innocemment Sacha Mend, le Capitaine des Pisteurs qui avait hérité de la compagnie depuis le départ de Livio et l’exil de Harper.

Bien que Livio travaille à nouveau avec la compagnie qu’il avait crée, il n’était plus leur capitaine, et c’était Mend qui les dirigeait à présent. Il l’écouterait lorsque Livio lui donnerait des conseils, il lui obéirait même s’il lui donnait le moindre ordre mais officiellement, les Pisteurs n’étaient plus ses hommes. Mend était doué, mais pas autant que Harper. Il regrettait l’absence du grand norvégien, mais il ne pouvait pas faire autrement. Mend était malin, rusé même, mais sans être vraiment un véritable stratège, bon tacticien, il ne pourrait cependant pas gérer un conflit sur le long terme, et Livio craignait que cela soit préjudiciable pour les Pisteurs lorsqu’il leur faudrait retarder l’avancée des troupes de Plantagenêt. Rénald ne lui avait pas explicitement fait part du rôle que devrait remplir les Pisteurs dans le conflit qui se préparait, mais il ne fallait pas être un génie pour le deviner.
Les Pisteurs avaient reçu l’ordre de se tenir prêts à être dispersés, répartis dans les différentes compagnies qui partiraient prochainement en première ligne. Là, ils joueraient les éclaireurs et les messagers jusqu’à ce que l’armée ait avancé jusqu'à Castelnaudary, et une fois la forteresse du Comté assiégée, les Pisteurs allaient se poster le long de la route entre Castelnaudary jusqu’à Toulouse et attendre. Livio avait une idée sur le plan de Rénald et il ne lui plaisait pas, mais ce n’était pas à lui d’établir la stratégie, et il se plierait donc aux ordres sans poser de question.

- C’est possible, finit par répondre Livio sans lever le nez de son bol où quelques morceaux de pain et de légumes flottaient dans un potage insipide.

Mend resta silencieux, espérant que Livio lui révèle les plans de Rénald pour les terribles hommes du Démon du Nord, mais le Svarog n’en ferait rien. Il savait quel rôle aurait Gordon dans cette guerre, mais il le tiendrait secret jusqu’au bout. Mend soupira, déçu, tandis que Livio mangeait en cogitant, les pensées embrouillées par les voix qui se bousculaient dans sa tête. Actuellement, Wladyslaw hurlait des injures à Saraphina qui se moquait des craintes de Livio, tandis que Sclavo et Véraldus lui donnaient des conseils, lui recommandant la prudence, le mettant en garde contre la trahison probable de Rénald. Le vacarme devenait insoutenable. Livio posa son bol et se prit la tête entre ses mains, feignant la fatigue. En réalité, il avait l’impression que son crâne allait s’ouvrir en deux tant la douleur devenait terrible. Il sentait le sang battre dans ses tympans et un léger tournis s’empara de lui lorsque les voix redoublèrent d’intensité. Mais elles se turent brutalement lorsque des cris s’élevèrent, des hurlements enjoués et pressés, tandis qu’autour des tentes des Pisteurs, des dizaines de soldats de l’Ordre se précipitaient dans la même direction en hurlant de joie.
Intrigués, les Pisteurs se levèrent tandis que Mend leur faisait signe d’attendre, Livio quant à lui voulait voir de quoi il s’agissait.

Il se laissa emporter par la foule en rabattant la capuche de sa cape sur son visage : il ne voulait pas prendre le risque d’être pris à parti par un vétéran de la campagne hongroise qui aurait l’envie de renouer avec ses vieilles habitudes et d’éventrer un Svarog. Les rancunes étaient tenaces au sein de l’Ordre et encore aujourd’hui, malgré la protection de Rénald, des chevaliers continuaient de regarder Livio de travers. Les hommes le poussèrent jusqu’à l’entrée est du camp, non loin de l’endroit où les Pisteurs s’étaient établis. Une foule s’amassait des deux côtés de la route menant au camp, formant un large passage pour un arrivant qui tardait à apparaître.
La voie serpentait vers l’est sur deux kilomètres environ, bien dégagée et visible puisque le camp avait été construit en haut d’une petite crête rocheuse. Son flanc Nord était un à-pic rocheux impossible à escalader, Rénald y ayant sa tente ainsi que Von Kassel et l’élite de sa Garde de Fer. Son côté Ouest était le plus fortifié pour des raisons évidentes, bardé de tours de guets pleines à craquer d’archers et fermées par de lourdes portes en bois renforcées par des panneaux de métal. Le Sud était fermé par une longue palissade garnie de pieux pour dissuader toute tentative de contournement par un assaut ennemi. L’Est quant à lui était plus ouvert, une large porte dans le muret permettait aux renforts de venir facilement depuis l’intérieur des terres, et il aurait été difficile pour un ennemi assiégeant la place forte de tenter une percée ici. La route Est était beaucoup plus haute par rapport au côté Sud, si bien qu’il fallait contourner le camp sur au moins un kilomètre depuis le sud pour réussir à atteindre la route Est, et d’ici à ce que l’ennemi y parvienne, les chevaliers auraient tout le loisir de faire une sortie pour demander des renforts où bien repousser l’envahisseur. Le terrain autour du camp était très accidenté, à tel point qu’il serait difficile pour quiconque de faire venir aux pieds des murs un quelconque engin de siège.

- Les voilà ! S’écria un homme près de Livio qui tendit le cou alors qu’il se tassait parmi la foule sur le bas côté de la route.

Là où la voie faisait une courbe en descendant vers les basses-terres, un reflet l’éblouie quelque peu et l’on commença à entendre les claquements lointain des sabots sur les pavés.
Les guerriers se mirent à applaudir, à hurler et à brandir haut leurs armes ou des bannières attrapées pendant qu’ils s’étaient précipités vers les portes Est. Peu à peu, une longue colonne de cavaliers commençait à se dessiner à l’horizon, rendant Livio malade d’angoisse, tant de chevaux réunis autour de lui déjà, et d’autres arrivaient.
A la tête de l’armée, Grégory de Caen, en armure lourde, chevauchait suivit par ses officiers et un autre portant le tabard des Faucheurs de Gordon. Derrière lui, l’impressionnante armée de cavaliers continuait de défiler et d’approcher du camp, suivi par de nombreux chariots remplis d’outils, de matériaux, d’artisans et d’ingénieurs. Les derniers préparatifs étaient en place : la guerre allait reprendre son cours.


