L'Ordre des Chevaliers Divins
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L'Ordre des Chevaliers Divins

L'Ordre des Chevaliers Divins regroupe nombre de soldats plus ou moins expérimentés mais se battant pour une cause juste, Dieu.
 
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 Ré-édition : "Infiltration, Libération, Evacuation"

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SquallDiVeneta
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SquallDiVeneta


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Votre Chevalier
Nom: Livio Daleva
Grade: Capitaine
Statut: En mission

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MessageSujet: Ré-édition : "Infiltration, Libération, Evacuation"   Ré-édition : "Infiltration, Libération, Evacuation" Icon_minitimeMer 17 Nov - 17:43

Le campement de l’Ordre était en proie à une agitation certaine. Quelques heures plus tôt, le Commandant Édouard de York avait exposé son plan de bataille à un comité restreint d’officiers qui, à présent, lançaient des ordres à droite et à gauche. Les préparatifs de la bataille devaient être achevés avant le lendemain soir, avant que l’armée ne se mette en marche à l’aube. Sclavo observait tout ceci avec une curiosité non feinte. Âgé de vingt-huit ans, il avait parcouru le monde, des rives orientales de la Méditerranée à Antioche, jusqu’aux ports du Sud de la France, louant ses services d’assassins ici et là. Mais jamais encore il n’avait vu une armée en pleine action. Jusqu’ici, il n’avait servi que pour le compte de marchands sans scrupules, pour des guildes légales, parfois non, allant jusqu’à offrir ses services aux maîtres voleurs d’Héraklion. Il avait aussi travaillé pour quelques seigneurs régionaux, mais jamais dans le cadre de leur armée.
Mais aujourd’hui, beaucoup de choses avaient changé et à présent, il était membre de l’Ordre des Chevaliers Divins. Sous ce nom pompeux se cachait en vérité une armée aux ambitions nobles, aux soldats disciplinés, et Sclavo avait l’occasion de la voir se préparer pour la bataille. Il avait assisté un jour à un combat entre deux armées lorsque plusieurs compagnies byzantines avaient rencontré une horde de Seldjoukides à la frontière de la Principauté d’Antioche. Il avait trouvé ce spectacle écœurant, un chaos troublant s’emparant des deux camps lorsque la mêlée s’était engagée après que les byzantins aient pourchassé longuement les cavaliers Seldjoukides qui les harcelaient de flèches à distance.
Mais là, en voyant les hommes se préparer, rassemblant armes, munitions, vivres et autres matériels, entendant les officiers donner leurs ordres avec leurs voix pleines d’autorité, Sclavo avait l’impression d’être face à une fourmilière géante. Toute cette activité le fascinait. Il y avait là un chaos en apparence, mais sous lequel se cachait une organisation d’une complexité extrême : Sclavo aurait aimé avoir l’autorité et l’ingéniosité nécessaire pour planifier tout ceci. Parcourant le camp en tentant de gêner le moins possible les hommes qui se précipitaient dans tous les sens, les bras chargés, aboyant des ordres, portant des missives. Certains équipés pour aller au combat, d’autres portant de simples tuniques, Sclavo regardait tout ce spectacle autour de lui en essayant d’en appréhender le sens.

Dans un espace dégagé destiné à ce but, plusieurs hommes s’entraînaient au combat, le tout supervisé par quelques instructeurs. La majorité des soldats étaient de nouvelles recrues, en rang, portant un équipement standard, une vouge et un bouclier. Les officiers se déplaçaient autour d’eux afin de leur enseigner comment former un mur de fer contre lequel les ennemis viendraient s’écraser inutilement le jour de la bataille s’il leur été ordonné de le faire. Les vougiers se mirent en formation serrée tandis que les instructeurs se mettaient à insulter copieusement les hommes qu’ils jugeaient ne pas être correctement placés ou étant trop lents.
A côté des nouvelles recrues, d’autres hommes s’exerçaient, individuellement ou par petits groupes. Sclavo s’arrêta quelques instants pour observer quatre hommes s’entraînant ensemble, notant une certaine ressemblance entre trois d’entre eux, probablement des frères ou des cousins. Drôle d’endroit pour une réunion de famille songea Sclavo. L’un portait l’insigne de lieutenant sur son épaule, un autre celui de sergent, tandis que les deux autres n’étaient encore que de simples soldats. Les gradés menaient clairement la danse face à leurs camarades, s’évertuant à les pousser à se dépasser. Cependant, l’adversaire du sergent semblait se débrouiller mieux qu’il ne le laissait voir, parant chaque attaque menée par son adversaire, pourtant muni d’une imposante claymore, tandis que l’adversaire du lieutenant quant à lui, semblait avoir bien du mal à tenir le rythme imposé par son instructeur. Soudain, le lieutenant attaqua avec violence, frappant de son épée le bouclier du jeune soldat avec une telle force que le jeune homme tituba avant que l’officier ne lui lance un coup de pied dans la poitrine, plus léger, plus une poussée qu’une attaque, mais projetant tout de même le soldat à terre.

- C’est vraiment pitoyable, s’exclama le lieutenant à l’encontre de son frère qui toussotait, tant à cause de la poussière qu’il avait soulevé en tombant, que par le coup qu’il avait reçu. Soldat Darhio, jamais de ma vie je n’ai vu une tête de mule pareille !

- Ça doit être de famille ! Ajouta le grand sergent qui avait cessé son entraînement avec le troisième frère, un léger sourire se formant sur ses lèvres.

