L'Ordre des Chevaliers Divins
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L'Ordre des Chevaliers Divins

L'Ordre des Chevaliers Divins regroupe nombre de soldats plus ou moins expérimentés mais se battant pour une cause juste, Dieu.
 
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 Le Sicilien

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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:06

Le Sicilien


Première Partie : Palerme

Chapitre I

Du sang, les rues en étaient pleines, coulant au milieu de la rue, une rivière rouge s’écoulait paisiblement. Giovanni marchait au milieu des cadavres, il n’y avait pas un vivant autour de lui, seulement ces centaines de cadavres et tous les regardaient de leurs yeux morts, une expression de haine sur le visage. Ses forces l’abandonnèrent et Giovanni tomba à genoux sur les pavés tachés de rouge, juste devant lui, un corps vêtu d’une lourde armure et d’un heaume ne laissant pas paraitre son visage était allongé, un vouge lui transperçant le ventre.

« Mon roi, pardonnez moi… » Murmura Giovanni.

Brutalement, le corps se redressa et empoigna le jeune garçon par le col, l’entraînant vers lui avec force. Du sang commençait à s’écouler en abondance du heaume du roi qui l’appela par son nom plusieurs fois d’une voix lointaine, puis avec plus de force.

« Traitre ! »

Giovanni se réveilla en sursaut, couvert de sueur de la tête aux pieds, tremblant de tous ses membres, et vomit. Le jeune garçon n’avait guère mangé la veille au soir mais cela ne l’empêcha pas de régurgiter encore deux fois avant de finalement reprendre le contrôle de son corps et surtout de ses boyaux. Il resta allongé plusieurs minutes dans le noir, serrant contre lui sa fine couverture prise dans une habitation abandonnée de Palerme, où bien peut-être les habitants avaient ils été occis comme tant d’autres, tant de siciliens étaient morts, ses propres frères, et lui y avait participé, il avait assassiné son roi. Giovanni aurait voulut pleurer encore un peu, mais ses yeux étaient désespérément secs, il n’y aurait plus de larmes à verser.

« Ca va mieux fils ? » Demanda une voix derrière Giovanni.

Francesco, son « sauveur » de la veille était assit non loin de lui, sur l’un des créneaux de la muraille. Il l’avait emmené sur une portion de la muraille de Palerme, à l’abri des regards des vénitiens et le plus possible à l’écart des atrocités qui avaient suivit la prise de la citadelle. Comme dans tout siège, l’assaillant avait droit à quelques privilèges après la victoire, ou plutôt s’octroyait le droit de commettre des forfaits parmi les plus pervers, Francesco avait estimé qu’en un jour, Giovanni en avait déjà que trop vu. Le vieux soldat se sentait responsable de ce jeune garçon qui lui rappelait douloureusement le sien, mort des années auparavant, emporté par la maladie. Pour l’heure, les jours du garçon n’étaient pas en danger, le choc avait été brutal mais il allait vite le surmonter pour devenir un homme…ou bien le mal allait tout aussi rapidement le détruire, c’était l’un ou l’autre.

« Je veux rentrer chez moi. » Murmura le jeune homme en se rendormant. « Il faut que je rentre… »

Francesco resta muet, observant avec chagrin Giovanni se rendormir, le visage dans son propre vomi.

« D’accord, nous allons rentrer tous les deux. » Dit Francesco au bout d’un moment.

Bien sûr, Giovanni n’avait pas entendu, il s’était rendormit, et cette fois-ci, son sommeil ne serait troublé par aucun cauchemars. C’était plus une promesse faite à lui-même, il allait aider ce garçon à rentrer chez lui, il n’avait rien à faire sur le champ de bataille, il était encore temps de le sauver.


Le lendemain, le jeune garçon se leva en même temps que l’aube, le soleil s’élevait paresseusement à l’est tandis que Palerme pansait ses blessures. En bas des murailles, les habitants s’affairaient à ramasser les cadavres des siciliens sous la surveillance attentive de soldats vénitiens qui ne se privaient pas de les tourmenter, d’autres s’affairaient déjà aux portes de la cité qui avaient été détruites.
Francesco présenta sans un mot un seau d’eau devant Giovanni qui but abondamment et se lava le visage. Il fallut plusieurs minutes au jeune garçon pour se remettre les idées en place, pour faire le vide en lui et assimiler à nouveau ce qu’il avait vécu la veille. Curieusement, la tristesse était remplacée à présent par une douloureuse résignation. Mais soudain, des cris attirèrent son attention.
En bas, un soldat venait d’attraper une jeune fille par les cheveux et la tira brutalement, l’entrainant dans une ruelle, sous les hurlements de rires des autres vénitiens. Le visage de Giovanni se crispa, la colère montait en lui, il n’avait jamais souhaité la mort de quelqu’un jusqu’à aujourd’hui, mais cet homme, il voulait le tuer, et dans les pires souffrances, combien n’aurait-il pas donné pour que cet homme se soit fait tuer la veille, pour que ce soit lui et non le roi qui se soit fait transpercé par son vouge.

« Si tu le tuais, toi aussi tu mourrais, les autres se jetteraient sur toi avant que le premier ne soit mort, et un autre remplacera cette ordure dans la ruelle, tu ne peux rien y faire Giovanni. » Lui dit Francesco, lisant dans ses pensées.

« Je ne peux pas accepter une telle chose. » Répondit Giovanni avec colère. « Cette pauvre fille ne mérite pas ce qui lui arrive. »

« Tu dis cela parce qu’elle est une de tes compatriote, si elle était dans le camp de l’ennemi tu ne le penserais pas, tu serais même peut-être avec cet homme là en bas. »

« Non ! » Hurla Giovanni, dégouté par les propos de Francesco qu’il pensait être de son côté.

« Tu es encore jeune, la tête encore pleine des sermons des prêtres et de ta mère, la noblesse n’a jamais sauvé personne Giovanni. Personne ne nait mauvais mon garçon, on le devient, certaines personnes plus rapidement que d’autres, mais au final, tout soldat devient un jour ou l’autre comme cet homme là en bas. Lorsque quelqu’un voit les choses que nous avons vu, fait ce que nous avons fait, passe autant de temps si loin des siens, il est inéluctable qu’il devienne comme cette pourriture. »

« Plutôt me trancher la gorge que de devenir ainsi, et cela voudrait-il dire que vous aussi êtes comme lui ? » Demanda Giovanni.

« Oui, je pense que je suis depuis longtemps devenu ainsi, j’ai combattu bien des années pour la Sicile avant d’être enrôlé par les vénitiens. Dit toi bien une chose, d’un côté ou de l’autre, la guerre est pareille, il n’y a pas d’atrocités que les vénitiens ont commit que nous même avons fait. Et une dernière chose, à présent, les vénitiens sont les nôtres, la Sicile a disparut, ce n’est plus qu’une province de Venise, cet homme en bas est ton compatriote. »

« Plutôt me trancher la gorge. » Répéta Giovanni.

Les deux hommes n’échangèrent pas un mot pendant un long moment, en bas, le soldat vénitien sortit de la ruelle, un affreux sourire sur le visage, suivit peu après par la jeune fille qui s’essuyait les yeux et retourna aider les siens à dégager les cadavres des rues.
Des corbeaux croassaient au-dessus d’eux, descendant par moments pour tenter de tirer quelques morceaux de chaire sur les cadavres.

« Hier, tu m’as dit que tu voulais rentrer chez toi gamin, c’est toujours ce que tu souhaites ? » Demanda Francesco au bout d’un moment.

« Plus que jamais. » Répondit Giovanni en détournant son regard du triste spectacle qui se déroulait dans la rue.

« Je m’occuperais de tout, nous rentrons fils. »
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:08

Chapitre II

Pendant les quelques jours qui suivirent, Giovanni était sur le qui-vive, s’attendant à chaque instant que Francesco vienne le trouver pour lui dire qu’il était temps pour eux de partir. Mais rien ne se produisait, le vieux soldat insistait pour que Giovanni et lui ne parlent pas de leur projet de désertion à moins que lui-même n’aborde le sujet, lui disant juste qu’il avait besoin de temps. Les jours passèrent, puis les semaines, bientôt les mois.
Giovanni ne voyait presque plus Francesco qui semblait presque s’être envolé, il n’apparaissait que parfois dans un couloir du château ou dans une rue pour immédiatement disparaître. Cette attente mettait les nerfs de Giovanni à rude épreuve, il voulait rentrer chez lui, sa mère avait besoin de lui et surtout, il désirait revoir sa Saraphina, elle et lui s’étaient promis l’un à l’autre, c’était l’un des avantages des classes les plus basses, les mariages par amour pouvait exister, et le leur était vrai.
Chaque jour, il pensait à elle, ce qui lui souffrait une grande souffrance, comme si une partie de lui s’était envolée et lui était inaccessible. Mais le plus triste était que par moment, il oubliait son visage, devant se concentrer pour la revoir, il redoutait chaque fois de ne pas réussir à se remémorer ses traits.
Mais il n’avait pas le luxe de passer ses journées à penser aux siens, il avait été assigné à la correspondance entre le port de Palerme et le château. Chaque jour, il faisait des dizaines d’allers-retours entre les deux lieus, ce qui le laissait mort d’épuisement à la fin de chaque journée quand venait le moment pour lui de se reposer. Même pour Venise, le parchemin était rare malgré ses ouvertures vers l’Orient où il était plus fréquent, mais tout de même réservé à une élite. Alors la plupart des messages qu’on confiait à Giovanni étaient oraux et souvent simples et brefs, mais parfois, on l’envoyait à d’autres emplacements, demander de l’aide à la garnison pour décharger des navires apportant de nouvelles armes du continent, prévenir les ouvriers des ateliers de l’arrivage de matériel, etc.

Passant ses journées à courir d’un bout à l’autre de la cité, Giovanni n’avait pas le temps de faire des connaissances, de plus l’envie n’y était pas. Les siciliens le voyaient comme un envahisseur, les vénitiens comme un étranger, Giovanni n’était à sa place nulle part à Palerme, sa place était auprès de siens dans son village.
Il était épuisé, la nuit tombait lentement sur Palerme, les hommes sortaient des tavernes pour retrouver leurs femmes après avoir passés leur soirée auprès de leurs filles du soir, et lui courrait comme un fou dans les rues, tenant dans sa main un rouleau de parchemin frappé du sceau de Venise, arrivé par bateau il y a peu en provenance d’un lieu que l’homme qui le lui avait remit n’avait pas voulut lui dévoiler. Giovanni après des semaines passées à courir était devenu très endurant et bien vite il passa les deux herses qui le séparaient du château. Les gardes en poste devant les portes du château ne prêtèrent même pas attention à lui, ce devait faire cet effet d’être un esprit invisible pour les mortels se dit Giovanni avec amusement. Il parcourut rapidement les quelques couloirs et quelques escaliers qui lui restaient à parcourir, et c’est à peine essoufflé qu’il arriva devant une double porte de bois massif, protégeant la salle du conseil où se réunissaient les officiers de Palerme lors de leurs entretiens avec le gouverneur, Benasuto le Croisé, héritier du trône de Venise.

Giovanni prit sa respiration et frappa à la porte et attendit un « Entrez ! » plutôt agressif. Le jeune homme poussa un des battants de la porte et pénétra dans la grande pièce six officiers étaient debout autour d’une table, regardant plusieurs cartes de l’Europe. Parmi les officiers, un plus jeune que les autres se trouvait à l’extrémité de la table à l’écart des autres, Benasuto Selvo.

« Un message est arrivé au port messeigneurs, le capitaine du navire a refusé de me révéler l’origine mais a dit que c’était de première importance. » Annonça Giovanni avec empressement en se rendant compte qu’il était resté muet pendant un moment.

Il présenta le parchemin à l’officier le plus proche mais Benasuto lui fit signe de le lui donner personnellement. Giovanni s’avança vers le général et le lui remit en main propre. Une idée folle naquit dans son esprit : c’était cet homme qui était à l’origine de toutes ses souffrances, c’était lui seul qui avait lancé la campagne sicilienne et entraîné la chute de son peuple. Le tuer ne serait que justice. Mais la voix autoritaire de Francesco le rappela à l’ordre.

« Si tu le tuais, toi aussi tu mourrais. »

Mais ça ne dérangeait pas tellement Giovanni, mourir en emportant cet enfant de putain avec lui ne lui déplaisait pas. Mais dans son esprit, un visage se dessina, plus net et plus précis que jamais il n’apparut dans ses pensées même lorsqu’il le souhaitait : Saraphina. Il devait vivre pour elle.

« Restez ici, j’aurais sûrement à renvoyer une réponse très rapidement. » Lança distraitement Benasuto en brisant le sceau du parchemin.

Giovanni se mit à l’écart, ses pensées le tiraillant entre le désir de vengeance et la raison. Pendant ce temps, Benasuto parcourait le parchemin d’un regard concentré. Lorsqu’il finit sa lecture, il parla d’une voix calme et posée mais avec une pointe de gravité.

« Les Monarchistes vont tenter le tout pour le tout dans peu de temps, ce sera du même style que la Triste Nuit du 24 Juin, mon père se meurt et il n’a pas d’autre fils à qui laisser Venise, mon frère cadet continu de passer ses journées à jurer qu’il se meurt. Ils savent que Venise sera mienne dans peu de temps, ils ne peuvent plus compter sur le soutien du peuple.
Mon cousin Barbus a reçu à Bran une diplomate hongroise venue demander un traité de paix, je vais lui dire d’accepter, sans imposer de conditions et proposer un accord commercial à la Hongrie, nous devons montrer au peuple que nous dirigeons les choses à présent. »

Les officiers approuvèrent avec plus ou moins d’enthousiasme, puis l’un d’entre eux prit la parole. Giovanni ne connaissait ces hommes que de vue, ils étaient les lieutenants de Benasuto mais tous savaient qu’il n’était pas homme à partager facilement ses pouvoirs et préférait au maximum superviser lui-même que les tâches qu’il désirait être faites.

« Général, vous avez parlé de la Triste Nuit, insinuez vous que votre cousin vous a révélé que les Monarchistes allaient tenter de vous assassiner ? »

« Non, cela je l’ai deviné moi-même, mais mon cousin m’a révélé quelque chose d’autre de très intéressant, il y a des traîtres parmi nous. »

Un lourd silence plana dans la salle, les lieutenants jetant des regards furtifs à leurs voisins.

« Et…avez-vous une idée sur l’identité de ces traîtres ? » Demanda le lieutenant, avec un ton étrange, froid et méfiant.

« Oui, mon cousin a eu le soin de me divulguer…vos noms. »

Plusieurs des hommes présents tirèrent l’épée et la confusion s’installa, l’homme à qui parlait Benasuto se jeta sur le fils du Doge qui sortit à son tour son épée du fourreau. Un duel acharné s’engagea entre les deux hommes tandis que les autres officiers se battaient entre eux. Deux d’entre eux qui n’avaient pas été assez rapides tombèrent avant même de saisir leurs épées, les deux dernier officiers eux aussi avaient commencé un duel mais qui s’acheva rapidement, l’un des deux se faisant transpercer par l’épée de l’autre.
Le vainqueur regarda Benasuto en prise avec son ennemi et commença à marcher d’un pas sûr vers lui, un sinistre sourire sur le visage.
C’est alors que Giovanni s’interposa, sans même réfléchir. Le lieutenant gloussa avec mépris et abattit son épée sur le jeune garçon, avec la ferme intention de lui trancher la tête en deux. Giovanni fit un simple pas de côté, esquivant facilement la lourde attaque maladroite et dégaina son épée courte.
Son adversaire se ressaisit et attaqua à nouveau, son épée à deux mains aurait put réellement le tranché en deux, mais ses mouvements étaient lourds et lents. Giovanni se rendit compte que passer ses journées à courir avaient grandement augmenté ses réflexes et sa rapidité.
L’officier attaqua à nouveau, de haut en bas comme lors de son premier assaut. Le jeune garçon esquiva encore une fois d’un pas sur le côté, la longue lame de son adversaire tomba sur le sol, produisant un son strident de métal contre la pierre, essoufflé, il ne parvint pas immédiatement à relever son épée.
Giovanni abattit sa propre épée et trancha les poignets de l’homme qui tenaient encore la garde de son épée, il poussa un long hurlement et tituba en arrière. Giovanni lança son bras dans un large mouvement circulaire, lui tranchant la gorge. L’homme recula de quelques pas, tentant de se tenir la gorge avec ses moignons ensanglantés, sa tête, tenue que par quelques morceaux de chaire et de peau bascula en arrière, offrant un spectacle grotesque à Giovanni avant de finalement s’effondrer

Immédiatement après avoir triomphé, Giovanni se précipita sur Benasuto et son agresseur pour enfoncer son épée jusqu’à la garde dans le dos de ce dernier qui poussa un long râle en voyant la pointe de l’arme lui ressortir par le torse. Le corps secoué de spasmes s’effondra comme un pantin désarticulé, plongeant dans une mare de sang grandissante. Giovanni et le fils du Doge se regardèrent un moment, tous deux essoufflés.

« Comment t’appelles-tu soldat ? » Demanda Benasuto au bout d’un moment.

« Giovanni…Giovanni Daleva votre altesse. » Répondit le jeune homme, un curieux sentiment qu’il ne pouvait définir l’envahissant.