*
* *


Gabriel arriva dans le camp toulousain en courant, exténué. Il n’avait jamais connu une fatigue aussi grande de toute sa vie, mais il ne pouvait pas encore s’arrêter. Alors qu’il passait devant une dizaine de cadavres pendus à un arbre, il ne s’arrêta qu’un bref instant pour observer avec effroi le spectacle grossier de ces hommes suspendus là, laissés en pâture aux charognards ailés. Que pouvait-il bien se passer pour que des nobles soient ainsi traités ? Ils portaient encore leurs tabards, les rendant ainsi facilement reconnaissables; Ils avaient tout d’abord été battus, puis mutilés et enfin seulement, pendus. Ce sort n’était réservé qu’aux pires criminels issus des basses couches de la société, et encore, sous des princes sévères.
Tandis qu’il remontait la route vers les tentes des officiers, Gabriel assista à des scènes surréalistes. Des hommes parmi les plus puissants du Comté étaient maltraités par de simples mercenaires de l’Armée Tiberienne, humiliés par des prolétaires décadents. Certains nobles baissaient le regard au passage des patrouilles de ces guerriers de fortune, tandis que d’autres s’écartaient de leur passage avec crainte, alors que les mercenaires fanfaronnaient comme s’ils étaient les maîtres des lieux. Plus d’une fois, Gabriel manqua de peu d’être pris à parti par un mercenaire ivre où cruel qui lui aurait fait subir des traitements indignes s’il n’avait pas filé aussi vite pour transmettre ses nouvelles.
Arrivé à la tente du Général Bredev, il fut arrêté par deux hommes imposants en armures lourdes, croisant leurs piques sur son passage pour l’empêcher d’avancer en le foudroyant d’un regard mauvais.

- Que viens-tu faire ici ? Demanda l’un d’eux avec un fort accent italien.

- Je dois porter une nouvelle au Général. S’excusa Gabriel, indigné mais conscient qu’il jouerait avec sa vie en osant répliquer avec un ton où une expression qui déplairait au mercenaire latin.

- Quelle est-elle ? Demanda une voix sur la droite de Gabriel.

Les deux hommes se mirent au garde à vous à l’arrivée de l’homme. Très fin, presque maigre, un air supérieur marqué sur son visage, une fine moustache traçant deux traits en diagonal au-dessus de ses lèvres : il avait tout du chef mercenaire arrogant qu’il était.

- Seigneur Viera, le salua Gabriel, même lui connaissait le visage de l’officier en second du Général de l’Armée Tibérienne venue en renfort « aider » le Comté. Le Général Bredev n’est pas là ? Ou le Général Kaujan ? En faisant référence au supérieur de Viera.

- Non, alors vous devrez vous contenter de moi votre majesté. Répliqua sèchement Viera avec impatience.

L’adolescent regarda le mercenaire devenir menaçant en posant sa main sur son épée à sa ceinture, tandis qu’il sentit d’autres hommes venir l’encercler derrière lui.

- Basse-Cime a été rasé, annonça alors Gabriel, sentant le danger grandir à mesure que les mercenaires se rapprochaient de lui. Une troupe de cavaliers portant les bannières d’Aquitaine ont attaqué l’avant-poste, ont massacré les hommes et mis leurs têtes sur des piques avant de brûler le camp.

Certains mercenaires poussèrent des exclamations de surprise, mais Viera se contenta de hocher la tête d’un air songeur.

- Leurs troupes sont-elles encore loin ? Demanda-t-il.

- Ils n’ont pas avancé dans nos terres, ils se sont contentés de lancer des raids sur les fermes alentours. Les terres sont dévastées le long de la frontière, la populace se fait massacrer sans la moindre pitié là où passent les cavaliers aquitains.

Viera sembla soulagé puis, poussant sur le côté le jeune homme, il s’adressa à ses officiers regroupés derrière Gabriel.

- Il est temps, appliquez les ordres leur dit-il. Retenez Plantagenêt quoi qu’il en coûte, je me charge de l’Ordre.

Les mercenaires se dispersèrent sans que Gabriel ne puisse comprendre ce qu’il allait advenir. Hésitant, il s’approcha nerveusement de Viera qui lançait des ordres à ses serviteurs pour que l’on prépare ses affaires.

- Monseigneur ?

Viera lui jeta un regard agacé, semblant avoir momentanément oublié la présence du jeune homme. Il l’observa d’un air méprisant, puis se mordit les lèvres avant de soupirer.

- Rentre chez-toi mon garçon, souffla-t-il après un moment de réflexion, tant que tu le peux. Cette terre n’aura très bientôt plus d’avenir à offrir pour les fils de Toulouse. Part avant qu’elle ne t’engloutisse dans la marée de sang qui va bientôt se déverser sur elle.

Le mercenaire repoussa l’adolescent dans ce qui était pour lui un geste de sollicitude, mais Gabriel sentit que ces paroles n’étaient pas exagérées : cet homme allait mettre Toulouse à feu et à sang pour accomplir ses ambitions. Jamais le Comte n’aurait dû faire appel à eux. Quels que soient les plans de l’Armée Tiberienne, les hommes de Toulouse allaient payer les conséquences de leur orgueil. Viera tourna le dos au garçon qui prit alors une décision. Lentement, il approcha sa main de la dague à sa ceinture qu’il fit coulisser hors de son petit fourreau. Il fit un pas pour s’approcher de l’homme qui allait mener Toulouse à sa ruine et leva sa main armée, et lorsqu’il fut assez proche, il bondit.
Viera dut le sentir venir, il se retourna et attrapa Gabriel par le poignet en plein vol et le lança à terre avec une force insoupçonnée vu sa mince carrure, si ce n’était maigre. Gabriel en eut le souffle coupé et fut sonné par l’impact. Dans sa torpeur, il vit Viera se tenir au-dessus de sa tête, un air navré sur le visage.

- Tu n’aurais pas dû faire ça petit, dit-il d’une voix qui parut lointaine, résonnant dans la tête de Gabriel comme s’ils étaient dans une immense salle vide. Tu as voulu profiter de ma générosité...

Il baissa ses yeux sur la main droite de Gabriel, tenant toujours sa dague. Il lui écrasa l’avant-bras en grimaçant, et en un éclair, il dégaina son épée. Gabriel ne sentit rien, il ne vit qu’un mouvement rapide et net, un éclat de lumière lorsque le soleil se refléta dans la lame qui décrivit un arc de cercle vers le sol, et une fine gerbe de sang lorsqu’elle sectionna sa main juste en dessous du poignet.

- Tu as voulu me poignarder en traître, lança furieusement Viera. En échange de ma miséricorde, tu as tenté de m’assassiner comme un lâche. Alors en échange, je te désarme pour toujours, qu’à jamais ainsi, tu te souviennes du crime que tu as voulu perpétrer. Tu vivras ainsi ta punition chaque jour qui te seras permis de vivre.