- Combien de fois dois-je te le répéter Warren ? Poursuivit le lieutenant à son jeune frère, ignorant la boutade du sergent. Ne jamais baisser sa garde, même lorsque l’on voit une ouverture chez l’ennemi ; dans la moitié des cas, ce sera un piège destiné à te tromper ! J’en ai assez, jamais je ne réussirai à faire entrer quoi que ce soit dans ta petite tête. Avec un tel niveau, tu seras incapable de blesser le moindre ennemi lorsque le moment viendra, encore moins de le tuer.

- Quoique, en le lançant assez fort… Peut-être qu’il ferait un bon projectile pour une de nos catapultes ? Songea le sergent en frottant du doigt une de ses nombreuses cicatrices qu’il collectionnait sur son visage, faisant mine de réfléchir.

Cette remarque arracha tout de même un rire au lieutenant qui secoua la tête et finit par venir aider son frère à se relever, le félicitant tout de même pour les quelques progrès qu’il avait fait. Sclavo sentit un tiraillement au fond de lui, cette scène appelant quelque chose dans sa mémoire, mais il ne savait pas quoi. Cela provoqua en lui un élan de tristesse auquel il ne parvenait pas à trouver la source, mais elle était là. Soupirant, Sclavo reprit sa route, croisant toujours plus de soldats agités, se précipitant pour accomplir leur devoir.
Sclavo se mit à repenser à tout ce par quoi il était passé pour en arriver là. La mort de ses parents, assassinés par un marchand rival, leur navire brûlé au large, avec eux encore à bord. Son adolescence passée avec son mentor, ancien haschischin, l’ayant formé pour devenir une arme impitoyable… Le jour où il avait vengé sa famille en exterminant leur meurtrier ainsi que tous ses proches… Puis, la peine, la douleur, le remord. Cette mise à mort sordide ne lui avait procuré aucune satisfaction. Au final, ses parents étaient morts, il était seul au monde et avait le sang de nombreux innocents sur les mains, des gens qui n’avaient commis comme seul crime celui d’être trop proche de l’homme qui avait ordonné la mort de sa famille. Puis, l’errance, allant et venant en Europe, vendant ses services, tuant qui on lui ordonnait d'assassiner, ne connaissant plus que cette vie, jusqu’à ce que le remord se fasse trop fort, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus rejeter la faute de ce qu’il était devenu sur le meurtrier de ses parents. Il avait dû faire face à sa propre noirceur et se rendre à l’évidence, il était devenu un monstre par son seul fait, par ses propres choix. A la recherche d’un remède, d’une chance de se purger de ses fautes, il avait entendu parler de cet ordre naissant, cherchant à donner un peu plus de justice à ce monde, de rendre le quotidien des hommes un peu plus supportable en s’en prenant à ceux qui voulaient troubler la paix. Sclavo avait cherché ces chevaliers pendant des mois, avant de croiser leur route, dans leur marche vers Jérusalem à la frontière Hongroise. A présent, il était des leurs.

Un peu plus loin, un autre espace dégagé avait été aménagé au pied d’une grande croix plantée dans le sol, sous une bâche dépassant en hauteur la plupart des tentes voisines, formant ainsi une petite chapelle en plein air. A son pied, plusieurs soldats et officiers priaient tandis qu’un moine récitait des psaumes en latin. Bien que lui tournant le dos, Sclavo repéra un géant parmi les hommes, vêtu de noir, allant de paire avec sa chevelure châtain ternie par l’exposition aux intempéries. Le grand guerrier dépassait tous les autres chevaliers, même à genoux la différence de taille était évidente et lorsqu’il se redressa une fois la prière commune achevée, dépassant alors tous les hommes autour de lui d’une bonne tête, voir même deux de plus que le moine à qui il adressa quelques mots avant de s’éloigner. Il alla alors récupérer ses armes sur un râtelier destiné à recevoir les lames de ceux venus prier. Tout comme l’un de ceux que Sclavo avait observé à l’entraînement, le chevalier maniait une claymore. Sclavo observa le géant s’éloigner d’un pas sûr, semblant ne pas être gêné le moins du monde par son attirail en plus de sa longue cotte de maille, se dirigeant vers les écuries en saluant au passage plusieurs soldats avec de grands sourires. L’assassin s’imagina l’effet que cet homme déclencherait chez quiconque l’affronterait lors de la bataille à venir. Non seulement il était d’une taille peu banale, mais son épée de près de cinq pieds selon une rapide estimation, était probablement capable de couper en deux un cheval si son détenteur y mettait suffisamment de force. Sclavo ressentit un peu de pitié pour ceux qui auraient le malheur de croiser la route du colosse. Fort heureusement, au moins, il semblait sympathique…

Continuant son avancée vers la tente du Commandant Édouard de York où il avait été convoqué, Sclavo vit un officier en sortir en trombe. De taille moyenne, âgé d’une trentaine d’année et arborant une chevelure châtain claire, l’homme regarda Sclavo arriver au loin, le dévisageant et le jaugeant de la tête au pied avant de se diriger vers lui d’un pas rapide.

- Sclavo Daleva ? Demanda l’officier avec un certain agacement dans la voix, spécifique aux personnes pressées.

- Oui Sergent, répondit Sclavo en remarquant l’insigne sur son épaule.

- C’est Lieutenant, rectifia l’homme, semblant soulagé d’avoir trouvé Sclavo. Mais ne vous en faites pas reprit-il, c’est tout nouveau ! Je n’ai pas encore eu le temps d’accrocher cela à mon épaule, ajouta-t-il en ouvrant sa main droite et en montrant son contenu à Sclavo, une étoile dorée à ajouter à celle qu’il portait déjà sur l’épaule.

