L'Ordre des Chevaliers Divins
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L'Ordre des Chevaliers Divins

L'Ordre des Chevaliers Divins regroupe nombre de soldats plus ou moins expérimentés mais se battant pour une cause juste, Dieu.
 
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMar 20 Avr - 5:03

Sanctuaire des Tréfonds, 9 novembre 1152

La Mère Noire restait silencieuse, assise sur son trône décoré d’ossements. La jeune fille âgée d’à peine quinze ans présentait déjà quelques signes de maturité dans ses traits. Son visage était dur, surmonté de hautes pommettes et d’yeux en amandes renforçant son air de sévérité tandis que son corps fin et souple commençait à se former, bien que ce dernier détail soit difficile à remarquer, tant Carole Sopraluk portait de lourdes étoffes de soie, teintes en noir.
Constamment droguée et maintenue à l’écart du monde, vivant dans sa chambre située dans le Sanctuaire des Tréfonds, sa peau était d’une pâleur maladive et ses yeux aux pupilles dilatées ne supportaient plus le soleil. Cependant, il n’y avait nul besoin pour qu’elle sorte, qu’elle vive en dehors du monde dans lequel elle était confinée. Son unique rôle, son devoir, était de servir d’intermédiaire entre la Main Noire, les cinq dirigeants des Ombres, et Sithis, leur Dieu païen, père de la terreur, du chaos et accessoirement de la folie.
Bien que les Ombres ne puissent exister sans la Mère de la Nuit, le rôle de cette dernière était très aléatoire selon les prétendantes au titre. Certaines jeunes femmes n’avaient jamais ouvert la bouche lors de leur règne, laissant au Grand Dévot, le chef de la Main Noire, la régence de la confrérie. D’autres s’étaient avérées être des guides inconstants, tantôt silencieuses, comme en transe, durant de long mois, avant d’entrer dans des périodes de forte agitation. Certaines avaient tenté d’échapper à leur demeure, celles-ci avaient rapidement été évincées, leurs ossements décorant à présent la Chambre où avait lieu les conseils. D’autres en revanche répondaient parfaitement aux attentes de leurs sujets lorsqu’elles sortaient de leur torpeur, agissant en véritable souveraine de leur peuple d’assassins, ordonnant, dictant la volonté de leur maître à tous. Ces reines sombres étaient très appréciées.

Mais Carole, qui fut autrefois la fille de Louis Sopraluk, ancien Grand Maître de l’Ordre des Chevaliers Divins, était d’un tout autre genre. Elles n’avaient été qu’une poignée à être des souveraines de la sorte, des reines qui bouleversaient l’histoire de la Confrérie à chacune de leur apparition. La Mère Noire actuelle était passée par une longe période de catatonie à son arrivée au Sanctuaire. Celle-ci avait duré près de cinq ans, cinq années où le Grand Dévot de l’époque, Aldrïm Vassaï, avait dirigé la Confrérie, cinq année où la jeune fille avait été nourrie de force, lavée et habillée par ses serviteurs, dans l’espoir qu’un jour elle devienne leur guide.
Certains parmi les assassins préconisaient que l’on élimine celles qui refusaient d’obéir à leur destinée, mais d’autres s’étaient très vite rendus compte qu’un certain temps d’adaptation aux drogues et à leur nouvel environnement était nécessaire aux fillettes afin de pouvoir assimiler leur rôle et entrer en communion avec Sithis. Ainsi, Carole avait été épargnée. Arrivée sur le trône macabre à son sixième anniversaire, elle n’avait ouvert la bouche qu’à ses onze ans, lorsque, lors d’une réunion de la Main Noire, elle avait réclamé que les Ombres exterminent les moines d’un monastère non loin de Rennes. Il s’était avéré que ces moines cachaient dans leur domaine quelques chevaliers s’étant fixé comme but d’éradiquer les Ombres.
Depuis, nul n’avait plus remis en question le jugement de la Mère Noire qui s’était avérée être une guide très prolifique, participant activement à la politique de la Confrérie. Sa volonté était respectée, ses ordres suivis à la lettre et son courroux était craint de tous. Beaucoup s’accordaient à dire qu’elle était très certainement l’une des Mère Noire les plus puissantes qu’il n’y ait jamais eu. Cependant, depuis la mort de celui qui fut son père autrefois, la jeune fille s’était murée dans un silence impénétrable, refusant de prendre part aux conseils et ignorant les questions de la Main Noire. Les Ombres appelaient cela une période de sommeil, phénomène connu depuis longtemps chez certaines de leurs reines qui demeuraient muettes mais pas totalement fermées au monde extérieur, se mouvant normalement, se nourrissant et écoutant même parfois les conversations autour d’elles. Parfois même, certains membres de la Main Noire qui les côtoyaient très régulièrement les surprenaient à les observer.

Aujourd’hui, la Main Noire s’était réunie dans la Chambre, la grande salle de réunion de leur petit comité, situé au plus profond du Sanctuaire des Tréfonds, juste devant la porte des appartements de la Mère Noire. Cette grande salle plongée dans la semi-obscurité, à peine éclairée en dehors de quelques torches réparties sur les murs, formait un cercle autour d’une fosse où parfois certaines personnes étaient appelées à se présenter face à la Main Noire et à la Mère Noire, volontairement ou non. Aujourd’hui cependant, cette réunion se faisait en comité restreint : les cinq membres de la Main Noire, revenus en France à l’occasion de la mort de Sopraluk, étaient réunis face au trône de la Mère Noire. Cette dernière était déjà présente lorsqu’ils s’étaient rassemblés là, cloitrée dans son silence comme à l’accoutumée depuis des mois. Le Grand Dévot actuel, Herman Strausser, un flamand de bonne taille, présidait la réunion comme d’ordinaire, faisant office d’arbitre.
Carole avait été depuis quelques années une dirigeante très avisée et active mais son silence inopiné avait plongé la Confrérie dans une certaine confusion. La régence avait été longue à mettre en place mais à présent, Herman était prêt à reprendre les rennes du pouvoir, et Vicente Valtiery, l’un des Bourreaux, était certain que le Grand Dévot en était ravi.

- Ainsi, la séance peut débuter, annonça pompeusement Herman en écartant les bras, se sentant probablement obligé de montrer qui dirigeait cette « séance » en faisant de grands gestes absurdes, pensa Vicente. Frère Abissail, je vous laisse la parole puisque vous êtes celui qui a souhaité que cette réunion soit tenue.

Le « frère » en question remercia le Grand Dévot d’un signe de tête et s’éclaircit la gorge, inutilement jugea Vicente. L’accent de cet imbécile arrogant rendrait tout aussi incompréhensible son discours que s’il l’avait prononcé avec un pain entier dans la bouche.

- Mes frères, commença Abissail, un Bourreau originaire de Castille mais dont l’accent ne semblait provenir d’aucune partie du monde civilisé connu tant il était affreux, la situation de notre confrérie est des plus préoccupantes. Depuis que notre maîtresse est en sommeil, nous avons eu beaucoup de mal à préserver l’harmonie au sein de notre famille…

Vicente, dont la diplomatie était son arme la plus affutée, se retenu de s’esclaffer. Abissail était un idiot de la même espèce que Strausser, ne devant son rang qu’à la chance et à une sournoiserie que même un assassin trouvait honteuse. Ces hommes là se faisaient passer pour plus faibles qu’ils ne l’étaient afin de ne pas s’attirer plus d’ennemis qu’ils ne pouvaient en combattre et afin de se faire plus d’amis qu’ils ne le méritaient. En cela, Vicente ne les condamnait pas, proclamer haut et fort sa force était l’équivalent d’un suicide dans leur famille si spéciale. Ceux qui se sentaient menacés parmi les Ombres par de nouveaux arrivants trop puissants se liguaient en général afin d’abattre tout ennemi potentiel. Mais Abissail et Strausser s’étaient en plus de cela liés à des assassins de haut rang afin d’être privilégiés et protégés par ceux là, avant de trahir leurs protecteurs une fois suffisamment de soutiens récoltés au sein des sanctuaires. Chercher l’aide d’assassins plus fort était un procédé courant, mais il existait un code d’honneur parmi les Ombres, et ce code désapprouvait fortement qu’un assassin se retourne contre son bienfaiteur par simple ambition.
Si un protecteur cherchait à éliminer un de ses protégés devenant trop puissant, le dit protégé était en droit de se retourner contre lui. Mais en dehors de cela, les Ombres jugeaient que les assassins devaient faire preuve d’un minimum de loyauté au sein de la famille. Ainsi, Abissail et Strausser s’étaient taillés un chemin vers les hautes sphères du pouvoir des Ombres à coup de traitrises et de basses manœuvres. Lors de leur ascension, ces deux là avaient d’ailleurs éliminé l’un des protecteurs de Vicente, l’homme qui d’ailleurs avait scellé dans le sang le pacte conclu avec Louis Sopraluk, pacte rompu à présent.
Cette harmonie qu’Abissail disait avoir été si difficile à maintenir, il l’avait imposé en massacrant une bonne partie de ses hommes qui avaient tenté de se rebeller contre lui. Lorsqu’une Mère Noire plongeait en sommeil, les assassins y voyaient une occasion inespérée de profiter de la confusion afin de progresser socialement…

- …de plus, poursuivit Abissail, la Main Noire n’a toujours pas déterminé quelle sera notre prochaine manœuvre. L’heure du Don du Sang approche, durant des années nous avons servit l’Ordre, nous devons à présent achever le rituel afin de permettre qu’un nouveau cycle commence. Combien de temps encore devrons-nous faire semblant de servir les intérêts de Rénald ? Chaque jour il exige plus de nous, meurtres, espionnage, raids et chacun de ses ordres est une insulte.

- Je comprends votre frustration… frère… répondit Vicente, en ne pouvant s’empêcher de ressentir une irrépressible envie de vomir en appelant cet homme « frère », mais nous devons encore nous armer de patience. Croyez-moi, tout se déroule comme selon nos plans. Avec Rénald à sa tête, l’Ordre va droit au carnage, les dissensions ne tarderont plus à éclater et il sera plus aisé encore d’accomplir le Don du Sang. Tôt ou tard, un déferlement de haine balayera l’Ordre et nous n’aurons plus qu’à nous pencher pour achever les survivants. Plus le sang coulera, plus la soif de notre Père sera étanchée. N’oubliez pas, le Don du Sang n’a plus été accompli depuis un demi-siècle, celui-ci doit être mémorable. Notre heure approche, nous avons servit l’Ordre, nous avons infiltré ses rangs, nous connaissons ses forces et ses faiblesses. Nous serons donc en mesure de l’éradiquer lorsque le moment sera venu.

- Qu’en est-il de Kaujan ? Demanda Vassili, le Bourreau responsable du sanctuaire scandinave, un frère que Vicente appréciait beaucoup plus : calme, pertinent et impitoyable. Mes agents pensent qu’il se cache non loin d’ici, dans les rangs de l’Armée Tiberiènne.

- Kaujan n’est qu’une simple aiguille dans notre pied, protesta Abissail en balayant la question d’un revers de main. Il n’a aucune importance.

Vicente leva les yeux au ciel, cet imbécile ne se préoccupait donc que de sa personne ? Si c’était son sanctuaire qui avait été souillé autrefois par un traître, le discours d’Abissail aurait été différent. Kaujan avait été autrefois l’un des Bourreaux des Ombres, un de ses dirigeants, avant de disparaître dans la nature après avoir massacré les siens. Il était un ennemi des Ombres, un de la pire espèce : un paria, un traître… il avait renié sa famille, volé ses secrets et fait coulé le sang de ses frères.

- Et s’il parvenait à ses fins, le considéreriez-vous toujours comme une simple aiguille ? Demanda Vicente avec sarcasme.

- Ce ne sont que superstitions ! Répliqua Abissail avec agacement, son énorme égo ne lui permettant pas de supporter la moindre contrariété. Kaujan s’est lancé à la poursuite d’une chimère, qu’il perde son temps et son énergie à la recherche de ces livres et artefacts, pendant ce temps, nous devons nous émanciper de l’emprise de Rénald. Peu m’importe son stupide rituel !

- Vos paroles frôlent de très près le blasphème « frère », le menaça Vicente avec un sourire cruel. Prenez donc garde à ce qu’elles ne dépassent pas vos pensées, sinon je me verrais dans l’obligation d’y mettre un terme.

- Vous n’oseriez pas ! S’exclama soudain Abissail, cachant difficilement son effroi, reculant d’un pas lorsque la main droite de Vicente s’approcha dangereusement d’un pli dans sa tunique où il cachait ses lames.

- Je ne m’y opposerais pas, annonça Vassili, heureux de voir trembler son rival face aux menaces de Vicente.

- Moi non plus, ajouta Anne Dalassa, jusque là restée silencieuse, le Bourreau du sanctuaire de Jérusalem.

Face à ces trois membres de la Main Noire, prêts à le mettre à mort s’il prononçait encore un mot contrariant Vicente, Abissail décida de battre en retraite. Baissant son regard vers le sol, contrôlant sa rage et sa frustration, mais surtout craignant pour sa vie. Vicente jubila face à cette couardise et à la pensée qu’il ne faudrait plus beaucoup de temps pour que cet homme soit renversé par un assassin plus fort et moins couard.

- Vous faites honte à notre Père, Abissail… Murmura brusquement la Mère Noire…

Tous les regards se braquèrent vers la jeune fille qui venait de prononcer ces mots en un souffle. Sortant de son mutisme, la Reine des Ombres leva un regard vide vers l’assassin qui tomba à genoux, tremblant sous le poids de ces yeux presque entièrement noirs le fixant.

- S’il vous reste un peu de fierté, donnez-vous la mort sur le champ, Abissail... ou bien devrais-je donner à Vicente le plaisir de vous tuer ?

L’homme eu un moment d’hésitation, la peur inscrite dans son regard, mais lorsque Vicente s’approcha de lui, brandissant entre ses doigts une dague à l’aspect peu engageant, le condamné saisit lui-même un couteau et se redressa brusquement, la pointant sur la frêle jeune fille. Celle-ci ne fit pas le moindre geste, continuant d’observer l’homme en proie à la panique, puis, avec une lenteur infinie, la Mère Noire se leva de son trône et s’avança. Aucun de ses sujets ne s’interposant entre elle et l’homme qui la menaçait. En quelques pas, elle fut presque tout contre Abissail, l’homme faisant plus d’une tête de plus qu’elle.

- Allez-y Abissail, poignardez-moi, murmura la jeune fille de sa voix douce. Arrachez-moi à cette demi-vie… Faîtes donc preuve de bravoure pour une fois dans votre pitoyable existence… Ou bien… est-ce là ce dont vous avez toujours rêvé ? Depuis toujours, vous avez souhaité cela, me poignarder, me pénétrer… faire couler mon sang, tentant de montrer une force que vous ne possédez pas. Ce désir bestial irrépressible, un désir faible et compulsif, vous en avez envie n’est-ce pas ?

Vicente observait avec la scène fascination. Plusieurs Mères Noires avait été assassinées par des membres de la Main Noire au cour de l’existence de la Confrérie, cela pouvait très bien se reproduire, et en aucun cas il ne l’empêcherait si c’était là la volonté de Sithis. Avec une délicatesse sensuelle et perverse, Carole apposa sa main sur la poitrine d’Abissail, comme une caresse amoureuse. L’homme se mit à trembler et le couteau qu’il tenait toujours fermement lui échappa des doigts, tombant sur le sol de pierre noir.

- Mais vous ne le ferais pas n’est-ce pas ? Vous n’avez pas assez de force, pas assez de volonté… alors si vous n’en avez pas le courage… obéissez.

Lentement, la jeune femme s’accroupit et ramassa l’arme qu’elle lui tendit délicatement. L’homme s’en saisit difficilement, ne parvenant à calmer ses tremblements, sous le regard de ses frères, et après avoir poussé une plainte pitoyable, se l’enfonça en plein cœur. La Mère Noire s’écarta d’un pas souple, laissant le corps s’effondrer là où elle se trouvait quelques instants auparavant.

- Voilà Abissail, même dans la mort vous m’avez déçu…tant pis. Dit-elle de sa petite voix. Mes enfants, l’heure approche, mais pas pour notre famille. Kaujan est proche, si proche du but. Notre Père hurle dans les ténèbres et vous ne l’entendez pas, le Traître est sur le point de s’emparer de notre Force, il va accomplir son rituel si nous ne l’en empêchons pas.
Le Don du Sang doit s’accomplir, l’Ordre doit périr. Commencez à récolter les âmes de nos anciens maîtres, Rénald a des yeux et des oreilles partout, faîtes comme il a été dit.

-Et… pour Kaujan ? Demanda Vicente en constatant que la Mère Noire n’en disait pas plus à ce sujet.