Gabriel fixa son moignon dégoulinant de sang avec horreur, puis la douleur vint, une douleur terrible qui remonta tout le long de son bras, puis jusqu’à ses omoplates. Il entendit un hurlement terrible, et comprit que c’était lui-même qu’il entendait hurler, il sentait sa gorge vibrait, sa mâchoire s’ouvrir à s’en déchirer les joues, mais il avait la curieuse impression que le cri n’était pas de lui. Il se voyait presque, comme un spectateur étranger, se rouler en boule sur le sol, serrant son membre amputé en hurlant et en pleurant.

- Emmenez-le aux médecins, ordonna Viera à un serviteur qui observait la scène avec effroi. Il serait regrettable qu’il meure de sa blessure. Lorsqu’il sera guéri, chassez-le du camp, mais qu’il reste en terres toulousaines s’il le souhaite, qu’il assiste à la chute de son foyer.

Plusieurs chevaliers toulousains qui assistèrent à la scène protestèrent contre la dernière déclaration de Viera, mais lorsque celui-ci leva un regard implacable vers eux, ces derniers se turent, sachant pertinemment quel sort les attendrait s’ils s’opposaient à lui.

- Merci de vous être portés volontaire pour être de la première vague qui ira retarder l’avancée de Plantagenêt et de ses troupes, leur lança Viera. Votre sacrifice sera connu de tous. Tous sauront ainsi comment je récompense ceux dont la loyauté envers Toulouse est plus forte que leur loyauté à mon égard.

Les hommes furent écartés par des mercenaires, le sourire aux lèvres tandis que l’on emmenait Gabriel faire soigner ses blessures. Viera s’en retourna à sa tente, préparer ses plans.
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeDim 11 Sep - 12:17

Tout fout le camps du coté toulousain Shocked

J'aime bien l'idée de Livio qui converse avec un peu tout le monde dans sa tête,pourquoi pas ne pas donner la parole à ce bon vieux Antoine de Caen à l'occasion,ça pourrait être drôle MrGreen
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeDim 11 Sep - 15:24

*chaos* a écrit:
Tout fout le camps du coté toulousain Shocked

J'aime bien l'idée de Livio qui converse avec un peu tout le monde dans sa tête,pourquoi pas ne pas donner la parole à ce bon vieux Antoine de Caen à l'occasion,ça pourrait être drôle MrGreen

Je pensais que le fait qu'il ne l'ait pas connu aurait été un frein mais maintenant que j'y pense, il pourrait s'ajouter aux "squatteurs" dans la tête de Livio en effet.
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeDim 11 Sep - 15:36

Boarf,vus sont état psychologique,je pense pas que ce détail soit vraimment important MrGreen
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeVen 23 Sep - 1:48

Excellent comme toujours ! Smile
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeSam 24 Sep - 12:02

Merci merci, mais ça m'enerve je n'ai pas de temps du tout pour continuer, j'ai quelques lignes mais elles me paraissent mauvaises.
Et entre le stage, mon dossier, les cours, les profs qui nous font dégainer les agendas chaque jour pour nous foutre du boulot, c'est la galère.
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeSam 24 Sep - 13:24

Je connais ça aussi en ce moment MrGreen J'ai aussi des bouquins de gestion à lire... J'espère avancer un peu demain dans l'écriture si j'ai bien avancé en anglais et en maths...
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeDim 25 Sep - 3:58

- Nos forces vont se diviser en trois armées, annonça Rénald aux officiers et aux chevaliers rassemblés autour de sa tente.

Livio se tenait en retrait avec les quelques hauts gradés qui, au lieu d’être faces au Maître, étaient à ses côtés, pour exposer à chacun une partie de la stratégie, pour répondre à quelques questions, ou juste pour faire bonne figure. Plus d’une centaine d’officiers les observaient, davantage de chevaliers encore étaient en retrait pour suivre cette réunion à ciel ouvert, au milieu de la nuit, éclairée par des torches, rendant l’instant très solennel. Curieusement, Livio avait l’impression de suivre une cérémonie païenne dans sa patrie d’adoption, la Hongrie Svarog, lorsque Vérladus procédait à ses cultes étranges à la lueur de la lune et des étoiles.
Mend était juste à sa droite, tandis que Maxime de Hauteville et Di Cecina le séparaient de Rénald. Livio dévisagea le Connétable italien, seul survivant de l’expédition vers les comtés de Forez et de Velay. Les alliés de l’Ordre leur avait promis leur soutien, mais Livio était sceptique sur les circonstances de la mort du jeune Intendant York, tombé dans une embuscade des Toulousains. Cecina avait-il lui aussi le sang d’un opposant de Rénald sur les mains ?

« Pour sûr, regarde-moi cette tête de faux-jeton ! S’exclama Wladyslaw avec sarcasme dans un coin sombre de la tête de Livio. »

Livio retint ses lèvres d’esquisser un léger sourire. Même mort, Wlad continuait de l’amuser… C’était très triste et malsain. Le visage de l’Italien était un paradoxe à lui tout seul : sa mâchoire carrée et son nez tordu par les fractures lui donnaient une allure rustique, un peu brute, mais ses yeux étrangement jaunes, ses sourcils fins, sa moustache taillée en pointes et sa barbe également taillée amenaient dans son apparence une certaine prestance, telle celle d’un grand félin au regard vif. D’un côté, la forme de son visage était agressive, de l’autre, il tenait à soigner son apparence pour paraître raffiné.

« Et toi, n’as-tu pas du sang sur tes mains ? Demanda Polani dans l’esprit de Livio, une voix supplémentaire à ajouter à la liste de celles qui le harcelaient. »

« N’as-tu pas assassiné des dizaines de mes hommes pour permettre à Gordon de me massacrer ? S’exclama Antoine de Caen, d’un ton accusateur. Sais-tu quels supplices il m’a fait subir avant de daigner m’achever ? »

A gauche de Rénald, Reinosa se tenait bien droit, et à un pas derrière lui, son imposant garde du corps attiré les regards intrigués des chevaliers les moins attentifs. Le gardien du Seigneur castillan était un immense noir à la barbe et aux cheveux gris, le visage couvert de balafres et de marques de brûlures. Il portait un long manteau de fourrure par-dessus une cotte de maille tombant jusqu’à ses genoux, une longue épée pendait à sa hanche droite, tandis qu’un large bouclier était maintenu dans son dos, une petite hache était accrochée à sa cuisse gauche, et dans ses bottes, on pouvait voir au moins deux dagues dissimulées. Un véritable arsenal ambulant, un guerrier dont les yeux étonnamment clair par rapport à son teint de peau balayaient l’assemblée du regard afin d’y desceller la moindre menace envers son maître. Von Kassel était juste à côté de Reinosa et semblait être incommodé par la présence de son grand garde du corps, plus parce qu’il déconcentrait les officiers que par haine envers ceux de son peuple. Enfin, Grégory de Caen se tenait à quelques pas de Von Kassel, semblant pressé que la réunion s’achève.