- Pardon, Lieutenant, se reprit alors Sclavo. Je crois que je suis un peu en retard…

- Oui, c’est le cas de le dire, approuva le Lieutenant avec un froncement de sourcils. L’autre agent sur cette mission vient tout juste de recevoir ses ordres et est déjà parti se préparer. Alors il va falloir que vous fassiez vite.

L’officier tandis à Sclavo une petite liasse de parchemins que l’assassin s’empressa de saisir et en déroula un au hasard. Il s’agissait d’une carte de la région, relativement bien faite, avec soin et précision, un cercle et une croix avaient été tracés à deux endroits à l’encre rouge. L’autre parchemin était une carte aussi, mais faite à la va-vite avec un morceau de charbon : Sclavo ne sut reconnaître ce qu’elle représentait, ne comprenant pas ce qu’il voyait. Une petite flèche surmontée d’un N lui indiqua le nord puis, Sclavo repéra quelques annotations au bout de flèches indiquant certains cercles et carrés. Apparemment, tout ceci était le plan d’un camp, les traits représentant des palissades, des carrés et des rectangles des tentes et bâtiments, tandis que des cercles représentaient des tours de gardes. Son incompréhension dut se voir sur son visage car le Lieutenant le regarda avec soupçon.

- Vous savez lire au moins ? Demanda-t-il. Votre dossier indiquait que oui… Si vous avez menti…

- Mon dossier ? Répéta Sclavo, renforçant probablement son air abruti pensa-t-il. Euh… Oui je sais lire, c’est juste que je suis surpris de recevoir des ordres écrits et des cartes, ce sont des biens très rares.

- Le Commandement s’efforce le plus possible de mettre par écrit les ordres de missions, de faire de nombreux rapports, des fichiers sur certains chevaliers intéressants, de faire des cartes... Enfin bref, on aime la paperasse ! S’exclama avec peu d’entrain le Lieutenant. Si vous devenez un jour un gradé, vous vous en rendrez vite compte… On reçoit des quantités astronomiques de parchemins par bateau venus tout droit d’Egypte. Si on mettait autant d’or dans l’armement que dans la fourniture de parchemins, l’Ordre pourrait conquérir l’Europe avant la fin de la semaine et nous pourrions tous rentrer chez nous ! Mais nous n’y sommes pas encore.

L’officier déroula un parchemin qu’il avait gardé en sa possession et le présenta à Sclavo.

- Ça, ce sont vos ordres de missions. Le Commandant Édouard de York souhaite que vous et un autre agent pénétriez dans le camp ennemi tandis que nous l’affronterons sur la plaine. Vous devez libérez l’un de nos hommes qui y est détenu, le Sergent Emmerick, un homme assez grand aux cheveux bruns. Il a une cicatrice sur la joue droite en forme de lune et s’exprime assez pompeusement… Il est membre de la petite noblesse anglaise. Et au passage, si vous pouviez éliminer le plus d’ennemis possible et pourquoi pas glaner quelques informations, cela nous arrangerait. Vous devrez vous dépêcher, car l’armée part dans deux jours à l’aube, ça vous le savez, et lorsque nous aurons mis en déroute le gros des forces adverses, une compagnie viendra raser le campement et elle ne fera pas dans la dentelle. Mais surtout, l’autre agent qui participe à cette mission a pour ordre d’éliminer le général ennemi resté là-bas et d’incendier le camp avant de prendre la fuite. Vu le caractère de cet homme, je ne pense pas qu’il prendra le temps de vérifier si vous et Emmerick êtes en lieu sûr avant de faire flamber le camp, alors soyez rapide et efficace.

Sclavo acquiesça et prit le parchemin que lui tendait le Lieutenant, se sentant finalement chanceux d’être arrivé en retard à la réunion. Cela lui avait évité au moins d’avoir à faire la connaissance de l’autre agent de l’Ordre qui semblait très… gentil…

- Si vous n’avez pas de questions, je vais devoir vous laisser Daleva, lui dit le Lieutenant qui avait l’air déjà très fatigué. J’ai eu une longue journée et elle risque de s’éterniser davantage vu la quantité de choses que j’ai à faire avant la nuit. Allez voir l’intendance et prenez ce qu’il vous faudra. Et dépêchez-vous si vous voulez rattraper votre retard sur votre collègue.

L’officier s’en alla d’un pas rapide, sortant de sa tunique un long, très long parchemin, qui devait être la liste de ses tâches à accomplir. Soudain, Sclavo se sentit une fois encore chanceux, il allait devoir infiltrer le camp ennemi aux côtés d’un malade sanguinaire, mais au moins, il n’avait que ça à faire pour les trois prochains jours.

- Au fait, je suis le Lieutenant Bertrand de Lorraine ! Ajouta l’officier en se retournant. Si vous revenez, vous devrez me faire votre rapport. Bonne chance.