« C’est un nom que je n’oubliera pas Giovanni. » Lui-dit Benasuto en souriant mais avec sérieux.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:12

Chapitre III

Giovanni regardait l’héritier d’une des plus puissantes nations d’Europe, vautré dans un siège, passablement ivre, débitant un flot de paroles continu, d’une voix pâteuse et monocorde. Benasuto avait insisté pour que le jeune homme reste avec lui et boive en sa compagnie, touts deux avaient ainsi bien entamé les réserves d’alcool des cuisines tout en discutant de choses et d’autres. A vrai dire, c’était surtout Benasuto qui parlait, et Giovanni le regrettait, il en entendait trop sur les secrets de Venise, les conflits dans la famille Selvo, et il avait commencé à connaître le jeune héritier de Venise et il était probable que lorsque ce dernier allait dessouler, il ordonnerait sa mort.
Benasuto parlait de choses qui glaçait le sang de Giovanni, et ce malgré l’alcool qui le rendait euphorique, le jeune homme faisait attention à ne pas trop boire, redoutant que ses véritables pensées ne lui échappent.
Benasuto lui ne se privait pas pour boire, appelant sans cesse des serviteurs qui faisaient des allers retours entre la cuisine et une salle de banquet où il avait emmené Giovanni. Là, il parlait, sans s’arrêter, ne posant que quelques questions à Giovanni par moment et encore, il n’attendait même pas ses réponses pour reprendre ses longs monologues.

« As-tu connus ton père Giovanni ? Moi je ne le connais que depuis dix-sept ans, je l’ai connu à Florence, dernier havre de tranquillité de…de ces enfants de salops, ces milanais ! A Milan, mon père avait voulu que je massacre ces pauvres gens, il voulait qu’ils meurent, il ne voulait pas les soumettre…mais les exterminer. Tous, jusqu’au dernier, hommes, femmes, vieillards…et enfant…pour ensuite les remplacer par de braves vénitiens bien malléables, ceux qui l’avaient acclamé alors qu’il se coiffait de la toute nouvelle couronne des Doges…une couronne pleine de sang. Le sang des Conservateurs qu’il avait fait assassiner le 24 Juin 1106…la Triste Nuit, une nuit entachée de sang et de honte, lorsque j’ai appris quel rôle mon père et mon oncle Cristiano y avaient joué…sais-tu quelle fut ma réaction ?
J’ai…je les ai approuvé, je m’étais dit : Si père a fait cela, c’est qu’il devait avoir une bonne raison, pour sauver Venise d’une menace qui me dépassait, hors de ma portée et de mon entendement. »

Benasuto s’arrêta un instant et fut prit d’un incontrôlable fou rire, il lui fallut près de cinq minutes pour s’en remettre complètement. Giovanni avait entendu des rumeurs selon lesquelles, le jeune général était parfois prit de crises de folies, soit l’alcool commençait à avoir un effet des plus dévastateurs sur sa raison, soit il venait d’avoir une crise. Ses yeux s’étaient révulsés d’une manière écœurante pendant son fou rire, avant d’avaler une longue gorgé de vin et de se resservir pour ensuite reprendre son récit.

« Un menace…ça oui, il y en avait une, lui. Dieu merci, les hommes ne sont pas eternels, si ça avait été le cas, mon père aurait fait des choses bien plus atroces que celles qu’il a put déjà commettre.
A Florence…lorsque je pris d’assaut la ville avec les croisés, il donna l’ordre aux renforts de nous abandonner, les milanais étaient moins nombreux, mais mieux équipés et déterminés. Ils savaient qu’ils luttaient pour éviter l’extermination. Encore aujourd’hui…je revois ces hommes qui tombèrent là haut. Milanais, vénitiens, croisés, je les revois dans mes rêves, plus réels que la réalité elle-même.
C’est là que j’ai compris qui était mon père…quel homme enverrait son fils dans une telle boucherie ? Je n’y aurais pas envoyé mon pire ennemi…Et lui…il m’y a envoyé…Toute ma vie, je me suis dépensé sans compter pour lui, essayant de dépasser mes frères, mes cousins, me montrant le plus intelligent, le plus fort…juste pour qu’il me regarde une seule fois avec fierté et avec l’amour qu’un père doit avoir pour son fils.
Mais j’ai compris, je sais qui il est…et ce que je dois faire.
Giovanni, si un jour Dieu te comble en te donnant un fils, montre lui qu’il est aimé chaque jours que la vie t’accorde…aucun enfant ne devrait devenir comme moi. »

Benasuto cessa de parler, regardant l’un des murs de la salle de banquet, d’un œil vide, son regard se portait bien plus loin que ce mur couvert d’humidité.

« Vous n’êtes pas un homme mauvais général. » Murmura Giovanni, surpris lui-même par ce qu’il disait.

Benasuto tourna la tête vers lui brutalement, la rage déformant ses traits, ses yeux consumés par une haine indescriptible. Un frisson parcourut l’échine de Giovanni, l’expression de malveillance du jeune général disparut aussi vite qu’elle était apparue, puis fut remplacée par une terrible souffrance. Benasuto enferma son visage entre ses mains, et de lourds sanglots commencèrent à agiter l’héritier de Venise. Giovanni se leva à moitié, ne sachant que faire, ne sachant pas ce qui avait provoqué l’effondrement soudain du général.
Une main se posa sur l’épaule de Giovanni qui se retourna en se retenant de hurler de surprise, une jeune servante lui fit signe qu’il était temps pour lui de partir. Elle l’entraîna presque de force hors de la salle, Giovanni était presque fasciné par cet homme qui était la proie d’une profonde souffrance, il se voyait en lui.
Lorsque la servante finit par le mettre dehors, il se laissa plus docilement raccompagner vers la sortie du palais. Pendant qu’ils marchaient, il pensa à Benasuto, brisé par l’indifférence de son père et par une bataille qui l’avait profondément marqué, Giovanni qui le haïssait jusque là ressentit de la compassion pour cet homme, ils étaient pareils.
Finalement, ils arrivèrent à l’extérieur, la brise marine qui soufflait remit les idées de Giovanni en place, fraiche et salée, elle lui fit autant d’effet qu’un seau d’eau glacé sur la tête.
Il regarda distraitement la servante qui l’avait raccompagné, de taille moyenne, elle semblait être du même âge que lui, plutôt jolie, ses cheveux blonds étaient ramenés en arrière et maintenus par un bandeau blanc. Elle se rendit compte qu’il la dévisageait et eu un léger mouvement de recul, Giovanni comprit que pour une jeune femme, se faire regarder avec insistance par un soldat ivre ne devait pas être rassurant.

« Ca lui arrive souvent, d’être dans cet état ? » Demanda Giovanni.

« Oui, presque tous les soirs. » Répondit la jeune femme. « Il est atteint d’un mal incurable, alors il boit, l’alcool le rend moins violent lors de ses crises, généralement il parle, comme ce soir. »

« Ce ne doit pas être facile de servir un tel homme. » Lui dit Giovanni pour se montrer compatissant.

La jeune fille le regarda pourtant avec un air offensée, au plus grand désarroi de Giovanni.

« Je ne suis pas une servante ! » Lança-t-elle. « Je suis…non…J’étais Matilda, fille du roi Simon, princesse de Sicile. Depuis que vous autres avez envahit mon pays je ne suis bonne qu’à servir à boire à votre général et à partager ses nuits. Alors peut-être avez-vous raison…peut-être suis-je une servante maintenant. »

Giovanni resta bouche bée un moment, il ne pouvait y croire. Et dire qu’il avait en face de lui l’une des souveraines de son ancienne patrie. Il posa un genou à terre comme il avait vu des chevaliers le faire face aux membres de la royauté autrefois.

« Pardonnez-moi altesse, je ne savais pas. Je me nomme Giovanni Daleva, enfant de la Sicile. Je vous prie de m’excuser pour mon ignorance. » S’empressa t’il de bredouiller.

« Relevez-vous. » Lui dit Matilda en étouffant un gloussement. « Si vous vous voyiez, je ne suis plus princesse depuis plusieurs mois. Je me demande par contre comment un fils de la Sicile a bien put se retrouver d’un pareil uniforme vénitien et à partager du vin avec l’héritier du trône de Venise. »

Giovanni se rendit compte, effectivement, qu’il devait avoir l’air ridicule, agenouillé comme ça. Il se releva maladroitement, l’alcool semblait faire plus d’effets qu’il ne pensait. Il lui raconta brièvement son histoire depuis qu’il fut arraché à son foyer. Il ne lui raconta cependant pas qu’il prévoyait de s’enfuir, par discrétion et aussi parce que depuis quelques jours, il en doutait de plus en plus. Plus encore, il se garda bien de dire que l’homme qui avait tué son père, le roi, n’était autre que lui.

« C’est une bien triste histoire Giovanni, comme celle de beaucoup de siciliens, de milanais, de byzantins et de hongrois. Venise a provoquait beaucoup de souffrances, dites vous que vous n’êtes pas le seul à avoir été blessé par la guerre, d’autres aussi endurent les mêmes souffrances que vous, c’est à eux que je pense lorsque je dois me rabaisser aux tâches humiliantes que m’oblige à faire Benasuto. »

Une boule se forma dans la gorge de Giovanni en pensant à ce que le vénitien pouvait lui faire subir.

« Je suis vraiment désolé que Benasuto vous…enfin…je n’aurais pas dut en parler. Excusez-moi. »

« Il ne m’a jamais touché, lorsque je disais que je partageais ses nuits, je voulais dire par là qu’il n’aime pas dormir seul, il a fait installer un lit pour moi dans sa chambre. Même si je le méprise, j’ai aussi pitié de lui, c’est un pauvre homme. Je ne devrais pas parler de lui en mal, il m’a protégé dès le début, il n’a laissé personne me faire de mal depuis la chute de Palerme, il a juste besoin de voir qu’on l’apprécie. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’à cause de lui, mon père, ma mère, mes oncles et mes tantes sont mortes, cette guerre a détruit ma famille, j’en suis l’unique survivante, je voudrais tant partir, loin… »

« Venez avec moi altesse. » Chuchota Giovanni, emporté par un curieux désir.

« Pardon ? » Demanda Matilda avec étonnement, la surprise dans sa voix étant aussi évidente que celle qui se lisait sur son visage.

« Moi et un autre soldat sicilien projetons de fuir ! Il va me ramener chez moi près de Naples, la guerre est finit en Italie, les troupes vénitiennes vont bientôt partir vers le nord, laissant les garnisons vides ou presque, avec comme soldats des siciliens, bientôt, nous serons en sécurité en Italie. »

La princesse semblait perdue, elle le regardait comme s’il était aussi fou que Benasuto, pourtant, une lueur d’espoir semblait aussi naitre dans ses yeux.

« Comment pourrais-je vous faire confiance ? Je ne vous connais pas ! »

« Princesse, je suis votre sujet par ma naissance, je vous jure sur tout ce qui m’est cher que je vous protégerais. C’est mon devoir. »

« Quand ? Comment ? » Finit-elle par demander après un moment d’hésitation.

« Je ne sais pas, je viendrais vous retrouver quand j’en saurais plus, je vous le promets. »

Giovanni vit des gardes qui faisaient leur ronde autour du palais arriver dans l’obscurité. Il devait partir, et vite, même s’il était soldat, il aurait semblé suspect qu’il reste là. Giovanni tourna les talons, Matilda elle aussi partit, rentrant dans le palais, sûrement pour aller porter Benasuto jusqu’à son lit. Giovanni marcha dans la nuit un long moment, ses pas le guidaient par habitude jusqu’aux habitations où il habitait, qui avaient été réquisitionnées pour les trop nombreux soldats de Venise.
Soudain, une main puissante l’attrapa et l’entraîna dans une ruelle sombre, Giovanni se débâtit avec rage jusqu’à ce qu’une voix le fasse s’arrêter.

« Du calme fils ! C’est moi ! » Le rassura Francesco, non sans lui asséner un bon coup de poing dans le ventre pour s’assurer de son calme.

Giovanni se courba en deux, se tenant le ventre et reprenant sa respiration. Puis, ce fut lui qui agrippa Francesco. Toute sa colère contenue depuis des semaines ressurgit en lui.

« Toi ! Combien de temps allais-tu me faire attendre encore ?! Hein ?! Tu m’as pris pour le dernier des abrutis en me racontant tes conneries ! Pourquoi tu as fais ça ?! Ca t’amusait peut-être ?! »

« On part dans deux semaine. » Dit calmement le vieux soldat.

Giovanni cessa de secouer Francesco, le fixant sans comprendre, puis, il l’enlaça dans ses bras, des larmes qu’il pensait ne plus posséder menacèrent de couler sur ses joues. Mais il ne s’en souciait pas, il allait rentrer chez lui.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:13

Chapitre IV

« Non, non et encore non ! C’est hors de question ! » Répondit Francesco.

Giovanni venait de faire part à Francesco de son intention d’emmener Matilda avec eux, le jeune garçon fut surpris par la réaction de son ami qui semblait passablement énervé.
Une bagarre éclata non loin d’eux, quatre soldats jouaient aux cartes à une table voisine et il s’avéra que l’un d’entre eux trichait, une bonne dizaine de cartes venaient de tomber d’une de ses manches. Un tel spectacle était courant dans la taverne du port où s’étaient retrouvés Giovanni et Francesco, le lendemain de la nuit que Giovanni avait passé à écouter les délires de Benasuto Selvo, pour parler du plan que Francesco avait établit pour déserter.
D’ici deux semaines, un navire marchand français partirait de Palerme après y avoir écoulé ses marchandises, le marchand qui dirigeait cette petite affaire avait cherché dans toute la ville des mercenaires afin de protéger ses biens d’éventuels pirates. Malheureusement pour lui, Benasuto avait engagé tous les mercenaires de la région afin de traquer quelques bandits. Le marchand avait donc été contraint de demander au fils du Doge de lui allouer quelques soldats, moyennant finance, afin de le protéger.
Ce genre de procédé était courant à Venise, le gouvernement ayant grand intérêt à ce que les marchands, vénitiens ou étrangers, prospèrent. Francesco avait passé les dernières semaines à établir des liens avec certains officiers influents et avait réussi à faire en sorte que Giovanni et lui soient assignés à cette mission. Le navire les mènerait jusqu’à Marseille en France, et de là ils entameraient leur retour vers le sud après avoir faussé compagnie à leurs camarades vénitiens.

« Mais pourquoi Francesco ?! Elle a besoin d’aide, nous devons la sortir de là, elle est notre reine à présent ! »

« Parle moins fort crétin ! » Marmonna Francesco entre ses dents avec colère. « Premièrement : comme je te l’ai dit, ce marchand a besoin de soldats et j’ai sué sang et eau pour nous faire monter à bord de son rafiot. A moins qu’on ne fasse de ton amie une fille de joie pas chère il ne la prendra pas avec nous !
Deuxièmement : Tu l’as dit toi-même, elle est sous la protection du fils du Doge, il ne lui fait pas de mal, il ne la déshonore pas et fait en sorte qu’aucun soldat ne s’amuse avec elle, je ne vois pas de quoi elle se plaint, son sort aurait put être bien pire que de devoir lui apporter quelques bouteilles de vins et dormir dans la même chambre que lui. Si nous la prenons avec nous, cet homme risque de fouiller ciel et terre…et mer pour la retrouver, et crois-moi ce genre de gars peut retrouver qui il veut, et je donne pas cher de nos peaux si il nous attrape ! Troisièmement : C’est une femme et pire encore, c’est une noble. Elle va pleurer dès qu’il lui faudra marcher plus d’une heure, nous prendra pour ses domestiques, on va devoir se serrer la ceinture durant notre voyage et je n’ai pas l’intention d’aller chasser le cerf pour ta demoiselle afin de subvenir à ses caprices.
Dernièrement : Tu me dis que c’est ma reine ? Non ! Elle n’est pas mariée avec un roi, donc n’est pas reine, c’est une princesse. Et de toute manière, la Sicile a disparut lorsque cette ville est tombée, elle n’est donc pas plus princesse que moi…et pour ma part la Sicile a disparut lorsque le roi a ordonné à ses troupes de quitter l’Italie pour se réfugier sur cette île !
Donc non ! Tu ne prendras pas cette fille avec nous ! Va lui chanter toutes les plus merveilleuses histoires que tu puisses imaginer, que tu vas lui rendre son royaume et aller venger son père, que au passage je te le rappel, tu as tué. Dis lui tout ce qu’elle voudra entendre, fais ce que tu as à faire avec elle et après laisses la croupir dans son illusion de misère. Fais tout ce que tu veux avec elle, mais après ça, tu viendras avec moi, et moi seul ou bien je te laisse ici et peut-être que ton nouvel ami le fils du Doge fera de toi un garde du corps, et peut-être même son amant si c’est son genre. A toi de décider, mais fait le vite ! »

Francesco regretta d’avoir parlé avec tant de dureté, mais il le devait, Giovanni était encore jeune et il devait perdre ses illusions si il voulait survivre.
Mais apparemment, il n’était pas encore en âge pour le faire. Il fixa un moment Francesco avec un regard blessé, mais aussi plein de reproches puis se leva sans dire un mot et sortit de la taverne en passant à côté des quatre soldats qui continuaient à se battre sans même leur prêter attention.
Francesco resta assit seul, buvant par petite gorgées dans sa chope. Il pensa à son fils, Silvio, lui aussi était ainsi, insouciant, innocent, il croyait à toutes ces histoires de nobles chevaliers droits et vertueux…C’était un enfant, il n’y a que les enfants pour croire à des choses pareils, peut-être cela les aide-il à croire en un avenir meilleur pour eux, tant qu’ils sont enfants. Mais la réalité n’était pas ainsi, l’avenir ne serait jamais meilleur pour une personne de leur rang, ils étaient les pantins de la noblesse.
Que pouvait bien chercher Giovanni en aidant cette fille ? Francesco savait au fond que ce n’était pas par envie d’elle, il avait une fiancée à son village, et le connaissant, Giovanni s’interdirait à toucher une autre femme qu’elle. Alors pourquoi l’aidait-il ? La réponse fut simple à trouver, il culpabilisait, comme lui. Giovanni avait tué son père, c’était pour cela qu’il voulait l’aider. Un peu comme lui-même qui voulait aider Giovanni qui lui rappelait tant son fils, qui était mort sans que son père ne soit à ses côtés à la fin.