« Il brûle d’envie de me venger, commenta Antoine de Caen en « regardant » son frère, s’il savait qu’il lui suffirait de quelques pas et deux coups d’épée pour obtenir satisfaction. »

Grégory semblait ruminer de sombres pensées, poings et mâchoires serrés, on aurait dit qu’il était sur le point d’exploser. L’Intendant, au cou de taureau et aux épaules si larges qu’il semblait aussi haut qu’épais, brûlait d’impatience d’aller au combat.

- Je dirigerais l’armée principale qui partira d’ici dans deux jours, poursuivit Rénald, s’adressant aux chevaliers depuis son estrade, comme un chef du culte s’adressant à ses ouailles. Nous remonterons vers Narbonne en territoire du Duché de Béziers et feront la jonction avec nos alliés. Là, Di Cecina partira vers le nord en compagnie du Seigneur Reinosa, ils prendront Fort Hildegarn, puis marcheront vers Castres. Je mènerais de mon côté mon armée vers Fort Flamme, puis vers Carcassonne. Pendant ce temps, l’Intendant Grégory de Caen rejoindra les troupes postées à Fort Guède et marchera sur Fort Vouivre puis sur Limoux.

En parlant, Rénald avait désigné plusieurs points sur la carte derrière lui, traçant des lignes à la pointe de sa baguette. Livio comprit donc que Di Cecina et de Caen auraient comme rôle de dégager un passage à l’armée principale de l’Ordre vers Toulouse, un véritable coup de maillet dans leurs défenses. Par le Sud, les troupes hyper agressives de Grégory alliées à celles de Gordon balaieraient toute résistance sur leur passage, tandis que plus au Nord, le gros de l’armée de l’Ordre marcherait en écartant sur sa route les rescapés des tornades Grégory et Gordon. Puis, encore plus au Nord, Di Cecina progresserait en fortifiant les routes le long de sa progression pour protéger le flanc de l’Ordre vers Toulouse contre toute contre-offensive venant du Nord. Un bon plan globalement, Livio était plus tacticien que stratège, peut-être l’une des raisons pour laquelle il avait perdu sa guerre contre l’Ordre, mais il savait reconnaitre la justesse de cette manœuvre.

- Lorsque les forts et les cités seront tombés, nos armées se regrouperont pour un assaut conjoint sur Castelnaudary, continua Rénald. Il s’agit de la plus grande place-forte de nos ennemis, il faudra frapper fort. Vous le savez tous, cette forteresse a la réputation d’être imprenable, il est de notre responsabilité de mettre à l’épreuve ses défenses et de montrer que nulle place forte n’est à l’abri de notre fureur vengeresse !

Plusieurs chevaliers poussèrent des exclamations sauvages en guise d’approbation. Livio eut brièvement la chaire de poule, regardant Rénald en souriant à moitié : le Général allait emplir ses troupes de colère et de détermination en allant crescendo. Les premiers chevaliers qui s’étaient exclamés obéissaient certainement à des directives préalablement données par Von Kassel ou Rénald en personne, mais d’autres les suivirent sans réfléchir.

- Une fois la forteresse dévastée, nous marcherons droit sur la Capitale de nos ennemis, poursuivit Rénald en élevant davantage la voix. Nous abattrons ses défenses pierre après pierre, nous déferlerons sur Toulouse, telle une vague implacable balayant tout sur son passage ! Avec votre force, votre courage et votre détermination, vous serez mon bras armé et frapperez Raymond en plein cœur !

Dans un mouvement de rage, soit réel, soit parfaitement feint, Rénald dégaina son épée et la planta furieusement dans la carte étirée sur les tréteaux derrière lui, pile à l’emplacement de Toulouse. Des dizaines de chevaliers accueillirent ce geste avec allégresse, dégainant leurs épées à leur tour comme s’ils s’apprêtaient à charger l’ennemi, les levant en poussant des rugissements triomphaux. Livio vit Reinosa accueillir cette scène avec méfiance, observant tantôt Rénald, tantôt la foule d’un air inquiet, il ne semblait pas partager la vision guerrière du Maître de l’Ordre. Derrière lui, son garde du corps décroisa ses bras pour poser ses immenses mains sur ses armes, au cas où un assassin ne se cache parmi la foule enragée.

- Nous ne ferons preuve d’aucune clémence, chaque toulousain qui s’opposera à nous sera traité en ennemi de l’Ordre ! Rugit Rénald, provoquant d’autres exclamations approbatrices. Chacun sera puni pour les centaines des nôtres, odieusement massacrés ces derniers mois par notre traître d’ennemi ! Et lorsque le Comté de Toulouse aura ployé sous notre botte, nous marcherons vers le Nord et iront défier ce vulgaire paysan qui prétend dominer ces terres et nos vies. Plantagenêt goutera à nos lames, il verra notre fureur et fuira devant nos charges ! Nous ne craignons ni la mort ni la tourmente des feux des enfers ! Nous réduirons à néant ses ambitions, nous mettrons à bas ses armées et ruinerons tous ses projets ! Et lorsqu’il tombera sous nos épées, s’il reste un ennemi encore assez fou pour nous défier, alors nous poursuivrons la lutte, quiconque osera nous défier devra subir notre furie !

Les chevaliers semblaient être entrés dans une transe insensée, frappant le sol de leurs pieds, claquant leurs lames contre leurs boucliers ou leurs armures, hurlant et jurant. Ceux qui n’avaient pas assisté à cette réunion, parce qu’ils avaient d’autres tâches à accomplir ou étaient trop épuisés, se souviendraient avec frayeur de ces moments, pensant qu’une armée gigantesque attaquait le camp. Même Livio était effrayé par le pouvoir de Rénald sur ses hommes, mais en même temps, son discours lui avait fait gonfler le cœur et il se serait presque vu en première ligne, lacérant des ennemis par dizaine, aux côtés de Rénald, marchant de victoires en victoires. Cet homme était plus qu’un grand général, c’était un conquérant implacable, tel que le monde n’en avait vu que trop rarement, ou trop souvent, selon le point de vu de leurs ennemis.