- Kaujan ne peut être arrêté par notre influence… ceci doit être accompli par un autre, un être pur. Nous ne pouvons que retarder son ascension. Empêchez les toulousains de progresser jusqu’à Castelfort, c’est là où se trouve le dernier artefact dont a besoin Kaujan. Il a les connaissances, il a le Corrompu, il ne lui manque plus que le Juste. Je le sens, je le sens dans ma tête, dans mon corps, dans mon sang… Il les a, il se prépare à se venger sur le monde… S’il parvient à ses fins, tout ne sera plus que ténèbres et sans lumières, les ombres ne peuvent exister…
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMar 20 Avr - 5:38

Duché de Béziers, Collines des Loups, 9 novembre 1152

Le Connétable Charles de Bretagne observait le champ de bataille. Après une semaine de combats, les troupes toulousaines se repliaient, laissant derrière elles près d’un millier des leurs, tombés au combat, lors de ce qui aurait dut être le dernier assaut contre les troupes ducales. Daniel Romirier, Chevalier de Narbonne et petit-fils du Baron de la cité du même nom, se tenait aux côté du vieux général, observant le repli lent des armées ennemies. Depuis le début de cette guerre, le jeune homme avait combattu les toulousains, tentant de ralentir leur progression de toutes ses forces à la tête des quelques soldats qu’il avait réussi à rassembler.
Deux semaines auparavant, Toulouse avait pénétré les terres de Béziers, trois mille hommes marchant librement dans les rues de la capitale du Duché, traversant ses champs, brûlant villages et fermes, violant, pillant et massacrant la populace sur son passage. Jusqu’à l’arrivée du Connétable, les armées ducales n’avaient connu que la défaite, mais avec Charles pour les appuyer, tout avait changé.
Retranchés dans les Collines des Loups au sud du Duché, les troupes de Daniel avaient réussi à tenir tête face à Toulouse. Ils s’étaient défendus avec vaillance, avaient mené inlassablement leurs raids sur les arrières et les lignes de ravitaillements ennemies. A présent, l’ennemi se retiraient, écœuré par les pertes subies et par le froid se faisant de plus en plus fort chaque jour.
C’était une bien maigre victoire, les soldats de Toulouse ne faisaient que quitter les collines où étaient réfugiés les derniers hommes du Duché. Ils continuaient d’occuper la majeure partie de ces terres, mais cette victoire était la première pour Daniel, et en prime, il avait annihilé près d’un tiers des effectifs ennemis au cour de ces derniers jours. A présent, lui et ses quelques cinq cents hommes survivants avaient une petite chance de mettre en place une contre-attaque. De plus, avec les renforts de deux cent chevaliers de l’Ordre, il savait qu’il pourrait même peut-être aller libérer Narbonne, assiégée par l’ennemi.

Malheureusement, Charles lui avait annoncé son départ lorsque Toulouse avait commencé à se replier.

- Je suis navré Capitaine, lui dit encore une fois le vieil homme. Je déteste vous abandonner ainsi.

- Il n’y a nul besoin de vous excuser général, votre aide a été inestimable, je vous en suis éternellement redevable. Après tout ce que vous avez fait pour nous, nous ne pouvons vous refuser le droit de retourner auprès des vôtres.

Charles lança un sourire contrit au jeune noble. « Ils ont besoin de moi, et moi d’eux, je ne peux laisser les choses continuer de la sorte là-bas. ». Charles avait reçu très tôt dans la journée la nouvelle de la mort de son vieil ami Tiberio Polani, mort dans son sommeil, et quelques jours plus tôt celle d’Antoine de Caen, terrassé par l’ennemi lors d’une embuscade avec mille hommes. Charles savait que ces faits ne pouvaient pas être le fruit d’un malheureux hasard. Bien qu’il n’en ait pas la preuve, il savait au plus profond de lui-même que son vieux rival, Rénald, ne pouvait qu’être derrière tout cela. Pourtant, il ne ressentait aucune haine envers lui. La mort de Tiberio l’attristait, mais il avait toujours su qu’un jour, il aurait à affronter Rénald, et ce jour semblait être arrivé.
Bien qu’il souhaita de tout son cœur s’être trompé, il savait à présent qu’il allait devoir affronter le nouveau Maître de l’Ordre. Cette bataille, il l’avait pressentie dès le jour où Rénald avait été élu au rang suprême. Ce conflit, Charles s’en tenait pour responsable, car il n’avait pas agi, il avait espéré que les choses ne se déroulent pas comme elles venaient de le faire. Il avait été stupide et imprudent, et des hommes de mérite en payaient le prix chaque jour à présent.

- Je pars, mais l’Ordre reviendra mettre un terme à cette guerre, d’une manière ou d’une autre, promit Charles à son jeune ami. Vous en avez ma parole, nous ne laisserons pas cet odieux conflit durer encore longtemps.

Bientôt, Charles devrait s’opposer à Rénald, mener la résistance face à la politique inflexible du Maître de l’Ordre. Il allait devoir défier un des hommes qu’il avait le plus respecté au monde, afin de rétablir celui qui aurait dû hériter de l’Ordre, afin que le rêve de Sopraluk soit préservé. Charles allait devoir permettre à Bertrand de Lorraine de s’élever, de revendiquer les terres que Sopraluk lui avait légué et de forger de ses propres mains l’avenir de l’Ordre.
Non pas parce que cela serait plus noble, plus juste, non pas pour empêcher le sang de couler davantage, non pas pour contrer les ambitions de Rénald, mais parce que c’était la promesse tenue à son plus vieil ami, à son maître, à un homme que Charles avait aimé et servi toute sa vie. Car il l’avait promis à Sopraluk le jour où il l’avait aidé à rédiger son testament, le jour où ils avaient décidé que l’Ordre devrait revenir à Bertrand de Lorraine.
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMar 20 Avr - 13:02

Je sens déjà le coup de gueule de chaos sur le premier post.

*Chaos* dirat :
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J'aime pas ta première partie... Evil or Very Mad

MrGreen
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMar 20 Avr - 18:35

Un être pur ? Bertrand ? MrGreen

N'empêche, ça m'étonne que la fille de Sopraluk, bien que droguée, veuille la destruction de l'Ordre, peut-être qu'elle pense que l'Ordre ne peut pas survivre après l'ère de son père... sa reste très flou pour moi...
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeLun 26 Avr - 17:11

9 Novembre 1152, campement de l’Ordre

Le dernier conseil de guerre venait de s’achever, les ordres avaient été donnés, la stratégie avait été choisie. Les hommes n’avaient plus qu’à faire leur devoir, mais pour Bertrand de Lorraine, tout était encore à faire. Il avait compris tant de choses en si peu de temps que souvent, il lui semblait que son crâne allait exploser tant il avait de choses en tête, tant de dilemmes, tant de craintes… Mais il avait une certitude au moins : Rénald devait être stoppé. Et pour cela, il allait devoir mettre de son côté un maximum de soldats et surtout d’officiers, on ne pouvait pas improviser seul un tel soulèvement. Il aurait besoin de soutien, d’hommes de confiance afin de lancer son attaque contre Rénald, et si la chance était avec eux, ils parviendraient à le destituer sans que le sang ne soit versé. Cependant, Bertrand devait pour l’instant mettre en suspend ses opérations. Malgré son ambition de renverser Rénald, il ne pouvait pas abandonner l’Ordre, les chevaliers étaient toujours en guerre, et la bataille au Vallon aux Vergers serait décisive.

Marchant d’un pas vif à travers l’immense campement de l’Ordre, dressé au sud du Vallon, Bertrand espérait regagner sa tente le plus rapidement possible, tout en évitant de trop attirer l’attention sur lui. Après son arrivée impromptue lors de l’une des réunions de Rénald, il s’était lui-même mis au devant de la scène en laissant planer le doute sur sa loyauté à l’actuel Maître de l’Ordre. A présent, il était persuadé que les hommes de confiance de Rénald commenceraient à l’espionner en permanence, à guetter ses allers et venues, et pour les plus présomptueux, le défier directement. Partout autour de lui, Bertrand pouvait voir des tuniques noires et leurs sous-fifres, portant des brassards, des bandeaux et des foulards noirs, l’on ne pouvait pas jeter une pierre dans ce camp sans toucher un fidèle du Noir. Ils étaient partout, patrouillant parmi les soldats pour maintenir l’ordre, montant la garde devant certaines tentes. Pire encore, Bertrand se rendit compte que la grande majorité des membres de l’intendance, allant des magasiniers gérant les stocks d’armements et leur répartition, des forgerons qui réparaient et fabriquaient les armes, jusqu’aux cuisiniers distribuant les repas, tous portaient le noir sur eux. Que ce soit en les ralliant à sa cause ou en plaçant ses hommes aux postes clés, Rénald était en train de s’assurer du contrôle de l’Ordre à tous les niveaux. Pour l’instant, il ne s’agissait que d’artisans et d’auxiliaires, mais bientôt, Bertrand ne doutait pas que l’on ne pourrait espérer s’élever dans la hiérarchie si l’on ne portait pas une étoffe noire sur soit. De plus, tous ces hommes de moindre importance mais sans qui l’Ordre ne pouvait pas fonctionner, tous ces hommes, les non-combattants, avaient longtemps été membres de la Caste des Justes, ceux qui tentaient de faire parler la raison plutôt que les armes. Les artisans, les médecins, les hommes de lettres, les diplomates, tous ceux-là avaient préféré mettre leurs talents au service de l’Ordre sans avoir à faire verser le sang, mais à présent, Rénald était en train de les évincer de leurs fonctions.
Si rien n’était fait, Rénald contrôlerait bientôt l’Ordre tout entier, sans la moindre opposition, sans que l’on ne puisse remettre en question son autorité et ses ordres. Toutes les voix qui tenteraient de discuter ses lois seraient bâillonnées. Bertrand devait arrêter cela, l’Ordre risquait de perdre son âme sous Rénald.

Bientôt, Bertrand entra dans sa tente, maintenue sous bonne garde par deux chevaliers ayant servi sous ses ordres à Fort Bertrand. Là, il découvrit Roland Fontaine, le Capitaine toulousain contre qui il avait bataillé quelques jours plus tôt. Le jeune homme, ne parvenant pas à contenir son agitation, ne cessait de tourner en rond dans la tente. Lorsqu’il vit Bertrand arriver, il se rua vers lui, les yeux exorbités par l’angoisse.

- Enfin vous voilà, que faisiez vous donc ? S’exclama t-il avec anxiété. Je ne suis ni stupide ni sourd, j’entends bien ce qu’il se trame dehors, l’Ordre va très bientôt lancer son attaque contre mes frères n’est-ce pas ?

- Oui, j’en suis navré…répondit Bertrand avec compassion, comprenant parfaitement que son ancien adversaire soit enragé de devoir resté là, dans le camp ennemi, se préparant à attaquer les siens.

- Alors relâchez-moi ! s’emporta Roland, vous devez me libérer ! Les miens vont très bientôt combattre et mon devoir est de le faire avec eux. Même si vous et moi souhaitons trouver une issue pacifique à cette guerre, nous avons le devoir de combattre pour nos maîtres !

- C’est impossible, je regrette.

- Par pitié Commandant, le supplia une fois encore Roland, plus à bout de patience que désespéré cependant. Si vous me laissez rejoindre mon camp, je ferais tout pour tenter de raisonner le Comte ! Croyez-moi, je suis un de ses amis de longue date, il m’écoutera ! Nous pouvons encore éviter le conflit, je vous serais plus utile là-bas qu’ici ! Je ne suis que votre prisonnier, là-bas je suis une voix qui peut faire changer les choses !

- Non, vous ne pouvez rien changer ! Répliqua Bertrand sans le moindre tact. Le Comte est souffrant, mourant même, du moins, c’est ce que certains prisonniers capturés il y a peu nous ont raconté. Il est à Toulouse en ce moment, entre la vie et la mort. C’est un certain Dimitri Bredev qui dirige l’armée toulousaine et il serait au moins aussi impatient d’en découdre que Rénald ! Quoi que vous puissiez lui dire, vous ne pourrez pas le faire changer d’avis, et rien ne nous dit que Raymond de Toulouse parviendra à rester en vie suffisamment longtemps pour rappeler ses chiens, dans l’hypothèse où vous parviendriez à le contacter et s’il se rangeait de votre avis ! Nous sommes impuissants ! Vous comme moi sommes incapables pour l’heure de mettre un terme à ce conflit insensé !

Roland fut ébranlé par la nouvelle, comme recevant une gifle. Il resta pétrifié un instant, faisant regretter à Bertrand son manque de délicatesse.

- Je suis navré Roland, s’excusa-t-il avec embarras. Je souhaite tout autant que vous arrêter tout ceci, tout ce gâchis… Le fait d’être si démuni en ce moment m’enrage, et j’en oublie mes manières.

- Nous savions que le Comte était de santé fragile, murmura Roland, les yeux dans le vide, dépité à l’idée que son seigneur était à l’article de la mort. Mais il a longtemps combattu la maladie, jamais il n’a renoncé face à elle, et j’ai toujours cru qu’il parviendrait à la surmonter des années encore.

Bertrand comprenait parfaitement la peine que pouvait ressentir Roland, un véritable soldat vivait et mourrait pour son général, pour son seigneur, et Bertrand avait vu le sien périr sous ses yeux à cause de son incompétence. Non, cela devait être pire encore que de savoir que l’homme que l’on admirait le plus au monde, celui que l’on servait au péril de sa vie, était en train de succomber à une maladie quelconque. Un ennemi invisible et implacable contre lequel l’on ne peut lutter qu’avec sa volonté et l’aide de Dieu. Avant que Bertrand ne puisse réconforter son camarade, Étienne Lezay, l’un de ses lieutenants ayant combattu à ses côtés à Fort Bertrand, qui lui avait été d’une fidélité et d’une aide inestimable, entra dans la tente avec empressement.

- Pardonnez cette intrusion Commandant, mais j’ai des nouvelles qui ne pouvaient attendre, se justifia le jeune homme au visage recouvert de cicatrices. Le Grand Intendant Polani nous a quitté.

Bertrand mit quelques secondes à assimiler l’information, comme si son esprit la rejetait de toutes ses forces, comme s’il ne comprenait pas les mots de son subalterne. Puis, le Commandant finit par réaliser que l’homme qui était à la tête des Justes venait de périr. Le Lorrain enfouit son visage entre ses mains, se griffant la figure tant ses doigts et ses ongles s’enfonçaient dans sa peau, serrant les dents en étouffant une plainte pleine de chagrin et de rage.
Tiberio Polani était l’homme qui avait persuadé Bertrand de rejoindre l’Ordre, lui qui n’était que le fils bâtard d’un duc, répudié, chassé, il lui avait permis de trouvé un but, une nouvelle famille. Tiberio l’avait initié à la vertu, l’incorporant dans la Caste des Justes

- Je suis désolé Bertrand, finit par dire Roland, brisant le silence que le Lieutenant Étienne n’avait pas osé rompre. Je sais à quel point il est douloureux de perdre un proche…

- Il n’était pas un proche, il était plus que cela… Il était un ami, un maître, un homme de grande valeur, instruit, noble et clairvoyant… Et pire encore, il devait être notre principal soutien en cas de conflit avec Rénald... Je comptais sur son aide afin de permettre à ceux qui ne portent pas les couleurs du maître de s’élever contre lui, il devait être notre voix. Il aurait été parfait pour reprendre le pouvoir, et à présent, il n’est plus.

- Le Grand Intendant n’a pas souffert, précisa Étienne Lezay, il nous a quitté dans son sommeil, il était paisible. Mais j’ai d’autres nouvelles à vous transmettre également commandant, celles-ci, je ne les ai pas eu par les crieurs de Rénald, ce sont des rumeurs venues du nord par quelques Pisteurs. Le Connétable Di Cecina et l’Intendant de York auraient été attaqués durant leur périple afin d’aller demander des renforts à nos alliés du nord. Di Cecina s’en serait sorti, mais nous sommes sans nouvelle de Stuart de York. Je crois que les hommes de Rénald tentent de faire taire ces rumeurs, les tuniques noires arrêtent ceux qui bavardent trop à ce sujet et qui ne sont pas en noir.

Bertrand sentit un long frisson parcourir tout son corps, Roland et Étienne le regardèrent avec inquiétude, le voyant blêmir à vu d’œil. D’abord Antoine de Caen, maintenant le Grand Intendant Polani et Stuart de York qui disparaissaient, trois Maîtres de l’Ordre, tous trois n’ayant pas accordé leur appui à Rénald lors de son élection. L’un d’entre eux l’avait défié directement, les deux autres quant à eux, auraient pu rallier à leur cause nombre d’hommes en cas de conflit interne. Stuart, dirigeant des Paladins, aurait rassemblé beaucoup de guerriers, et Tiberio Polani, chef des Justes, aurait eu sous ses ordres des hommes instruits, des ingénieurs, des médecins, des diplomates. A eux deux, ils auraient représenté une terrible menace pour Rénald s’ils l’avaient défié. Quant à Antoine, il avait lancé un mouvement, pour de mauvaises raisons certes, mais c’était lui qui avait défié Rénald le premier, et l’ancien Évêque avait sous sa coupe des milliers d’adeptes, ses Séraphins ayant absorbé il y a peu les Pénitents.
Trois morts, trois hommes des plus importants au sein de l’Ordre, l’un lors d’une embuscade toulousaine, l’autre dans son sommeil, et un dernier avait disparu. Bertrand avait tendance à penser que « disparu » rimait avec « trépassé ».

- Roland, je veux que vous partiez pour Castelfort avec le Lieutenant Étienne ici présent, demanda Bertrand d’une voix inquiète. Faites-vous passer pour mes officiers partant rendre hommage au Grand Intendant et préparer ses funérailles au nom des Justes. Une fois là-bas, je veux que vous fouiniez partout Étienne, parlez avec tout le monde, déliez les langues, crochetez les serrures, peu m’importe, mais je veux savoir qui a fait quoi depuis le début de cette guerre. Qui était en mission, quand et où ? Veillez sur Roland, si une tunique noire apprend qui il est en réalité, il ne faudra pas longtemps pour que nous finissions tous les trois au bout d’une corde. Et aussi, rapprochez-vous des officiers que vous connaissez, en qui vous avez confiance, essayez d’entrer en contact avec des Paladins, des Séraphins. Inutile de vous embarrassez des Affranchis, ils sont sous la coupe de Rénald depuis longtemps, ils le suivront quoi qu’il arrive. Faîtes vite Étienne, je vous en prie.