« Je me déteste. » Soupira Francesco.

Il se leva et sortit de la taverne en courant. Il arriva dans la rue et chercha des yeux le jeune garçon, il ne savait pas combien de temps il avait ruminé ses pensées, Giovanni était peut-être loin. Il l’aperçu au loin, marchant dans la foule vers la rue principale et vers le château se dit Francesco, qui redoutait qu’il fasse une chose stupide. Il se mit à courir pour rattraper Giovanni et arriva à sa hauteur, essoufflé après avoir dut courir et bousculer un certain nombre de passants. Le jeune garçon s’arrêta et posa son regard sur le vieux soldat, il lui en voulait vraiment.

« Ecoute Giovanni, je… » Commença Francesco.

Mais une autre voix plus forte l’arrêta.

« Faites place ! Faites place pour le gouverneur, sa majesté Benasuto le Croisé ! Héritier du trône ! »

La foule qui vaquait à ses occupations s’écarta, se massant le long des bâtiments qui longeaient la rue. Le général vénitien était bien là, chevauchant une grande monture à la robe noire, entouré d’une importante escorte. Giovanni et Francesco s’écartèrent eux aussi, mais l’un des soldats qui escortait le fils du Doge l’attrapa par un bras et le tira vers le milieu de la rue, juste devant Benasuto. Le général le fixa un moment sans rien dire puis descendit souplement de son cheval et fit face à Giovanni.

« Citoyens de Venise, regardez bien cet homme ! » Annonça Benasuto, parlant d’une voix forte même si ce fut inutile, un lourd silence s’étant installé dans la rue lorsque le fils du Doge avait été annoncé. « Regardez son visage, souvenez-vous en bien ! »

Giovanni fit une prière silencieuse à Dieu, son heure était arrivée, Benasuto allait le faire exécuter car il en avait trop entendu la nuit dernière. Il repensa à Saraphina, jamais plus il ne la reverrait.

« Cet homme est un héros ! » Poursuivit Benasuto. « Hier soir, il m’a sauvé de deux assassins qui avaient essayé de me tuer. N’écoutant que son courage, il pourfendit les deux hommes. Je veux que vous vous souveniez de son visage et de son nom : Giovanni Daleva, veuillez applaudir son courage et son dévouement, il le mérite. »

Personne n’applaudit ni même ne feint un signe de reconnaissance, jusqu’à ce que les gardes du corps ne tirent légèrement leurs épées de leurs fourreaux, suffisamment pour que les lames soient visibles et que le soleil s’y réfléchissent, provoquant un tonnerre d’applaudissement et des vivats dans la foule. C’était à la fois comique et triste.

« J’aurais aimé vous donner une récompense plus appropriée, comme une promotion bien méritée, un titre de noblesse même, mais vous-êtres encore trop jeune Giovanni. »Confia Benasuto plus bas, ne s’adressant qu’à lui. « Mais ne vous en faites pas, d’ici quelques années, je rattraperais ce manque de reconnaissance, en attendant, prenez ceci. »

Le fils du Doge tendit à Giovanni une bourse bien lourde, sortie de sous sa cape. Il devait y avoir une véritable fortune dedans, plus qu’il ne pourrait jamais gagner en une vie.

« C’est une petite avance. Mais si jamais un jour vous avez besoin de quoi que ce soit, aujourd’hui ou bien dans cinquante ans, je serais là pour vous, je le jure sur mon honneur. » Poursuivit Benasuto avec un sérieux presque sévère.

Aussitôt, il se retourna et remonta à cheval avant même que l’un de ses gardes du corps ne vienne l’aider. Et Benasuto s’en alla avec son escorte, aussi rapidement qu’ils étaient arrivés. La foule cessa d’applaudir et retourna à ses occupations, certains ne se privèrent pas avant de s’en aller d’insulter Giovanni, la haine contre Venise était encore vive et lui qui se disait sicilien venait de parler au fils du Doge qu’il avait sauvé d’une mort certaine.
Giovanni se sentit gêné, plongeant une main dans sa bourse, il sentit le contact froid des pièces, et en sortit une poignée, des ducats, les pièces d’or firent tourner bien des regards, mais Giovanni les remit immédiatement dans sa bourse. Il savait que pour l’instant, personne ne se risquerait à le voler, mais d’ici peu, l’histoire de sa rencontre avec le gouverneur allait se propager dans tout Palerme, attirant tous les malandrins de la ville.

« Et bien, peut-être souhaites-tu vraiment rester maintenant, avec une telle paye ça se comprendrait. » Commenta Francesco.

« Non. Je veux partir, il ne va pas m’acheter avec ça. Mais une fois chez moi, ma mère, ma fiancée et moi n’auront plus jamais à travailler. » Répondit Giovanni.

« Au lieu de faire les gardes du corps pour le français on pourrait se payer un bateau avec ça, mais ce ne serait pas très discret…Tu veux toujours emmener ta copine ? »

Giovanni lui jeta un regard noir, le mettant au défi d’y renoncer.

« Très bien, comme tu voudras, essaye d’aller la voir au plus vite pour lui dire qu’elle vient. Je vais me débrouiller pour la faire venir…ne me regardes pas comme ça, je m’assurerais que son honneur reste sauf ! »
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:13

Chapitre V

Giovanni rentra dans la maison qu’il partageait avec une dizaine d’autres soldats, soutenu par Francesco qui l’aida à passer entre les corps allongés de leurs camarades endormis à même le sol pour certains, et le fit s’allonger, le dos appuyé contre un mur proche de la cheminée dans laquelle un feu brûlait, afin de faire sécher leurs vêtements, trempés par la pluie qui tombait dehors. Les ronflements des vénitiens couvraient les gémissements de douleur que Giovanni ne pouvait réprimer. Francesco se pencha sur le jeune garçon et souleva le morceau de tissu qu’il avait arraché à sa propre tunique pour couvrir la plaie qui saillait le flanc de son camarade, il esquissa une grimasse sur le visage, mais un sourire franc y apparut également après.

« Hé ben mon gars ils t’ont pas loupé les salops. » Commenta-t-il. « Mais ce n’est pas si grave que ça en a l’air, ça a un peu pissé le sang mais ce n’est pas bien profond, pas assez pour te mettre en danger en tout cas. Je crois que le sang est déjà en train de sécher, tu as eu beaucoup de chance. »

Giovanni eu du mal à contenir un gémissement plus fort que les autres lorsque la main du vieux soldat se mit à appuyer sur la plaie. Il aurait voulut répondre quelque chose de mordant, mais il préféra ne pas desserrer les dents, sous peine de réveiller les soldats qui dormaient profondément et qui n’apprécieraient certainement pas d’être tirés de leur sommeil. Afin de ne pas succomber à la tentation de hurler une bonne fois pour toute, libérant ainsi une partie de sa souffrance, il tenta d’occuper ses pensées, une autre méthode pour diminuer la souffrance : ne pas penser à elle, il chercha donc quelque chose à se remémorer.
Curieusement, Giovanni avait du mal à se rappeler des événements qui avaient précédé son entrée dans la petite chaumière située près du port. Il fit le vide dans son esprit, du mieux qu’il put si on prenait en compte sa blessure qui partait du haut sa hanche droite et allait jusqu’à son aisselle.

Quelques heures après que Francesco ait cédé et accepté que Matilda fasse partie du voyage vers Marseille, il s’était rendu au château. La journée n’avait pas été facile, partout dans Palerme, les gens le regardaient du coin de l’œil, le lorgnant en feignant l’indifférence, cherchant où il avait bien put cacher sur lui l’or que le fils du Doge lui avait donné plus tôt. Evidemment, il ne l’avait pas gardé sur lui, faisant confiance à Francesco, il le lui avait confié, de plus, cela serait certainement utile aux préparatifs de leur fuite, le vieux soldat était d’un autre gabarie que Giovanni, large d’épaules et dépassant presque d’une tête la moyenne, il y avait peu de chances que l’on s’en prenne à lui.
Alors c’était l’esprit un peu plus léger que Giovanni avait poursuivit sa mission de messager, parcourant sans cesse les rues de Palerme, un message à la main ou bien en tête. La nuit commençait à tomber, ainsi qu’une forte pluie, quand l’occasion s’était donc présentée à lui de dire à la princesse qu’elle partirait avec eux.
Il avait dut porter un message important au fils du Doge. Lorsqu’il s’était présenté aux portes du palais, les deux gardes en poste avaient finalement daignés à la regarder passer, non sans un certain mépris pour lui qui s’était attiré les faveurs du gouverneur.
Lorsqu’il alla porter son message à Benasuto, Giovanni tomba sur Matilda qui sortait d’une pièce non loin de la salle du conseil où la veille, cinq hommes avaient trouvé la mort, dont deux à cause de Giovanni.
D’après les gémissements caractéristiques d’un homme ivre en proie à quelques délires, le gouverneur avait encore dut boire plus que de raison et devait gire sur son lit, à moitié assommé par l’alcool.
C’est là qu’il lui avait annoncé qu’elle viendrait, cependant, il n’arrivait pas à se souvenir exactement des mots qu’il avait put employer. En revanche, il se souvenait parfaitement de la réaction de la princesse, il avait vu dans ses yeux des larmes qui commençaient à naître et un sourire timide vint se dessiner sur son visage. Un ange descendu du ciel, un aperçu de l’Eden sur terre.
Ce n’était pas la réaction de Matilda qui avait troublé Giovanni, mais la sienne, à ce moment, le monde avait cessé d’exister autour de lui sans qu’il ne s’en aperçoive, il n’y avait que eux deux, c’était avec une certaine honte qu’il s’en rendit compte. Il avait même oublié Saraphina, comment avait-il put ? Comment avait-il osé ? Pourtant, à ce moment là, elle n’existait plus. L’envie de prendre dans ses bras la jeune femme l’avait saisit avec force, cela aurait été son dernier acte de vivant qu’il n’aurait pas put être plus heureux, pourtant, il y avait autre chose qui l’avait prit, sans qu’il ne le perçoive. Il avait commencé à se pencher sur le visage de la princesse, il ne s’en était rendu compte que lorsque leurs deux visages ne s’étaient trouvés qu’à quelques centimètres l’un de l’autre.
Puis il s’était reculé, ou bien s’était-elle reculée ? Lui-même n’en était pas sûr, le quel des deux avait eu un mouvement de recul ? Si c’était elle, il n’oserait plus la regarder en face ni peut-être même lui adresser la parole et son propre reflet le dégouterait à jamais pour avoir oublié Saraphina, même un court instant…mais si c’était lui ? Cela signifiait-il qu’elle l’aurait laissé aller jusqu’au bout ? Et même dans ce cas, il n’était pas sûr de pouvoir la regarder en face.
Oui, c’était sûrement elle qui s’était reculée, choquée par l’impudence du maraud qu’il était, oser ne serait-ce penser qu’il pouvait la toucher avait dut la révolter…mais cela n’était pas cohérent. Après que leurs visages se soient écartés l’un de l’autre, elle n’avait montré aucun signe de colère, mais seulement de la gêne. Etait-elle gênée car il avait voulu l’embrasser…ou parce qu’elle-même en avait eu l’envie ?
Après tout, comme l’avait dit Francesco, en théorie, elle n’était plus princesse, déchue, elle était l’égale de n’importe quelle autre femme à présent. N’avait-elle pas prit conscience qu’à présent, elle pouvait se permettre de…

Giovanni appuya lui-même sur sa blessure afin de s’arracher à ses pensées, il se dégoutait, il oubliait encore Saraphina. Elle qui était tout pour lui, ses longs cheveux noirs comme la nuit, son rire, ses yeux, il aimait tout en elle, et ils s’étaient promit l’un à l’autre, comment pouvait-il faire une chose pareille à l’amour de sa vie ?
De plus, il avait tué le père de Matilda, comment pouvait-il envisager un seul instant de telles choses ? Les pensées de Giovanni se turent un moment, en proie à la honte et au dégout.
Francesco essuyait sa blessure avec des morceaux de tissus plus ou moins propre et avec de l’eau. Les ronflements continuaient de couvrir le son de la pluie qui tombait.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:14

Chapitre VI

Après ce terrible et merveilleux moment, Giovanni avait confié le message qu’on lui avait chargé de remettre au gouverneur à Matilda, elle qui avait sa confiance. Puis il s’en était retourné sans dire un mot. Déjà à ce moment, ses pensées étaient en proie au doute et aux mêmes remords, Giovanni se rendit compte qu’il avait pensé deux fois à la même chose sans s’en apercevoir jusqu’à maintenant. La même argumentation, les mêmes espoirs et les mêmes reproches, c’était un véritable supplice que de se ressasser les mêmes pensées deux fois de suite, surtout de telles pensées aussi accablantes.
Et c’est pendant son retour qu’il fut attaqué. Plongé dans ses pensées, il n’avait pas vu venir les quatre hommes, sortis de nulle part, des ombres dans la nuit. Tous arboraient un immonde sourire de satisfaction sur le visage et ricanaient à la manière d’ivrognes. Giovanni porta la main à sa ceinture et se rendit compte qu’il n’avait pas son épée, qu’avait-il put bien en faire ? Il ne le savait pas.

« C’est donc toi le petit protégé du gouverneur hein ? Tu l’aimes bien, pas vrai ? Remarques, moi aussi j’aimerais bien un homme s’il me filait une bourse pleine d’or, je serais même son ami. Je te propose un marché…soyons ami…et je te promets qu’on ne te fera pas mal, tu ne sentiras même pas le coup venir. » Avait dit l’un des voleurs.

Les autres hommes ricanèrent encore une fois, Giovanni n’en voyait que trois, l’un d’entre eux restant constamment dans son dos, hors de son champ de vision, mais il l’entendait qui respirait et riait plus fort. Des couteaux surgirent des amples vêtements des malandrins trempés par la pluie qui tombait depuis un moment.

« J’ai peut-être été trop subtil pour le gentil petit lèche-botte ? Donne-nous ton or, maintenant ! » S’écria le même homme qui tentait de se montrer impressionnant.

La rage accumulée par Giovanni depuis qu’il avait été arraché à son foyer finit par sortir à ce moment là. Il avait été enlevé à celle qu’il aimait, obligé de combattre ses frères, avait tué son roi, avait assisté impuissant aux multiples humiliations que subissaient les siciliens, ces derniers l’avaient traités de traître, les vénitiens eux le traitaient tout autant avec mépris et la colère la plus grande fut celle qu’il avait ressentit envers lui-même lorsqu’il faillit embrasser la princesse.
Pendant tout ce temps, il avait contenu sa rage comme il l’avait toujours fait dans sa vie lorsqu’il était contrarié. Mais, depuis son arrivée à Palerme, il avait été obligé de s’endurcir, il avait participé à bien des entraînements et parfois, Francesco l’avait entraîné à sa manière. Un nouvel homme commençait à voir le jour sous les traits du jeune garçon. Cet homme n’était pas encore totalement formé, mais une bonne partie était là, n’attendant qu’une occasion pour se révéler et ce fut lui qui parla.

« Vient donc le chercher toi-même si tu n’es pas un lâche. » Cracha Giovanni avec mépris. « Dans le cas contraire, retourne dans le bordel où ta mère t’as élevé, toi et tes amis si vous tenez à la vie. »

Le visage du voleur sembla se figé un moment, surpris par l’insulte et le ton de défi de sa victime, puis la colère se fut encore plus visible et il attaqua en hurlant en essayant de l’embrocher sur son couteau. Giovanni esquiva d’un simple pas sur le côté, l’homme ivre passa juste à côté de lui et il lui bloqua son bras armé en l’emprisonnant entre son coude gauche et son torse d’un geste vif. Giovanni leva son poing serré et l’abattit sur le nez du voleur comme s’il tenait un marteau dans la main. Il sentit le nez se briser et l’homme hurla de toute ses forces, Giovanni aurait put en rester là, mais il s’acharna. Il abattit encore et encore son poing sur le nez de son agresseur, vite et fort, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien si ce n’est quelques morceaux d’os brisés baignant dans le sang.
Il lâcha l’homme qui s’effondra sur le sol, hurlant et pleurant en se tenant ce qu’il restait de son visage Giovanni se pencha rapidement et ramassa le couteau qui gisait prêt de lui à ses pieds. Les autres n’avaient pas bougé d’un pouce, abasourdi qu’ils étaient. Mais l’un d’eux reprit ses esprits et se jeta sur lui, levant bien haut son couteau au dessus de sa tête.
Giovanni se jeta lui aussi en avant et attrapa le poignet du second voleur avant que celui-ci n’ait le temps de le baisser pour le poignarder. Le jeune homme planta le couteau prit à l’autre homme dans le ventre du voleur, à sa droite, il vit un autre arriver sur lui. Tenant toujours son ennemi par le poignet et au ventre avec sa lame, il le fit pivoter pour le mettre entre lui et le troisième homme qui s’arrêta net. Aucun d’eux n’avait l’habitude de se battre à plusieurs en même temps, ils se gênaient mutuellement.
Giovanni retira son couteau pour immédiatement le planter à nouveau dans le ventre de son adversaire et lui lacéra les tripes en l’y replongeant trois fois encore. Du coin de l’œil, il vit le dernier voleur s’approcher de lui sur sa droite, Giovanni se tourna et jeta sur lui le corps mutilé à présent sans vie qu’il tenait. Le voyant désarmé, le troisième voleur se jeta sur lui, plus prudemment que les autres sans abaisser sa garde. Mes ses mouvements étaient ralentis et rendus incertains par l’alcool. Giovanni repoussa le bras armé de l’agresseur et l’attrapa par le col et lui donna un coup de tête qui dut lui briser plusieurs dents, il lança son poing dans le ventre du voleur qui se plia en deux sous le choc, Giovanni leva le genou, lui donnant un autre coup au visage qui arracha un terrible hurlement au voleur.