« C’est la haine et la soif de sang qu’il répend dans les cœurs, l’avertit la voix de Polani. Il ne peut en découler que plus de rancœur encore et de carnages. Tôt ou tard, tout le mal qu’il aura répandu se retournera contre lui et… »

Livio chassa la voix du vieil homme, parce que de tous, plus encore que celle de Sclavo, c’était cette voix qui le mettait le plus mal à l’aise. Le meurtre de ce vieil homme, généreux, sage et honnête le rendait plus honteux que tous ses autres crimes réunis… Et pourtant, il en avait commis d’autres plus sanglants.

- Avec l’aide de Saint-Christophe et de Dieu, nous triompherons ! Finit par s’écrier Rénald, le visage rougi par son discours enflammé, levant les poings vers le ciel. Vers la victoire !

- Victoire ! Répétèrent les chevaliers en cœur, Livio se surprenant à scander lui-même ce cri.

- La victoire ! Répéta Rénald à son tour. Victoire à l’Ordre de Saint-Christophe !

- Victoire à l’Ordre de Saint-Christophe ! Scandèrent alors les chevaliers, sans réfléchir, seulement animés par la rage. Victoire à l’Ordre de Saint-Christophe ! Saint-Christophe ! Saint-Christophe ! Saint-Christophe !

Livio regarda Rénald avec étonnement, son esprit cessant de fonctionner.

- Saint-Christophe !

Rénald venait d’achever les bouleversements infligés à l’Ordre. L’Ordre des chevaliers Divins était mort… L’Ordre de Saint-Christophe venait de naître. Un Ordre nouveau, créé exclusivement pour servir les intérêts de Rénald de Hauteville.

- Saint-Christophe !

Livio eut la désagréable impression que Polani "observait" la scène, les larmes aux yeux. Il était lui-même bouleversé, mais il se rendit compte qu’il n’était pas triste, non. Un Ordre nouveau était né, un Ordre où il savait qu’il aurait sa place. Un Ordre gouverné par la raison, où seul le mérite primerait, où les inutiles et les incompétents n’auraient pas leur place, un Ordre mené par la main de fer de Rénald de Hauteville.

- Saint-Christophe ! S’exclama Livio, glorifiant sans s’en rendre compte un Saint catholique, ne sentant pratiquement plus le regard peiné du fantôme de Polani sur sa nuque.


*
* *

- Roland, arrête ! Ordonna Bertrand en jetant presque le Capitaine toulousain dans sa tente, suivi par une dizaine de leurs hommes.

Le jeune officier tituba sur quelques pas, manquant de peu de tomber à la renverse, mais il se rattrapa et se rua vers la sortie. Mais Bertrand s’y était attendu et l’empoigna fermement avant de lui envoyer son poing dans le ventre. Roland fut plié en deux et eut la respiration coupée. Il recula en tenant son ventre douloureux, hoquetant et toussant pour reprendre son souffle.

- Tu étais là, tu as entendu ! Parvint-il tout de même à crier alors qu’il n’avait pas encore reprit ses esprits.

- Oui ! S’écria Bertrand en le saisissant par les épaules et braquant son regard dans le sien. J’étais là, tout comme toi ! Mais si je t’avais laissé faire, tu serais mort à l’heure qu’il est, moi aussi probablement, ainsi que tous ceux qui ont eu le courage de nous suivre !

- Mais tu sais ce qui va se produire maintenant ! Lui reprocha Roland en se dégageant avec colère. Tu ne peux plus faire mine de l’ignorer ! Ils sont devenus fous ! Ton maître est en train de faire des tiens des animaux, ils vont mettre ma patrie à feu et à sang, et tu voudrais que je ne fasse rien ? Combien de temps encore feras-tu semblant de ne rien voir ?

- Je vois clair, tout comme toi ! Se défendit Bertrand. Et je vois que si tu t’étais jeté sur Rénald comme tu voulais le faire, tu te serais fait tailler en pièce avant même de l’avoir approché de dix pas ! Et tout ce pour quoi nous avons œuvré n’aura servi à rien !

Le Toulousain parvint à contenir un cri de frustration en se mordant les lèvres, foudroyant le Commandant du regard. Bertrand comprenait, il était devenu l’ami du Capitaine toulousain dès le lendemain de la bataille qu’ils s’étaient livrés au Fort qui portait maintenant son nom. Il savait quelle rage et quelle frustration régnaient dans son cœur. Dès le jour où il l’avait protégé de la sentence de mort ordonnée par Rénald contre tous les officiers ennemis capturés en le faisant passer pour son bras droit, dès ce jour ils avaient comploté ensemble pour trouver une issue à cette guerre. Mais chaque jour qui passait, ils voyaient s’accroitre le pouvoir de Rénald, avec son influence surnaturelle sur ses hommes, et ainsi, leurs espoirs de paix s’amincir. Ce soir, tous les espoirs de Roland venaient de voler en éclats. Il avait tenté de se frayer un passage à travers la foule en délire, l’épée au clair, heureusement, tous les officiers étaient trop captivés par Rénald pour le remarquer et Bertrand avait réussi à le retenir, et avec ses hommes, à le ramener à sa tente.

- Je n’en peux plus d’attendre, je ne vais pas le laisser massacrer les miens sans rien faire ! Dit Roland, non plus avec rage, mais avec une résignation tragique. Même si je dois mourir en essayant. Je couperai la tête de l’Ordre de Saint-Christophe avant qu’il ne se mette en marche.

Roland avait prononcé ces mots avec sarcasme, espérant déclencher une réaction chez Bertrand, ce fut réussi. Pour certains, ce n’était qu’un nom, mais pour lui qui avait dévoué presque toute sa vie à l’Ordre, c’était un coup de poignard en plein cœur. L’Ordre avait été quelque chose de bien, une lueur dans un monde de ténèbres et de chaos. Rénald l’avait souillé, l’avait rabaissé au niveau de n’importe quelle armée, vulgaire, sanguinaire et avide de richesses et de terres.

- S’il te plait, le supplia Bertrand. Nous sommes plus nombreux chaque jour, dit-il en désignant les hommes présents avec eux. Nous pouvons encore raisonner les esprits et ramener le calme. Plus nous serons nombreux, plus nos voix auront de poids.

- Tu crois vraiment que Rénald ou quiconque écoutera encore maintenant ? Demanda Roland avec mépris. Ils sont devenus fous, ils n’écoutent plus que la voix de leur Maître, et toute voix qui s’élèvera contre sa volonté sera écrasée. Il est trop tard, tu espérais freiner ses ambitions avec des paroles et ta bonne volonté, mais tu rêvais éveillé… Il n’y a qu’un langage qu’un tel homme puisse comprendre.