- A vos ordres Commandant… mais…

- Dîtes nous ce qu’il se passe Bertrand ! S’insurgea Roland, effrayé par la voix et l’empressement du Commandant.

- Je commence à croire que Rénald a orchestré la mort d’Antoine de Caen, de Tiberio Polani, de Stuart de York, et d’encore beaucoup d’autres membres de l’Ordre depuis son arrivée au pouvoir. Je crois que les choses sont encore pires que ce que j’envisageais et que cette guerre ne pourra prendre fin que lorsque nous serons parvenu à mettre à bas Rénald. Là seulement nous aurons la possibilité de négocier avec Toulouse. Et je crois que nous ne parviendrons plus à forcer Rénald de renoncer au pouvoir sans combattre, il nous faudra plus de soutien encore pour notre révolte. Si nous voulons que tout soit réglé avant que le sang n’ait trop souillé nos terres, il nous faudra l’aide de tous ceux qui ont encore un peu de noblesse dans leur cœur. Puis-je compter sur vous ?


Dernière édition par SquallDiVeneta le Mar 27 Avr - 9:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeLun 26 Avr - 18:58

J'aurai mis 9 Novembre 1152 et non 10... Polani est mort dans la nuit du 8 au 9...

Et ça m'arrange dans mon récit What a Face
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMer 28 Avr - 3:05

Partie assez médiocre je le reconnais, j'étais pas trop inspiré pour ce passage, j'espère me rattraper pour la suite.


Route vers Perpignan, nuit du 10 novembre 1152

Alors que l’Ordre était en guerre, s’apprêtant à livrer bataille au Vallon aux Vergers, Livio Daleva, Capitaine aux ordres de Rénald d’Antioche, marchait seul sur la route menant à la plus grande cité des terres de l’Ordre. En mission pour son maître, il avait préféré ne pas prendre le risque d’emprunter un cheval aux écuries de Casteflort, dans un premier temps à cause de sa phobie de ces bêtes, gardant de très mauvais souvenirs du temps où il avait tenté d’apprendre à les monter, et dans un second temps, parce qu’il ne s’était jamais rendu à Castelfort la nuit précédente. Non, jamais Livio Daleva ne s’était approché du Château de l’Ordre cette nuit là, jamais il n’avait pénétré dans les appartements de Tiberio Polani, lui servant une coupe de vin pleine de poison. Tiberio Polani s’était éteint dans son sommeil, voilà toute l’histoire.
Le monde était peuplé d’idiots qui pensaient que pour mentir, il fallait convaincre son interlocuteur de croire en une autre version de la réalité, que les choses n’étaient pas ce qu’il croyait. C’était faux, voué à l’échec. Pour mentir, il fallait totalement substituer la vérité par le mensonge, totalement remplacer les faits réels par ceux que vous souhaitiez faire croire. Et pour cela, il fallait y croire soi-même en premier. Pour Livio, le Grand Intendant était mort dans son sommeil alors que lui-même était à des kilomètres de là, dormant paisiblement dans une auberge. Ainsi, même le mensonge cessait d’exister, il n’y avait qu’une vérité toute relative que l’on imposait, et pour qu’elle s’impose, il fallait la nourrir en croyant en elle, coûte que coûte.
Accessoirement, cela soulageait quelque peu la conscience de Livio, Tiberio avait été innocent des crimes dont Rénald le soupçonnait, jamais aucun complot des Justes n’avait été fomenté. Un innocent était mort, mais après tout, en temps de guerre, les innocents mourraient à la pelle de la main des coupables qui tenaient des épées. Et de toute manière, Tiberio était mort dans son sommeil, il n’y avait rien à y redire, c’était dans l’ordre des choses, un vieil homme avait quitté ce monde. Pour Livio, c’était l’entière vérité.

Sa route faiblement éclairée par les rayons de la lune, Livio avait tout le loisir de laisser ses pensées s’égarer ici et là. S’arrêtant au détour du sentier qu’il suivait, il put voir les lueurs de la cité au loin, mais entre elle et lui, des kilomètres de champs et de forêts les séparaient encore.
Il était au sommet d’une petite colline peuplée de quelques arbres. A ses pieds, la plaine descendait en formant une cuvette jalonnée de cultures et de bosquets, ici et là quelques fermes, et à mi-chemin de la ville, une auberge avec deux où trois baraques accolées à elle.
L’auberge du crâne fendu, un nom bien lugubre pour une clientèle tout aussi sinistre, mais c’était le point de rendez-vous idéal pour Livio et ses hommes, neuf anciens Pisteurs désormais sous ses ordres. Cet établissement accueillait en temps normal des mercenaires, des brigands, des voleurs, des putains, et tout un tas d’autres personnes que la civilisation rejetait à bon escient. Jamais l’on ne prêterait attention à une bande d’individus à l’allure sinistre, armés jusqu’aux dents et peu loquaces.
C’était là qu’il rejoindrait donc ses hommes avant de partir remplir sa mission. Si tout se passait sans encombre, tout ceci serait réglé dès le lendemain soir, du moins il l’espérait. Il y avait tant à faire, tant de choses qu’il devait accomplir pour l’Ordre, pensa-t-il avec aigreur. L’Ordre, Rénald plutôt, pour lui, l’Ordre restait et resterait un ramassis de bons à rien, pompeux et imbéciles, mais avec Rénald à sa tête, l’Ordre pouvait accomplir là où les Svarogs avaient échoué. C’était un bien curieux coup du sort qui l’avait mené là, Livio pouvait encore se remémorer les jours où il combattait l’Ordre en Hongrie, les jours où il avait conquis ce royaume pour son maître, les jours sombres de sa formation en Orient. Les souvenirs se bousculaient à un rythme effréné dans l’esprit de Livio Daleva alors que ce dernier descendait la route dans la vallée.

Des images lui revenaient, des sons, des odeurs, mais aussi les saveurs de certains repas. Aussi loin qu’il s’en rappelait, Livio avait toujours eu un fort appétit, ne gardant une silhouette fine qu’à force d’entrainement, d’exercice, mais aussi par chance, beaucoup d’autres hommes auraient développé une panse abondante après avoir englouti autant de nourriture que lui dans une vie. Bizarrement, c’était par ces repas que ses souvenirs commençaient, avant chaque événement important, des rations séchées lors du siège de Svarga, là où le peuple Svarog avait été vaincu et humilié. Un copieux plat de lentilles et de viande de mouton avant un entrainement particulièrement intense lorsqu’il suivait les enseignements de son premier maître, non loin de Damas, ce jour où il était tombé de cheval et que la bête l’avait rouée de coups. Des cottes de porc marinées dans la bière en Hongrie, au moment du soulèvement des Svarogs. Il avait mené une charge victorieuse contre des chevaliers menés par le prince Philippe ce jour là, il avait été fier de ses hommes qui s’étaient battus avec tant de vaillance, eux qui étaient issus du bas peuple et qui avaient repoussé ces nobles arrogants, montés sur leurs monstrueux chevaux. Un sentiment qu’il avait cherché à ressentir à nouveau en entrainant ses Pisteurs, songea-t-il. Au final, l’homme ne cessait de vouloir revivre les mêmes expériences, les bonnes comme les mauvaises. Il se souvint également d’un ragout à la saveur insoupçonnée, dans une taverne à Chypre, qu’il avait dévoré avant d’exécuter un marchand milanais ainsi que sa famille, pendant un de leurs banquets. Non, pas tous, Livio se souvint avoir épargné deux enfants ce jour là, deux fillettes d’une dizaine d’années, un des rares moments où sa conscience avait retenu sa lame, l’une d’elle le foudroyant du regard avec une intensité telle qu’il ne put se résigner à mettre à mort les deux sœurs.
L’ancien Svarog ne savait pas pourquoi toutes ces choses lui revenaient en mémoire, surtout d’une manière aussi stupide. Mais voilà, il venait de fêter son trente-septième anniversaire quelques semaines plus tôt, les souvenirs s’accumulaient et il redoutait de plus en plus qu’il en aurait de moins en moins. Pourtant, qu’il était loin le temps où il était un assassin, puis général à la solde des Svarogs. Tant de choses avaient changé, si vite, que lui-même n’avait pas encore réussi à comprendre l’ensemble des conséquences, quel impact tout cela avait eu sur sa vie et lui-même.
Tantôt froid et cynique, tantôt mélancolique, parfois cruel, et à d’autres moments, criblés de remords. Des regrets pour Sclavo qu’il avait vu mourir, impuissant, puis Patrick qui avait couru au devant du danger suite aux négligences de Livio. Quant au reste, Livio devait en faire abstraction, il ne regrettait pas d’avoir donné la mort à des dizaines d’êtres humains dans sa vie, les seuls qui comptaient étaient ceux qu’il n’avait pas su protéger.
Mais Rénald pourrait changer tout cela, avec un homme fort, rusé et implacable à sa tête, l’Ordre avait enfin le moyen de rétablir un peu de justice dans ce monde, et s’il devait se couvrir les mains de sang pour l’aider à y parvenir, Livio le ferait sans hésitation.

Harcelé par ses pensées, Livio n’entendît pas immédiatement les frôlements dans les buissons longeant la route. Le bruit se faisant de plus en plus intense, il ne put l’ignorer lorsque plusieurs branchages craquèrent à quelques pas derrière lui. Se retournant vivement, le Capitaine discerna un mouvement furtif sur la route à quelques mètres, une ombre traversant le terrain dégagé sur le chemin, plongeant dans les buissons à nouveau. A la lueur de la lune, il fut incapable de reconnaitre quoi que ce soit, mais Livio sentît qu’il avait été stupide de se laisser distraire ainsi par ses pensées. Quelque chose était tout proche, se déplaçant autour de lui, faisant frémir la végétation jalonnant la route.
Avec précaution, Livio porta la main à sa hanche, faisant coulisser délicatement son sabre hors de son fourreau. Du coin de l’œil, il vît deux lueurs dorées briller dans l’obscurité, mais aussitôt elles disparurent lorsqu’il regarda dans leur direction. Immédiatement, d’autres se mirent à apparaître autour de lui, parmi les arbustes l’entourant. Une vision de cauchemar le saisît lorsqu’une dizaine de bêtes sortir de l’obscurité, avançant vers lui sans la moindre peur, avec nonchalance, formant un cercle autour de lui. Ce fut près d’une vingtaine de loups qui marchaient vers lui, surgissant des buissons, le fixant de leurs yeux ambrés, une meute toute entière. Quelques animaux les plus proches dévoilèrent leurs crocs, grognant à mesure qu’ils s’approchaient, se faisant de plus en plus menaçant.
Puis, un long hurlement retentît dans la nuit et une silhouette fantomatique surgît au milieu de la meute, juste devant Livio. Un magnifique loup au pelage blanc, le même que Livio avait vu lors de son entretien avec Harper avant son départ du camp de l’Ordre. La bête s’approcha du Capitaine alors que ses congénères cessaient d’avancer, le reniflant gaiement, sa queue battant l’air comme lors de leur première rencontre.

-Tant qu’Harka restera auprès de vous, il ne vous arrivera rien ! Annonça une voix extrêmement grave. Tant que vous serez sage…

Livio tourna son regard vers l’homme qui venait de parler. Émergeant des ombres parmi les loups, il crut un instant avoir en face de lui Adrian Gordon, le nouvel arrivant étant au moins aussi grand que le Capitaine écossais. Mais lorsqu’il discerna ses traits et ses vêtements, il n’y avait plus le moindre point de comparaison. Vêtu de peaux et de fourrure, gonflant plus encore son gabarit imposant, l’homme semblait lui-même être un animal, arborant une longue chevelure crasseuse et une barbe touffue, ses yeux presque noirs le fixaient avec intensité et ses lèvres étaient retroussées comme s’il s’apprêtait à lui sauter à la gorge. D’ailleurs, Livio ne put s’empêcher de remarquer qu’en dehors d’avoir une hygiène dentaire déplorable, l’homme semblait avoir des canines excessivement pointues, comme s’il les avait taillées.

- Mais si vous faites le moindre geste menaçant, elle sera la première à vous arracher la gorge, conclut-il d’un air menaçant.

Acculé, Livio fit glisser son sabre dans son fourreau. Aussitôt, les loups l’entourant s’assirent, comme si ils savaient que leur proie ne se battrait pas.

- Vous êtes Sabre n’est-ce pas ? Demanda-t-il après un instant d’hésitation. J’ai entendu parler de vous. Le chasseur aux loups…

- C’est l’un de mes surnoms, répondit tout simplement le colosse, j’ai entendu parler de vous aussi Livio Daleva, et j’ai à vous poser quelques questions. Soyez reconnaissant d’avoir un tel traitement de faveur. En temps normal, mes réponses, je les obtiens de mes proies lorsque leur visage est dans la gueule de Harka, acheva-t-il en désignant sa louve blanche qui aboya comme pour approuver les paroles de son maître.

- Pourquoi une telle générosité ?

- Car vous avez empêchez certains crétins de votre Ordre de s’en prendre à ma compagne, répondît l’homme à la voix grave en désignant toujours Harka qui fixait Livio avec attention. Mais trêve de bavardage, j’ai des questions à vous poser, et j’espère pour vous que les réponses que vous me fournirez me conviendront.

Et en voyant la meute de bêtes sauvages réunie autour de lui, Livio se mit lui aussi à espérer qu’il satisferait la curiosité du chasseur de prime.

******
- Ainsi, ce Kyojiro est mort, et Kaujan aurait un lien avec tout ceci ? Demanda le dénommé Sabre après avoir écouté le récit de Livio à propos de l’assassin de Sclavo que recherchait apparemment le chasseur de prime. Voilà qui est contrariant.

Livio grimaça, la dernière chose qu’il souhaitait au monde à ce moment précis, c’était que le maître des bêtes menaçant de l’écorcher vif soit contrarié. Après tout, Livio lui avait fait perdre sa principale cible, il avait là une bonne raison de lui en vouloir.

- Mais si vous dîtes vrai et que Kaujan est impliqué dans la mort de votre frère, cela change complètement la nature de mon contrat…

Livio laissa son interlocuteur tirer les conclusions qu’il voulait, pour l’heure, tout ce qui lui importait était de sortir vivant de cette confrontation.

- Soit, je vous laisse en vie pour le moment, Daleva, annonça Sabre au bout de quelques instants de réflexion. Mais je garde un œil sur vous, le temps de tirer tout cela au clair. Nous ne sommes pas ennemis, mais nous ne sommes pas alliés pour autant… Lorsque j’ai décidé de ce que je devrais faire de vous, vous le saurez… Adieu.

En un éclair, l’imposant homme disparu dans les ombres de la nuit, presque aussitôt imité par ses loups, mis à part Harka, la louve blanche s’attardant un instant devant Livio, avant de s’en aller à son tour après avoir trottiné autour de lui gaiement. Disparaissant aussi vite qu’ils étaient apparus, les bêtes furent happées par la nuit.
N’en revenant pas encore d’avoir réussi à réchapper vivant à une confrontation avec l’un des chasseurs de prime des plus redoutables, Livio eu du mal à reprendre sa route sans lancer des coups d’œil en permanence derrière lui.

Plus tard, alors que le jour commençait à se lever à l’est, au-dessus de Perpignan, Livio atteignît finalement l’auberge du crâne fendu et eu la surprise de constater que ses hommes avaient planté leurs tentes devant le bâtiment, dormant dehors malgré le froid. Debout pour la plupart avant l’aurore, les hommes avaient guetté son arrivée de loin, préférant garder leur position afin d’y attendre l’ancien Svarog avec discipline.

- Capitaine, enfin vous voila ! S’exclama l’un des Pisteurs, soulagé de voir son capitaine arriver. Nous commencions à nous inquiéter pour vous, nous avions entendu des loups la nuit dernière, il faudra que nous soyons prudents dans la région.

- Fermez-là et en marche pauvre crétin ! Marmonna Livio en passant à côté de son subordonné.

Perpignan les attendait, et Livio allait devoir livrer un combat sans merci lors de la prochaine soirée…
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMer 28 Avr - 19:52

Tu es un gros chieur MrGreen
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeSam 1 Mai - 6:08

Matinée du 11 novembre 1152, Perpignan.

Lentement, le groupe d’anciens Pisteurs mené par Livio Daleva s’approchait des premières maisons formant les faubourgs de Perpignan. Durant la nuit, l’ancien Svarog avait permis à ses hommes une halte, afin de reprendre des forces avant leur arrivée en ville, campant à quelques lieux de là. Un peu avant l’aube, ils avaient ainsi repris leur marche sur la route, légèrement requinqués par cette courte nuit de sommeil, mais au moins ils auraient une allure quelque peu présentable lorsqu’ils s'entretiendraient avec les autorités de la ville. Rapidement, de nombreux individus s’étaient joints à leur progression, il s’agissait en majorité de simples paysans apportant leurs dernières récoltes en ville pour les ventes de fin de saison dans les marchés. Certains étaient des charretiers ramenant leurs attelages à leurs maîtres, d’autres de petits marchands itinérants espérant trouver de bonnes affaires en ville à revendre par la suite dans les campagnes environnantes, et enfin, quelques uns avaient simplement l’air de vagabonds.