Sclavo acquiesça en grimaçant, appréciant énormément le « Si vous revenez »…

*
**

Sclavo observait le campement rebelle au loin : un mince manteau de brume tapissait le sol de la plaine hongroise où se trouvait le camp. Au loin, le son de l’armée rebelle en marche ne lui parvenait presque plus, tout juste un vague son sourd très lointain. Sclavo avait étudié la carte de la région ainsi que celle du campement rebelle que De Lorraine lui avait donné. Sa plus grande interrogation sur le moment avait été de savoir pourquoi envoyer deux hommes seulement s’y infiltrer alors qu’un petit groupe d’élite pourrait en prendre le contrôle en très peu de temps ? Mais surtout, qui avait bien pu tracer cette carte ? Les rebelles n’étaient pas là depuis plus d’une semaine et à moins que le commandant des lieux ne s’amuse à semer les tracés de son camp à travers la campagne, ce qui était peu probable, Sclavo ne voyait pas trop comment l’Ordre avait bien pu se procurer ces plans. Et puis, tant qu’à être sur place, Sclavo aurait apprécié que celui où celle qui avait tracé ces cartes en ait profité pour ramener ce Sergent Emmerick qu’il devait récupérer… Se donnant un coup de pied au cul mentalement, Sclavo s’ordonna de cesser de se lamenter. Il voulait racheter ses crimes, se rendre utile et couper des gorges qui le méritaient : il était servi… Mais il ne pouvait s’empêcher de se demander si ça ne serait pas sa dernière occasion sur cette terre…

- Si vous revenez… Marmonna Sclavo en repensant aux paroles de Bertrand de Lorraine.

Sa meilleure chance de pénétrer dans le camp serait de passer par la moitié nord du mur ouest. C’était la portion de mur dont les tours étaient les plus éloignées étant donné qu’il n’y avait aucune porte à garder de ce côté-là. Sclavo se mit à avancer vers le camp, le dos courbé au maximum, se déplaçant vite et en silence entre les hautes herbes et les rochers qui parsemaient la plaine entre lui et le camp. Il n’était plus qu’à une vingtaine de mètres du mur en bois quand soudain, une voix le fit se plaquer face contre terre. Il ne pouvait pas déjà avoir été repéré ? Et ce n’était pas le cas. Lorsque Sclavo leva les yeux, il distingua vaguement deux hommes qui discutaient gaiement en haut du mur entourant le camp. Apparemment, le fait que leurs camarades soient partis au combat ne les troublait pas tant que ça et ils ne se sentaient pas menacés vu leur relâchement, une bonne nouvelle sans aucun doute.
Sclavo se mit à ramper très lentement entre les herbes, ne lâchant pas des yeux les deux vagues silhouettes dont les contours se faisaient plus nets à mesure qu’il avançait. Dans la brume, il était presque invisible tant qu’il était à l’arrêt ; sa cape grise couvrant sa tunique noire lui offrait un camouflage satisfaisant dans le brouillard et parmi les herbes. Hormis l’inconfort que cela entraînait, l’humidité rendant le sol légèrement boueux, salissant ses vêtements et le faisant grelotter, Sclavo se dit qu’il avait toutes les chances de s’infiltrer avec succès et qu’il avait choisi la meilleure voie.
Il atteignit finalement le pied du mur sans que les deux gardes, juste au-dessus de lui ne l’aperçoivent. Sclavo se redressa lentement et se plaqua contre le mur, attendant que les deux gêneurs partent. Enfin, des bruits de pas s’éloignant signalèrent qu’au moins l’un d’eux partait. Se reculant un peu pour mieux voir le sommet du chemin de ronde, il n’y vit plus qu’un seul garde qui semblait s’ennuyer ferme.
Le jeune vénitien prit le grappin pendant à sa ceinture qu’il s’était procuré pour sa mission et le lança pour qu’il aille s’accrocher en haut du mur. Une exclamation de surprise se fit entendre depuis le chemin de garde. Sclavo attrapa son arc avec célérité, encocha une flèche et fit un pas en arrière. Un visage surpris apparut au-dessus de lui. Comme il l’avait prévu, le garde avait voulu voir ce qui se trouvait en bas du mur. Cette erreur fut punie par une flèche entre les deux yeux, avant même qu’il n’ouvre la bouche. Son corps s’affaissa mollement et bascula en avant. Il atterrit aux pieds de Sclavo, qui au moins n’aurait pas à le jeter lui-même par-dessus le mur. Comme quoi, la nature était bien faite, tout corps mort tombait, et dans ce cas, du bon côté du mur.
Le jeune assassin escalada la corde prestement et arriva sur le chemin de ronde.