Roland leva son épée en touchant son front avec sa pointe pour appuyer ses propos : Bertrand comprit que quoi qu’il fasse, il ne l’écouterait plus. Résigné, il fit un pas de côté, imité aussitôt par ses suivants, laissant la voie libre vers l’extérieur. Roland lui fit un léger signe de tête reconnaissant, un léger sourire d’adieux venant travers son visage, bref et triste. Il s’avança vers la sortie.
Mais avant qu’il ne puisse s’en aller, un homme immense et puissamment bâti entra, lui bloquant le passage et le foudroyant du regard. Le nouveau venu balaya l’assemblée d’un regard pesant et attentif, et lorsque Roland voulut forcer le passage, l’homme le repoussa sans le moindre effort. Roland protesta et s’apprêta à attaquer, mais se ravisa en voyant entrer deux hommes similaires au premier, soutenant un quatrième individu. Un homme au crépuscule de sa vie, fatigué, malade, le dos vouté, le visage tanné comme du vieux cuir, des cernes noires sous ses yeux vitreux et les jambes tremblantes.

- Je m’imaginais bien que vous seriez tenté de faire une bêtise Roland, murmura Charles de Bretagne, tandis que ses chevaliers Varègues le faisaient entrer.

Les gardes du corps du Connétable le firent s’installer sur un fauteuil dans un coin de la tente tandis que Bertrand se précipitait à leurs côtés pour les aider.

- Pourquoi êtes-vous venu ? S’inquiéta Bertrand, vous ne pouvez pas…

- Je peux encore te mettre la raclée que tu mérites Bertrand de Lorraine, répliqua aussitôt le vieillard avec colère, alors ne t’avises pas de me dire ce que je peux ou ne peux pas faire. Tu t’apprêtais à laisser aller à la mort un de nos plus précieux alliés, un jeune homme talentueux et ton ami qui plus est, j’espère que tu as une bonne excuse… Non, ne dis rien. En fait, il n’y a pas de motifs pour pardonner une telle stupidité !

Bertrand, tellement choqué, resta muet, honteux sous le regard accusateur de Charles qui malgré son état d’affaiblissement, dominait toujours tous les occupants de la tente par son autorité naturelle.

- Roland, je comprends ta colère et ta peur, poursuivit Charles en regardant le jeune toulousain. Si tu avais la moindre chance de transpercer Rénald de ta lame ce soir, je te laisserai aller sans sourciller. Mais si tu sors avec ce dessein dans ton cœur, tu ne feras que réduire à néant nos derniers espoirs. Alors reste-ici, refoule tes émotions en toi et ne t’avises plus de faire de telles idioties à l’avenir. La survie de ton peuple repose en grande partie sur tes épaules, alors tu n’as pas le droit de jouer avec ta vie ainsi.

Charles avait pointé vers la poitrine du Capitaine un doigt maigre et tremblant, mais fort d’un tel reproche que Roland se sentit rapetisser. Il baissa sa lame avant de la mettre docilement au fourreau.

- Bien ! Acquiesça Charles en hochant la tête. Maintenant, écoutez-moi tous, bande de jeunes abrutis congénitaux. En apparence, nos chances de remettre l’Ordre sur le droit chemin semblent nulles à présent, mais ce n’est pas le cas. Rénald a accéléré le mouvement, il sait que sa position est instable, Toulouse n’est plus notre problème majeur. Plantagenêt est un ennemi redoutable : même si nos forces n’avaient pas souffert de ces derniers mois de guerre, nous serions incapables de lui tenir tête. Rénald a besoin d’un miracle pour s’en sortir, c’est pour cela qu’il essaye d’accroitre son emprise sur l’Ordre avec plus d’acharnement. Il a besoin de victoires rapides pour renforcer son pouvoir, seul, il ne peut rien. Il va avoir besoin du soutien de nobles toulousains prêts à retourner leurs vestes dans l’adversité, et sûrement même d’appeler Louis VII à la rescousse. Et pour cela, il doit être en position de force lorsque Plantagenêt viendra à notre rencontre pour en découdre. Si l’Ordre est amoindri, Louis VII ou les toulousains en profiteront et se retourneront probablement contre nous.

- Rénald ne veut pas qu’un autre récolte la gloire à l’issue de cette guerre, comprit Bertrand. Et surtout, ne récolte les fruits de ce conflit à sa place.

- Oui, approuva Charles. Rénald doit être à la tête de la coalition qui viendra à bout de Plantagenêt, et non pas être celui qui aura appelé à l’aide pour repousser l’ennemi. Si l’Ordre se retrouve en position de faiblesse à la fin du conflit alors, le vainqueur aura tout le loisir de décider du partage des terres toulousaines, de Béziers, et certainement de l’Ordre. Alors, Rénald s’empresse de serrer les rangs, à la fois pour les unir dans la haine, et pour terroriser la noblesse toulousaine à qui il va très bientôt tendre la main.

- Mais il n’a de cesse de rappeler aux hommes que nous sommes l’ennemi de l’Ordre et que nous devons tous être exterminés, répliqua Roland.

- Oh, il changera bien vite de discours lorsque les premières défections auront lieu, l’avertit Charles. Il est passé maître dans l’art de la rhétorique, quiconque l’écoute vraiment se rendra vite compte qu’il se contredit régulièrement, qu’il se répète, mais il enjolive tellement ses discours de beaux mots et de sentiments que le soldat moyen ne se rend compte de rien. Rénald saura faire accepter ses alliés toulousains. Il réunira sous ses ordres chevaliers et nobles toulousains pour se dresser face à Plantagenêt. Le Roy Franc quant à lui n’attend que ça : l’opportunité d’écraser celui qui risque bien un jour de lui usurper le trône. Rénald l’invitera à le rejoindre sur le champ de bataille, l’invitera, non pas, lui demandera.

- Alors que faire ? Demanda Bertrand. Comment pourrions-nous desserrer son emprise sur l’Ordre ?

- Il faut continuer à faire ce que nous faisons : rassembler des partisans. Décréta Charles. Malgré le charisme de Rénald, beaucoup refuseront d’appliquer ses méthodes. Et lorsqu’il aura besoin de toutes ses troupes dans la bataille, nous ferons sécession.

Un malaise palpable tomba sur la tente, ce mot terrible, la trahison, pure et simple. Comment imaginer une telle chose ?

- Mais si nous faisons cela, l’Ordre perdra cette guerre, et il n’y aura plus rien à rebâtir... Murmura Bertrand, effrayé par cette idée.