Voyant cette foule de voyageurs suivant la petite troupe de Livio, ce dernier se sentit nostalgique de ses jeunes années, parcourant le monde à sa guise, de port en port, lors de sa formation avant de rejoindre les Svarogs. Il se souvenait de villes majestueuses, Constantinople, Jérusalem, Venise, Naples. Tant de cités qu’il avait adoré visiter, la foule qui chaque jour les prenait d’assaut, les voix des marchands s’élevant par-dessus le brouhaha, ventant les mérites de leurs produits. Il y avait tant de chose à voir dans ces villes, tant de merveilles à découvrir, des temples magnifiques, d’immenses marchés où circulaient les richesses, des ports pleins d’activité, des jardins somptueux et des universités où l’on enseignait tous les savoirs connus de l’homme. Mais bien souvent, la guerre rattrapait ces îlots de civilisations, les réduisant à néant. Livio se sentait nostalgique de ce temps là, le temps où sa vie lui appartenait encore quelque peu, il ne se souvenait plus exactement ce que cela faisait de se sentir libre. Depuis tant d’années, il servait des maîtres puissants, Véraldus, Sopraluk puis Rénald. Sous chacun d’eux, il avait fini par ressentir cette fierté que l’on a d’être sous les ordres de grands hommes, mais au final, il était également conscient d’y perdre peu à peu sa liberté, son libre-arbitre. Le simple fait de pouvoir aller là où il voulait, quand il le souhaitait, c’était un sentiment bien lointain à présent.

A mesure de leur marche, la troupe de Livio finit par atteindre les faubourgs de Perpignan, faubourgs qui n’en étaient pas vraiment en réalité. Les faubourgs étaient des amas d’habitations que les remparts de la ville ne pouvaient plus abriter. Du fait de l’expansion démographique, toute cité finissait tôt ou tard par déborder, sa population grandissante construisant ses maisons au-delà des remparts protecteurs. Mais Perpignan, malgré l’essor économique qu’elle avait connu ces dernières années, n’était toujours pas dotée de muraille. Cela représentait un gros risque au niveau de la sécurité de ses habitants, mais d’autres s’en accommodaient parfaitement. Ainsi, voleurs et criminels recherchés bénéficiaient d’un nombre énorme d’entrées et de sorties de la ville, celle-ci n’ayant pas de remparts et donc, n’ayant pas de portes par lesquelles ils devaient obligatoirement passer. Certains marchands peu scrupuleux y trouvaient également leur compte, les portes dans les cités étaient l’endroit privilégiés par les autorités afin de récolter les taxes sur les marchandises entrant et sortant de la ville, sans portes peu ou même aucune taxes n'étaient récoltées.
Ainsi, bénéficiant d’une fiscalité des plus souples, Perpignan avait connu une croissance économique et démographique sans précédant. Ce manque de sécurité avait paradoxalement largement contribué au développement de la ville qui à présent s’étendait de plus en plus à l’ouest vers les rivages de Canet, le port de la cité à quelques kilomètres de là. Livio s’imaginait très bien que d’ici quelques années, les deux villes ne feraient plus qu’une.
Évidemment, un tel développement aurait été impossible sans l’Ordre. S’il n’avait pas existé, Perpignan aurait été la cité mère d’une baronnie ou d’un comté, le seigneur de ces terres l’aurait enfermée dans des murs étroits afin de la protéger, au lieu d’investir dans une armée permanente patrouillant régulièrement les routes autour de la ville afin de la débarrasser de toute menace. L’Ordre avait contribué à rendre plus sûr la région, et Sopraluk avait insisté pour laisser une grande liberté aux cités de ses terres, ne leur imposant que de faibles taxes pour l’Ordre. En contrepartie, l’Ordre avait en retour la presque quasi-totalité des terres agricoles de son ancienne baronnie. Ainsi, chacun y trouvait son compte, l’Ordre vivait de l’agriculture tandis que ses cités vivaient du commerce et de l’artisanat.

Alors qu’ils empruntaient une des principales avenues menant vers le centre de la cité, les voyageurs commençaient à s’écarter de Livio et de sa troupe, les regardant avec méfiance à la vue de leurs armes, dégageant un espace assez large au milieu de la route, espace appréciable à mesure que la foule se densifiait. Le soleil venait de percer les sombres nuages au-dessus de ces terres et avec ses rayons, la population de la ville allait se faire de plus en plus active, vivant au rythme du jour. Alors que les premières maisons qu’ils avaient croisé possédaient de petits jardins, Livio et ses hommes arrivaient dans une large rue où les habitations étaient de plus en plus serrées et augmentaient en hauteur. La plupart s’élevaient sur deux étages, mais il n’était pas rare de voir un toit s’élever encore plus haut, sur trois ou même quatre étages encore au-dessus de leurs têtes.
Soudain, le sol sous les pieds des soldats devint dur, alors que jusque là ils avaient pataugé dans une boue répugnante. Livio venait de poser le pied sur des pavés sales mais régulièrement entretenus vu leur état. Ce simple fait attisa la curiosité de Livio pour cette ville, rares étaient les agglomérations s’offrant le luxe de paver leurs rues, il fallait y mettre beaucoup de temps et de moyens. Perpignan devait être plus riche encore qu’il ne le pensait, Livio se surprit à s’amuser, pensant à la joie de Rénald de pouvoir taxer ces riches bourgeois plus encore que dans ses espérances initiales.
Au loin, l’ancien Svarog perçut au-dessus du vacarme de la foule les premiers signes d’un marché, les cris des marchands surpassant les voix des badauds. Mais avant qu’ils n’arrivent en vue du dit marché, une vingtaine d’homme surgirent de ruelles adjacentes et se mirent en travers de leur route. Aussitôt, la foule s’écarta de Livio et de ses Pisteurs, comme s’ils étaient atteints de la peste, et se placèrent en spectateurs de la scène. Livio se demandait s’ils étaient réellement inquiets ou plutôt avides à l’idée de voir du sang couler.

- Messieurs, je me dois de vous prévenir que vous êtes ici sur le territoire des guildes et que vos armes n’y sont pas les bienvenues ! Annonça haut et fort un homme de forte corpulence semblant mener la bande qui leur bloquait le passage. Et que si vous êtes venus ici afin de nous créer des ennuis, vous n’êtes pas les bienvenus non plus…

A ces mots, une dizaine d’autres hommes apparurent derrière le groupe mené par Livio. Les anciens Pisteurs agrippèrent leurs armes nerveusement, cernés par ces individus. Tous portaient des gilets bleus par-dessus des tenues dépareillées, armés de gourdins pour la plupart, certains restés en retrait tenaient cependant fermement des arbalètes, un carreau déjà encoché, prêtes à l’emploi… Jaugeant la situation, Livio jugea que, ainsi entouré par une trentaine d’hommes prêts à en découdre au moindre signe de défi, il valait mieux pour lui se montrer courtois pour une fois.

- Je suis le Capitaine Livio Daleva, j’appartiens à l’Ordre, proclama-t-il suffisamment fort pour être entendu de tous dans la foule. Je suis venu ici avec mon escorte afin de m’entretenir avec les dirigeants de cette cité au nom du seigneur Rénald d’Antioche, le Maître de l’Ordre.

Le chef des miliciens observa Livio et sa bande un moment avec hésitation avant de prendre sa décision, manifestement agacé d’avoir à autant réfléchir alors que le jour commençait à peine à se lever.

- Bon, on va voir ça. Restez tous là et que personne ne bouge une oreille, compris ? S’exclama l’imposant individu avant d’appeler un de ses hommes qui arriva à ses côtés au pas de course. Va me chercher le Sénéchal, il doit être du côté de la fontaine nord.

Aussitôt, le jeune homme qu’il avait appelé s’en alla en courant, après avoir lancé un « Oui, Sergent ! » assez irrité, s’élançant à travers la foule qui observait la scène, se mouvant si vite et avec une telle habilité que Livio devina que sa fonction devait uniquement se résumer à transmettre des messages à travers la ville qu’il devait connaître comme sa poche. Lentement, le responsable de cette petite bande de milicien s’approcha de Livio, les pouces passés dans sa ceinture, semblant essayer de se donner de l’importance.

- Je laisserais le chef décider si vous êtes oui ou non ce que vous prétendez être, déclara t-il d’une voix paresseuse, agaçant prodigieusement Livio à cet instant. Vous avez tout intérêt à ne pas m’avoir raconté des sornettes.

-Et vous, vous avez tout intérêt à la boucler avant que le Capitaine décide de vous y contraindre. Lança un des Pisteurs de Livio qui regardait le gros homme avec mépris.

Le visage du Sergent s’empourpra, lui donnant l’allure d’un gros bébé faisant sa colère quotidienne, tant son visage était d’une rondeur grotesque. Il se planta devant le Pisteur qui l’avait rabroué, le fixant de ses petits yeux de porcin colérique.

- Encore un mot et je vous flanque tous, toi et tous tes copains, dans le cachot le plus profond et le plus miteux de la ville.

- Ça alors, c’est gentil de nous inviter chez vous ! S’exclama le Pisteur avec un grand sourire narquois.

Le Sergent poussa un hurlement indigné et s’apprêta à saisir son gourdin pendant à sa ceinture, mais une voix forte et autoritaire l’en empêcha.

- Il suffit Sergent !

Tous braquèrent leur regard vers l’homme qui avait ainsi arrêté à temps le Sergent. Montant un cheval à la robe noire, il devait s’agir du Sénéchal de la ville, au vu de sa tenue et de l’épée qu’il portait à sa ceinture. Vêtu d’une tunique de bonne facture, des bas adaptés à l’équitation et des bottes de cavaliers, il devait avoir l’habitude de parcourir la ville au galop afin de régler tous les problèmes qui nécessitaient son intervention, son arrivée rapide en était la preuve. Le Sénéchal était un homme d’une quarantaine d’année, au visage sévère et portant une moustache noire plutôt élégante. Avec agilité, il descendît de sa monture et vint se planter face à son subordonné colérique et le fixa avec désapprobation, et, phénomène des plus étonnants chez un homme aussi imposant, le Sergent sembla rapetisser à vue d’œil, se ratatinant devant son supérieur qui le fixait sans relâche. Abandonnant son comportement d’enragé imbu de lui-même, le Sergent marmonna quelques excuses dans sa barbe avant de s’en aller avec une rapidité surprenante, faisant signe à ses hommes de le suivre.
En quelques instants, les miliciens qui avaient encerclés Livio et ses hommes suivirent leur Sergent, disparaissant dans un dédale de ruelles, s’enfonçant parmi la population qui semblait se lasser du spectacle, reprenant le cours de son quotidien, comme déçue du manque de piquant du dénouement de leur spectacle.

- Navré pour tout ceci, Capitaine, s’excusa le Sénéchal lorsque le dernier milicien s’en alla, les hommes sont nerveux depuis le début de la guerre et certains ne supportent pas la moindre bravade. Je suis le Sénéchal de Perpignan, Romuald Dubois, à votre service. Capitaine Daleva si je ne m’abuse ?

- Tout à fait, répondit Livio, satisfait d’avoir affaire à un homme semblant compétent. Ne vous excusez pas pour l’arrogance de vos hommes, je sais qu’il est parfois difficile d’avoir sous ses ordres quelques fortes têtes, ajouta-t-il en fixant d’un œil mauvais le Pisteur qui avait provoqué le Sergent quelques secondes plus tôt.

Dubois laissa échapper un petit gloussement amusé en faisant signe avec sa tête qu’il comprenait, puis, il abandonna son air espiègle pour retrouver une expression plus sérieuse. « Puis-je savoir ce qui vous amène dans notre cité par ces temps troublés ? De mauvaises nouvelles je le crains. »

- Vous avez raison, mais il serait plus judicieux d’en discuter ailleurs, et en présence des autorités de la ville.

- Vous avez raison Capitaine, approuva vivement le Sénéchal. Je vais vous conduire au plus vite au Grand Hall, c’est là que vous pourrez faire part du message de votre maître à nos dirigeants. Je vais faire venir des chevaux, j’imagine que votre message est des plus urgents.

- Non, ça ne sera pas nécessaire ! S’empressa de dire Livio, d’une voix la plus neutre possible, il ne voulait surtout pas laisser son interlocuteur l’occasion de constater sa hantise des chevaux. Si nous partons dès maintenant, nous arriverons plus vite à destination je suis sûr, que si nous attendions que vous nous reveniez avec des chevaux, n’ai-je pas raison ?

Si le Sénéchal en fut surpris, il n’en laissa rien transparaître et se contenta de hocher la tête et d’inviter Livio à le suivre alors qu’il empoignait les rennes de sa monture, la mettant au pas à ses côtés alors qu’ils remontaient l’avenue pavée vers le centre de la cité, la foule s’écartant sur leur passage.

- Dubois, veuillez pardonner mon ignorance, mais que pouvez-vous me dire sur les guildes de la ville ? Demanda Livio, tentant de contrôler le malaise qu’il éprouvait à la vue de la monture du Sénéchal, à deux mètres de lui, les deux hommes marchant côte à côte, suivit par l’escorte de Livio.

- Voilà un sujet des plus complexes, il n’y a nul raison de rougir en avouant être un peu perdu compte tenu des perpétuelles luttes de pouvoir aux quelles se livrent les guildes. Il y a peu, la guilde des meuniers et celle des charretiers étaient parmi les plus puissantes et avec l’évêque, ils dirigeaient le Conseil du Grand Hall. Étant donné le caractère exceptionnel de nos privilèges octroyés par l’Ordre, nous bénéficions d’un système unique ici. C’est le Conseil du Grand Hall qui dirige les affaires de la ville, toutes les guildes y prennent part, mais selon les alliances de pouvoirs, les pressions effectuées par les guildes et les manœuvres de certains, le pouvoir peut très facilement changer de main. Depuis peu, c’est la guilde des marchands de laine qui a pris le pouvoir en s’alliant à la guilde des tisserands, qui elle-même a mis sous sa coupe la guilde des aubergistes. Ils ont une influence énorme, bien qu’un congloméra de marchands étrangers ait récemment prit des parts importantes dans certains commerces. Ils tiennent le conseil d’une main de fer avec l’accord de l’évêque… pour le moment.

- Donc, le pouvoir en place est plutôt instable non ? Avança Livio, se forçant à parler et à focaliser son attention sur le discours du Sénéchal afin de tenter d’oublier le cheval de ce dernier qui ne cessait de lui jeter des coups d’œil étranges. Comment se fait-il que les rues semblent aussi paisibles ?

- Ça, nous le devons à notre évêque, annonça fièrement Dubois, ne remarquant pas la gêne de Livio. Monseigneur Garnier est un homme sage, il a mis en place une milice permanente dans nos rues, je suis le dirigeant de la milice de la ville. Mais dans chaque quartier, c’est la guilde dominante qui engage ses hommes et officiers, ils patrouillent exclusivement dans leurs propres secteurs et ainsi, nous limitons les abus des miliciens puisqu’ils travaillent dans les quartiers où ils vivent. Les guildes ainsi sont moins tentées de se servir de leurs hommes pour nuire aux autres dans leurs quartiers, ceux qui sont pris à jouer à ce jeu là sont sévèrement punis. Je dirige plusieurs unités indépendantes qui sont fidèles à l’ensemble de la communauté et nous surveillons nos hommes afin de limiter les débordements. Le système n’est pas parfait mais jusqu’à présent, nous n’avons jamais eu de débordements majeurs.

Livio acquiesça en silence, comprenant un peu mieux le fonctionnement de cette ville, cela lui faisait quelque peu penser à Venise où certaines riches familles marchandes détenaient le pouvoir. Usant et abusant de leur position, de leur richesse et de leur influence, les marchands contrôlaient la cité, le Doge voyait ses pouvoirs sapés par ses rivaux qui n’accédaient pas à la soi-disant fonction suprême. Mais ici, tous semblaient respecter l’évêque au point de mettre la sécurité de tous entre ses mains. Après quelques minutes de marche, se frayant un passage à travers la foule, traversant des marchés où Livio put s’émerveiller des étalages de marchandises présentes dans les stands malgré l’hiver, ils finirent par apercevoir à moins de deux cent mètres un donjon s’élevant au-dessus des habitations. Fait de pierres qui devaient être de couleurs orangées sous le soleil de l’été, il avait plutôt une couleur pèche à ces heures sombres de l’hiver, mais le château n’en était pas moins agréable à regarder. Quelques arches sophistiquées entouraient ses portes, s’ouvrant sur une cour pleine de végétation, abritée derrière un petit mur d’enceinte.

- Voilà le Grand Hall, annonça fièrement Dubois. C’était autrefois la demeure du Comte de Roussillon jusqu’à ce que ses terres soient conquises par le père de feu le Seigneur Sopraluk. Depuis, nous en avons fait le cœur de notre administration, il tire son nom de son entrée extraordinairement grande où nous pouvons tenir conseil sans mal pendant des heures. La ville s’est tellement étendue sur les collines autour de lui qu’il est caché par les habitations quand on approche de la cité, c’est pourquoi vous ne l’avez pas vu avant d’arriver à ses pieds. Suivez-moi Capitaine, Monseigneur l’évêque sera ravi de vous recevoir.


Dernière édition par SquallDiVeneta le Jeu 13 Mai - 4:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeSam 1 Mai - 16:17

J'ai un mauvais pressentiment pour l'avenir de l'évêque, une fois qu'il aura rencontré Livio...

Citation :
Quelques archers sophistiquées entourées ses portes, s’ouvrant sur une coure pleine de végétation abritée derrière un petit mur d’enceinte.

J'ai rien compris à cette phrase... silent
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeSam 1 Mai - 20:40

Le-Nain a écrit:
J'ai un mauvais pressentiment pour l'avenir de l'évêque, une fois qu'il aura rencontré Livio...