Il s’agissait à présent d’agir vite, vu la rapide description que De Lorraine avait faite de l’autre agent censé infiltrer le camp, il se pouvait très bien qu’il se soit déjà glissé à l’intérieur sans qu’il ne le remarque. C’était plutôt fâcheux en soit, l’agent devant tout incendier avant de partir et si Sclavo ne faisait pas assez vite, il allait devoir ramener au Lieutenant De Lorraine les cendres du Sergent Emmerick. Sclavo doutait que cela lui plaise, ça ne ferait très bonne impression pour une première mission. Ce risque n’était pas simplement le fait de l’imagination parfois cynique de Daleva. Selon les affirmations de certains autres chevaliers questionnés sur son compte, cet assassin n’était pas du genre à être bouleversé par les remords, comme par exemple, après avoir brûlé vif des centaines d’hérétiques et malencontreusement, deux collègues au passage.
Du haut du mur d’enceinte, Sclavo avait une assez bonne vue sur l’ensemble du camp. Il vit plusieurs rebelles qui patrouillaient dans le camp par groupes de trois, mais une bonne partie d’entre eux se trouvait au centre du camp, non loin de la tente de leur chef entouré d’une palissade. Ils se réchauffaient de la fraîcheur matinale autour d’un feu et semblaient bien occupés à se raconter des histoires qui semblaient désopilantes. Dommage que Sclavo ne comprenne pas la moitié de leurs langues, il aurait pu ramener quelques blagues à ses camarades et peut-être ainsi se rendre amical, ce qui n’était pas son domaine de prédilection en général.
Sclavo serait bien resté là, à observer les déplacements des patrouilles, mais les sentinelles postées au sommet des tours dans le camp devaient elles aussi avoir une vue imprenable sur lui. Sclavo jeta un coup d’œil en contrebas pour s’assurer qu’aucune patrouille ne s’y trouvait et descendit d’un bond. Le mur n’était pas bien haut mais il ne se réceptionna pas aussi souplement qu’il ne l’avait espéré, et ne put s’empêcher de basculer en arrière après que ses jambes aient absorbé le plus dur de la chute, atterrissant sur le derrière en jurant à mi-voix. Des voix s’élevèrent non loin de lui et Sclavo dut se dépêcher de se redresser et d’entrer en silence dans la tente la plus proche, sans avoir le luxe au préalable de vérifier si elle était vide. Par chance, aucun hérétique n’occupait les trois couchettes qui se serraient sous la toile où Sclavo devait se maintenir accroupi. Des ombres passèrent de l’autre côté du mince tissu qui couvrait l’entrée de la tente ; il aurait presque pu les toucher, mais ce n’était pas trop le moment de s’y amuser. Et finalement, les soldats passèrent leur chemin, poursuivant leur ronde sans remarquer à leurs pieds les deux profondes traces de pieds dans la boue qu’il avait faites en tombant, ainsi que la marque de son cul, un cul à présent gelé par le froid.

Ce moment de répit fut de très courte durée, car de l’autre côté de la tente, Sclavo entendit d’autres voix s’approchant. Jusqu’ici, il avait eu de la chance, mais une petite voix intérieure lui disait que cela n’allait pas continuer. Suivant son instinct, l’assassin sortit de la tente par le côté où il était entré juste avant qu’un hérétique n’y entre pour faire un somme. Sclavo se retrouva à nouveau sur le chemin entre l’amas de tentes et la palissade, se retrouvant à quelques mètres dans le dos de la patrouille qu’il avait esquivé quelques secondes plus tôt. Partant dans l’autre direction, longeant la palissade, le dos courbé au point qu’il avançait presque à quatre pattes, Sclavo s’en fuit le plus vite possible avant de s’apercevoir qu’une autre patrouille, progressant dans une allée perpendiculaire à celle qu’il traversait, allait bientôt croiser sa route. Encore une fois, Sclavo prit un risque, chose qu’il n’aimait pas en général, mais après tout, c’était de sa faute. S’il avait voulu une vie sans risque, il aurait planté des choux au lieu de devenir un honnête assassin... Plongeant dans la tente la plus proche, Sclavo s’accroupit à côté d’une couchette tandis que la patrouille dépassait son refuge.
Un ronflement fit sursauter Sclavo. Juste à côté de lui, un rebelle dormait d’un sommeil de plomb, la bouche grande ouverte, ses membres repliés sur lui afin de conserver sa chaleur. Décidément, Sclavo allait de surprise en coups de chances, il était tombé sur l’homme qui serait capable de dormir pendant un tremblement de terre, ou un raz-de-marée, et faire plus de bruit que lui en dormant. Saisissant cette occasion, Sclavo s’agenouilla près du dormeur et sortit une dague de sa botte. Il plaqua sa main sur la bouche du soldat, contact humide et répugnant car il bavait, tout en lui pinçant le nez avec son pouce, l’homme se réveilla et tenta de se débattre mais le contact froid de la dague contre sa gorge le ramena à la raison. Il ronflait fort, mais au moins, il avait l’esprit lucide dès le réveil.

- Je vais te poser quelques questions, mais si tu t’avises ne serait-ce de penser à appeler tes camarades… Murmura Sclavo en faisant une légère entaille au cou du rebelle, préférant laisser sa phrase en suspend, cela faisait plus d’effet, comme un commerçant attendant le dernier moment pour annoncer à combien se montait le prix de sa marchandise. Vous avez un prisonnier, je veux savoir où il est, s’il va bien et si quelqu’un le garde.

Sclavo retira lentement sa main, laissant le rebelle aspirer une longue bouffée d’air salutaire.

- Tous nos prisonniers sont dans la tente la plus au nord-est du camp, juste sous une tour de garde. On a deux hommes pour les surveiller mais…

Sclavo replaça sa main sur la bouche du rebelle pour le faire taire.

- Vous avez plusieurs prisonniers ? Je cherche un membre de l’Ordre des Chevaliers Divins, dit-il avant d’ôter sa main.

- Je ne sais pas qui vous cherchez mais nous avons des paysans que nos chefs voulaient vendre comme esclaves, ou bien des nobles qui auraient pu nous rapporter une rançon…Mais…

Sclavo retint l’hérétique de parler à nouveau en serrant à nouveau sa main sur sa bouche et en appuyant avec plus de fermeté le tranchant de sa dague sur son cou. Il n’aimait pas ce qu’il venait d’apprendre. D’autres prisonniers ? C’était vraiment fâcheux, Sclavo devait récupérer un seul homme, un soldat aguerri et capable qui ne l’aurait pas trop gêné, mais avec en plus de lui des civils innocents, Sclavo était face à un cas moral. Il ne pourrait pas récupérer Emmerick seulement, s’il était détenu avec les autres prisonniers, ceux-ci allaient crier, implorer pour qu’il les sauve aussi, attirant l’attention sur la tente où ils étaient captifs. Et puis, Sclavo voulait se racheter une conscience, ce n’était pas en abandonnant des innocents à la mort par les flammes qu’il trouverait plus facilement le sommeil la nuit.