- Non, nous n’affronterons pas Rénald, mais nous monnayerons notre aide. Expliqua Charles. Je sais que c’est avilissant, mais à situation désespérée : mesure désespérée. Il faudra le forcer à renoncer au pouvoir en échange de notre soutien temporaire. Nous devrons faire en sorte de préserver les nôtres du conflit tout en augmentant nos rangs pour que notre poids pèse plus fort dans la balance lorsque Rénald devra choisir entre plier face à nos exigences, ou bien nous attaquer. Ce sera compliqué, mais je ne vois pas d’autre issue. Nous n’aurons pas un très beau rôle dans cette affaire, nous agirons dans l’ombre, tels des serpents, frappant lorsque nos alliés auront le plus besoin d’aide. Mais pour sauver ce qu’il reste de l’Ordre… Il faut concéder à sacrifier notre intégrité.

Un court silence gêné régna quelques instants, chacun appréhendant la nouvelle à sa façon, jusqu’à ce que Bertrand veuille prendre la parole. Mais il fut coupé aussitôt par une autre voix, forte, déterminée et glaciale.

- C’est donc ici que je te trouve à comploter, constata Rénald en entrant d’un pas vif, escorté par une dizaine de Gardes de Fer, d’autres attendant à l’extérieur de la tente.


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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeDim 25 Sep - 5:05

Bertrand sentit son sang se glacer, sa tête tourner, et s’il ne s’était pas agrippé de toutes ses forces à la poignée de son épée, peut-être aurait-il complètement perdu conscience en voyant ainsi surgir Rénald à la tête de ses fidèles, au milieu de leur réunion. Rénald se planta au milieu de l’assemblée, faisant glisser son regard d’un individu à l’autre tandis que les Gardes de Fer formaient un cercle autour de lui. Personne ne prononça un mot, Rénald les regardant tous avec un léger sourire, s’attardant sur Bertrand puis sur Charles dont il s’approcha. Les gardes Varègues firent mine de s’interposer mais Charles posa sur le bras du plus proche une main apaisante, les hommes s’écartant alors du passage de Rénald qui fit mine de n’avoir rien remarqué.

- Je te cherchais Charles, lui dit-il d’une voix glaciale. Je suis venu te voir dans ta tente, et tu n’y étais pas. J’ai demandé aux soigneurs chargés de s’occuper de toi, et aucun n’a été capable de me dire où tu t’étais rendu. J’ai fouillé le camp, inquiet, et je te retrouve finalement ici, à discourir avec tes "amis"...

Charles ne répondit pas, fixant Rénald d’un air impassible, le Maître de l’Ordre le regardant avec la même intensité, franchissant le dernier mètre qui les séparait. Finalement, Rénald posa sa main gantée sur l’épaule du vieil homme, le sourire aux lèvres.

- Tu savais pourtant que tu ne devais pas quitter le lit, tu as été malade trop longtemps, tu dois te reposer. Le sermonna-t-il affectueusement. Te déplacer est suffisamment insensé comme ça pour qu’en plus tu n’en rajoutes pas en discutant tactiques et stratégies, laisse-moi donc tout ceci, et retourne donc à Castelfort reprendre des forces. L’Ordre connaitra bien d’autres conflits au cours desquels il ne pourra pas se passer de tes conseils avisés, mais aujourd’hui, je te demande de te ménager.

- Tu me connais Rénald, je ne peux pas m’empêcher de penser que vous autres, jeunes abrutis, ne seriez pas foutus de trouver votre trou du cul tous seuls. Il faut que je sois là pour vous aider à le trouver. Plaisanta Charles avec un clin d’œil malicieux.

Rénald éclata de rire, ce qui détendit légèrement la tension dans la tente, légèrement seulement. Le Maître regarda Charles et lui tapota l’épaule.

- Très bien, reste si tu le souhaites mais par pitié, ne te fatigues pas, le supplia-t-il. Il serait désastreux que tu t’écroules de fatigue avant d’avoir pu assister à mon triomphe, je crois que nous en sommes chacun à quinze campagnes victorieuses, il faut que tu me vois battre ton record.

- Je t’ai laissé un peu me rattraper, avoua Charles en souriant, je me suis reposé ces dix dernières années. Mais ne t’en fais pas, je te distancerai largement les dix prochaines lorsque je me serais remis au travail.

Rénald poussa à nouveau un rire clair et joyeux, frappant à nouveau l’épaule de Charles qui trembla sous les chocs répétés, retenant une quinte de toux. Finalement, Rénald s’écarta, se dirigeant vers l’extérieur, ne s’arrêtant qu’à la hauteur de Bertrand un bref instant.

- Veillez à ce qu’il ne se fatigue pas trop Commandant, lui demanda Rénald. Il ne faut pas qu’il se tue à la tâche… Et qu’il vous entraine avec lui. Messieurs, bonne nuit.

Et Rénald quitta la tente, emportant avec lui ses Gardes de Fer, le suivant telles des ombres. Charles sembla se tasser sur son fauteuil tandis que Roland prenait son visage entre ses mains en poussant un long soupir, expirant et inspirant longuement pour calmer ses nerfs. Ses mains tremblaient. Les jambes de Bertrand quant à elles allaient lâcher sous son poids, et n’ayant pas de siège à porté de main, il s’assit sur la terre battue, reprenant ses esprits. Il était inutile qu’ils en parlent, qu’ils évoquent l’évidence.

*
* *

Rénald marchait d’un pas vif, il ne souriait plus du tout. La mâchoire crispée, il traversa le camp sans un mot, plongé dans l’obscurité de la nuit qui était bien entamée à présent, arrivant dans sa tente d’un pas vif, y trouvant seulement son fils, Maxime, qui se redressa de son siège où il s’était assoupi. Rénald jeta son épée sur le bureau au centre de la tente, puis commença à délier les liens de son armure, un serviteur attrapant ses affaires au vol pour aller les ranger soigneusement dans un coffre.

- Commandant, renforcez la surveillance sur le Connétable et sa clique. Ordonna Rénald d’une voix sèche. En particulier sur De Lorraine et le Toulousain, ce Roland Fontaine. Ne les lâchez pas.

- Seigneur, pourquoi tolérer leurs complots ? S’inquiéta Maxime pour qui la solution au problème que ces hommes posaient était très simple : la corde.

- Je ne vous demande pas de comprendre ! S’écria Rénald en giflant son fils d’un revers de main, heureusement, à laquelle il venait juste d’ôter son gant renforcé de métal. Je vous ordonne d’agir !

- Bien Maître, pardonnez-moi. S’excusa Maxime en s’inclinant avant de quitter la tente, les joues rougies par la gifle et la honte.