Mais soudain, une douleur déchirante traversa le côté droit de Giovanni. Il avait été trop sûr de lui et le dernier voleur s’était fait une joie de lui entailler le flanc avec son couteau. Le jeune garçon toucha sa blessure qui tachait déjà de sang ses vêtements, une fine tunique.
Des poings puissants s’abattirent sur sa tête et il fut projeté à terre, sonné, il fut incapable de se relever, l’eau de pluie sous lui commençait à devenir rouge, son sang et celui des voleurs qu’il avait tué se joignant entre les pavés.

« Non ! Laisse le moi cette petite merde ! Je vais l’étrangler pour ce qu’il a fait à Gow et à Silvio ! »

Des mains relevèrent Giovanni qui tenta de les repousser mais un poing frappa la blessure à son flanc et des centaines de petites étoiles dansèrent devant les yeux du jeune garçon qui hurla à pleins poumons. Les mains se refermèrent sur sa gorge, ses poumons déjà vidés par ses hurlements ne recevaient plus d’air. Par réflexe, il attrapa les poings sur sa gorge et tenta de desserrer l’impitoyable étau qui lui écrasait le cou. En vain, c’était peine perdue. Il allait mourir, les rires des deux ivrognes allaient l’accompagner jusqu’à sa mort, c’est alors que lui apparut un visage qu’il eu du mal à reconnaître apparut et un rire plus doux couvrit ceux de ses agresseurs. Saraphina. Il devait vivre, il devait vivre pour elle, pour lui demander pardon.
Dans un dernier effort, Giovanni attrapa entre ses mains le visage du voleur qui l’étranglait et plongea ses pouces dans ses yeux. L’homme hurla de douleur et resserra ses poings d’avantage, mais Giovanni ne lâcha pas et il sentit avec satisfaction quelque chose céder sous l’ongle de l’un de ses pouces et un liquide chaud gicler et couler le long de sa main.
L’homme hurla comme jamais il ne crut possible d’hurler et lâcha Giovanni qui s’écroula au sol, tout tremblant en se massant la gorge tandis que son agresseur titubait en arrière et plaquant ses mains sur ce qui autrefois était son œil, du sang mêlé à un liquide jaune dégoulinant abondamment de l’orbite contenant l’œil écrasé.

« Fils de… » Commença le dernier voleur derrière Giovanni.

Il pouvait déjà sentir la lame lui trancher la gorge, mais il s’en fichait, il avait combattu jusqu’à la fin comme un homme. Mais au lieu de sentir le contact froid du métal, un autre cri s’éleva derrière lui. Se retournant, Giovanni vit le voleur tomber à genou, un bras massif autour du cou. Francesco se tenait derrière lui et lui écrasait les vertèbres. Un horrible craquement se fit entendre et le corps s’effondra comme une poupée désarticulée. Francesco enjamba le corps et marcha droit vers le borgne qui continuait de hurler en se couvrant son orbite désormais vide, l’œil déjà dans un piteux état était tombé au sol sans qu’il ne s’en rende compte et avait été piétiné par son propriétaire.
Francesco ramassa un couteau par terre et alla trancher la gorge du misérable qui ne le vit même pas arriver. C’est là que le vieux soldat le ramassa et le ramena à leur infirmerie de fortune.

Revivre ces événements avait été éprouvants pour Giovanni, c’était comme s’il les avait découvert sur le moment, comme si sa mémoire les avait enregistré sans pour autant les visionner pour ensuite les repasser plus tard, il avait presque ressentit la douleur du coup de couteau lorsqu’il se souvint l’avoir reçu, sentit l’air lui manquer lorsqu’il se souvint s’être fait étrangler.
Mais la douleur avait presque disparu à présent, et surtout, il s’était souvenu, il se souvenait à présent vers qui ses dernières pensées allèrent alors qu’il pensait être sur le point de mourir : Saraphina, il l’aimait de tout son cœur, et il allait bientôt la revoir. Ces dernières pensées l’accompagnèrent vers un profond sommeil, et c’était Saraphina qui allait habiter ses rêves cette nuit.

« C’est vraiment que ce gosse aura été béni par Dieu s’il arrive à ne pas se faire tuer avant notre départ… » Marmonna Francesco pour lui-même avant d’aller se trouver une place où dormir.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:15

Chapitre VII

Giovanni errait dans les rues de Palerme, le soleil était haut dans le ciel, il serait bientôt midi. Les jours qui suivirent son agression furent parmi les plus longs et les plus pénibles de sa vie. Il restait encore treize jours à passer dans la cité, sa blessure lui avait valut d’être sérieusement réprimandé par le capitaine de son unité lorsque le chirurgien, et prêtre de Palerme, avait ordonné à ce que le jeune homme passe au moins une semaine et demi au repos. Ainsi, Giovanni n’avait eu que pour seule et unique occupation de se promener en ville, il ne voyait pas l’intérêt d’aller s’enivrer en taverne, il y voyait surtout des risques.
Depuis qu’il avait tué deux de ses agresseurs, les gens de Palerme le regardaient avec plus de haine et de méfiance que jamais. Il n’avait fait que se défendre, il s’était défendu de quatre hommes ivres qui voulaient lui voler son argent et lui trancher la gorge par la même occasion, auraient-ils donc préféré que ce soit lui qui ait trouvé la mort dans cette ruelle et non ces crapules ? La réponse était évidente : oui, évidemment, ces gens le considéraient comme un traître, ils devaient penser que cela lui faisait plaisir d’avoir participé aux meurtres de nombres de ses frères siciliens ? Tout comme ils pensaient qu’il avait prit plaisir à tuer ses agresseurs.

Cette pensée déconcerta Giovanni à tel point qu’il faillit renverser un gamin qui passait par là, l’enfant l’insultât et lui fit un geste grossier mais Giovanni ne le vit même pas. Avait-il vraiment prit du plaisir à tuer ?
Lorsqu’il avait tué pour la toute première fois, il avait failli lui-même en mourir, il avait été anéanti, mais lorsqu’il avait tué les assassins envoyés pour éliminer le gouverneur Benasuto et lorsque ce fut le tour des voleurs qui l’avaient agressé…rien. Il n’avait ressentit ni peine, ni compassion pour eux comme si…un autre l’avait fait pour lui. Il n’avait pas faibli un seul instant face à l’ennemi, pas un instant ses mains n’avaient tremblé contrairement à la fois où il fit couler le sang de son roi.
Le plus étrange était qu’il ne l’ait pas remarqué avant, après son combat contre les assassins Monarchistes il n’y avait même pas pensé, comme un rêve éveillé, un état second dont il était le spectateur, lorsque l’autre s’était emparé de lui pour répandre le sang à sa place. Un autre qui venait à son aide lorsqu’il en avait besoin afin d’accomplir les basses besognes qu’il ne voulait pas faire lui-même, un autre être qui partageait son corps. Mais depuis quand ? Depuis quand cet autre était en lui ? Depuis qu’il avait fait verser le sang pour la toute première fois ? Ou bien cela l’avait-il simplement réveillé ?

« Arrête ! » S’ordonna Giovanni à voix haute, faisant tourner quelques regards supplémentaires vers lui.

Il devait arrêter de se tourmenter tout seul, il était en train d’essayer de se rendre fou lui-même. Beaucoup d’hommes avaient réussi à surmonter leur peur du combat et de donner la mort, pourquoi pas lui tout simplement ?
Même si pour Giovanni, cette explication était trop facile, elle lui permit sur le moment de chasser ces idées noires de sa tête.
Il continua de marcher, il envisageait de sortir de Palerme, ne supportant plus les regards des habitants, il lui était arrivé de sortir de la ville et d’explorer un peu les environs sans jamais trop non plus s’éloigner. La Sicile était occupée mais d’anciens soldats siciliens avaient profité de la chute de leurs supérieurs pour devenirs des bandits et malgré les expéditions successives lancées contre eux, il en subsistait toujours quelques un.

Soudain, une main se posa fermement sur l’épaule de Giovanni qui sentit son cœur manquer un battement. Le jeune homme se retourna brusquement, portant la main sur la garde de son épée dont il ne se séparait plus depuis son agression d’il y a dix jours. Mais ce fut le visage de Francesco qu’il vit, Giovanni poussa un soupir de soulagement et sentit un fou rire arriver lorsque l’expression de son ami lui coupa l’envie de rire. Francesco arborait une expression sévère et frustrée.

« On part dans deux heures. »

Giovanni ne comprit pas immédiatement le sens de la phrase de Francesco, il avait bien une idée en réalité mais elle lui paraissait impossible, le navire qui devait les amener en France était arrivé il y a seulement quatre jours et devait partir dans quatre autres jours. Ce ne pouvait pas être ça, ça ne devait pas être ça.

« Comment dans deux heures ? Je ne comprends pas… »

« Le français a écoulé ses marchandises bien plus vite que prévu. Il lève l’ancre dans un peu plus de deux heures, il faut qu’on se rende au port maintenant, s’il voit qu’il manque quelqu’un à l’appel d’autres prendront nos places. C’est notre seule chance. »

« Non ! » Protesta Giovanni. « Non, ça ne peut pas être vrai ! Un bateau ça ne quitte pas un port comme ça, il faut des autorisations, il faut des préparatifs, il faut… »

« Ca fait un jour qu’il est prêt, ce bâtard de chien galeux ne nous a prévenu que maintenant, il faut partir vite avant qu’on ne soit remplacé à bord ! »

« Je ne partirais pas sans Matilda, je vais la chercher ! »

Francesco l’attrapa par le poignet avant même que Giovanni ne fasse demi-tour pour se rendre au palais. Soudain, le poing du vieux soldat alla frapper Giovanni en plein visage, le faisant tomber à terre sous le choc et sous la surprise.

« Ca va mieux là petit ? » Demanda Francesco avec colère. « Ce marchand, il vendait des armes, des armures, et c’est ton ami le gouverneur qui a tout acheté ! Il recrute des mercenaires, il fait armer une flotte ! Il se prépare à la guerre et je te signale qu’en ce moment Venise n’a pas d’ennemis. Des assassins des monarchistes ont tenté de le tuer, le Doge essaye de le destituer de son rang d’héritier, Benasuto se prépare à la guerre et cette guerre va opposer des vénitiens à des vénitiens ! La guerre civile, tu saisis ? Si jamais une guerre civile éclatait sur les territoires de Venise, le monde serait pire que l’enfer mon gars ! Si jamais tu vas chercher ta chère princesse, tu resteras bloqué ici ou au mieux tu te feras tuer ! Si tu restes bloqué ici, tu seras forcé de participer à cette guerre et crois-moi tu ne vas pas aimer ça ! »

Giovanni se releva en se massant sa joue meurtrie, un filet de sang coulait de sa bouche. Une intense colère s’emparait de lui mais il tenta de la contenir.

« Ca m’est égal, je prends le risque…et si je dois mourir, et bien ce sera en me battant et non comme un lâche qui prend la fuite sans arrêt. »

Giovanni se retourna et partit en courant, droit vers le palais. Il devait sortir Matilda de là, quel qu’en soit le prix à payer.
Francesco regardait le jeune homme courir, remontant la rue principale de Palerme au milieu de la foule.

« Dépêche-toi gamin… » Murmura t’il avant de se retourner et de commencer à marcher vers le port.


Giovanni courrait comme jamais il n’avait courût auparavant. Ses jambes semblaient se mouvoir par leur seule volonté, si sa raison lui avait ordonné de s’arrêter et de faire demi-tour, il en aurait été bien incapable. Mais le problème ne se poserait pas, il devait aller chercher Matilda. Sa blessure le faisait incroyablement souffrir, il la sentait déjà se rouvrir et sentait le sang couler le long de ses côtes, mais ça lui était égal, il devait continuer, s’arrêter était hors de question et impossible, être obligé de s’arrêter signifiait la mort. Celle de Matilda, elle finirait par en mourir, il devait la sauver, pour elle, pour son père.
Giovanni revit le roi sicilien se jeter sur lui, puis sentit presque la sensation dans son bras droit du vouge s’enfonçant dans le corps de l’homme, passant par un immonde miracle entre les plaques de son armure, transpercer la chaire et finalement butter contre son armure dans son dos. L’infecte sensation de résistance de la peau qui lâche soudainement comme un voile que l’on déchire.
Giovanni accéléra encore l’allure.

Il arriva au palais qui s’élevait majestueusement au sommet d’une colline qui surplombait la cité. Passant sous la dernière herse, il traversa la grande cour pavée et passa devant les gardes habituels devant les portes du palais qui lui jetèrent leur traditionnel regard de mépris.
Giovanni arriva dans le hall du palais, s’arrêtant au milieu de ce dernier après un dérapage sur le sol glissant. Ou pouvait se trouver Matilda ? Il ne savait pas ce qu’elle pouvait faire dans la journée quand elle ne s’occupait pas du gouverneur Benasuto et ce dernier était en sortit, la garnison s’entrainait à l’extérieur de la cité, accomplissant des manœuvres à grande échelle.
N’écoutant que son instinct, Giovanni se précipita dans les escaliers qui lui faisaient face et qui menaient à la salle du conseil. Grimpant quatre à quatre les marches, il passa plusieurs étages avant d’atteindre le cinquième où se trouvait la salle qu’il recherchait et dont il se servirait comme repère dans ses recherches. Il ne croisa presque personnes dans les couloirs, les serviteurs étaient dans les niveaux inférieurs, en cuisine pour déjà préparer les repas des nobles qui étaient en manœuvre.
Il arriva devant la salle du conseil et ne prit même pas la peine d’ouvrir la porte, que ferait Matilda ici ? Le sombre couloir éclairé par quelques fentes dans les murs était désespérément vide. Giovanni se mit à courir au hasard dans les couloirs, ses pas et son souffle amplifiés par l’écho produisaient un véritable vacarme. Il ne savait pas combien de temps il lui restait pour trouver Matilda et aller au bateau qui n’attendrait pas très longtemps au port. Giovanni pria pour que Francesco garde sa place et persuade le marchand français de l’attendre, mais il ne se faisait guère d’espoir à ce moment sur l’aide que lui apporterait le vieux soldat.
Une porte s’ouvrit dans le couloir, pas brutalement mais Giovanni courait si vite qu’il faillit la heurter de plein fouet. La servante qui avait ouvert la porte hurla, terreur et surprise se mêlant dans son crie, elle lâcha les draps qu’elle portait et qui allèrent s’échouer sur le sol à ses pieds.

« Désolé. Je…je ne voulais pas vous faire…vous faire peur. » Bégaya t’il essoufflé.

La servante qui ne semblait pas du tout prête à le pardonner ramassa son linge en le regardant avec méfiance et une certaine irritation.

« Je cherche Matilda, la pr…la servante du gouverneur. »

La femme le jaugea, le regardant de bas en haut comme si elle étudiait un vulgaire poisson sur une étale au marché d’où émanait une odeur suspecte.

« Ce doit être vous, l’homme dont elle m’a parlé. La princesse est dans ses appartements, au fond du couloir de droite au prochain embrochement. » Répondit-elle en insistant bien sur le mot princesse. Ce devait être une servante vivant déjà au service de la famille royale sicilienne.

Giovanni ne prit même pas la peine de remercier la servante qu’il suspectait de vouloir lui cracher au visage s’il s’était aventuré à lui adresser encore la parole tant son mépris était visible.
Giovanni tourna à droite dans le couloir et continua sa course jusqu’à arriver au bout, face à une porte. Il s’apprêta à l’ouvrir lorsqu’il se rendit compte que son arrivée brutale aurait de quoi faire mourir de peur la princesse. S’imposant une dizaine de secondes afin de se calmer, il ouvrit lentement la porte afin de ne pas l’effrayer.
La pièce n’était pas bien grande mais tout de même confortable. Une cheminée faisait face à un grand lit à baldaquin comme il n’en avait jamais vu, le sol était presque entièrement recouvert de tapis, les murs étaient parsemés de quelques décorations qui rappelaient les précédant occupants musulmans de l’île. Au bout de la pièce, une fenêtre donnait sur la cité qui s’étalait en bas du palais. Mais une chose terrible glaça le sang de Giovanni, sauf dans son visage qui lui au contraire semblait s’être embrasé.
La princesse lui tournait le dos, et son dos comme une grande partie de son corps était nu, elle tenait dans ses mains une magnifique robe alliant avec élégance un étalage de couleurs que le ciel ne pouvait imiter. Giovanni étouffa un hurlement et se retournant, mais la princesse l’entendit et se retourna elle aussi avant qu’il n’ait finit son demi-tour, elle poussa un hurlement, non contenu, particulièrement strident.

« Pa…pardonnez moi princesse ! » Supplia Giovanni en lui tournant le dos, bafouillant et tremblant, les joues enflammées. « Je ne voul…ne voulais pas, c’est…c’est… »

Giovanni aurait largement préféré avoir à affronter une dizaine d’hommes comme ceux qui l’avaient agressé dix jours auparavant que de se retrouver dans cette situation. De plus…c’était la première fois qu’il voyait une femme entièrement nue.

« Pourquoi mais…sortez ! Sortez sortez « Hurla Matilda en plaquant sa robe contre elle.