- Combien sont-ils ? Demanda-t-il en libérant sa prise sur le soldat. Et surtout ne t’avise pas de me mentir…

- Pas plus d’une dizaine, je vous le jure ! S’écria l’hérétique, la peur inscrite dans son regard. Je vous ai dit ce que vous vouliez savoir… Je ne parlerai de vous à personne… Je vais rester là et faire comme si rien ne s’était passé ! Ayez pitié, je viens de Budapest, j’ai une famille !

- Ces gens que vous souhaitiez vendre comme des objets avaient eux-aussi une famille. Répliqua sévèrement Sclavo avant de lui trancher la gorge.

Tandis que l’hérétique se vidait de son sang en poussant des râles presque inaudibles, ses cordes vocales ayant été tranchées, Sclavo s’avança dans la tente et regarda vers l’extérieur, du côté qui donnait sur le cœur du camp. Il pouvait presque voir la grande tente où se trouvaient les prisonniers, mais entre elle et lui, un espace découvert qui lui semblait immense. Les rebelles étaient justement là, à rire autour de leu feu de camp, Sclavo allait devoir faire le tour afin de passer inaperçu… A moins de créer une diversion mais après quoi, il allait devoir agir très rapidement. Mais il risquait également de compromettre la mission de l’autre membre de l’Ordre.
Il ne devait pas prendre le risque d’être repéré, Sclavo sortit de la tente et se mit à avancer le long du mur d’enceinte en descendant vers le sud. Après avoir dépassé quelques tentes, il arriva sous une tour de garde, dont la sentinelle ne semblait pas prendre son rôle très à cœur, il lui semblait même qu’elle somnolait. Remerciant le ciel pour n'avoir laissé dans ce camp qu’une poignée de soldats tous plus fainéants les uns que les autres, Sclavo passa la tour sans faire le moindre bruit et arriva au niveau du mur sud. Une autre tour se trouvait juste à côté de la porte sud, Sclavo se cacha derrière une tente mais s’il ne pouvait être aperçu par le garde de cette tour, celui de la précédente, bien que somnolant, pouvait très bien le repérer. Il jeta un coup d’œil sous la tente derrière laquelle il se cachait et y entra prestement en voyant qu’elle était inoccupée. Seules s’y trouvaient quelques jarres contenant de l’huile et un râtelier d’arme qui avait dû accueillir des vouges avant que les soldats ne partent à la bataille. Des bruits de pas provoquèrent un réflexe chez Sclavo qui s’abaissa et cessa de bouger. Une patrouille passait juste à côté de lui, mais il révisa son jugement : il n’y avait qu’un seul homme, peut-être une sentinelle qui avait terminé son quart et qui quittait son poste pour aller prendre du repos.
Sclavo saisit sa chance, il sortit un bras de la tente et attrapa par le col l’hérétique qui ne s’y attendait pas, et passa son bras autour du cou de rebelle, l’entrainant avec lui sous la tente et se mit à serrer de toutes ses forces, étranglant la sentinelle qui se débâtait avec force. Sclavo n’avait cependant pas eu le temps de voir que l’homme faisait une bonne tête de plus que lui et que son cou était aussi épais que les cuisses de Sclavo. L’homme luttait en grognant, frappant des coudes dans les côtes de Sclavo qui eut presque le souffle coupé. Redoutant que le colosse lui échappe, l’assassin passa ses deux bras autour du cou de l’hérétique. L’homme se débattit avec plus de rage encore, titubant dans la tente qui servait de dépôt, heurtant les tonneaux, les râteliers et les poutres qui tenaient en place l’édifice. Bientôt, tout le campement serait alerté tant ils devaient faire de bouquant pensa Sclavo. Paniqué, l’assassin souleva ses pieds du sol, qui de toute manière le touchaient à peine, le colosse le portant pratiquement dans son dos. Sclavo cala ses genoux presque au niveau des omoplates du rebelle et poussa pour donner encore plus de force à sa prise et tirer la tête de l’homme qu’il tentait d’étouffer en arrière. Il pouvait presque entendre les cervicale qui commençaient à craquer, cela aurait pu être tellement simple avec son poignard, mais il devait faire ça proprement. L’hérétique tomba à genoux, se débattant plus faiblement, manquant de plus en plus d’air, ses mouvements se firent plus lents et plus faibles, puis d’un coup, il s’écroula face contre terre, entrainant Sclavo dans sa chute. Sclavo continua de serrer le cou de son adversaire pendant une dizaine de secondes puis relâcha le corps sans vie en poussant un soupire magistral.