Citation :
Quelques archers sophistiquées entourées ses portes, s’ouvrant sur une coure pleine de végétation abritée derrière un petit mur d’enceinte.

J'ai rien compris à cette phrase... silent

Il fallait lire "arches sophistiquées entouraient ses portes, s'ouvrant sur une coure pleine de végétation, abritée derrière un petit mur d'enceinte".

Embarassed
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeSam 1 Mai - 20:54

Ah je me disais aussi je comprenais pas ce que venait faire des "archers" la-dedans... MrGreen
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeDim 2 Mai - 0:07

La phrase bourrée de fautes, ça sentait la fin What a Face

Quelques archers sophistiquées entouréesaient ses portes, s’ouvrant sur une coure pleine de végétation, abritée derrière un petit mur d’enceinte.
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeLun 3 Mai - 20:15

Ouf,l'avantage quand tu fais tes pauses c'est que j'ai le temps de tout lire Shocked

Pas besoin de donner mon avis sur le premier post donc,tu as bien anticipé MrGreen

Par contre,j'aime bien le reste avec les états d'âme de Livio,même si Sabre est vraimment un nom médiocre,il me fait penser à un méchant dans Spiderman,Raven je crois monkey
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeLun 3 Mai - 21:11

*chaos* a écrit:
Par contre,j'aime bien le reste avec les états d'âme de Livio,même si Sabre est vraimment un nom médiocre,il me fait penser à un méchant dans Spiderman,Raven je crois monkey

Heureusement que j'ai prévu d'en faire juste un surnom de méchant chasseur de prime et de plus tard révéler son véritable prénom...je sais pas ce qui m'avait prit ce jour là de le nommer ainsi. scratch MrGreen
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeLun 3 Mai - 21:14

C'est qu'un nom... Rolling Eyes
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeLun 3 Mai - 22:45

Shocked tout de même
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMar 4 Mai - 1:51

11 novembre 1152, Vallon aux Vergers

Le Vallon aux Vergers s’étendait devant Rénald. Ici, le sort de l’Ordre allait être décidé à la pointe de l’épée, cette bataille pourrait être sa dernière. Il suffisait d’une erreur, une seule minute d’inattention pour que le combat tourne en sa défaveur, et s’ils étaient vaincu, Toulouse n’aurait plus qu’à achever l’Ordre une bonne fois pour toute en attaquant ses troupes en déroutes. Non, l’Ordre ne pouvait pas se permettre de connaitre la défaite aujourd’hui, Rénald ne le permettrait jamais. Il avait été élu Maître de l’Ordre, ses hommes comptaient sur lui pour les mener à la victoire et il ne les décevrait pas. Rénald ferait tout ce qui était en son pouvoir pour triompher de ses ennemis.

Pourtant, aussi loin qu’il s’en souvienne, il n’avait jamais souhaité être un homme de guerre, le destin en avait décidé ainsi à sa place. Il aurait tant aimé goutter à la quiétude des études, de la philosophie, devenir un érudit, peut-être à la cour impériale à Constantinople, où même à Bagdad. Lui qui était né à Antioche, un carrefour entre les civilisations, un pôle d’une richesse immense, aussi en ressources que culturellement. Chrétiens, hébreux et arabes s’y rencontraient, s’y mélangeaient, y échangeaient leurs savoirs et leurs ressources, la Terre Sainte avait tout pour être un endroit de rêve pour tout homme instruit, si seulement la paix avait bien voulu perdurer sur ces royaumes. L’avidité des hommes avait plongé tant de fois les terres d’Orient dans le chaos et la guerre, entrainant ainsi Rénald dans son sciage, contraint à guerroyer, à combattre ses voisins, sans jamais y prendre le moindre plaisir, sans jamais y trouver le moindre sens. Mais le père de Rénald, un homme froid et exigeant, lui avait un jour apprit que tout souverain devait sacrifier ses instincts et ses envies afin de gouverner et de protéger son peuple. Un prince devait passer outre ses principes, ses sentiments et sa morale afin de prendre les meilleures décisions possibles. Ainsi, Rénald avait tout d’abord sacrifié ses rêves, abandonnant ses désirs de grandeur intellectuelle afin de se concentrer uniquement sur ce en quoi il excellait le plus : la guerre.

Protégeant ses sujets, puis voyageant de par le monde afin de combattre là où l’on avait besoin de lui, il s’était fait une place dans le monde de la guerre. Combattant l’hérésie, les rebellions, les ennemis des princes ayant recourt à ses services, rejoignant l’Ordre, guerroyant aux côtés des plus grands, il avait tant donné de sa personne. Il avait également tant perdu, perdu sa femme, perdu son fils aîné qui le méprisait, perdu son humanité…mais tous ces sacrifices n’avaient pas été vains. Ils avaient été réalisés au profit de la victoire sur l’ennemi. Jamais Rénald n’avait connut la défaite, et cela, il le devait à son talent, à ses fidèles et à son pragmatisme. Mais avant tout, il le devait à sa volonté infaillible, mettant de côté ses doutes, il n’avait jamais cédé à la peur, au découragement, toute sa vie, il avait tenté d’être un homme fort. Et il y était parvenu.
Rejoignant Sopraluk dans sa lutte pour l’Ordre, menant batailles après batailles, combattant avec toujours plus d’acharnement. Jusqu’à finalement devenir Maître de l’Ordre. Et à présent, il devait sacrifier son humanité et la vie de nombre de ses hommes afin de préserver ses gens de l’ignominie du comte de Toulouse, allant jusqu’à mettre à mort ses plus vieux camarades, les êtres les plus chers à son cœur afin de préserver l’unité au sein de ses armées. Mais Rénald était un homme de raison, son cœur ne parlait plus pour lui depuis longtemps, il ignorait ce que pouvait lui dictait sa conscience. Les passions entrainaient les hommes sur les sentiers de la gloire jusqu’au trépas, le pragmatisme les menaient sur le chemin vers le pouvoir, mais le prix à payer était grand.
Aujourd’hui encore, le prix à payer serait lourd, mais il était nécessaire. Mais Rénald ne reculerait pas et n’enverrait pas ses hommes au carnage sans donner son sang lui aussi, nul général ne devait exiger plus de ses soldats qu’il n’acceptait de donner lui-même, il mènerait le premier assaut.

A la tête de cinquante de ses hommes les plus vaillants et les plus fidèles, il observait l’armée ennemie, visible au loin, au-delà du Vallon aux Vergers. Entre les deux armées, un fleuve paisible s’écoulait comme un long serpent bleu, ignorant le carnage qui ne tarderait plus à être commit sur ses rives. La bataille à proprement dit ne débuterait que le lendemain, ou même le surlendemain, pour l’heure, il était vitale que Rénald prenne le hameau s’étendant sur la rive méridionale du fleuve, ainsi que le pont enjambant le dit fleuve. A une centaine de mètres de là, la colonne de soldats chargés de prendre le pont et son moulin se mit en marche. Le combat le plus rude serait pour eux sans aucun doute, mais Rénald espérait bien que l’ennemi ne serait pas assez fou pour envoyer le gros de son armée au pont dès que celui-ci serait attaqué, sinon, le carnage atteindrait une ampleur inimaginable autour de cette brindille de bois flottant sur l’eau.

Rénald prit le temps d’inspirer profondément, laissant l’air frais du matin emplir ses poumons. Derrière le Maître et ses hommes, l’armée de l’Ordre attendait, prête à intervenir au cas où l’ennemi se déciderait à lancer d’emblée une contre-attaque massive en voyant ses premières lignes de défenses mises à mal. Le campement près des Champs Dorés avait été pratiquement déserté, seuls y étaient restés quelques blessés trop gravement atteints pour pouvoir se déplacer et suivre l’armée jusqu’à son camp du Vallon. Un peu plus de trois mille hommes, rassemblés là, attendant la volonté de Rénald pour se jeter dans la bataille.
Cependant, Rénald n’espérait pas seulement de ses hommes qu’ils puissent lui venir en aide en cas d’avancée des troupes toulousaines, il voulait également qu’ils le voient, qu’ils assistent à sa charge sur les lignes ennemies. Il voulait qu’aucun homme ne puisse contester la légitimité de son rang, que tous sachent qu’il n’était pas un général poltron, restant en arrière lors des combats, observant la bataille en spectateur. Aux Champs Dorés, les combats avaient été si confus qu’il n’était monté en première ligne qu’à deux reprises afin de soutenir ses troupes en difficultés, rares étaient ceux qui avaient eu le temps de remarquer sa présence au cœur de la mêlée. Aujourd’hui, il montrerait à tous quel général il était.

-Cavaliers, en avant ! Hurlèrent les officiers de Rénald lorsque ce dernier leur fit signe.

Les cent chevaliers accompagnant Rénald à l’assaut du hameau voisin firent avancer leurs montures au trot. Le petit village s’étendait devant eux en bas d’une petite dépression, à quelques centaines de mètres. Le Maître de l’Ordre pouvait voir quelques barricades érigées hâtivement, barrant les routes entrant et sortant du village, cependant, elles n’empêcheraient guère les chevaux de passer, les surmontant d’un bond. Les toulousains s’activaient, courant en tous sens afin d’organiser leurs défenses, les hommes se mettant en formation dans les rues, les archers pénétrant les bâtiments s’élevant sur plusieurs étages. Le combat serait court mais intense.
Mais Rénald ne doutait pas de ses chances de victoires, il terrasserait l’ennemi coûte que coûte et mènerait ses armées triomphantes jusqu’à Toulouse.

-Chevaliers, voici venue l’heure de la vengeance ! Hurla Rénald à ses hommes pour galvaniser leur moral. Voici venu le jour pour vous de faire payer à ces porcs leur cruauté et leur couardise ! Avancez sans relâche, avancez sans peur et l’arme en avant, avancez vers la victoire ! N’éprouvez aucune pitié, aucune clémence ! Voici venu votre heure de gloire ! Tracez à mes côtés le chemin de l’Ordre vers l’immortalité ! Tracez notre route vers Toulouse à la pointe de l’épée ! Que nul ne recul, que nul n’hésite, mais que tous chargent avec honneur et rage. Mes frères, mes chevaliers, chargez !

Les hommes dégainèrent leurs lames et brandirent leurs lances, s’unissant autour de Rénald pour pousser de longs et puissants cris de guerre, alors qu’ils forçaient leurs montures à galoper vers les lignes ennemies. Au loin, voyant l’ennemi avancer vers eux, les toulousains bandèrent leurs arcs, et l’instant d’après, une pluie de flèche tomba sur les chevaliers au galop. Rénald entendit plusieurs hommes hurler et tomber autour de lui, mais il ne voyait plus que l’ennemi en face de lui, se rapprochant de plus en plus. Il ne céderait jamais, pas face à ces hommes là, même s’il devait sacrifier tous ses soldats, ce village tomberait. Ignorant les traits fendant l’air dans des sifflements aigus tout autour de lui, Rénald agita son épée au-dessus de sa tête, ralliant les survivants à sa suite.
Les toulousains aux barricades brandissaient leurs armes, retranchés derrière leurs défenses de fortune, se préparant à encaisser leur charge. Depuis les bâtisses les plus élevées, une seconde volée de flèches fut tirée et vint faucher d’autres chevaliers dans leur élan. Alors qu’il ne restait plus qu’une dizaine de mètres entre les chevaliers et la barricade leur barrant le chemin, les toulousains poussèrent eux aussi leur cris de guerre en levant leurs vouges, s’apprêtant à repousser la charge ennemie.

-Qu’ils hurlent, qu’ils pestent, qu’ils crachent, qu’ils nous pourfendent, nous ne céderons pas ! S’exclama Rénald dans sa course, plus qu’à une poignée de mètres de l’ennemi. Chargez chevaliers ! Pour l’Ordre !

Le cheval de Rénald fut l’un des premiers à sauter par-dessus la barricade, en un mouvement d’épée fluide et rapide, il trancha la tête d’un homme avant même que les sabots de sa monture ne touchent le sol. Le chaos déferla sur les rangs toulousains, ébranlés par la charge dévastatrice, à peine atténuée par la présence de la barricade.
Frappant tout homme portant les couleurs de Toulouse, Rénald fit avancer sa monture le long de l’avenue principale du village, escorté par une dizaine de chevaliers, ignorant les quelques toulousains encore debout à la barricade, tandis que les autres cavaliers partaient de leur côté, écrasant toute opposition sur leur passage. Le but premier de Rénald était d’atteindre la place centrale du village après avoir réussi à percer les défenses à ses entrées, ce qui était chose faite. A présent, les hommes devaient se disperser et éradiquer toute présence ennemie dans le village, la consigne avait été donnée : aucun prisonnier, aucun survivant. Toulouse devait payer pour les atrocités commises lors de son avancée sur les terres de l’Ordre.

-En avant, continuez l’assaut ! S’exclama Rénald en trancha la tête d’un nouveau toulousain se trouvant sur sa route, menant ses cavaliers vers leur objectif.

Talonnant sa monture, Rénald arriva au cœur du village, occupé par une vingtaine de toulousains, retranchés au pied d’une demeure s’élevant sur deux étages, certainement une auberge vu l’enseigne qui décorait sa façade. Un des officiers de Rénald dépassa la monture de ce dernier, l’incitant à cesser sa folle course effrénée, « Grand Maître, c’est ici que doit s’être retranché leur capitaine. Il doit être bien défendu, nous devrions attendre le reste de la troupe. ».

-Ils seront bientôt là lieutenant, le rabroua Rénald, je ne suis pas venu mener cette bataille avec timidité. Chargez !

Ignorant les objections de son officier, le Maître de l’Ordre talonna encore une fois son cheval, une imposante bête à la robe noire, et chargea avec ses hommes les rangs ennemis, dispersés devant l’entrée de l’auberge. Mais alors qu’il n’était plus qu’à une dizaine de mètres des toulousains, des cris de guerre résonnèrent à nouveau sur le hameau, et surgissant des maisons, des granges et des ruelles, une foule d’ennemie apparut, encerclant Rénald et ses chevaliers.

-C’est un piège ! S’exclama avec stupeur l’officier retissant, faisant stopper sa monture en même temps que celles de tous les membres de la garde de Rénald.

En quelques instants, les hommes de Rénald furent submergés par une vague déferlante d’hommes armés d’épées et de lances, une centaine de fantassin se ruant sur les cavaliers isolés au beau milieu de la place du village. Du haut de sa monture, Rénald vit une silhouette se distinguer des autres au pied de l’auberge, un homme de forte stature, arborant une cotte de maille passée sous un tabard aux armes de Toulouse.

-Te voila, murmura Rénald avec un sourire satisfait. Vous tous, chargez à mes côtés, n’ayez pas peur de cette racaille ! Suivez-moi ! Hurla-t-il à ses hommes effrayés.


Observant la bataille depuis la petite colline surplombant le village, le capitaine Harold Harper grimaça en voyant les hommes de Rénald se faire piéger au beau milieu du village par près d’une cinquantaine de toulousain. Tout se passait à merveille quelques minutes plus tôt pourtant, les chevaliers étaient entrés dans le village suite à une charge dévastatrice que les défenseurs ennemis n’avaient pas réussi à repousser, mais à présent, Rénald était en très mauvaise posture. Depuis qu’il avait été promu à la tête des Pisteurs de l’Ordre, Harold avait eu moins souvent l’occasion d’entendre des hommes critiquer et se plaindre de la politique de Rénald, sûrement parce que les hommes craignaient de ne trop parler en la présence d’un haut gradé, mais il ne doutait pas que ces sentiments soient toujours vivaces, certaines rumeurs disaient même que quelques officiers envisageaient de le renverser. Mais à présent, le capitaine norvégien commençait à penser que Rénald ne serait plus un problème pour ses opposants d’ici très peu de temps.

- Ne devrions-nous pas intervenir ? Demanda Harold à un des officiers qui parcourait la colline de long en large, arborant fièrement une tunique noire, symbole de sa dévotion au Maître.

Ces hommes étaient apparus soudainement, accompagnant Rénald depuis l’Empire, ils avaient prit le contrôle des armées de l’Ordre avec une rapidité et une efficacité époustouflante. Certains ne participaient pourtant à aucune bataille, Harold ignorait même leurs grades, mais l’autorité dont ils faisaient preuve était incontestable. La simple couleur de leurs tuniques imposait l’obéissance aux simples soldats et semait la confusion parmi les officiers qui ignoraient s’ils devaient leur obéir ou pas, dans le doute, la plupart leur obéissait sans poser de questions d’ailleurs. L’homme regarda Harold d’un air hautain, agacé d’être ainsi sollicité.

-Ce sont les ordres du maître, personne ne bouge sans qu’on en ait donné l’ordre…capitaine. Finit-il par ajouter à la fin de sa phrase, oubliant cependant d’adopter un ton plus aimable qui aurait quelque peu rendu plus crédible cette fausse marque de respect.

Sceptique, Harold se fit pourtant silencieux, après tout, si Rénald avait des tendances suicidaires, ce n’était pas son problème.


Rénald fit avancer sa monture, renversant les toulousains osant se mettre sur sa route, suivit par cinq cavalier ayant réussi à le rejoindre, tandis que les autres défendaient leur vie du mieux qu’ils le pouvaient.

-Maître, il faut se replier ! Supplia l’un des chevaliers de Rénald.