Giovanni s’exécuta en gémissant, claquant la porte derrière lui sans un regard en arrière. Il entendait encore les hurlements courroucés de la princesse à travers la porte, pas de doute possible, c’était bien une fille de la cours pour connaître autant de mots vulgaires et à la fois distingués…et pour être aussi… Le navire ! Se rappela Giovanni.

« Princesse ! Je suis vraiment désolé, je vous supplie de m’accorder votre pardon…mais il y a eu des changements de plan ! Le navire que nous devons prendre part aujourd’hui et dans moins d’une heure ! Il faut qu’on s’en aille maintenant ! » Dit-il à travers la porte en s’agenouillant pour parler au niveau de la serrure en espérant se faire mieux entendre.

« Quoi ?! » Cria la princesse avant d’ouvrir la porte.

Giovanni se couvrit les yeux mais trop tard, à genoux devant la porte, il en avait assez vu de la princesse pour se souvenir d’elle dans les moindres détails pour le restant de ses jours. La princesse n’hurla même pas, se contentant de se cacher encore derrière sa robe qu’elle tenait contre elle.

« Comment mais…je…j’arrive tout de suite ! » Dit-elle avant de claquer la porte derrière elle.

Giovanni se laissa glisser contre un des murs, maudissant tout son être de ne pas avoir frappé avant d’être entré…et s’empêchant de toutes ses forces de repenser à ce qu’il avait vu.
La porte se rouvrit un peu moins de cinq minutes plus tard, la princesse avait revêtue ses vêtements de domestique. Giovanni se redressa et ne put se résoudre à la regarder dans les yeux, mais en faisant cela il se rendit compte qu’il regardait une partie du corps de la jeune femme qu’il ne devrait pas. Il remonta son regard plus haut et vit le visage empourpré de la princesse.

« Je…je n’ai plus l’occasion de porter mes robes de l’époque où je…moi et ma famille étions…Je voulais juste en remettre une au moins une fois pour me souvenir ce que cela faisait d’être une princesse. » Parvint-elle à bredouiller avec plus où moins de réussite en détournant le regard avec honte.

Bon sang, même maintenant elle était magnifique se dit Giovanni.

« Il faut qu’on parte et vite. » Dit-il avec, ô joie, fermeté et confiance.

Les deux jeunes gens se mirent à courir, le temps leur était compté.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:16

Chapitre VIII

Giovanni et Matilda descendaient les escaliers qui menaient au hall du palais, Giovanni ne s’était jamais rendu compte à quel point ils étaient longs et que leurs marches les ralentissait. IL sauta par-dessus les cinq dernières marches et vit du coin de l’œil la princesse l’imiter avec grâce. Encore une fois, il s’étonna de la forme physique de la jeune femme. Il s’imaginait les femmes nobles plutôt fainéantes et mal à l’aise lorsqu’il s’agissait de faire le moindre effort physique. Mais Matilda ne semblait même pas essoufflée et quelque chose dans ses yeux disait que malgré la peur de rester coincer dans sa prison dorée, elle s’amusait.

Les deux jeunes gens arrivèrent dans le hall sans avoir croisé la moindre personne, surgissant tous deux du palais, des voix les interpellèrent. Giovanni jura intérieurement, les gardes, il les avait oublié, eux ils étaient toujours à leur poste.
Mais ils n’avaient pas de temps à perdre, le bateau allait partir, peut-être était-il déjà en mer. Giovanni et Matilda augmentèrent l’allure, derrière eux, les gardes continuaient de hurler, mais avec leur lourd équipement, ils auraient bien du mal à les rattraper. Heureusement, les gardes n’eurent pas la présence d’esprit d’ordonner à leurs collègues de fermer la herse qui séparait le palais du restant de la ville.
Lorsque les deux fuyards passèrent sous la herse, celle-ci se ferma brutalement derrière eux, apparemment, les sentinelles n’avaient pas attendu l’ordre des gardes pour baisser la herse, mais heureusement trop tard, enfermant les poursuivants du côté du palais.
Giovanni et Matilda se fondirent alors dans la foule qui vaquait à ses occupations, non sans bousculer au passage quelques badauds. Courant aussi vite que leurs jambes le leur permettaient, les deux jeunes gens traversèrent presque la moitié du trajet qui les séparait du port en quelques minutes.
Mais à mesure qu’ils avançaient, d’horribles pensées s’insinuaient dans l’esprit de Giovanni, l’image d’un bateau avec à son bord Francesco, naviguant lentement, s’éloignant du port alors qu’ils arrivaient, où bien des soldats montés surgissant des rues pour les encercler et les mettre à mort tous les deux.
Les jambes de Giovanni commençaient à devenir lourde, il était habitué à courir longtemps, mais pas si vite, ses poumons avaient de plus en plus de mal à se remplir et ses côtés lui faisaient atrocement souffrir. Pouvait-on mourir d’un effort trop brutal ? Une question que Giovanni se posa lorsqu’une horrible douleur vint s’ajouter aux autres près de son cœur.

Finalement, ils arrivèrent au port et se mirent à courir le long des quais vers l’endroit où devait être accosté leur bateau. Giovanni cherchait désespérément du regard la galère convertie en navire marchand. Mais son cœur se serra et sa tête se mit à tourner, il ne le trouvait nulle part, Giovanni s’arrêta devant l’endroit où aurait dut se trouver le navire, mais à la place de celui-ci, le quai était vide et c’était la mer qu’il avait sous les yeux. Le jeune homme ne put contrôler ses jambes qui se dérobèrent.

« Francesco…espèce de chien galeux ! Bâtard ! » Hurla Giovanni avec colère.

Son ami l’avait abandonné, il était partit sans l’attendre. Il avait été comme un frère, il avait veillé sur lui et lui avait sauvé la vie…mais à présent il s’en était allé. Il l’avait trahi.

« Si tu le penses vraiment je crois que je ferais mieux de repartir sans toi gamin, et prendre seulement la demoiselle, elle au moins elle semble polie. » Commenta une voix familière dans son dos.

Giovanni se retourna en se redressant pour faire face à Francesco et à un autre homme qu’il tenait fermement par le poignet.

« Désolé de t’avoir fait une frayeur, notre chère ami ici présent ne voulait plus attendre malgré la somme confortable que je lui proposais, alors j’ai dut me montrer convainquant. Allez l’ami, on retourne à ta vieille coque de noix. »

Francesco poussa l’homme qu’il tenait qui fit un semblant de geste brusque comme s’il essayait lui-même de se convaincre qu’il s’était dégagé de lui-même. Giovanni et Matilda suivirent Francesco qui poussait régulièrement le marchand français qui lançait par-dessus son épaule quelques insultes bien senties qui semblaient combler de joie Francesco dont le sourire s’élargissait à chaque mot offensant.
Il les fit monter à bord d’une petite barque au bout d’un ponton, Giovanni et Francesco prirent les rames et commencèrent à faire avancer la petite embarcation vers la galère qui attendait non loin du port.

« Francesco, je voulais m’excuser pour… » Commença Giovanni.

« Y a pas de mal gamin, j’aurais sûrement usé d’un langage encore mois flatteur si j’avais été à ta place…et puis je vais être honnête avec toi, je ne me suis décidé à faire arrêter le navire que lorsque nous étions sortit du port. Les gars à bord sont des hommes de confiance et j’ai réussi à…négocier notre petit arrêt contre un peu de ton or que tu m’as confié. Si tu ne me l’avais pas donné je n’aurais même pas prit la peine de demander ne serait-ce une minute de plus…mais comme tu m’as fait confiance et qu’après tout, c’est pour toi que j’ai organisé tout ça, je me suis dit que ça serait dommage de partir sans toi ni sans la charmante compagnie de ton amie. »

Giovanni ne sut que dire devant une honnêteté si déplacée, Matilda non plus apparemment qui rougissait quelque peu, sous l’effet de la longue course qu’ils venaient de faire ou bien sous l’effet de la gêne. Finalement, un ricanement s’échappa des lèvres de Giovanni et il dut se retenir pour ne pas qu’il se prolonge en fou rire, Francesco esquissa un sourire en coin et le visage de Matilda s’éclaira d’un de ses merveilleux sourires. Le français lui n’eu qu’un vague rictus qui laissait deviner ses pensées, à savoir : Trois fous sont sur une barque avec un sain d’esprit : qui doit-je jeter à l’eau en premier ?
Mais il n’en fit rien et finalement, la barque atteignit la galère et les quatre passagers montèrent à bord. L’équipage assez réduit était composé d’une vingtaine de marins et d’une dizaine de soldats vénitiens. Les hommes regardèrent avec curiosité les quatre nouveaux passagers embarquer, Giovanni remarqua que certains observaient très attentivement Matilda qui dut le sentir elle aussi.

A peine le marchand français posa t’il un pied sur le pont qu’il hurla à plein poumon.

« Capitaine ! Jetez-moi ces trois là par-dessus bord ! Ils m’ont menacé, humilié et m’ont fait prendre du retard ! Nous devrions déjà être partit depuis presque une heure ! Jetez ces ordures à la mer immédiatement ! »

Un homme d’une taille imposante qui se laissait pousser une barbe digne de sa stature s’avança parmi les marins et jeta un regard sévère à Francesco puis à ses deux compagnons.

« Non. » Répondit tranquillement le géant.

Le français resta bouche bée, bafouillant des mots incompréhensibles, partagé entre l’incrédulité et la colère.

« Mais je…c’est moi…vous paye…qui »

« Avant que vous ne fassiez une autre crise monseigneur, laissez-moi-vous expliquer quelque chose : ici, vous êtes sur mon navire. Et un navire n’a qu’un seul et unique maître, son capitaine. Si même sa sainteté le Pape posait un pied sur mon navire, je lui rirais au nez s’il tentait de me donner un seul ordre et peut-être même l’enverrais-je nettoyer le pont en se servant de sa robe ! Vous comprenez monseigneur ? Ici, Dieu le Père c’est moi ! C’est l’avantage de vivre en mer, pas de lois, pas d’inquisiteur, pas de rois ou d’empereurs, seulement le capitaine et son bateau. Alors maintenant, vous allez vous tenir tranquille et céder vos appartements à la jeune demoiselle ici présente, il serait inconvenant de la faire dormir en bas avec l’équipage. »

Plusieurs rires se firent entendre parmi les marins qui regardaient d’un air narquois le marchand français qui semblait sur le point de se jeter à la gorge du capitaine, mais ce dernier sembla sentir ses intentions et fit un pas en avant, le dominant de toute sa hauteur et mit l’une de ses énormes mains sur la garde de l’épée qu’il portait à la ceinture.

« Jamais plus je ne ferais appel à vous pour transporter mes marchandises… » Siffla le français entre ses dents comme s’il s’agissait d’une insulte avant de battre en retraite.

« Voila qui devrait me ruiner…Allez on s’active ! Sortez les voiles et plus vite que ça ! Le vent ne va pas souffler éternellement en notre faveur ! Dépêchez-vous ou bien c’est les rames que vous devrez sortir ! »

Les marins commencèrent à s’affairer autour des trois arrivants, grimpant le long du mat, tirant sur des cordes et courant d’un bout à l’autre du navire en donnant divers ordres.
Le capitaine s’approcha de Francesco, les deux géants se toisèrent du regard un moment puis éclatèrent de rire et se serrèrent la main avec force.

« Les enfants, je vous présente William ! William, voici Matilda et Giovanni. Nous nous étions connus il y a longtemps…à cette époque William était déjà sur cette vieille barque mais faisait un travail moins honnête. »

« Toi non plus tu n’étais pas des plus vertueux en ce temps là ! » Répliqua William en s’esclaffant. « Tu n’as pas beaucoup changé depuis en revanche…mais avises toi encore une fois de critiquer mon navire et tu iras dormir avec les poissons. »

Les deux hommes rirent de bon cœur à cette dernière remarque, même si William semblait tout à fait sérieux. Giovanni et Matilda se regardèrent intrigué, Francesco et le capitaine s’éloignèrent en s’échangeant leurs souvenirs, laissant les deux jeunes gens seuls. Tous deux se dirigèrent vers l’arrière du navire afin de regarder Palerme s’éloigner paisiblement,
Giovanni sentit l’espoir renaître en lui, il l’avait longtemps perdu. Plus d’un an s’était écoulé depuis le jour où il avait été arraché aux siens, depuis, il avait changé, pendant un temps, il avait craint que ses proches ne reconnaissent plus l’homme qu’il était devenu. Mais à présent, il était en route, il allait rentrer chez lui.
Giovanni osa un regard vers Matilda, celle-ci pleurait en silence. Il sentit la honte l’envahir, si lui retrait chez lui, elle en revanche quittait son foyer, le seul endroit où elle avait jamais vécut. Et même si elle avait passé ces derniers mois à Palerme en tant que prisonnière, le restant de sa vie elle l’y avait passé avec sa famille.

Giovanni passa un bras autour de l’épaule de la jeune femme et la serra contre lui, elle le regarda avec ce qui semblait être de la reconnaissance. La joie qu’avait ressentit Giovanni s’évanouit, occultée par la honte et le chagrin pour Matilda. Il la serra un peu plus contre lui et restèrent silencieux, regardant Palerme qui commençait déjà à disparaître à l’horizon tandis que le soleil se couchait.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:19

Partie II : L’autre

Chapitre I

Un soleil nouveau se levait sur la méditerranée et sur le navire, Giovanni contemplait l’astre du jour lentement monter dans le ciel. Un spectacle que déjà sur la terre ferme il aimait observer, mais les levers de soleil avaient prit toute leur signification depuis qu’il était en mer.
Il n’avait voyagé qu’une seule fois en mer auparavant, mais il n’avait pas vraiment put profiter du voyage, enrôlé de force dans l’armée vénitienne pour aller combattre les siciliens à Palerme, son propre peuple. Lui et beaucoup d’autres avaient passé la traversé entre l’Italie et la Sicile dans la cale d’une galère qui empestait les excréments humains, la transpiration et par-dessus tout : la mort. Le navire ne devait pas être à son premier voyage vers la Sicile et avait dut faire plusieurs allez retours durant lesquels, certains des soldats enfermés dans les cales ne survivaient pas ou se donnaient la mort.
Giovanni, bien que sachant ce qui l’attendait et ce qu’il allait devoir faire, avait été heureux de revenir sur le plancher des vaches. Rien que l’idée de devoir à nouveau voyager en mer l’avait hanté des jours avant qu’il n’arrive à Palerme, l’odeur, les gémissements des mourants, la sensation maladive durant la traversé lorsque le bateau tanguait et la mort qui hantait la cale.

Mais ici, tout était différent, la mer était calme, personne ne mourrait rongé par la maladie sous ses yeux, l’odeur de la mer lui était agréable, cette étendue d’eau bleu qui à l’aurore et au crépuscule devenait aussi lumineuse que le soleil lui-même comme pour le saluer à son lever et lui rendre hommage avant qu’il ne se couche à l’horizon, il se sentait de plus en plus revivre.
Toutes les atrocités connues ces mois derniers disparaissaient, bien sûr, elles seraient toujours là au fond de lui. Mais elles n’y seraient pas pour le hanter dans son sommeil et le tourmenter, elles étaient à présent là pour lui rappeler, ne pas oublier les hommes qui avaient perdu la vie et qui sans doute ne le méritaient pas.

Plus d’un an s’était écoulé depuis qu’il avait été arraché au siens et s’était retrouvé à Palerme, à présent, ils entamaient leur deuxième semaine de traversée mais il se sentait déjà à son aise sur ce bateau.
Les hommes d’équipage s’étaient révélés être tous très sympathiques, ils avaient joué à quelques jeux de rapidité et de reflexes dans lesquels il avait perdu quelques ducats mais en échange avait gagné des amis, ce qui était fort profitable.
Giovanni avait eu des craintes concernant Matilda, mais ces craintes étaient infondées. Le capitaine William s’était assuré que personne ne se comporte mal envers elle, mais même s’il ne l’avait pas fait, Giovanni doutait qu’aucun des marins ne se soit permit quoi que ce soit.
En vérité, certains avaient bien essayé de faire du charme à la princesse, mais toujours avec politesse et respect, au départ, la jeune femme s’en était retrouvée très gênée, n’ayant certainement plus l’habitude de tant d’attention après un an passé à servir un ennemi de son peuple. Mais petit à petit, voyant quel embarras ils provoquaient chez Matilda, les marins s’étaient mit à la taquiner régulièrement en réitérant leurs tentatives, mais en les exagérant jusqu’à frôler le ridicule, voir s’y enfoncer profondément.
Les marins se mettaient à genou devant elle en la suppliant de leur accorder un regard et un sourire, cela était suffisamment ridicule, mais ce l’était encore plus lorsque les hommes d’équipages étaient cinq ou six à s’agenouiller. Certains faisaient semblant de se battre en déclarant que la vainqueur aurait le droit de courtiser Matilda et que le vaincu irait tirer la barbe du capitaine.
Au départ, la princesse avait réagit avec d’avantage d’embarras mais petit à petit s’était prise au jeu. Giovanni s’amusait à remarquer que de plus en plus, elle ressemblait à n’importe quelle femme d’origines modestes et perdait de cette aura royale qui devait émaner de son curieux accent caractéristique aux nobles mais communément appelé par le bas peuple : snob.

Mais d’un autre côté, il remarquait que parfois, les comédies auxquels se livraient les marins l’irritaient. Il n’avait pas réussi à comprendre pourquoi cela pouvait parfois tant l’amuser et à d’autre moment l’énerver, jusqu’à ce qu’une réponse vienne d’elle-même sous la forme d’une petite voix dans sa tête.