Tendant l’oreille, s’attendant à chaque instant à entendre des hurlements et des hommes se ruer vers sa position, Sclavo attendit, puis, constatant que visiblement, sa lutte était passée inaperçue, il s’autorisa quelques instants pour frotter son corps qui devait être couvert de bleus à présent. Sclavo ôta sa cape et la jeta négligemment sur l’une des jarres à côté de lui et retira les vêtements de l’hérétique qu’il enfila par-dessus sa tunique, et ce ne fut pas avec joie qu’il le fit. Sclavo tenait beaucoup à sa cape et en plus, la tenue du défunt puait la transpiration et l’alcool. De plus, les vêtements du colosse ne lui allaient pas du tout, beaucoup trop larges pour lui, le plus flagrant était le pantalon qui trainait pitoyablement par terre. Sclavo dut retrousser ses manches ainsi que le bas de son pantalon et rentra sa chemise en loque dedans et attacha le tout à l’aide d’une corde trouvée dans un coin de la tente.
Il avait l’air d’un misérable mendiant, mais c’était un bon moyen pour se faufiler à travers le camp en passant le plus inaperçu possible. Rares étaient les rebelles portant un véritable uniforme ou une armure. Le plus souvent, ils portaient une cuirasse de cuir, mais dans la grande majorité, ils portaient des tenues disparates souvent sales et déchirées. Une fois les habits puants et poisseux enfilés, Sclavo sortit, laissant derrière lui le corps quasiment nu de sa victime avec juste sa cape pour le couvrir, en partie, puisque ses jambes dépassaient tant l’homme était grand.
Sclavo traversa le camp droit vers la tente où étaient supposés se trouver les prisonniers, se montrer prudent et avancer discrètement aurait paru trop suspect, mieux valait donc se montrer détendu et sûr de lui. Sclavo espérait seulement ne pas tomber sur l’autre membre de l’Ordre qui n’hésiterait pas à lui trancher la gorge s’il le surprenait seul. Il doutait de pouvoir le convaincre de sa bonne foi avant d’être égorgé. De plus, Sclavo devait marcher vite, tout en faisant garde à ce que ses vêtements trop grands ne se déplient, là où il avait fait des ourlets de fortune. Il aurait pu tenter de subtiliser une tenue plus à sa taille, mais le temps lui manquait et il préférait ne pas prendre à nouveau le risque d’une confrontation avec un autre hérétique.
Sclavo passa à quelques mètres des renégats qui ripaillaient autour de leur feu, c’est à peine s’ils posèrent un regard sur lui, il poussa un soupir de soulagement intérieur et arriva enfin devant la tente où devait se trouver les prisonniers. Le garde n’avait pas menti, il y avait trois hommes qui gardaient les prisonniers, attachés par les poings avec d’épaisses cordes à une poutre de bois au milieu de la tente. Des pieux maintenaient la poutre dans le sol pour ne pas que les prisonniers soient tentés d’unir leurs forces pour soulever le lourd tronc d’arbre auquel ils étaient attachés. Ils étaient huit, cinq hommes et trois femmes, tous vêtus en haillon afin qu’on les distingue aisément des soldats. L’un des hérétiques vêtu de mailles vociféra quelque chose mais Sclavo n’en saisit pas un traître mot, ça avait l’air d’un langage du nord, peut-être une langue germanique.

- Le Capitaine t’as demandé ce que tu voulais, t’es sourd ou juste stupide ? Traduisit en Italien l’un des soldats qui semblait avoir deviné que Sclavo ne comprenait pas la langue utilisée, et devinant ses origines latines en voyant les cheveux foncés de l’assassin. Tu n’as rien à faire là.

- Capitaine ? Répéta Sclavo avec un léger sourire, voila qui pourrait être utile à l’Ordre.

L’un des gardes s’approcha de Sclavo, l’air visiblement méfiant, mais cette expression disparut très vite, remplacée par la surprise et la douleur lorsque Sclavo dégaina son cimeterre d’un geste brusque et lui trancha la gorge. Le Capitaine s’apprêta à hurler mais Sclavo se jeta sur lui et le frappa à la tempe avec la garde de son arme. Le Germain s’effondra sans même pousser un gémissement, le dernier rebelle s’apprêta à attaquer Sclavo, mais l’un des prisonniers qui avait les jambes libres lui donna un coup de pied derrière les genoux, le faisant tomber à terre. Sclavo le réduisit au silence avant qu’il ne puisse se relever.
Proprement et en silence se félicita Sclavo. En plus, il ne s’était pas prit les pieds dans son froc, ce qui aurait été embarrassant devant les prisonniers. Le Capitaine remuait légèrement par terre, jurant à mi-voix dans sa langue incompréhensible, Sclavo devinait qu’il s’agissait de jurons vu le ton qu’il y mettait. Il alla lui aussi le réduire au silence mais d’un coup de pied en plein visage.
Sclavo eut la joie de voir que les prisonniers avaient eu la bonté de ne pas se répandre en louanges ou en suppliques bruyantes qui auraient attiré les gardes, ils étaient conscients qu’ils devaient se faire discrets. Sclavo reconnut l’homme qu’il devait sauver, repérant la cicatrice particulière d’Emmerick. Il n’avait pas l’air d’être en trop mauvais état, tandis qu’il coupait ses liens, Sclavo lui expliqua qui il était et pourquoi il était ici.
Les autres prisonniers commencèrent à s’agiter, certains comprenaient manifestement le français et avaient traduit à leurs camarades que sa mission n’avait pour but que de sauver Emmerick, et qu’eux allaient rester ici. Cependant, Sclavo s’y refusait, il avait rejoint l’Ordre des Chevaliers Divins pour racheter ses crimes, non pas pour en commettre d’autres en laissant des innocents périr dans les flammes qui allaient bientôt ravager le campement. De plus, il voulait rapporter le Capitaine rebelle à ses supérieurs et il doutait qu’il se montre coopératif et descendant le mur par la corde avec laquelle il s’était infiltré, il allait avoir besoin de bras supplémentaires.