Mais le Maître de l’Ordre ignora sa demande. Son cheval piétinait quiconque lui barrait son chemin, et il s’approchait de plus en plus du capitaine ennemi, retranché derrière quelques soldats devant l’auberge qui leur servait de quartier général. Soudain, des cors sonnèrent avec puissance au-dessus du village, étouffant un faible instant le brouhaha de la bataille, et, depuis toutes les entrées de la place, des dizaines de chevaliers chargèrent l’ennemi qui y était regroupé. Comme Rénald s’y attendait, les toulousains avaient préparé une embuscade aux chevaliers, mais, voyant le Maître de l’Ordre charger tête baissé à travers le village, ces hommes s’étaient empressés de charger à leur tour, attirer par Rénald et son porte drapeau comme des papillons par des flammes. Et comme un papillon, ils s’y étaient brûlés les ailes, ne prêtant pas attention aux autres cavaliers qui s’étaient immédiatement dispersés dans le village, ils s’étaient rués à la suite de Rénald, pour se faire encercler finalement sur la place centrale du hameau. La panique s’emparait peu à peu des toulousains, comprenant que la situation leur avait échappé en quelques instants seulement. Alors qu’ils pensaient avoir piégé le Maître de l’Ordre, ils s’étaient eux-mêmes condamnés, trop prompt à vouloir mettre à bas leur ennemi, et à présent, les cavaliers de Rénald massacraient à tour de bras les soldats du comté.

-Massacré les tous ! Pas de pitié pour ces misérables ! S’époumona Rénald après avoir décapité un nouvel adversaire se présentant à lui.

Au cœur de la mêlée, le Maître de l’Ordre vit le Capitaine ennemi tenter de ramener le calme dans son armée, hurlant ses instructions dans l’espoir de se faire entendre. Cependant, ses cris étaient vains, ses hommes se faisaient massacrer, piétinés par les bêtes et lacérés par les lames des chevaliers, avides de leur sang, avides de vengeance. A présent, l’ennemi devait être décapité, et ce serait Rénald qui le ferait, il prouverait à ses armées que seul lui méritait de les mener, seul lui pouvait les guider vers la victoire.


Le village avait été pris, et quelques heures plus tard, le Pont du Vallon avait été à son tour occupé par les forces de l’Ordre. Après de longs et épuisants combats, les chevaliers avaient été victorieux, marquant ce premier jour de la bataille du Vallon aux Vergers par trois victoires de l’Ordre sur Toulouse. La première, remportée grâce à la Compagnie du Vent du Capitaine Athanasios de Rhodes, la seconde par Otto Von Kassel, et enfin, la dernière par Rénald en personne.
Le Maître gravissait à présent la colline sur laquelle l’Ordre venait d’établir son campement, surplombant depuis son extrémité sud le Vallon. De là, l’on pouvait voir dans la nuit les feux du camp adverse, plus au nord, ainsi que plusieurs autres disséminés là où l’Ordre et Toulouse avaient érigé leurs défenses. Le pont était à l’Ordre à présent, et des dizaines d’ingénieurs y dirigeaient la construction de barricades, de tours de guet d’où des archers pourraient tirer sur l’ennemi, mais aussi deux balistes ainsi qu’une catapulte fixe. Si l’ennemi tentait une contre-attaque, il s’en mordrait les doigts.

Mais pour l’heure, Rénald avait autre chose en tête que la planification des défenses du terrain durement gagné pendant la journée. Il se revoyait encore, fauchant l’ennemi sur son passage dans le village quelques heures plus tôt, poursuivant leur Capitaine jusque dans l’auberge du hameau, y pénétrant seul, affrontant tout homme se présentant à lui, pour les mettre à bas aussitôt. Il avait pourchassé le Capitaine toulousain jusque sur le toit pour l’y affronter, et après un combat acharné, son ennemi avait été vaincu, désarmé et bardé de chaînes, après quoi Rénald avait planté lui-même sa bannière et celle de l’Ordre au sommet de l’auberge.

A présent, il escortait son prisonnier, accompagné par ses gardes du corps. Arrivant enfin au camp, Rénald eu la satisfaction de voir une foule de chevaliers abandonner toutes leurs activités pour lever leurs regards dans sa direction. Laissant de côté leur nourriture, leurs jeux de cartes, leurs discussions, pour tous l’observer avec appréhension, tenant lui-même le Capitaine ennemi enchaîné, attaché par le cou à l’aide d’une corde. Dans ce labyrinthe de tentes, de pavillons, d’abris faits de bois et de toile, les chevaliers, ses chevaliers, l’observaient avec étonnement, et peu à peu, des murmures, puis des exclamations s’élevèrent.
Rénald avait été au combat toute la journée, affrontant l’ennemi au village et aidant ses hommes à parachever la prise du pont et du moulin, y envoyant des renforts et interceptant quelques toulousains ayant tenté une contre-attaque. C’était un homme couvert de sang, ses vêtements noirs déchirés et plein de poussières. Personne ne pourrait l’accuser de couardise.

- Chevaliers, commença Rénald, parlant d’une voix forte afin de se faire entendre de tous, attirant plus d’hommes encore vers lui, en ce jour, nous célébrons à nouveau une grande victoire sur notre ennemi toulousain. Je suis fier de tous ceux qui se sont battus avec tant d’acharnement aujourd’hui. Et je sais que je ressentirais tout autant de fierté pour ceux qui combattrons demain, et encore le jour suivant, et encore le jour d’après. Chaque jour, je vous promets d’être fier de vous, d’être reconnaissant du sacrifice que vous faîtes pour nous tous, pour l’Ordre, pour vos frères d’armes, pour vos frères chevaliers.

Plusieurs hommes acclamèrent les paroles de Rénald, se sentant à cet instant proche de leur Maître, plus proche de lui que Sopraluk ne l’avait jamais été. Ce n’était pas que des tuniques noires ou ceux portant leurs brassards, mais aussi ceux encore restés neutres. Rénald le savait, ces hommes n’étaient vraiment fidèles qu’à leurs chefs qui donnaient au moins autant leur sang que leurs soldats le donnaient pour eux. Il leur avait montré qu’il n’était pas ingrat, qu’il n’attendait pas d’eux l’impossible, qu’il ne resterait pas les bras croisés tandis qu’ils iraient à la boucherie.
C’est ainsi qu’il se protégerait des traîtres, en s’accaparant l’amour de ceux qui reconnaissaient ce qu’était vraiment la bravoure et l’honneur. Car Rénald le savait, certains complotaient contre lui, à commencer par Bertrand de Lorraine, revenu plein de lauriers de cette bataille qu’il n’aurait jamais dû gagner. Il était revenu pour semer le trouble au sein de l’Ordre. Avide de pouvoir, il s’apprêtait à plonger l’Ordre dans la discorde, mais Rénald allait l’en empêcher. Toute sa vie, Rénald avait su quoi faire des traîtres, comment les combattre et surtout comment les punir, qu’ils soient des amis, des parents, peu importaient les sentiments qu’il pouvait éprouver pour quelqu’un. A partir du moment où une personne abusait de sa confiance, de sa générosité, Rénald devenait impitoyable.

- Mais parmi nous, il manque des visages, ajouta Rénald, teintant sa voix de tristesse, certains gisent entre la vie et la mort, dépendant de la grâce de Dieu et de nos soigneurs. Et d’autres ne reviendront jamais. C’est un fait qu’il est inutile que je vous rappelle, la guerre est cruelle, elle prend et ne donne que très peu en retour, en tout cas, très peu pour ceux qui l’ont fait, mais profite à ceux qui l’ont déclenché. Chaque homme qui a péri aujourd’hui, chaque chevalier qui a donné sa vie pour que nous soyons victorieux, chacun d’entre eux est dans mon cœur. Leur souvenir sera à jamais infiniment douloureux pour nous tous, mais aussi un fardeau que je devrai porter pour l’éternité pour avoir été celui qui les a envoyés à la mort.

Le silence se fut parmi les chevaliers, toujours plus nombreux à chaque seconde. Rénald se dressait à présent seul au milieu d’une foule d’hommes de l’Ordre, observant leur Maître et ignorant le prisonnier qu’il tenait, toujours silencieux à ses côtés, comme invisible. C’était un silence lourd, triste et amer qui régnait, plusieurs chevaliers baissèrent la tête, pensant à ceux qui ne seraient plus jamais là, à leur côté.

- Nous tous avons eu à souffrir des horreurs de la guerre, nous tous avons perdu des êtres chers, je ne vous apprends rien. Toi, dit Rénald en pointant un doigt vers un chevalier au hasard, un homme d’une trentaine d’année, affublé d’une cicatrice toute fraiche sur la joue gauche, as-tu perdu un être cher dans ta vie ?

Le chevalier sembla embarrassé d’être ainsi au centre des attentions, tous les regards se braquant vers lui d’un coup. Cependant, les paroles et le regard interrogateur de Rénald semblèrent l’hypnotiser, et il trouva le courage de répondre « Mon frère, en Hongrie, les Svarogs ont attaqué son convoi alors qu’il escortait des ingénieurs afin de reconstruire Bucarest. ». A nouveau, Rénald désigna un autre chevalier qui s’empressa de répondre avec un peu plus de conviction que son prédécesseur.

- Mes parents, lors d’un raid de rebelles à la frontière de la Savoie.

- Mon fils est mort de la famine lorsque les Maures ont assiégé notre ville en Castille ! S’exclama avec colère un chevalier d’une quarantaine d’année, sans même que Rénald ne le lui demande.

Une cacophonie de voix, de cris pleins de colère et de tristesse, s’éleva dans le camp de l’Ordre, tant de chevaliers souhaitant faire part des malheurs qu’ils avaient vécu. Ils avaient souffert de la guerre, Rénald le savait, il s’était donné comme mission de les soulager quelque peu de leur douleur.

- Ainsi, vous voyez donc que, malgré nos différences, malgré nos origines, malgré nos convictions, nous partageons tous cela, nous avons tous un point commun : la souffrance ! S’exclama Rénald avec rage et passion. Nous tous avons déjà bien trop souffert de la guerre, des odieux conflits déclenchés par des hommes qui n’avaient que faire du malheur qu’ils pouvaient infliger autour d’eux ! Nous connaitrons encore bien d’autres souffrances, mais vous tous, vous avez juré de combattre cette douleur, de combattre ceux qui la répandent !

Les chevaliers acclamèrent les paroles de Rénald, poussèrent des hurlements, exprimant leur courroux. « Regardez donc, de l’autre côté de cette vallée, ces toulousains qui viennent semer la mort et la destruction jusque sur nos terres, ce sont eux que vous avez juré de combattre ! Eux aussi ne souhaitent que répandre la douleur sur nos cœurs ! Allez-vous les laisser faire ? » S’époumona Rénald à bout de souffle, sa voix virant vers les aigus à force de crier de plus en plus fort. D'autres hommes encore se joignirent aux hurlements enragés, Rénald leur inspirait la force dont ils auraient besoin afin de mener la prochaine bataille, ils devaient se gonfler de colère et de fierté avant de combattre l’ennemi.

- Cet homme est l’un d’entre eux, renchérit Rénald en désignant son prisonnier, regardant ce spectacle avec horreur, ressentant toute la colère et la haine des chevaliers. Il a saccagé les maisons de nos gens, brûlé leurs terres ! Il s’est allié avec ceux qui ont mis Fort Quentin à feu et à sang, ceux qui ont massacré Antoine de Caen et mille de ses hommes ! Il ne mérite aucune pitié ni aucun privilège dû aux vaincus, et cela en va de même pour tout toulousain !

En un éclair, Rénald dégaina son épée, et d’un seul geste, trancha la tête du malheureux qui n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour dire un mot. Son corps décapité s’écroula sur le sol sous les yeux des chevaliers, qui après un temps de flottement, ou chacun réalisait ce qu’il venait de se produire sous leurs yeux, poussèrent de longs vivats et cris de guerre.

- Prévenez donc ces fils de putains d’en face que nous arrivons, prévenez les que nous ne leur ferons pas de quartier ! Nous gagnerons cette bataille, nous gagnerons cette guerre, et personne ne nous en empêchera. Qu’il soit ami ou ennemi, personne n’empêchera l’Ordre de pourfendre ceux qui veulent répandre la douleur dans nos cœurs et nos âmes ! Chevaliers, dîtes leurs que nous arrivons et que nous les vaincrons !

Sous les vivats de ses chevaliers remplis de haine pour leur ennemi toulousain, Rénald savoura sa victoire. Il les mènerait jusqu’au bout du monde à présent s’il le souhaitait et personne ne l’en empêcherait, même Bertrand n’avait pas osé se montrer ce soir. Il mettrait à bas ses ennemis toulousains, et si le Commandant Lorrain était encore assez fou pour le défier, il le détruirait lui aussi.
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMer 5 Mai - 3:00

Perpignan, nuit du 11 novembre 1152

Livio observait en silence les individus face à lui, jaugeant leurs forces et tentant de percer à jour leurs faiblesses, scrutant leurs visages, essayant d’y discerner leurs pensées, leurs intentions. Cependant, ses adversaires n’étaient pas seulement devant lui, mais tout autour de lui, sur sa droite, sur sa gauche, mais aussi derrière lui, guettant ses moindres faits et gestes, Livio était cerné, et se retrouver dans une telle position le rendait nerveux. Mais il devait continuer à afficher une attitude neutre, décontractée, montrant à tous qu’il n’était pas impressionné par eux, quel que soit leur nombre et leur pouvoir.
Il se savait observé, examiné avec minutie, comme des bêtes curieuses avec une proie potentielle, se demandant quel goût pouvait bien avoir sa chaire, à quel point il était prêt à défendre sa vie avant de se laisser dévorer. Car oui, ces animaux là avaient un appétit dévorant et une soif incommensurable… A tout instant, il risquait de succomber à leur faim.

- Pouvez-vous me passer le plat d’agneau s’il vous plait Capitaine ? Demanda justement l’une des bêtes affamées.

Rendant au gros commerçant, assis à sa droite, un sourire tout aussi aimable et artificiel que son interlocuteur lui faisait, Livio attrapa un énorme plateau sur lequel gisait une véritable montagne de viande et le tendit à son voisin, espérant secrètement que ce dernier s’étouffe avec ce nouveau kilogramme que l’ogre s’apprêtait à engloutir. Mais tout bien réfléchi, Livio leva la sentence de mort qu’il avait escompté en voyant avec écœurement l’énorme homme d’affaire dévorer une côtelette, projetant tout autour de lui des éclaboussures de salive, de sauce, de graisse et quelques morceaux de viande d’agneau, ou pire, de viande issue de ses précédentes victimes. S’il était aussi répugnant lorsqu’il mangeait, Livio eu peine à imaginer cet homme s’étouffer avec sa nourriture sans avoir une prodigieuse envie de vomir. L’ancien Svarog qui avait revêtu ses plus beaux vêtements pour ce dîner, craignait de ne devoir leur dire adieu si l’homme venait à s’étrangler juste à côté de lui.

Le banquet avait débuté une demi-heure plus tôt. Prenant place autour de trois grandes tables rectangulaires disposées en forme de U, dans l’une des nombreuses pièces du Grand Hall, les convives étaient environ une quarantaine. Parmi eux se trouvaient de riches marchands accompagnés par leurs femmes, des représentants de diverses guildes et certains chefs des milices. Et enfin, assis à la table centrale, l’évêque en personne, accompagné de son auxiliaire, ayant pour mission de l’aider dans ses charges administratives, et de son coadjuteur, celui qui était un jour appelé à lui succéder.
Monseigneur Jean Garnier, évêque de Perpignan, se tenait droit, discutant vivement avec son coadjuteur, reconnaissable à sa robe violette, tout comme celle de l’évêque, bien que moins décorée. Son auxiliaire, portant une soutane noir de prêtre, de son côté, semblait écouter la conversation, mais gardait aussi un œil sur la salle dans son ensemble, faisant parfois signe aux serviteurs, s’alignant le long des murs de la pièce, afin de leur indiquer certains convives qui avaient besoin d’eux. Jusqu’alors, l’on avait à peine adressé la parole à Livio, les rares fois où des convives s’intéressaient à lui, c’était pour lui demander certains plats, tout comme le porc ayant pris forme humaine à sa droite venait de le faire quelques instants auparavant. Les hôtes étaient plongés dans leurs discussions, semblant trop absorbés pour la plupart par leurs histoires pour s’intéresser à une nouvelle tête parmi eux. Cela ne dérangeait pas trop Livio après tout, il aimait passer ainsi inaperçu, en profitant pour analyser son environnement et les personnes autour de lui, tout en mangeant des plats qui amélioraient nettement son quotidien. La nourriture de l’Ordre servit dans les cantines n’était pas affreuse, mais elle manquait cruellement d’originalité et ne se renouvelait que trop peu. Ici, il avait eu l’occasion de gouter à quelques potages, des fruits et de la viande généreusement relevées. L’hygiène et les bonnes manières ne semblaient pas être le point fort des personnes présentes, mais leurs cuisiniers en revanche faisaient des merveilles.