« Quand ils jouent à ce jeux là, toi, elle ne te regarde plus. »

Giovanni avait chassé cette hypothèse avec fermeté, il la refusait. Ce n’était pas ça, bien sûr, il tenait beaucoup à Matilda, même si le lien qui les unissait lui échappait par moment, cette raison qui faisait qu’il ne pouvait plus envisager de la quitter à présent. Une autre réponse lui vint, il était responsable en partie de son malheur, il se sentait obligé de lui venir en aide, évidemment, par-dessus ce sens du devoir s’était glissé un sentiment d’attachement, mais un sentiment d’un grand frère protecteur à l’égard de sa sœur, rien de plus.

« Tu es sûr ? Tu es vraiment sûr que ce n’est que ça ? Ou bien ne serais-tu pas jaloux ? Jusqu’à présent, il n’y avait que toi qui t’occupais d’elle. Francesco refusait qu’elle vienne avec toi, le fils du Doge, Benasuto la traitait comme une domestique, elle était seule. Jusqu’à ce que tu arrives et lui proposes ton aide. Mais à présent, regarde ces braves marins, ils la font rire, ils la font se sentir acceptée et appréciée. Ne l’as-tu jamais fais rire toi ? Quels moments heureux avez-vous passé tous deux ? Tu es jaloux d’eux parce qu’ils sont capables de lui donner ce dont elle a besoin, ils lui font oublier ce qu’elle a vécu jusqu’à présent et toi tu ne le peux pas car tu es lié à tout ça, même si elle ignore à quel point. Au fond d’elle, tu représentes le passé auquel elle veut échapper. »

« La ferme ! » Ordonna Giovanni à la voix de son esprit qui se tut.

Ravalant sa colère contre lui-même, Giovanni observa le soleil finir de s’élever au dessus de la mer, rendant peu à peu à l’eau sa couleur bleu qui allait durer jusqu’au crépuscule.
Il cherchait des arguments pour réfuter ce que son esprit venait de lui souffler, mais il ne trouvait rien à dire, rien à opposer à ça. Oui, il était jaloux parce que jamais Matilda n’avait semblé aussi heureuse avec lui que lorsque les marins se jouaient gentiment d’elle où lui racontaient leurs histoires indignes d’une princesse.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:21

Chapitre I (suite)

Debout à l’arrière du bateau, Giovanni prit une grande inspiration, se remplissant les poumons de cet air humide et salé qu’il appréciait tant afin de se remettre les idées en place, mais rien n’y faisait. Il était l’image du passé horrible, l’image de Palerme en proie aux flammes, les rues jonchées de corps parmi lesquels se trouvait celui du roi de Sicile, mort de sa main.

« Bonjour. » Dit timidement une voix dans le dos de Giovanni.

Ce dernier se retourna pour se retrouver face à la princesse, vêtu d’une tunique semblable à celles que portaient les marins. Blanche, serrée au niveau de la taille par un foulard rouge, pareil aux manches et aux chevilles. Sans être trop prêts du corps, les vêtements laissaient tout de même deviner quelle femme était Matilda. Giovanni lui sourit du mieux qu’il put dans l’état dans lequel il se trouvait et jeta un dernier regard par-dessus son épaule, les dernières couleurs de l’aurore s’étaient éteintes.

« Cela fait un moment que je voulais que nous parlions…mais… » Commença t’elle sans finir sa phrase. « Pourquoi m’avez-vous aidé ? Vous m’aviez dit que c’était par devoir, mais il y a autre chose n’est-ce pas ? »

Giovanni plongea son regard dans les yeux de la princesse, envoutant comme toujours, mais il y cherchait ce qui pouvait bien cacher cette question. Elle ne pouvait pas savoir qu’il avait tué son père, seul Francesco le savait et jamais il ne lui dirait, alors quoi ?

« Je dois dire qu’au moment où je vous ai proposé de vous emmener, moi non plus je ne savais pas pourquoi je voulais vous aider. Peut-être était-ce seulement parce que j’avais participé à la prise de Palerme et même si c’était contre ma volonté, j’en étais responsable. Mais en fait, je voyais que vous souffriez, Palerme renferme à présent de terribles souvenirs pour vous, je voulais vous arracher à ça. »

« C’était donc de la pitié ? » Demanda Matilda, avec du reproche dans la voix mais aussi autre chose…de la déception ?

« Faut-il vraiment une raison pour aider quelqu’un ? Ce n’était pas de la pitié, je ne pouvais tout simplement pas vous laisser là bas alors que moi je rentrais à mon foyer. »

Matilda regarda l’horizon un moment comme l’avait fait Giovanni avant elle.

« Merci, je crois que je comprend ce que vous dites et je…je vous en suis reconnaissante. Merci Giovanni. » Dit-elle en souriant d’une manière un peu triste.

Ce sourire étreignit le cœur de Giovanni, comme si une main plongeait dans sa poitrine pour lui écraser. Elle semblait vulnérable, fragile mais ce sourire donnait l’impression qu’elle acceptait cette fatalité que Giovanni aurait voulut repousser en la serrant dans ses bras. Il s’imaginait presque son corps se blottir contre le sien, l’odeur enivrante de ses longs cheveux dans lequel il enfouirait son visage.

« Comment était-ce ? »

« Hein ?! » Fit Giovanni en se donnant un coup de pied mental dans le derrière pour s’être laissé aller à de telles pensées.

« Chez vous, comment était-ce ? Comme je l’ai dis, nous n’avons guère eu l’occasion de parler et je ne sais presque rien de vous… »

« Chez moi…j’habitais dans un village dans la région de Naples, près d’Avellino dans un hameau qui ne porte même pas de nom. C’est…le paradis sur terre, je ne saurais trouver d’autre mot pour le qualifier. Là bas, la vie est simple et tranquille, les gens y sont honnêtes et chaleureux.

Le jour, nous allons dans nos champs travailler dur, ou bien dans les vignes. Certains élèvent des moutons grâce auxquels nous pouvons nous vêtir. Dans les forêts environnantes il y a du gibier et nous sommes si loin de tout que nous pouvons chasser sans aucune contraintes lorsque nos terres ne nous fournissent pas assez de nourriture ce qui est rare.
Parfois, nous allons à la rivière près des champs et de la forêt, c’est là que sont très souvent les enfants et que le père Maxens, le prêtre de notre village, va les chercher pour les traîner de force au village où il enseigne.
Lorsque vient l’heure du repas, tout le village se rassemble et nous mangeons ensemble soit sur la place du village soit dans une grande habitation commune lorsque le temps ne se prête pas à manger dehors.
Parfois, lorsque les récoltes ont été suffisamment bonnes, nous passons des journées à la rivière soit à monter à cheval sur la seule jument du village qui doit avoir mon âge mais qui se prête toujours avec plaisir à nos jeux.

Nous ne sommes pas plus d’une cinquantaine mais souvent, des étrangers viennent passer la nuit dans l’auberge du village et ces hommes deviennent les héros du jour. Nous sommes plutôt isolés et les nouvelles n’arrivent que très rarement, alors, chaque voyageur qui passe nous conte les événements qui se déroulent de par le monde, nous nous réunissons parfois à l’extérieur autour d’un grand feu au centre du village quand le temps s’y prête et là les étrangers peuvent tout nous raconter, il arrive souvent qu’ils enjolivent la réalité mais c’est mieux ainsi.
Après cela, les voyageurs laissent leur place à nos ménestrels et des fêtes improvisées peuvent durer jusqu’aux aurores.

Je me souviens aussi… »

La gorge de Giovanni se noua, ces souvenirs lui réchauffaient le cœur mais il se sentait aussi terriblement triste. Matilda lui sourit, cette fois-ci, aucune tristesse dans ce sourire, de la compassion et du plaisir à s’imaginer un lieu si merveilleux.

« Il y avait aussi un grand chêne près de la rivière, parfois, j’y restais des heures durant, mais j’aurais put y rester toute une journée et toute une nuit. Car à travers ses feuillages, les étoiles apparaissent encore plus brillantes que si l’on les regarde directement, le ciel à l’air plus bleu…c’est là que j’ai demandé à Saraphina, celle que j’aime, si elle voulait être ma femme…deux jours avant que les vénitiens ne viennent me prendre. Nous étions inséparables, ses parents étaient tous deux morts peu après sa naissance, elle n’avait gardé aucun souvenir d’eux et ce fut mes parents qui la recueillirent. Elle a toujours sut qu’elle n’était pas véritablement de notre famille au sens où elle ne partageait pas notre sang. Mais son cœur était bien celui des Daleva, mon père est mort d’une mauvaise chute alors qu’il allait chercher quelques moutons égarés dans les hauteurs qui bordent le village. Lorsqu’il est mort, son chagrin fut aussi fort que le mien, son sang n’était pas le même que le notre mais la peine qu’elle ressentait était celle d’une fille pour son père. Je l’ai toujours aimé, lorsque je lui ai demandé de devenir ma femme, elle accepta sans hésitation. Je crois que ma mère a versé plus de larmes que nous deux réunis dans toute notre enfance lorsqu’elle a apprit que nous nous étions décidé à nous unir pour la vie...c’est pas trop tôt…voila comment elle nous a félicité. »

Giovanni eu un petit rire en se souvenant du visage plein de larmes de sa mère, les serrant dans ses bras à tour de rôles. Que pouvaient-elles être en train de faire en ce moment ?
Le jeune garçon hasarda un regard à côté de lui, ne sachant à quoi s’attendre de la part de la princesse, de la tristesse ? De la colère ?
Mais au lieu de cela elle souriait en le regardant de côté, un peu de tristesse se lisait sur ses lèvres.

« J’espère que bientôt vous serez réuni tous les deux, vous le méritez. C’est une bien belle vie qui vous attend, j’espère pouvoir avoir un mari aussi tendre que vous un jour. »

« Vous pourrez venir avec moi dans mon village, les gens vous y accueilleront avec joie et je vous assure que je ne suis pas si bon que vous le dites, ou en tout cas d’autres le seront tout autant voir plus avec vous. Vous aussi vous avez le droit à une vie qui vous rende heureuse, le bonheur n’est pas destiné à quelques un, nous y avons tous le droit et ce serait vraiment cruel qu’une femme telle que vous ne le trouve pas…mais faites moi confiance, vous serez heureuse. »

Le visage de Matilda se fendit d’un autre de ses merveilleux sourires, elle se pencha sur Giovanni et déposa un baiser sur sa joue avant qu’il ne se rende compte de ce qu’il se passait.

« Merci. » Se contenta-t-elle de dire avant de s’éloigner.

Giovanni toucha sa joue là où Matilda l’avait embrassé, il pouvait encore sentir le baiser de ses lèvres fines sur sa peau. Le jeune homme se retourna et se retrouva face à quelques membres de l’équipage qui le fixaient tous avec un sourire moqueur sur les lèvres. Un imbécile crut bon de faire un sifflement explicite.

« Fermez là ! » Lança Giovanni agacé, les joues et les oreilles rougissantes.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:24

Chapitre II

Giovanni para l’attaque de son adversaire à la dernière seconde, le choc fut si brutal que le jeune homme perdit l’équilibre et tomba sur le derrière. Son adversaire s’éclaffa et attaqua à nouveau, n’attendant même pas qu’il se relève, Giovanni esquiva en roulant sur le sol et bondit sur ses pieds. Les deux combattants continuèrent de s’échanger attaques sur attaques et parades sur parades. Giovanni esquiva un coup d’estoc en sautant sur le côté et attrapa fermement le poignet de son adversaire, d’un violent coup de pied derrière les genoux, il parvint à balayer les jambes du colosse et à le faire chuter. Giovanni abattit aussitôt son épée et l’arrêta à quelques centimètres de la gorge de William.
Le capitaine ricana, un large sourire étirant son visage couvert de cicatrices visibles malgré sa grande barbe. Giovanni remit son épée dans son fourreau pour laisser William se redresser lentement en étouffant une plainte, plaquant une main dans son dos meurtri par la chute.

-Pas mal gamin, pas mal du tout, tu deviendrais presque bon. Le félicita le capitaine avec un sourire en coin. Tu pourrais presque tenir deux minutes contre moi si je me battais sérieusement.

-Et si on voyait ça pour de bon ? Demanda Giovanni, amusé par la mauvaise foi du vieux capitaine qui continuait de se masser le dos en grimaçant.

-Non petit, pas aujourd’hui en tout cas, ce serait néfaste pour ta santé.

Giovanni remarqua que William semblait tout à fait sérieux, peut-être n’était-ce pas juste de la mauvaise foi. Cela faisait quelques jours que le capitaine avait décidé d’aider Giovanni à s’entraîner, par désœuvrement ou par sympathie pour le jeune homme qui tentait de se rendre utile sans y réussir.
Au fil des heures passées à s’exercer, Giovanni s’était grandement amélioré à l’épée. William était un professeur sévère mais juste, qui n’hésitait pas à frapper là où ça fait mal lorsqu’il voyait une ouverture trop grande dans la garde de Giovanni mais qui le félicitait également lorsqu’il arrivait à exécuter une passe d’arme bien réussie.
Des fois, Francesco venait lui aussi se joindre à leurs entraînements quotidiens qui se déroulaient très souvent sous le regard attentif de Matilda. Celle-ci regardait avec amusement le spectacle, apparemment, voir Giovanni se prendre des coups était distrayant, et le William ne ratait jamais une occasion d’amuser la princesse.

Alors que les deux bretteurs se préparaient à un autre duel, un des marins s’approcha du capitaine, l’air gêné.

-Si jamais tu t’avises ne serait-ce que d’effleurer un poil de ma barbe je jure par Dieu que je te passe par-dessus-bord ! S’exclama le capitaine, à la plus grande joie de la princesse qui ne put retenir un éclat de rire.

-Non capitaine ce n’est pas ça ! Protesta craintivement le pauvre marin qui ne doutait pas une seconde que son capitaine soit capable de le faire. Je voulais vous informer que d’après nos estimations nous ne serons pas à Marseille avant au moins trois semaines. L’équipage est épuisé, il faut qu’on ait tous au moins une journée de repos, ça ne peut plus durer.

William regarda avec écœurement les voiles du navire qui pendait tristement au mat, sans le moindre souffle de vent pour les faire gonfler et faire avancer le bateau. Depuis la première semaine de voyage, le vent s’était arrêté de souffler, au début, le capitaine avait été confiant et avait juré que cela ne durerait pas plus de deux jours, mais voilà deux semaines que cela durait.

-Je m’en doute bien mon gars, bon Dieu, je n’ai jamais vu ça de toute ma vie. Deux semaines sans vent, à croire que l’autre comique qui nous regarde de tout là haut n’a pas envie qu’on arrive à Marseille. Jamais l’on ne me croira. Laisse les gars se reposer, heureusement on a assez de vivre pour tenir un siège et au cas où on peut toujours aller en Corse pour s’approvisionner.

D’après William, ils avaient traversé plus de la moitié du chemin, ils étaient à présent à la hauteur du bras de mer qui séparait la Corse de la Sardaigne. Le voyage n’aurait pas dut durer plus de trois semaines, mais par manque de vent, il risquait de durer le double.
Le marchand français était dans tous ses états et ne cessait de jurer en regardant les voiles, traversant le pont de long en large en parlant dans sa barbe.
Les membres d’équipage étaient forcés de rester à leur poste de rameurs pour que le navire continu d’avancer vers sa destination, Giovanni comprenait parfaitement qu’ils puissent en avoir assez et demander à pouvoir se reposer.
Le jeune homme vit les rameurs quitter leurs postes avec satisfaction, Francesco regardait lui aussi la scène avec compassion.

-Heureusement qu’il a accepté qu’ils puissent se reposer, ces gars sont au bord du rouleau. Commenta le vieux guerrier. Je vois qu’il a bien changé, à une époque il aurait prit le risque d’une mutinerie plutôt que de flancher devant ses marins. Il s’est ramollit, mais c’est une bonne chose, il faut parfois savoir lâcher la bride sinon ta monture a vite fait de t’envoyer valser et de te finir à coups de sabots.

-Voila une métaphore digne de toi Francesco. Remarqua avec amusement Giovanni. Tu n’as pas changé…mais au fond tu as raison, ses hommes sont épuisés et cela doit faire longtemps qu’ils n’ont pas vu leurs proches à terre. C’est frustrant de savoir que ceux qui nous sont chers nous sont inaccessibles pour la seule raison qu’il n’y a pas assez de vent pour faire avancer le navire. A ce rythme ils risqueraient de se mutiner rapidement et Dieu sait ce qu’ils pourraient faire, dans leur colère…je sais que ce sont des jeux innocents auxquels ils jouent avec la princesse mais…

Francesco le regarda un moment, apparemment son cerveau travaillait dur derrière ses yeux.

-Je n’ai pas changé c’est vrai…mais toi tu as changé et bien plus que tu ne le penses. Ce n’est pas seulement le sang que tu as sur les mains, c’est autre chose. Tu as…

-J’ai passé ma vie entière dans mon village natale. L’interrompit Giovanni. Jusqu’à ce que l’on m’en arrache de force, je ne m’étais jamais éloigné de mon foyer de plus d’une journée de marche. Pour moi, le monde se limitait à ce que m’en disaient quelques voyageurs un peu ivres qui enjolivaient leurs récits pour ne pas choquer les enfants qui écoutaient. Même si au fond je savais que le monde n’était pas aussi paisible que ces voyageurs voulaient bien le laisser penser…au bout d’un moment je m’en étais moi-même convaincu, pour me protéger j’imagine, pour ne pas qu’un jour je vienne à penser que les guerres qui déchiraient le monde viennent frapper à notre porte.
Oui j’ai changé et je m’en rends compte, j’ai changé parce que j’ai vu le monde, ou du moins une infime partie. Mais ce fut suffisant, je le connais assez à présent pour savoir qu’il est…sale et remplit de monstres. Pas des monstres issus des histoires pour faire peur aux enfants où racontées par nos prêtres lorsqu’ils parlent de la Bible, non, ce sont des monstres bien plus terribles et à apparence humaine qui parcourent ce monde.
Le pire est que nous tous en portons un en notre sein et qu’il ne faut pas grand-chose pour le réveiller. Je crois que si je rentre chez moi, jamais plus je ne serais en paix, car une question me hantera toujours : Quand les monstres reviendront-ils ? Je n’ai pas peur pour moi, mais pour ma fiancée qui m’attend, mes amis, les enfants que j’aurais si Dieu le veux.
Mais déjà, une autre question me terrifie, rentrerais-je un jour chez moi ?