Sclavo demanda à Emmerick de détacher les autres prisonniers et d’armer ceux qui étaient en état de se battre avec les armes des gardes tout en gardant un œil sur le Capitaine qui commençait déjà à reprendre ses esprits. Sclavo sortit de la tente et refit le chemin inverse, traversant encore une fois le camp dans sa diagonale. Les jarres d’huile, s’il y mettait le feu, il aurait une belle diversion pour s’enfuir sans attirer trop l’attention sur lui et les prisonniers pendant qu’ils s’échapperaient par la porte nord à l’autre extrémité du camp. Sclavo arriva à la tente où il avait laissé le cadavre du rebelle à qui il avait emprunté son uniforme. Il n’y avait que deux jarres d’huile, ce ne devait pas être la réserve principale, il pouvait donc la sacrifier sans rendre impossible la mission de son collègue, il espérait juste qu’il ne lui en voudrait pas trop d’avoir en partie gâché sa mission… Tout de suite, Sclavo sut que oui, l’autre assassin allait beaucoup lui en vouloir.
Par chance, il y avait une torche devant la tente, il s’en saisit et renversa les deux jarres qui répandirent leur contenu sur le sol et le corps. Sclavo sortit de la tente de l’autre côté, celui qui donnait sur le mur d’enceinte et jeta la torche à l’intérieur, l’huile s’enflammant immédiatement. Des flammes s’élevèrent et embrasèrent presque toute la tente d’un coup. Sclavo s’en éloigna rapidement, presque en courant tandis que des hurlements retentirent dans tout le camp, des rebelles accourraient de tous les côtés et se massaient autour de l’incendie, sans savoir quoi faire. Sclavo repassa par le centre du camp en espérant ne pas attirer l’attention des hérétiques, il arriva juste devant la tente des prisonniers, mais derrière lui, un rebelle le regardait étrangement, Sclavo lui rendit son regard et vit ce qu’avait remarqué l’hérétique. Du sang maculait l’une de ses jambes, il avait dû recevoir des projections lors de son combat. Sclavo entra dans la tente et ordonna à tous de se préparer à sortir et de le suivre, ceux qui ne comprirent pas devinèrent que les choses allaient se gâter. Le Capitaine avait été bâillonné avec un morceau de tissu et ses mains étaient liées par une corde qui, il n’y a pas si longtemps, maintenait prisonnier un innocent. Tous sortirent en même temps, presque tous les hérétiques étaient à l’autre bout du camp à observer impuissants le brasier qui commençait peu à peu à s’élever dans le ciel et s’étendait aux autres tentes. Au moins se dit Sclavo, l’autre membre de l’Ordre aurait moins de travail… Même s’il savait pertinemment que cela le rendrait surement furieux.
Mais l’hérétique qui l’avait regardé était toujours là. Sclavo prit son arc et décocha une flèche aussi rapidement que possible. Le rebelle avait eu le temps de hurler pour prévenir ses compagnons. Malheureusement pour lui, son cri se perdit parmi ceux des autres hérétiques et la flèche de Sclavo l’atteignit en plein cœur. L’homme s’écroula sans que ses camarades autour de lui ne lui prètent attention, tous occupés à se ruer vers les réserves d’eau afin de tenter de stopper la progression des flammes qui venaient de rencontrer manifestement une autre réserve d’huile, une énorme colonne de feu s’élevant dans le ciel lorsqu’une tente fut touchée par l’incendie.
Les prisonniers menés par Emmerick et Sclavo se précipitèrent vers la porte nord, maintenue fermée par une poutre qu’ils n’eurent aucun mal à retirer. Les portes s’ouvrirent et les prisonniers commencèrent à détaler comme des lapins vers la liberté, les deux hommes du groupe portant le Capitaine rebelle aussi, Emmerick restant à proximité au cas où le prisonnier n'eut tenté de se libérer. Mais leur fuite n’était pas longtemps passée inaperçue, des rebelles hurlaient et les pointaient du doigt. Déjà, certains couraient vers eux, mais ils étaient loin. Sclavo resta à la porte, brandissant son arc et décochant ses flèches sur les hérétiques. Il en abattit quatre avant que les autres ne soient trop près et qu’il ne prenne la fuite à son tour.

Il courut aussi vite que possible et rattrapa Emmerick et les autres prisonniers ainsi que le Capitaine rebelle qui semblait fort contrarié, au moins, on ne pouvait pas dire que Sclavo rentrait les mains vides. Mais la route était encore longue vers le campement de l’Ordre des Chevaliers Divins. Sclavo et les autres se mirent en marche, abandonnant derrière eux le camp des rebelles d’où une fumée noire commençait à s’élever. Fort heureusement, les rebelles ne semblaient pas vouloir les poursuivre, trop occupés à regarder leur camp partir en fumée. Très bientôt, ils auraient également à se soucier de la cavalerie de l’Ordre qui ne tarderait pas à passer par là pour en finir avec les restes de l’armée rebelle.
Sclavo se mit à repenser au Lieutenant De Lorraine et à son fameux « Si vous revenez... ». Oui, Sclavo revenait et il en remercia le ciel, même s’il se demandait avec appréhension si l’officier allait lui ordonner de mettre tout cela par écrit…
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Le-Nain
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MessageSujet: Re: Ré-édition : "Infiltration, Libération, Evacuation"   Ré-édition : "Infiltration, Libération, Evacuation" Icon_minitimeLun 22 Nov - 1:36

J'ai lu un petit bout et c'est excellent. Ça fait quand même bizarre de retrouver Sclavo... sinon j'ai l'impression que Livio, avec du retard, suit la même évolution que son frère jusqu'à même vouloir racheter ces fautes ?

Pas mal aussi la référence aux frères Darhio Smile
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