A la table située en face de celle où il était assis, Livio remarqua le Sénéchal Romuald Dubois, assis au plus près de la table de l’évêque. L’homme l’avait introduit quelques heures plus tôt dans le Grand Hall, le donjon de Perpignan reconvertit en forum par son évêque et ceux avec qui il régnait, les guildes et les marchands influents de la cité, jouissant d’une autonomie plus que confortable vis-à-vis de l’Ordre, au vu des largesses qu’il se permettait lors de ses banquets. Dubois avait été des plus généreux avec Livio, lui fournissant une chambre pour lui et deux de ses hommes, et libérant quelques places dans la caserne du bâtiment pour ses huit autres Pisteurs. Le Sénéchal observait l’assemblée avec attention, touchant timidement à la nourriture devant lui, gardant une main près de son épée et six miliciens armés derrière lui.
Le Sénéchal posa finalement son regard sur le Capitaine de l’Ordre et dut y voir son impatience, car même s’il appréciait de pouvoir manger en paix des plats généreux, Livio avait tout de même une mission à mener, et il se voyait mal revenir bredouille face à Rénald, avec pour seule excuse que l’on n’avait pas voulu s’intéresser à lui durant son séjour. Dubois fit un léger signe de tête à Livio et se leva, marchant vers l’évêque, toujours en grande discussion avec son futur successeur. Le chef des milices de la ville se pencha par-dessus l’épaule de Monseigneur Garnier et lui chuchota quelques mots à l’oreille, éveillant la curiosité chez quelques un des invités. L'évêque sembla répondre par la négative à la demande du militaire, secouant brièvement la tête, puis indiqua deux places inoccupées à la table où se trouvait Livio. Apparemment, Garnier souhaitait attendre les deux retardataires avant de prendre la parole. Acquiesçant d’un hochement de menton, Dubois regarda à nouveau Livio et lui fit comprendre d’un regard qu’il lui faudrait encore être patient avant de regagner sa place.

Livio soupira avec agacement, puis décida de tourner son attention sur les conversations autour de lui, afin de glaner des informations parmi les dirigeants de la cité la plus riches - théoriquement - contrôlée par l’Ordre. Alors que les femmes non loin de lui semblaient être fascinées par quelques ragots sur les aventures extra-conjugales de certaines, leurs maris eux parlaient finance, transactions et surtout, ils parlaient de leur or. Écoutant avec une attention renouvelée, Livio parvint à saisir au vol de nombreuses discussions autour de lui, les hommes parlaient sans crainte d’être entendus, parlant ouvertement de leurs affaires à leurs voisins, et de plus en plus, Livio commençait à soupçonner Dubois de ne pas lui avoir tout dit sur cette cité.

-… et j’ai réussi à négocier son prix jusqu’à le baisser de moitié lorsque je lui ai fait part de mes relations dans les quais des ports italiens. Se vanta un homme qui devait être un riche marchand vu ses vêtements aux couleurs criardes et à son air hautain.

- Il est vrai que la perspective de ne plus pouvoir accoster en Italie, même avec une simple barque, n’a pas dû lui plaire. Commenta son interlocuteur en riant. Cela donne à réfléchir.

Les deux hommes se mirent à rire avec suffisance, rappelant fortement à Livio certains hommes de Venise, les patriciens qui gouvernaient la Sérénissime République étaient de ce genre là : impitoyables et assoiffés d’or. Mais alors que les deux marchands se lançaient dans un débat légèrement rébarbatif, concernant les différentes monnaies existantes en Europe et dans laquelle il était le plus avantageux d’investir, l’attention de Livio fut soudainement attirée vers deux hommes, discutant à voix basse à deux sièges seulement de lui. Les deux individus ne parlaient pas aussi fort que leurs voisins, et Livio se remit à espérer que son voisin finisse par s’étouffer, mastiquant bruyamment sa nourriture en poussant des grognements, tant il éprouvait de la difficulté à avaler tout ce qu’il enfournait dans sa bouche, occultant les paroles des deux hommes. Mais malgré ça, Livio avait parfaitement entendu le mot « Ordre » et le nom « Rénald ».

-… peux pas durer éternellement, et Rénald le sait. Murmura l’un des marchands, un homme mince à la peau mâte. Si cette guerre se prolonge, les affaires en pâtiront, nous ne pouvons pas lui permettre de gâcher tous nos plans.

- Patience mon ami, lui répondit le second homme que Livio ne pouvait voir, caché par son interlocuteur. Bientôt, tout sera prêt pour que nous mettions nos projets à exécutions et là, Rénald n’aura pas le choix, il devra…

Mais alors que l’individu s’apprêtait à finir sa phrase, amenant l’intérêt de Livio à son paroxysme, les portes de la salle s’ouvrirent, face à la table de l’évêque, interrompant les deux hommes dans leur conversation. Le porc à la droite de Livio entendit ce dernier jurer de frustration et cessa de mastiquer le morceau de poulet qu’il avait dans sa bouche, le regardant avec stupéfaction, ses lèvres dégoulinantes de graisses légèrement entrouverte, comme si la grossièreté du Capitaine était plus choquante que le fait de se nourrir comme un goret.

- Quoi ? S’indigna Livio, ne supportant plus le regard abruti de son voisin de table. Que sa majesté le roi des dégueulasses me pardonne d’avoir interrompu ses goinfreries !

L’homme sembla si choquer qu’il en cracha sa nourriture à moitié mâchée sur ses genoux et s’apprêta à répliquer avec véhémence, mais Livio eu la courtoisie de l’interrompre avant que l’inconscient ne se condamne lui-même à une fin atroce.

- Si le moindre son sort à nouveau de ta bouche, je dis bien le moindre, à peine un murmure, à peine un grognement, je jure sur tous les dieux malfaisants que je vénère de t’arracher ta putain de langue et ce qui te sers à pisser, de te découper le gras du ventre, de t’ôter une par une tes dents pourries et de te fourrer tout ça si profond dans ton rectum que tu auras tout le loisir, par toutes les prières que tu connais, de supplier ton Dieu de te pardonner d’avoir été un être aussi répugnant que tu l’as été toute ta misérable vie. Alors tu replonges ton visage dans ta mangeoire et tu te tais.

L’homme blêmit, outré puis effrayé par le langage de Livio et ses menaces, plongeant son regard sur la table face à lui, tout en essayant de déplacer son énorme postérieur sur le banc qu’il occupait afin de s’éloigner de lui. A l’entrée de la salle, un héraut annonça les deux retardataires d’une voix forte.

- Monseigneur l’évêque, mesdames et messieurs, Monsieur Silvio Zaguario, représentant de la corporation des négociants de Toscane et Madame Vivia Dagosta, cousine de monsieur Zaguario et fille de la famille des doges de Venise, sont à présent parmi nous.

Plusieurs applaudissements polis s’élevèrent dans la salle, en signe de salutation pour ceux qui avaient tant retardé le moment où Livio devait prendre la parole. Ce dernier se décida à quitter des yeux son voisin, qui semblait avoir compris que le silence était sa seule chance de salut, et leva son regard vers le couple. En un instant, Livio sentit les poils sur ses bras s'hérisser, son visage pâlir et un long frisson vint lui chatouiller la colonne vertébrale. Le dénommé Silvio Zaguario était un homme plutôt grand, richement vêtu, portant une longue cape sur un ensemble brun et vert, décoré de fils dorés, mais c’était la femme à son bras qui déclencha cet effet chez Livio.
D’une grande beauté, arborant une chevelure noire lui atteignant le bas de la nuque, elle semblait avoir tout juste une trentaine d’année, et sa longue robe pourpre dessinait gracieusement les courbes son corps. Elle sourit avec timidité, semblant gênée d’être ainsi au centre de l’attention. Elle embrassa la salle d’un regard innocent, comme découvrant des choses incroyables qu’elle n’avait jamais vu jusqu’à alors. Mais lorsqu’elle croisa le regard de Livio, ce dernier y vit une malice et une noirceur qui ne laissèrent aucun doute sur l’âme de la jeune femme, aussi putride qu’une carcasse laissée au soleil. Passant une main gantée dans sa chevelure d’ébène, Saraphina, sœur des Ombres, amante occasionnelle de Livio et jouant une fille de la famille régnante de Venise ce soir là, étira son sourire en apercevant son frère assassin. Certains pouvaient s’y laisser tromper, mais Livio voyait clair en cette femme, le sang coulerait cette nuit.
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeMer 5 Mai - 23:50

une seule chose à dire : LA SUITE bounce


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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeJeu 6 Mai - 0:38

J'ai même pas eu le temps de lire No J'ai dormi toute l'après-midi, j'étais complètement mort et ce soir j'étais au Volley, victoire de Tours 3-1 contre Cannes dans la Finale aller du Championnat de France cheers
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeJeu 6 Mai - 20:25

Passionnant, j'avais raison d'avoir un mauvais pressentiment sur cette soirée Shocked
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeVen 7 Mai - 7:30

Perpignan, nuit du 11 novembre 1152

Le couple s’installa à leur place, en bout de table près de celle de l’évêque qui salua leur arrivée d’un sourire ravi, se levant même pour donner l’accolade au riche marchand toscan et frôlant de ses lèvres la main gauche que la dame qui l’accompagnait lui tendit avec un regard timide. Livio sentit son sang bouillir devant la mascarade de cette garce, si il y avait bien un sentiment que Saraphina ne pouvait pas éprouver, c’était la timidité, mais immédiatement, Livio se ravisa, il y avait tant de sentiments que la jeune femme aussi sublime que cruelle ignorait : la compassion, l’affection, la générosité, et bien d’autres encore. Aussitôt, une petite voix dans sa tête lui rappela que lui aussi ignorait au moins tout autant ces émotions, mais il balaya cette remarque avec colère, il n’avait rien à voir avec cette femme. Elle n’était que duperie, se comportant comme une petite bourgeoise de la cité de saint Marc ce soir là, timide, ravissante, courtoise, la rendant attendrissante même, tout le contraire de ce qu’elle était. Pourtant, malgré son dégoût, Livio sentit son corps répondre à la vu du corps de la jeune femme, sa fine silhouette, ses longues jambes qu’il entraperçu un bref moment dans un envol de tissu lorsqu’elle s’était déplacée vers son siège, son cou qui répondait si bien à ses baisers, sa peau couleur pêche, qu’il savait si douce. Il la désirait et cela le mettait en rage, se sentant si faible de ressentir un tel attrait pour cette femme, un désir né uniquement des sentiments frustrés qu’il éprouvait pour sa sœur, Matilda, bien que cette dernière le méprisait, il se sentait terriblement attiré par elle, bien qu’il fut incapable d’expliquer ou ces sentiments tiraient leur source.

-Bien, à présent que nous sommes tous réunis, je vous souhaite encore une fois la bienvenue à vous tous. Déclara poliment l’évêque Garnier, se levant de son siège, imité avec un temps de retard par l’assemblée. C’est un véritable plaisir de voir à ma table des visages familiers, mais aussi de nouvelles personnalités, ainsi, je présente mes salutations à ces nouveaux venus, en particulier à dame Dagosta, venue de Venise afin de rendre visite à son cousin, monsieur Zaguario.

Les deux intéressés firent de légers signes de mains, en réponse aux applaudissements polis qui répondirent à la déclaration de l’évêque, Zaguario se montrant très réceptif à cette petite ovation, Saraphina quant à elle, restant dans son rôle de jeune femme timide et vulnérable.

-C’est un véritable honneur d’être à nouveau invité à la table de monseigneur, remercia Zaguario en inclinant la tête vers son bienfaiteur en souriant. Mais je vous avoue que le bonheur et la surprise que j’ai ressentis en apprenant que mon sang était lié à celui de dame Dagosta, des Morosino, bien que nous ne partagions que des parents très lointain, est plus grand encore. C’est un véritable privilège de rejoindre une aussi prestigieuse famille, et plus encore, de rencontrer une aussi charmante jeune femme. Pour dame Dagosta, je souhaite que tous ici, nous levions nos verres.

L’assemblée obéit docilement, et même Livio y fut contrait par la force des choses, foudroyant du regard la meurtrière, qui derrière son visage d’ange, devait rire de ce spectacle grotesque. Avalant d’une traite sa coupe pleine de vin, Livio regretta son geste, le breuvage étant de qualité médiocre pour commencer, et en plus de cela, il risquait de trop vite lui monter à la tête s’il le buvait ainsi, peut-être aurait-il l’occasion d’aller se faire vomir dans un couloir lorsque l’occasion se présenterait à lui…En attendant, l’évêque leur fit signe à tous de se rassoir, puis, lorsque ce fut fait, il prit à nouveau la parole, adoptant une attitude plus grave cette fois-ci.

-A présent que les salutations sont faites, je me dois de vous annoncer la présence d’un autre hôte de marque ce soir, même si je crains qu’il ne nous apporte guère de bonnes nouvelles, je veux que vous fassiez bon accueil au capitaine Livio Daleva, chevalier de l’Ordre, venu en ambassade.

« Que le spectacle commence. » Se dit Livio en se levant de son siège, sous les yeux de l’assemblée. Dans les regards, il vit beaucoup d’inquiétude, de méfiance et même de mépris à peine voilé, apparemment, sa présence était aussi surprenante que déplaisante.

-Le capitaine est venu à nous afin de se faire messager pour le seigneur Rénald d’Antioche, ajouta Garnier, peut-être afin de calmer l’hostilité qu’affichaient certaines personnes présentes, capitaine, je vous laisse la parole.

-Merci Monseigneur, fit Livio avec un léger sourire forcé, ayant des difficultés à se montrer respectueux envers un représentant du culte catholique, mesdames et messieurs, croyez-moi quand je vous dis que je suis navré d’avoir à m’introduire ici, au cours de l’un de vos somptueux banquets, mais tel est mon devoir, alors je vais essayer d’être le plus bref et le plus limpide possible afin de ne pas gâcher votre fête. Tout d’abord, je tiens à vous dire que les nouvelles que j’ai à vous faire parvenir ne sont pas toutes entièrement mauvaises. Je tiens du seigneur Rénald en personne que toutes les lignes de l’Ordre ont repoussé les assauts toulousains durant la dernière semaine, et qu’à présent, nos troupes progressent à grande vitesse sur les terres toulousaines au moment où nous parlons.

Plusieurs exclamations surprises s’élevèrent dans la salle, les hommes le regardant avec stupeur, certains semblaient plutôt heureux de cette nouvelle, mais Livio nota certains regards inquiets parmi les convives. L’ancien Svarog grava dans un coin de sa tête les visages de ceux que cette information ne semblait pas ravir, ce n’était pas pour rien qu’il avait exagéré les faits, s’il voulait repérer les alliés de Toulouse parmi les grands de Perpignan, il devait leur faire croire que leur camp était dans une position des plus précaires. Après un instant d’hésitation, il se décida à tenter un nouveau coup de bluff, comme il se plaisait à le dire « Plus le mensonge est gros, plus on y croit. ».

-De plus, le Maître m’a assuré avoir réussi à capturer ces derniers jours plusieurs officiers supérieurs de l’armée ennemie, -nouvelles exclamations surprises dans la salle-, et certaines rumeurs feraient même état de la mort du comte en personne, terrassé par la maladie.

Ce dernier mensonge n’en était pas tout à fait un, le bruit courait que Raymond de Toulouse était mort, mais Livio voulait à tout prix observer le plus longtemps possible les expressions des personnalités présentes.

-Rénald semble penser que d’ici l’an prochain, nous aurons mit le siège devant les portes de Toulouse, et peut-être, la guerre pourra t’elle prendre fin. Cependant, en attendant, je suis au regret de vous annoncer que le Maître a l’intention de faire appliquer certaines nouvelles lois sur ses terres, de nouvelles taxes et opérer de grandes réformes afin d’augmenter les rendements qu’il en tire, et cela impliquera ses cités, qui je vous le rappel, bénéficiaient jusqu’ici de privilèges exceptionnels. Il est temps pour Perpignan de mettre la main à la poche pour l’Ordre…

A ces mots, plusieurs marchands et membres des guildes se levèrent de leurs sièges, scandalisés par cette nouvelle. Livio se retint de sourire devant ces mines enragées, « Et oui, dès que l’on touche à vos deniers, vous n’êtes plus aussi impassibles. ». A grands pas, Livio alla se planter au milieu de la salle, au centre de l’espace laissé vide entre les trois tables disposées en U, afin d’être bien visible par tous, rapidement, ses Pisteurs qui étaient restés en retrait aux côtés des serviteurs vinrent se placer derrière lui afin de le rendre plus impressionnant, toute cette mise en scène avait été soigneusement préparée dans la journée.

-Capitaine, bien que vous ne soyez que le messager de votre maître, prenez garde aux mots que vous prononcerez ici, le prévint l’évêque qui avait perdu toute courtoisie à l’égard de l’ancien Svarog.

-Je suis conscient de mes actes et de mes paroles monseigneur, répliqua Livio d’un ton ferme, et je n’ai nullement l’intention de les contenir. Je ne suis pas ici en tant que messager de Rénald, mais en tant qu’exécutant de sa volonté, et la volonté de Rénald est que tous ses sujets lui jurent fidélité dès à présent.

-Nous sommes peut-être au sein des terres de l’Ordre, mais les cités qui s’y trouvent bénéficient d’une autonomie importante et inconditionnelle, comme vous nous l’avez rappelé plus tôt, riposta l’évêque avec véhémence. Rénald ne peut exiger de nous que nous nous saignons aux quatre veines pour financer une guerre que nous n’avons en aucun cas souhaitée !

-Mais l’Ordre n’est pas l’agresseur dans notre cas, rappela Livio avec condescendance, il est dans notre droit de défendre, et pour ce faire, nous avons besoin d’or et de troupes. Et, ces privilèges dont vous bénéficiez sont le fruit de la volonté de Sopraluk et ce que Sopraluk vous a donné, Rénald est en droit de vous le reprendre. Il est temps pour Perpignan de choisir un camp, êtes vous avec nous, ou contre nous ? Le temps de la neutralité n’est plus de mise, Rénald exige une loyauté sans faille, il exige que Perpignan lui envoi dès la fin de la semaine mille hommes en armes, prêts à se battre. D’ici la fin de l’année, il exige que ce soient trois mille hommes supplémentaires qui rejoignent son camp. La cité devra dès aujourd’hui s’acquitter de façon mensuelle des taxes sur diverses marchandises, sur ses récoltes et d’autres impôts, détaillés dans ces parchemins.