Francesco ouvrit la bouche un instant mais s’arrêta. Il ne s’était manifestement pas du tout attendu à un tel comportement de la part de Giovanni.

-Je te jure que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te faire rentrer chez toi fils, je le jure sur ma vie. Parvint-il à dire finalement.

-Je sais mon ami, mais le problème n’est pas de savoir si tu arriveras à me conduire jusque devant mon village…mais oserais-je franchir le seuil de ma maison pour y retrouver les miens ?
J’ai changé Francesco, tu l’as dit toi-même et je le sens en moi. Mais je sens que ce changement n’est pas finit et…et ça me fait peur. Que suis-je en train de devenir ? Un monstre ? Ma fiancée aimera t’elle encore celui que je suis en train de devenir ? Ma mère reconnaitra t’elle son fils ?
Je ne veux pas leur faire de mal, alors peut-être la meilleure chose à faire serait-elle de ne pas rentrer…

Sur ces mots, Giovanni le quitta, tête basse, et entra dans les quartiers qui leurs avaient été donné au-dessus de la cale.
Francesco poussa un long soupir, ses yeux se posèrent sur le soleil qui descendait lentement à l’horizon. Giovanni changeait, quel homme allait-il devenir ? Un autre profond soupir fit s’affaisser les épaules du vieux guerrier.

-Il devient comme moi…Pardonne-moi gamin.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:25

Chapitre III

Giovanni se réveilla quelques heures plus tard, allongé sur se lit aussi dur que la pierre, dans sa minuscule cabine qui faisait exactement la même longueur que le lit et était à peine plus large. Seul le capitaine avait une cabine plus grande, et encore elle devait peut-être faire seulement deux fois la taille de la sienne.
Giovanni sortit dans le minuscule couloir où se trouvaient quatre portes, celle en face de celle de sa cabine donnait sur celle de la princesse. L’une à l’extrémité du couloir donnait sur le pont et l’autre sur la cabine du capitaine.
Il se rendit sur le pont et constata que la nuit été tombée depuis longtemps, la lune était haute dans le ciel et les quelques marins qui étaient de quart étaient profondément endormit. Si William les voyait, les requins des alentours auraient droit à un bon repas.
Giovanni se rendit sur la passerelle de commandement, la partie surélevée du pont afin d’avoir une meilleure vue sur l’horizon. Le silence de la mer n’était troublé que par le faible bruit de l’eau à peine troublée par un vent quasi-inexistant et par le bateau qui faisait du surplace, quelques grincements se faisaient entendre et les ronflements des marins les couvraient aisément.

Un bruit attira pourtant l’attention de Giovanni, quelque chose qui ressemblait à un sanglot. C’est alors qu’il vit à l’arrière du navire une ombre qu’il n’avait pas aperçu, lentement, il s’en approcha et à chaque pas, il devenait de plus en plus évident qu’il s’agissait de Matilda.
Alors qu’il ne se trouvait plus qu’à quelques pas d’elle, un grincement plus fort eu lieu et elle se retourna vers lui avec surprise en laissant échapper un hoquet. Giovanni remarqua qu’elle cacha d’un geste vif derrière son dos un objet qu’elle tenait dans sa main droite, un objet qui scintilla sous les éclats de la lune.

-Giovanni ! Vous m’avez fait peur…je…je voulais observer le ciel. S’empressa-t-elle de dire. J’aime beaucoup la nuit, les étoiles et la lune sont magnifiques et je ne trouvais pas le sommeil alors je ...

-On ne dirait pas. Répondit gravement Giovanni.

Les yeux de la princesse étaient rougis, manifestement par les larmes qu’elle s’empressa d’essuyer du revers de sa main gauche, l’autre étant toujours cachée dans son dos. Giovanni continua de s’approcher d’elle tandis que Matilda continuait d’essayer de trouver à justifier sa présence. La jeune femme s’immobilisa et se tut, il était si près d’elle à présent qu’il pouvait sentir son souffle sur son visage. Lentement, Giovanni se pencha sur la princesse et plongea sa main droite dans son dos pour saisir ce qu’elle y cachait.

-Non ! Protesta vivement Matilda.

Mais trop tard, il attrapa fermement l’objet et le lui prit. Il tenait entre ses doigts une longue dague à la lame superbement forgée, probablement appartenait-elle à sa famille.
Giovanni fut prit d’une rage soudaine, une lame et ces larmes ne pouvaient signifier qu’une chose.

-Qu’est-ce que vous faisiez avec ça ?! Demanda-t-il, il ne criait pas mais il parlait d’un ton froid et furieux auquel on préférerait les plus terribles hurlements.

-Je…c’est un cadeau de mon père et il… Bredouilla Matilda.

-Ne me prenez pas pour le dernier des imbéciles ! Siffla Giovanni entre ses dents. Je sais que je ne suis ni d’origines nobles ni même bourgeoises mais ça ne veut pas dire que je suis un crétin ! Pourquoi vouliez-vous faire ça ?!

Les larmes revinrent aux yeux de la jeune femme qui détourna le regard, son visage était marqué par le chagrin et la peur mais la fureur qui dévorait Giovanni l’empêchait de s’en émouvoir. Il planta d’un geste brusque la dague sur la balustrade du navire en étouffant un rugissement.

-Regardez-moi quand je vous parle ! Ou bien est-ce trop vous demander à votre altesse ?! Suis-je trop insignifiant à vos yeux pour que vous preniez la peine de m’écouter où même de me regarder ?!

Giovanni avait employé exactement les mêmes termes qu’utilisaient les marins du navire dans leurs jeux de séductions auxquels ils se livraient avec Matilda qui la faisaient rire.
Mais là, il les avait prononcés avec une telle rage et une telle cruauté qu’elle éclata en sanglots et le contourna pour se précipiter en courant vers la porte qui menait aux cabines.
Giovanni, la rage au ventre se précipita à sa suite, ils traversèrent le pont en courant sans qu’aucun des marins qui dormait sur le sol ne se réveille. Il la rattrapa juste au moment où elle commença à ouvrir la porte menant au couloir des cabines, d’une main, il fit claquer la porte pour l’empêcher d’entrer et de l’autre il la plaqua contre le mur à côté.

-Vous me faites mal ! Protesta Matilda en pleurant.

-Ne me tournez pas le dos ! Je vous ai posé une question ! Pourquoi vouliez-vous faire ça ! Pourquoi vous…

-Vous ne pouvez pas comprendre ! Répliqua la jeune fille en pleurs, mais la colère se fit sentir dans ses paroles avec le chagrin. Vous ne savez rien ! Absolument rien de ce que je peux ressentir ! J’ai tout perdu ! J’ai absolument tout perdu ! Il ne me reste plus rien en ce monde ! Ma famille, mes amis, ma vie, tout ! Tous ceux qui comptaient pour moi sont morts ! Qu’est-ce qu’il me reste à présent ?! Pourquoi continuerais-je à vivre ?!
Benasuto est le fils du Doge ! Depuis que je suis partie je sais qu’il remue ciel et terre pour me retrouver ! Rien ne lui est impossible ! Il me retrouvera et il me tuera, moi et tous ceux qui seront avec moi !
Vous avez encore une chance vous ! Vous avez encore une vie, une famille ! Moi je n’ai plus rien à perdre et je ne veux pas entraîner d’autres personnes avec moi ! Je dois mourir sinon il vous fera du mal à vous ! J’ai tout perdu !
Tous ceux que j’aime finissent par mourir ! Ce fut d’abord mes frères, puis mon père et ma mère ! Je dois mourir avant que vous…Je ne veux pas que vous hantiez vous aussi mes cauchemars !

La rage de Giovanni sembla commencer à fondre, remplacée par une terrible honte et une implacable souffrance. Sans qu’il ne les sente arriver, des larmes se mirent à couler le long de ses joues à lui aussi.

-Et moi ?! Lança Giovanni dans ses derniers relents de colère. Vous croyez que je n’ai pas tout perdu moi aussi ?! Jamais je ne pourrais rentrer chez moi, je le sais maintenant ! L’homme que j’étais et que j’aurais put être est mort à Palerme, remplacé par…par celui que je suis à présent ! J’ai une mère et jamais plus elle ne reverra son fils en moi ! J’ai une fiancée et jamais elle n’aimera celui que je suis devenu !
Comment pouvez-vous être aussi égoïste ?! Vous pensez que vous êtes la seule à souffrir mais c’est faux ! Je n’ai pas tout perdu…on m’a tout volé ! Et jamais je ne pourrais retrouver ceux que j’ai aimais, que ce soit dans ce monde comme dans l’autre !
Et vous, vous voulez en finir, mais avez-vous pensé un seul instant à ceux qui restent autour de vous ?! Qu’est-ce que je vais faire si vous mourrez ?! Vous êtes la seule chose au monde qu’il me reste ! La seule raison qui fait à présent que je suis sur ce navire, c’est que je veux vous sauver ! Que vais-je faire si vous partez ? Ou vais-je aller ? Et pourquoi ?
Maintenant, tout ce qui compte pour moi c’est de vous emmener loin d’ici, de vous aider à un jour redevenir heureuse…je me fiche de ce qui peut m’arriver…mais qu’est-ce que je vais faire sans vous ?
Vous voulez en finir mais vous ne vous êtes absolument pas demandé ce que ça pourrait me faire ! Je vais vous le dire, ça me détruirait ! Que vais-je devenir si je n’ai plus de raisons de vivre…que vais-je devenir sans vous ! Vous avez donné un sens à ma vie alors qu’elle commençait à s’effriter à chacun de mes pas que je tentais de faire pour revenir en arrière ! Mais c’est impossible et c’est pareil pour vous, on ne peut pas un jour décider que la vie est trop dure et essayer de faire demi-tour ! Car c’est impossible, au final on se retrouve comme vous avec une lame à la main !
Vous n’avez pas le droit de laisser tomber à présent ! Vous n’avez pas le droit de me laisser…je vous en supplie…

Giovanni, le corps secoué d’incontrôlables tremblements lâcha la princesse et tituba avant de tomber à genoux. Un froid terrible commençait à l’envahir, il ne pouvait plus contenir ses sanglots et de toute manière n’en voyait plus l’intérêt. A genoux, la vue brouillée par les larmes, il revoyait sa mère et Saraphina, deux images lointaines et à présents inaccessibles. Jamais plus il n’y aurait de retour pour lui, jamais plus il ne redeviendrait l’homme qu’il fut autrefois et qui avait leur amour.
En cet instant, Giovanni repensa à la dague qu’il avait prit à Matilda, la mort lui semblait bien douce, un réconfort éternel, l’enfer ne pouvait pas être plus insupportable que ce que devenait sa vie.
Lentement, il redressa la tête, Matilda était agenouillée en face de lui, son visage était parsemé de larmes, mais elle était magnifique à la lumière de la lune.

-Pardonnez-moi princesse. Bredouilla-t-il.

Lentement, la jeune femme glissa une de ses mains sur sa joue et l’autre sous son bras pour l’attirer vers elle. Leurs lèvres se rencontrèrent et toute la douleur qui les habitait, toute cette souffrance intolérable que les rongeait disparut.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:26

Chapitre IV

Du sang, les rues en étaient pleines, coulant au milieu de la rue, une rivière rouge s’écoulait paisiblement. Giovanni marchait au milieu des cadavres, il n’y avait pas un vivant autour de lui, seulement ces centaines de cadavres et tous les regardaient de leurs yeux morts, une expression de haine sur le visage. Ses forces l’abandonnèrent et Giovanni tomba à genoux sur les pavés tachés de rouge, juste devant lui, un corps vêtu d’une lourde armure et d’un heaume ne laissant pas paraitre son visage était allongé, un vouge lui transperçant le ventre.

-Mon roi, pardonnez moi…Murmura Giovanni.

Brutalement, le corps se redressa et empoigna le jeune garçon par le col, l’entraînant vers lui avec force. Du sang commençait à s’écouler en abondance du heaume du roi qui l’appela par son nom plusieurs fois d’une voix lointaine, puis avec plus de force.

-Traitre !

Giovanni se retrouva plongé dans l’obscurité, ce rêve, il l’avait fait des centaines de fois depuis la chute de Palerme. Pourtant, cela faisait plusieurs jours qu’il ne venait plus le hanter dans ses nuits. D’habitude, Giovanni se réveillait lorsque le roi l’agrippait, ses dernières paroles résonnant encore dans sa tête au moment où il se redressait dans son lit, couvert de sueur.
Mais cette fois-ci, le rêve se poursuivait, et il en était conscient. En temps normal, ce rêve s’imposait à lui comme une réalité, mais là, il savait qu’il rêvait.
Soudain, les ténèbres cédèrent place à un torrent de flammes tout autour de lui, des flammes dévorant l’intérieur d’une immense église. Des cadavres gisaient le long de la nef, tous avaient des visages familiers : les habitants de son village et les marins du navire où il rêvait en ce moment même. Ils étaient tous là, remontant la nef, Giovanni arriva devant quatre corps dont la vue lui fit oublier que tout ceci n’était qu’un rêve. Saraphina, Matilda, Francesco et sa mère étaient là, gisant comme des poupées désarticulées, baignant dans leur propre sang que les flammes commençaient à lécher.
Giovanni tomba à genoux, tremblant et gémissant, la douleur étreignait toute son âme, saignant, meurtrie, mais réclamant vengeance. Soudain, il le vit, lui tournant le dos à quelques pas, tenant dans une de ses mains une épée pleine de sang. L’assassin se trouvait là, tout près de lui. Lentement, il se retourna, pour lui faire face, et Giovanni se retrouva face à lui-même, fixant son propre regard qui le fixait lui aussi.
Ils étaient identiques en tout point mais aussi différents que le jour et la nuit, cette différence fondamentale résidait en une seule chose : ce regard implacable auquel Giovanni n’arrivait pas à se soustraire. Ces yeux qu’il ne pouvait s’empêcher de fixer étaient bien les siens, mais ce regard n’avait rien à voir avec le sien,
Son jumeau le fixait avec un regard sournois et moqueur, à la limite de l’obscène.
Pendant un temps qui lui parut infini, Giovanni regarda son double sans que rien ne se produise, les flammes qui dévoraient l’église se rapprochaient lentement, mais aucune chaleur ne s’en dégageait, et tous deux se fixaient, leurs regards ne pouvant se détacher.
Son double parla, mais ses paroles furent comme voilées, une sombre rumeur trop lointaine pour être comprise.
Puis, comme surgissant des flammes, les ténèbres enveloppèrent à nouveau Giovanni qui se sentit comme happer par elles.

Son réveil ne fut pas brutal, il n’était ni tremblant, ni trempé de sueur et son cœur battait normalement dans sa poitrine. Mais il dut se concentrer afin de comprendre où il était.
Un bras passé autour de la taille de Matilda, blottie contre lui, les souvenirs de la nuit dernière lui revinrent rapidement. La jeune femme dormait encore paisiblement, sa respiration soulevant à intervalles régulier sa poitrine contre la sienne.
Curieusement, la honte à laquelle il s’attendait ne vint pas, il avait trahit l’amour qu’il portait à Saraphina et pourtant, bien sûr, il se sentait mal pour elle…mais au fond, il avait finit par accepter que leurs chances à eux avaient disparut depuis longtemps. Il avait trop changé pour qu’elle l’aime à nouveau un jour, mais Matilda, elle…
C’est alors qu’il se rendit compte qu’il ne savait pas ce qui pouvait advenir d’eux deux à présent. Cette nuit avait-elle juste été une erreur de deux jeunes gens tourmentés, cherchant un bref réconfort en l’autre pour leur permettre de ne pas craquer ? Ou bien y avait-il une infime chance pour qu’il advienne quelque chose de plus de ce qui s’était passé ? Giovanni était incapable de trouver une réponse. Entre ses bras, Matilda poussa un gémissement agité, elle non plus ne devait pas rêver que de bonnes choses.

Giovanni monta sur le pont, le soleil devait déjà commencer sa descente vers l’ouest. Il était sortit du lit de Matilda sans réveiller cette dernière et s’était habillé en silence. Une brise maritime ébouriffa les cheveux du jeune homme et quelques vagues frappant la coque envoyaient sur lui des gouttelettes d’eau salé qui l’aidèrent à se réveiller davantage. Autour de lui, les marins semblaient euphoriques, regardant les voiles gonflées par le vent avec enthousiasme. Le vent ! Giovanni en avait oublié que depuis des jours, le navire était presque cloué sur place faute de vent, mais à présent il soufflait et dans le bon sens en plus.
Le jeune homme se précipita auprès de Francesco et William à l’arrière du bateau qui semblaient en grande discussion, près d’eux, le marchand français semblait au seuil de la folie. L’un de ses yeux était agité de tics nerveux, se fermant et se rouvrant régulièrement, ses traits se crispant au même rythme. Giovanni passa à côté de lui sans plus s’en préoccuper, il avait toujours parut aux yeux du jeune homme comme assez instable et de toute manière, l’homme semblait absorbé par la contemplation de ses mains qui tremblaient et étaient agitées de spasmes.