Rénald acheva de se déshabiller et enfila une chemise et des bas plus confortables, fulminant toujours et congédiant ses serviteurs d’un grognement. Il observa les cartes sur la table et commença à réfléchir à quelques plans futurs. Mais la colère était si grande qu’il n’arriva pas à se concentrer. La trahison de Charles était un coup assez dur comme ça, mais en plus, il était de mèche avec ce misérable qui se prenait pour le successeur de Sopraluk. De Lorraine, ce nom seul suffisait à déclencher chez lui un dégout irrévocable. Tantôt il essayait de défier son autorité, tantôt il s’écrasait devant sa présence : c’était un homme faible, qui ne savait maitriser ses peurs. Trop idéaliste pour suivre Rénald, mais pas assez courageux pour le défier. Un individu méprisable.
Rénald s’installa à une chaise et tira vers lui un parchemin vierge, une plume et un encrier. Il soupira pour se calmer et fit la même chose qu’il faisait chaque soir lorsqu’il le pouvait. Il commença à écrire.

« Cher Ethan, mon fils,
Bien que toutes mes précédentes lettres n’aient reçu aucune réponse, je t’écris encore ce soir pour supplier ton pardon et t’appeler encore une fois à mes côtés… »

Rénald écrivit jusqu’à recouvrir intégralement le parchemin d’encre, et ayant encore des choses à dire au fils qui le reniait depuis près de dix ans, il prit un autre parchemin et continua.

*
**

Maxime entra dans sa tente, ses joues ayant retrouvé leur couleur, mais la honte se lisait sur son visage. Il avait pris les dispositions nécessaires pour que ses hommes renforcent leur surveillance sur les traîtres, mais il aurait souhaité avoir à ordonner leur mort. Il ne comprenait pas les raisons qui poussaient son père à leur laisser la vie. Mais plus encore, il souffrait qu’il refuse de lui expliquer, de le mettre dans la confidence, qu’il continue de le traiter comme s’il n’était pas son fils. Allongée sur son lit, la silhouette d’une jeune femme bougea en l’entendant entrer. Lentement, Morgane sortit de son sommeil et se leva en voyant son mari revenir si tard dans la nuit, l’air si malheureux.

- Mon époux, qu’y a-t-il ? Demanda-t-elle d’une voix encore endormie, même si elle savait très bien ce qui faisait souffrir Maxime.

- Rien ma chère, je t’assure que tout va bien, tenta-t-il de la rassurer en souriant, ce qui lui donna un air encore plus malheureux. Comment va-t-il ? Murmura-t-il.

Morgane baissa les yeux, navrée, mais elle choisit de respecter le silence de son mari et se dirigea vers le berceau à côté de son lit. Le petit Rénald dormait paisiblement, sa couverture posée sur lui jusqu’au menton, un de ses petits bras potelé dépassant légèrement, son minuscule poing se fermant et s’ouvrant lentement dans son sommeil. Le visage de Maxime s’éclaira lorsqu’il regarda son fils, à peine âgé de quelques mois. Morgane l’avait rejoins quelques jours après l’accouchement, malgré l’avis de tous les médecins, mais la jeune femme était une force de la nature, elle était revenue depuis les terres de ses parents, en Aragon, pour que son époux puisse voir son fils. Elle regrettait seulement qu’il ait choisi comme nom pour leur premier né celui de son ignoble père.

- Il ressemble tellement à son grand-père, songea justement Maxime avec amour.

- Sûrement, répondit Morgane, qui trouvait plutôt qu’il ressemblait Maxime, ou bien refusait-elle de voir les traits de l’homme méprisable qu’était le Maître de l’Ordre sur le visage de son fils.

Elle savait quelle admiration vouait Maxime pour son père, bien qu’un tel sentiment ne soit ni mérité ni partagé. Elle ne s’était aventurée qu’une seule fois à essayer de le ramener à la raison, et c’était aussi l’unique fois où Maxime avait levé la main sur elle, lui qui était un époux si tendre et attentionné était entré dans une rage folle et l’avait giflée si fort qu’elle en avait presque perdu connaissance. Il s’était répandu en excuses, mais le mal était fait, Morgane n’était que trop consciente à présent du mal que Rénald avait infligé à son fils, et elle refusait qu’il en fasse autant avec son fils à elle. D’ors et déjà, il avait apposé sa marque sur lui, ils partageaient le même nom déjà, qui sait jusqu’où irait son influence à l’avenir ? Fort heureusement, pour l’instant, Rénald se fichait de son petit fils, il n’avait jeté sur lui qu’un rapide coup d’œil à leur arrivé, sa seule réaction fut un reniflement agacé. En pleine réunion militaire, peut-être ne s’était-il pas rappelé que la femme qui lui présentait un bambin était celle de son fils et donc, que ce petit était de son sang. Maxime lui n’avait rien vu, il était trop aux anges d’annoncer le nom de son fils devant tous les autres officiers pour se rendre compte du désintérêt total de son père.

- Il fera de grandes choses, tout comme lui, poursuivit Maxime en passant sa main au-dessus de la petite tête de son fils sans le toucher pour ne pas le réveiller.

- Je l’espère, répondit Morgane, en pensant le contraire. Viens-te coucher mon amour, je veux profiter de ta présence avant que la guerre ne te prenne à moi pour les prochains mois.

Maxime acquiesça distraitement, continuant de regarder son fils avec la même admiration qu’il avait pour son père. Au moins, songea tristement Morgane, aimera-t-il son fils aveuglément… Pour de mauvaises raisons, mais c’était préférable au désintérêt dont Rénald était capable envers sa progéniture.
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeDim 25 Sep - 12:46

Maxime le mal aimé MrGreen

Hé,hé,ça m'a motivé de te lire ce matin,j'en ai profiter pour terminer ma mission dans la foulée MrGreen
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeLun 26 Sep - 0:01

Les choses avancent, ça va commencer à devenir intéressant. Dans dix ans, on saura enfin l'issue de cette foutue campagne What a Face
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeLun 26 Sep - 19:36

Le-Nain a écrit:
Les choses avancent, ça va commencer à devenir intéressant. Dans dix ans, on saura enfin l'issue de cette foutue campagne What a Face

Tu t'avances un peu là, je ne veux pas que ton optimisme me mette trop la pression ! pale
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitimeLun 26 Sep - 19:53

Je pensais pourtant que mon estimation était quelque peu réaliste MrGreen
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MessageSujet: Re: La dernière campagne, le rassemblement   La dernière campagne, le rassemblement Icon_minitime

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