D’un geste négligé, Livio lança en l’air une liasse de parchemins, noués ensemble par un cordon de cuir, qui atterrit devant l’assiette de l’évêque qui n’en revenait pas. D’ailleurs, personne n’arrivait à y croire, Livio était ravi de voir les expressions de ces hommes de pouvoir, ainsi ébranlés par les exigences pour la plupart fictives de Rénald.

-Ces parchemins renferment l’ensemble de ses exigences, ainsi que les lois qui s’appliqueront dès maintenant sur la cité et sa région, expliqua Daleva d’un ton impérieux, d’ici la fin de la semaine, je repartirais pour le front avec les troupes que vous m’aurez fourni, ainsi qu’avec un an de taxes en retard. Vous me fournirez également du ravitaillement.. Ha, et un dernier point s’applique à tous les marchands et les guildes, de la cité, chacun devra me fournir un livret détaillé de ses comptes, des transactions effectuées, des biens possédées ainsi que vos partenaires. Je vous conseil vivement de mettre vos notaires sur le coup dès ce soir, car la moindre irrégularité sera interprétée comme étant un signe d’acticités illicites avec l’ennemi et l’ensemble des biens du fautif et de ses associés les plus proches seront saisis par l’Ordre.

A ces mots, plusieurs têtes blêmirent, certains furent prit de mouvements nerveux, d’autres émirent des sons angoissés. La plupart étaient effrayés à l’idée de voir toute leur fortune saisie à cause d’une malheureuse erreur dans leurs comptes, mais Livio savait que d’autres étaient terrorisés de voir leurs activités avec l’ennemi être découvertes, car Rénald l’avait prévenu : certaines personnalités à Perpignan avait collaboré avec l’ennemi dans son invasion des terres de l’Ordre, sa mission était de les trouver et de les exécuter tous. Ces provocations n’étaient qu’une première étape, un coup de pied dans la fourmilière, là, les insectes allaient sortir de leur nid, contre-attaquant face à leur adversaire, et là, il pourrait les cueillir un à un à la pointe de son sabre. Mais Livio avait déjà une idée sur l’identité d’au moins une de ces fourmis. L’évêque était le premier menacé dans cette affaire, son pouvoir était mit en danger, son mode de vie plein de débauche risquait d’être perturbé par les décisions de Rénald, et Livio ne doutait pas qu’il eut favorisé l’attaque de Toulouse sur l’Ordre par quelques renseignements, ou même en finançant sa campagne. Cette nuit, il lui rendrait une petite visite pendant que ses pisteurs partiraient observer les fourmis se débattre contre la menace que représentaient ces parchemins.
D’un geste théâtrale, Livio se retourna et quitta la salle, suivit par son escorte, sous les yeux médusés des participants du banquet, qui, il n’en doutait pas, n’avait plus le moindre appétit à présent.



Tente de Rénald, campement de l’Ordre aux camps dorés, peu avant le départ de Livio pour Perpignan, nuit du 5 novembre 1152

Rénald venait de retirer à Livio ses hommes, ses pisteurs, lui avait ensuite remis un parchemin faisant de lui l’égal d’un connétable au sein de l’Ordre, recevant une autorité sans limites. Et à présent, le Maître de l’Ordre lui serrait sa main droite, sur laquelle se trouvait sa Marque, sa Marque des Ombres, apposée au fer rouge lors de son entrée dans la secte des assassins.

-Avez-vous confiance en moi Livio ? Demanda Rénald, plongeant son regard dans celui de l’ancien Svarog.

-Oui, murmura en guise de réponse l’intéressé, bien qu’il n’en sache rien à ce moment, pour l’instant, seule la surprise et l’angoisse prédominaient en lui.

-Non, répliqua Rénald sans montrer signe de déception ou de colère, mais ça viendra. En attendant, vous me respectez, vous savez que je suis le seul à même de sauver l’Ordre de la destruction…je m’en contenterais pour l’instant. Mais je veux que vous preniez en compte ceci Livio : l’Ordre et les Ombres ne peuvent coexister. Un jour, l’une de ces organisations devra disparaître, cela fait parti d’un cycle, d’une de leurs traditions ancestrales, un de leurs rites les plus sacrés et les plus sombres : le Don du Sang. Je vous prouve ainsi la confiance absolue que j’ai en vous Livio, je sais ce que vous êtes, à qui vous avez prêté serment, de gré ou de force, et pourtant, je vous parle en égal, en frère, sans craindre pour ce qu’il risque de m’arriver lorsque vous quitterez cette tente, car je sais que vous ferez le bon choix. Je sais que vous ne leur direz pas ce que je sais, car vous et moi savons ce qui est le plus important, quelle place nous occupons en ce monde, ce n’est pas celle que nous avons choisi, c’est le monde qui a choisi pour nous, mais nous l’acceptons.

Livio acquiesça, captivé par les paroles de Rénald, son honnêteté, sa force, sa confiance, il n’avait plus ressentit ça depuis qu’il était entré au service de Veraldus lors de l’avènement des Svarogs.

-Livio, j’ai besoin que vous agissiez depuis l’obscurité pour moi, continua Rénald, ne quittant pas le capitaine des yeux. Il existe des endroits ou je ne peux pas intervenir, et j’ai besoin de vous pour défendre l’Ordre des menaces que le commun des chevaliers doit ignorer. Tout comme Antoine l’a été, il existe des dangers que nous devons éliminer sans que quiconque le sache, les rois, les empereurs, les papes y ont recourt, même Sopraluk. Il n’est pas question d’honneur ou de vertu ici, mais de devoir, vous le savez. Vous serez un soldat de la nuit, soldat des guerres invisibles de l’Ordre, vous serez le premier de mes agents, un de mes conseillers, un de mes plus proches collaborateurs, j’ai besoin d’homme en qui avoir confiance, sur qui me décharger du fardeau que j’ai a porter. Livio, puis-je vous faire confiance ? Puis-je vous demander de m’assister dans ma tâche ?

-Oui seigneur, répondit Livio sans hésiter, vous pourrez compter sur moi.

Rénald l’observa un moment, puis, sans qu’il ne s’y attendre, Rénald lui donna l’accolade, comme deux amis se retrouvant après une brouille ou une longue absence. Bien que surpris, Livio ne put s’empêcher de se sentir important à ce moment, à nouveau, quelqu’un comptait sur lui pour le soutenir, il était précieux.

-Merci Livio, je ne l’oublierais jamais, fit Rénald avec gratitude en lâchant un Livio encore bouleversé. J’attends beaucoup de ceux en qui j’ai confiance, mais ceux là ne le regrettent jamais, je prends soin de mes serviteurs les plus fidèles et veillerais à ce que vous ne manquiez de rien.

Rénald se sépara de Livio pour de bon, retrouvant un ton plus sobre et allant se camper derrière son bureau, l’ancien Svarog comprit qu’il venait de revêtir à nouveau son rôle de maître de l’Ordre, et non plus de simple homme à la recherche de personnes de confiance.

-Je vais avoir besoin de vous dès à présent Daleva, j’espère que vous en serez capable. Car j’ai deux missions à vous confier, et aucune des deux ne va vous plaire.

-Ordonnez et j’exécuterais, répliqua Livio sans hésiter.

-Voila qui est bien, commenta Rénald en souriant, appréciant la loyauté toute nouvelle de Livio à sa cause. Je veux que vous vous rendiez à Perpignan, notre cité la plus flamboyante, mais aussi pleine de traîtres. Je n’en doute plus à présent, certains des membres les plus influents de la ville ont aidé Toulouse dans son invasion, cela ne fait aucun doute. Qui exactement ? Je l’ignore, mais j’ai la preuve de relations très étroites entre quelques généraux toulousains, et même le comte en personne, avec plusieurs membres du conseil de la cité, communiquant avec leurs alliés du nord sous le pseudonyme de la « Congrégation ». Des courriers interceptés font état de preuve que cette Congrégation a envoyé des informations sensibles sur nos défenses, nos effectifs et aurait également envoyé de l’argent à Toulouse, tout ça pour financer l’invasion afin de s’accaparer le contrôle de la cité par la suite, et sans doute demander plus de liberté que je n’accorde déjà à ces chiens.
Je veux que vous vous rendiez là-haut, que vous mettiez sous pressions ces marchands sans scrupules, que vous découvriez qui fait partie de la Congrégation, et pour la suite, inutile de vous faire un dessin. Vous leur sommerez de nous envoyer des renforts également, des ressources, nourriture et or, ainsi que l’état de leurs possessions. Lorsque ces traîtres seront éliminés, nous pourrons ainsi nous emparer de leurs biens, pour l’Ordre. Pourrez-vous mener cette mission à bien ?

Livio acquiesça d’un signe de tête en saisissant une liasse de papiers que Rénald lui tendait, contenant les exigences extravagantes de l’Ordre, visant à semer la peur dans les cœurs de ces pourceaux avides d’argent et de pouvoir.

-Mais…j’aurai aussi une autre mission à vous confier Livio, et celle-ci est des plus pénibles. J’hésite encore à vous la confier…

-Il n’est rien que je vous refuserais maître, vous m’avez accordé votre confiance et je m’en montrerais digne.

-Merci Livio… Murmura Rénald, affichant une attitude peu assurée qu’il ne lui connaissait pas. Je crains qu’un de mes plus vieux amis de complote à ma chute Livio…Tiberio Polani. Depuis le début de ce conflit, il ne cesse de m’envoyer des lettres m’appelant à cesser les hostilités contre Toulouse, je le comprends, mais je redoute que cela cache autre chose. Nous savons tous qu’il est le dirigeant des Justes, comptant dans leurs rangs les plus farouches de mes adversaires qui ne me jugeant pas assez digne de ma fonction. J’ai peur que petit à petit, il ne se laisse influencer par eux…et je ne sais pas quoi faire. Il est mon ami depuis si longtemps, je l’ai toujours beaucoup respecté et apprécié, sacrifier Antoine était une chose, il était arrogant, dangereux, il n’était plus l’homme que j’ai connu autrefois…mais Tiberio…il a toujours été un homme bon et sage…

-S’il envisage seulement de vous renverser, vous savez ce qui doit être fait pourtant. Raisonna Livio avec froideur.

-Oui, mais cela, je ne peux me résoudre à vous l’ordonner…il a été comme un frère pour moi et Sopraluk pendant tant d’années, il est vieux et faible, je ne peux pas…

-C’est pour cela que vous m’avez confié ce pouvoir, dit Livio en montrant le parchemin qui lui donnait une autorité sans limite au sein de l’Ordre, c’est pour cela que vous avez décidé de faire de moi votre agent de l’ombre. Je suis là pour faire ce que vous ne pouvez pas faire dans la lumière, si, pour l’Ordre, Tiberio doit mourir, alors ce doit être fait.

Rénald soupira avec souffrance, Livio voyait sa peine, il la comprenait, condamner ainsi à mort un ami devait être pénible, et Rénald venait déjà de le faire quelques jours plus tôt.

-Assassiner ainsi un ami, c’est au-dessus de mes forces, expliqua Rénald avec chagrin, j’ai déjà tant perdu à cause des intrigues, des jeux de pouvoir et des combats de l’Ombre. J’ai tant perdu…mes amis, mon âme, ma famille…

-Il vous reste vos hommes, et Maxime est encore là et semble beaucoup vous respecter.

-Il est vrai, mais il est si dur de poser les yeux sur un de ses fils, quant on se souvient avec douleur de la perte de ses autres garçons et de sa femme. Ethan me méprise, refusant de répondre à mes lettres, reniant mon nom, mon héritage, même si je sais que j’ai mérité sa haine…et, il y a Jérémy.

-Je ne vous ai jamais entendu parler de lui, s’étonna Livio, à la fois gêné et flatté de se voir ainsi confié les secrets intimes du Grand Maître.

-Mon plus jeune fils, Jérémy. Il était un enfant merveilleux, bon, généreux…c’était il y a longtemps, avant que je rejoigne l’Ordre. Il était intelligent, il lisait beaucoup et écrivait très bien, j’avais foi en lui, je pensais qu’il deviendrait un érudit, comme j’aurais tant voulu l’être, avant que la vie ne décide pour moi. Il était aussi un excellent cavalier et savait se faufiler partout sans que l’on ne sache comment, un peu comme vous si je ne m’abuse. J’étais heureux, comblé même, j’avais une femme, trois charmants enfants, je vivais de rentes confortables sur mes terres…mais mon chemin a fini par croiser celui des Ombres. Dès que j’ai eu vent de cette confrérie, tuant à volonté sur mes terres, je me suis mit en tête de les éliminer, de leur montrer que personne ne venait me défier. Mais alors que je traquais certains d’entre eux dans la campagne, leurs assassins se sont infiltrés dans mon château…Ils voulaient m’envoyer un avertissement, en s’en prenant à mon plus jeune enfant, Jérémy. Ma femme a tenté de s’interposer, alors ils l’ont prit elle aussi, ils ont été pendu sur la plus haute tour de mon donjon, les pieds et les mains tranchées, les yeux crevés et le nez amputé.

Livio ravala sa peine pour Rénald, cet homme si dur, si déterminé, avait les larmes aux yeux. Il comprenait mieux alors certains traits de caractère chez lui, sa détermination, sa haine pour la trahison, cette carapace de glace l’enveloppant en permanence.

-Le seul crime qu’ils ont commit est d’avoir été parmi les êtres que je chérissais le plus…ils ont été torturé, mutilé et mit à mort… On a voulu s’en prendre à moi en s’attaquant à ceux que j’aimai et voulais défendre par-dessus tout. Ce jour là, j’ai promis de ne plus jamais laisser personne s’en prendre à ceux qui dépendaient de moi, qu’ils soient de mon sang ou pas, les protéger. Et vous, mon ami, vous servez ces gens là, ces Ombres, pourtant, j’ai décidé de vous faire confiance…

-Nous les arrêterons, ensemble Maître, nous leur ferons payer ce qu’ils vous ont fait. Lui jura Livio avec détermination. Mais avant, je vais aller à Perpignan, trouver les traîtres et les éliminer, plus personne ne s’en prendra à ceux que nous protégeons.

En disant ces mots, Livio pensa immanquablement à Patrick, mort à par sa faute, lui aussi, il avait voulu le protéger et il avait échoué, Rénald et lui se ressemblaient.

-J’irais voir Tiberio aussi, et je réglerais la question pour vous.

-Merci Livio…mais par pitié, ne le faite pas souffrir, il a assez souffert comme ça.

-Ne vous en faites pas Maître, le rassura Livio avec un sourire rassurant, il s’en ira vite et paisiblement.

Rénald soupira, semblant très las et fatigué à ce moment, puis, après un moment d’hésitation alla fouiller un de ses coffres près de son bureau. Après quelques secondes où il chercha dans ses affaires, il en extirpa une longue cape, l’extérieur était complètement noir, mais l’intérieur était d’un tissu très doux bleu nuit, cousu à certains endroits de fils argentés, créant des dessins complexes.

-Il y a longtemps, j’ai voulu l’offrir à Jérémy lorsqu’il serait devenu adulte, expliqua Rénald en la tendant à Livio. Il n’aura jamais l’occasion de la porter…elle a été faite dans un pays d’orient très lointain, elle est très précieuse. S’il vous plait Livio, acceptez là.

-Je ne peux pas…commença Livio, subjugué par le cadeau à la fois somptueux et désarmant.

-Si, vous le pouvez, cette cape devait aller à une personne en qui j’avais confiance et pour qui je donnerais ma vie. Ainsi, ce sera le cas Livio. En gage de ma gratitude, de ma confiance, mais aussi pour vous rappeler une chose : quoi que nous fassions, nous le faisons pour l’Ordre et les valeurs qu’il défend. Le jour ou vous jugerez que mes actes ne vont plus dans le sens des intérêts de l’Ordre, déchirez-la. En attendant, gardez-la, et réfléchissez à ce dont l’Ordre a besoin, de qui elle aura besoin pour prospérer et nous emmener dans une ère de paix ou mon fils et ma femme auraient pu vivre en paix, ainsi que Patrick.

Sans un mot de plus, l’ancien Svarog la prit entre ses mains, infiniment reconnaissant envers cet homme qui lui avait tant donné, lui avait tant promis et lui avait accordé sa confiance. A ce moment, il jura de lui vouer sa vie et plus encore.
Lorsque Livio quitta la tente, Rénald le regarda s’en aller, observant l’assassin disparaître dans la nuit. Séchant ses larmes du dos de sa main, Rénald poussa un profond soupir…avant de sourire avec une satisfaction jubilatoire. A présent, quiconque oserait s’opposer à lui devrait en répondre au Svarog, désormais aveuglément acquis à sa cause.
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*chaos*
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Votre Chevalier
Nom: Adrian Gordon
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeVen 7 Mai - 9:48

Piouf,je reste un petit moment sans lire tes missions et je me retrouve avec trois post de retard Shocked
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Delpherion
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Localisation : Dans ma bubulle !
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Votre Chevalier
Nom: Athanasios de Rhodes
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitimeVen 7 Mai - 13:05

chanceux, nous on suit à chaque nouveau post, et à chaque fois on se rend compte qu'il n'y a qu'un seul post Sad


qu'il leur fasse bouffer leur barbichettes, à ces pinioufs ! Evil or Very Mad
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MessageSujet: Re: Ambassade   Ambassade Icon_minitime

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Ambassade
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