-Tu penses qu’on pourrait arriver à temps ? Demanda Francesco à William tandis que Giovanni arrivait à côté d’eux.

-Je l’espère, mais sans grands espoirs. Répondit William avec gravité. Elle arrive vite et le vent ne souffle pas dans le meilleur sens pour ça.

- Que se passe-t-il ? Demanda Giovanni en voyant l’inquiétude sur les visages de deux grands hommes.

-Te voila enfin réveillé gamin ? Observa Francesco d’un ton neutre. Tu as sûrement remarqué que le vent s’est remit à souffler, mais tu n’as certainement pas vu ça.

Le vieux guerrier montra du doigt le sud, au loin, des nuages noirs assombrissaient l’horizon.

-Une tempête. Acheva William. Elle arrive et vite, tu connais certainement l’expression « Le calme avant la tempête », et bien dit-toi que plus le calme aura duré longtemps, plus dur sera la tempête après…celle-ci sera terrible, je peux le sentir d’ici. Elle arrive très vite sur nous et je ne donne pas chère de mon navire si elle nous surprend en mer. Nous sommes encore trop loin de la France et d’après nos dernières estimations, nous avons été porté par quelques courants marins ces derniers jours et nous avons plus dérivé vers le sud ouest que je ne pensais. Nous allons devoir attendre en Sardaigne que la tempête passe…sinon…

-C’est hors de question ! S’écria une voix stridente derrière eux.

Les trois hommes se retournèrent et virent le marchand français, les yeux révulsés et tremblant de tous ses membres.

-Je vous demande pardon ? Fit William d’un ton glacial.

-Vous avez bien entendu ! Reprit le français avec hystérie. Nous n’irons pas en Sardaigne ! Nous allons à Marseille et tout de suite ! J’ai déjà perdu assez d’argent comme ça, si jamais je ne suis pas en France d’ici quatre jours je perds mon affaire ! Alors vous allez dire à vos hommes de faire voile immédiatement sur Marseille !

-Je comprends que ça ne vous réjouisse pas Francis, mais nous n’avons pas le choix. Expliqua William avec patience et compassion. Croyez-moi, j’ai de l’expérience, cette tempête va être terrible, elle va faire très mal et si on est prit dedans, les vagues qu’elle produira nous ferons nous retourner comme une planche de bois et on y passera tous. Je suis vraiment désolé pour votre commerce, mais à choisir entre la ruine et la mort, je pense que vous aussi jugerez qu’il vaut mieux être ruiné que mort. La fortune ça se récupère, la vie c’est nettement plus difficile.

Le marchand, dont Giovanni ignorait jusque là le nom, se mit à passer ses mains dans ses cheveux qui commençaient à se raréfier, ses gestes étaient d’une régularité telle qu’ils étaient désagréables à voir. Francis se parla tout seul et se mit à bafouiller sans relâche un seul mot.

-Non non non non non non… Puis, il parvint à articuler d’autres mots. Vous ne pouvez pas me faire ça, pas me faire ça, pas me faire ça ! Ce commerce c’est toute ma vie, toute ma vie, toute ma vie, toute ma vie !

-Calmez-vous s’il vous plait Francis. Tenta William qui semblait à présent se méfier du français, et Giovanni le comprenait parfaitement. Si nous continuons sur cette route, la tempête va nous balayer et jamais plus vous ne…

-Arrêtez de m’appeler comme ça ! Gueula Francis d’une voix stridente. J’ai un nom, j’ai un nom, j’ai un nom, j’ai un nom…

-Bien monsieur Ducher, excusez-moi. Mais vous devez comprendre ! Reprit William avec plus de fermeté. Je refuse de continuer, un point c’est tout, je n’ai pas l’intention de risquer nos vies à tous parce que vous avez des problèmes financiers. Et si vous ne vous montrez pas assez raisonnable je serais forcé de prendre des mesures pour que vous ne risquiez pas de commettre une erreur qui pourrait nuire à qui que ce soit ici et surtout à vous-même.

-Vous oseriez lever la main sur moi William ? Après ce que j’ai fais pour vous ?!

-Moi non, mais les hommes derrière vous auront moins de scrupules. Répondit William en faisant un signe de tête vers les quelques marins qui regardaient avec gravité la scène qui se produisait devant eux.

-Je vois… Marmonna Francis Ducher avant de s’éloigner à grands pas vers l’avant du bateau.

Les marins se dispersèrent, reprenant leurs tâches respectives. Giovanni regarda à nouveau les nuages noirs à l’horizon qui annonçaient la terrible tempête, il lui semblait que les nuages avaient grossi.

-Il faudra garder un œil sur lui. Dit pensivement Francesco en regardant le français s’éloigner.

-Oui. Répondit William en acquiesçant. Et…ho ! Vient l’ami, je crois que nos gars ont besoin de nous là-bas.

Les deux hommes s’éloignèrent en s’échangeant un sourire entendus. Giovanni voulut les suivre mais il remarqua Matilda qui était apparue sur le pont, Francesco et William saluèrent la jeune femme et allèrent hurler sur les marins pour les faire travailler plus vite, tandis que Matilda s’approchait de Giovanni.
Ce dernier se sentit rougir légèrement, la jeune femme le rejoignit, tous deux se regardèrent un moment sans dire un mot. Giovanni ne savait ni quoi dire, ni quoi faire, il n’avait aucune idée de ce que Matilda pouvait attendre de lui. Voulait-elle qu’ils gardent tous deux cette histoire sous silence, poursuivre leurs vies comme si rien ne s’était passé ? Ou bien souhaiterait-elle que les choses aillent plus loin ?
Et lui, que voulait-il vraiment ?

-Bonjour. Fit timidement Matilda, souriant légèrement.

Giovanni sut alors ce qu’il devait faire. Passant un bras autour de sa taille et l’autre dans son dos, il l’attira vers lui et l’embrassa tendrement. Les marins sifflèrent et certains applaudirent même, Giovanni crut même entendre quelques « Bravo ! » et autres « Bien joué ! ». Mais il ne se sentait nullement gêné, il n’aurait pas put être plus heureux à ce moment.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:27

Chapitre V

Les flammes dévoraient l’intérieur de l’église, le double de Giovanni l’observait toujours avec son sombre sourire et son regard sadique. Le rêve était identique en tout point aux précédents qu’il faisait toutes les nuits à présent, Palerme, les rues pleines de cadavres, le roi, puis l’église. Mais cette fois-ci, il n’y avait aucun cadavre au sol pour lui lancer des regards accusateurs. Giovanni était seul avec son double, ce dernier ouvrit la bouche pour parler, mais comme toujours, ses paroles s’envolaient sans qu’il ne puisse les comprendre. Mais à chaque rêve, Giovanni avait l’impression d’entendre plus distinctement les murmures de son double, qu’il appelait « L’autre ». Il ne parvenait pas à saisir ses mots, mais bientôt, il y parviendrait, mais…

-Pas cette nuit. Murmura Giovanni à l’adresse de L’Autre, sans espoir.

Il avait déjà essayé de lui parler dans ses précédents rêves, immanquablement, il s’était traité de crétin en se réveillant, ce n’était qu’un sombre rêve qu’il ne parvenait pas à comprendre. Jamais L’Autre ne lui répondrait.
Les ténèbres s’emparèrent de lui, surgissant des flammes comme à leur habitude, mais avant de se réveiller, avant de sortir du royaume de Morphée, il crut voir L’Autre secouer faiblement la tête en un signe de négation. Un mouvement indistinct, à peine visible, mais qui dans l’esprit de Giovanni signifiait « Bientôt ».

Giovanni se réveilla dans son lit aux côtés de Matilda, depuis une des petites fenêtres, il vit que le soleil n’était pas encore levé et ne le ferait pas avant au moins deux heures, c’était la première fois qu’il sortait de ses songes au milieu de la nuit.
Cela faisait trois jours qu’ils s’étaient refugiés en Sardaigne, dans un petit village de pécheurs abandonné pour ils ne savaient quelles raisons. Lui et Matilda s’étaient installés dans une petite chaumière dont les quelques fenêtres donnaient sur la mer qui n’était qu’à une trentaine de mètres du village. Le navire était échoué sur la plage, prit dans les sables, il allait être difficile de le sortir de là. Mais il n’aurait à s’en soucier que le lendemain où avec un peu de chance le surlendemain. Pour l’heure, il avait encore quelques heures de sommeil devant lui avant le levé du soleil à moins que Matilda ne se réveille…
Pendant un bref moment, il fut tenté de la réveiller mais il était encore fatigué, son sommeil n’avait pas été des plus récupérateurs et puis Matilda risquerait de ne pas apprécier d’être tirée de son repos, elle avait mauvais caractère au réveil la plupart du temps.

« Tu ne dors pas ? » Murmura-t-elle d’une voix encore un peu endormie.

Finalement, son dilemme n’avait plus raison d’être.

Le ciel était parfaitement dégagé et se reflétait dans la mer, une mouette passa au-dessus du petit groupe mené par William, suivit de près par Giovanni, Francesco, Francis Ducher et deux marins. Ils marchaient le long d’une falaise sur laquelle les vagues venaient s’écraser à intervalles réguliers, la flore était assez pauvre le long de la côte et ils avançaient en terrain découvert, les forêts ne s’étendaient que vers l’intérieur des terres ici. Giovanni trouvait l’endroit magnifique, ses falaises de rocs, ses forêts magnifiques et la mer lui donnaient un aspect sublime, à la fois exotique et familier à la région autour de son village natale.
Le groupe arriva au sommet de la monté qui finissait abruptement sur le rebord de la falaise qui se terminait devant eux pour se poursuivre plus à l’ouest.
William était venu les trouver une heure plus tôt au village alors que les préparatifs pour remettre le navire à la mer étaient sur le point de s’achever, il n’avait pas voulut leur parler de sa découverte devant les autres.

-Et bien, qu’êtes vous venus nous montrer ? Je vous préviens, je ne perdrais plus une minute ici ! Cracha Francis avec rage.

Le marchand français était à cran depuis qu’ils avaient fait leur arrêt en Sardaigne, à la base, William n’avait pas voulut qu’il vienne avec eux mais il s’était en quelques sortes invités. Le capitaine aurait volontiers voulut l’envoyer gentiment se faire voir, mais il avait dut juger que pour l’équilibre mental de Francis, il valait mieux ne pas trop le contrarier.
En guise de réponse, William pointa un doigt vers quelque chose dans la mer au sud que Giovanni eu du mal à trouver. Puis il le vit, un navire qui restait immobile le long de la côté à quelques kilomètres d’eux. Giovanni ne s’y connaissait guère en bateaux, mais celui-ci lui paraissait étrange, bien qu’éloigné, il pouvait voir que sa conception ne ressemblait pas à celles des navires italiens, français ou espagnols qu’il avait vu au port de Palerme durant son séjour dans l’ancienne capitale sicilienne.

-Le bateau ? Demanda Francesco avec calme.

-Oui. Répondit William. Des arabes vu l’apparence de leur navire.

-Et alors ?! Fulmina Francis. Qu’est-ce que ça peut nous faire qu’il y ait un de leur foutu bateau par ici ?! Je veux que nous partions et vite !

-Et alors ?! Répéta William. Ce sont peut-être des marchands qui viennent vendre leurs fonds de cale à quelques pécheurs du coin…mais il n’y a pas que des marchands qui peuvent s’intéresser à ces régions si éloignées. Je m’en doutais déjà lorsque nous sommes arrivés et que nous avons trouvé ce village totalement désert…mais je commence à de plus en plus le redouter, nos amis là-bas pourraient bien être des esclavagistes.

Pendant un moment, personne ne dit un mot jusqu’à ce que Francis explose à nouveau de rage.

-Et c’est pour ça que vous retardez mon retour à Marseille ?!

-Oui ! Répondit William avec colère, sa patience mise à rude épreuve. Et tant qu’ils seront là je retarderais autant qu’il le faut VOTRE retour à Marseille plutôt que de risquer d’attirer leur attention et de me faire aborder !

-Mais pourquoi s’intéresseraient-ils à nous ?! S’exclama Francis toujours aussi agité. Les esclavagistes il n’y a que les nègres et les slaves qui les intéressent ! Et que je sache il n’y en a pas parmi nous !

Tous regardèrent le français avec un étonnement qui mêlait le mépris à la pitié pour un homme aussi éloigné de la réalité.

-Pauvre crétin ! Rugit Francesco. Il ne vous amène peut-être au marcher en France que quelques noirs et quelques slaves, mais croyez moi, en Afrique ils ont d’autres marchandises à offrir ! Ce sont des pirates vous comprenez ça ?! Ils vendraient leur propre mère si quelqu’un en voulait et que vous soyez français ou italien comme nous, croyez-moi, s’ils vous trouvent vendables ils ne se gêneront pas pour vous amener là où ils en tireront le plus grand profit !
S’ils nous tombent dessus ils nous aborderont, tueront certains et feront prisonniers d’autres qu’ils iront vendre en Afrique.

Le français semblait avoir reçu une gifle, son visage était blanc et ses lèvres articulaient des mots qui ne sortaient pas de sa bouche. Ses mains tremblaient incroyablement et son visage était en proie à des tics incontrôlables.

-Mon Dieu… Murmura William en regardant Francis qui semblait à présent déconnecté de la réalité, il désigna l’un des marins qui les avait accompagné. Toi, part avec lui et enferme le quelque part au village, on arrive bientôt. Fait très attention, on sait jamais.

Le marin poussa légèrement le français pour lui faire faire demi-tour et tous deux se mirent en marche. Francis avançait d’un pas lourd, ses jambes muées par de simples reflexes.

-Je ne sais pas s’il redeviendra un jour normal. Pensa à voix haute William.

-Il avait dit que vous lui étiez redevable l’autre jour, de quoi parlait-il ? Demanda Giovanni.

-Dans mon ancienne vie, je n’étais pas l’homme le plus honnête du monde…j’étais plutôt à l’opposé. Je m’adonnais à bien des affaires illégales, comme justement celle que pratiques ces hommes que l’on voit là-bas. Je suis presque sûr que ce sont des esclavagistes parce que la Sardaigne et la Corse sont des endroits très pratiques pour faire prisonnier de la marchandise : loin de toute autorité des rois d’Europe et proche de l’Afrique, je venais souvent y récolter quelques articles que je vendais à Tunis, ce que vont sûrement faire ces gaillards.
Un jour, j’ai été capturé par des français alors que je faisais une rafle dans un village près de Marseille, et notre bon ami Francis m’a sauvé de la potence en échange de quoi je l’aidais à faire fleurir son affaire en faisant son sale boulot. J’ai dut faire des trucs pas jolis pour lui, nombre de ses concurrents ont perdu leur or, leurs chaumières ou même leurs vies à cause de moi. J’ai finalement réussi à me payer mon propre bateau et échapper à son emprise, mais régulièrement il venait me voir pour lui assurer quelques transports de marchandise gratuits…

Giovanni ne fut pas surpris d’apprendre le sombre passé de William, il le voyait parfaitement voguant sur les flots à la recherche de pillages et de vies humaines à marchander. Mais malgré cela, il ressentait toujours une vive sympathie pour cet homme au langage crue mais amicale et loyale. Il y a quelques temps, il aurait été choqué et ne lui aurait certainement plus adressé la parole, mais Giovanni avait apprit qu’être un homme bon ou mauvais ne dépendait pas de la noblesse dont il pouvait faire preuve. William était un ancien pirate, voleur, assassin et il ne doutait pas qu’il puisse tenter de vivre à nouveau ainsi, mais c’était aussi un ami loyal et fier qui traitait son équipage avec indulgence et était juste.
La barrière que Giovanni avait instauré entre les bons et les mauvais avait depuis longtemps volé en éclats.

-Qu’est-ce qu’on fait alors ? Demanda Francesco.

-On ne peut pas prendre la mer, je ne l’ai pas dit aux autres mais en s’échouant sur la plage, notre coque a prit un sacré coup et il faudra un moment pour réparer la voie d’eau, on pourrait naviguer lentement en évacuant l’eau mais alors les pirates nous verraient et nous rattraperaient très vite. Si on reste au village, il se peut qu’on s’en sorte, là ils sont sûrement en train de fouiller un village et ses environs à la recherche de quelques donzelles et jeunots à capturer, s’ils repartent directement vers le sud revendre leur butin en Afrique c’est gagné…mais s’ils continuent vers le nord…les villageois du village dans lequel on a trouvé refuge ont tous été capturé il y a quelques temps, il n’y a donc pas de raison qu’ils viennent voir ici, mais ils verront navire sur la plage et sauront qu’on est là et viendront nous chercher.
On va installer une sentinelle ici qui devra nous prévenir s’ils font voile vers nous et si c’est le cas, on embarque tout ce qu’on peut porter et on fuit vers l’intérieur des terres pour s’y planquer le temps qu’ils abandonnent leurs recherches.

William ordonna au dernier marin qui les accompagnait de rester sur place afin de surveiller le navire des esclavagistes jusqu’à ce quelqu’un d’autre vienne le relever. William, Francesco et Giovanni repartirent vers le village, rien ne se disait. Giovanni était inquiet, les choses commençaient à prendre un angle déplaisant, s’ils devaient fuir, qu’est-ce qui empêcherait les pirates de mettre le feu à leur navire, les condamnant à rester en Sardaigne jusqu’à ce qu’ils trouvent un autre navire, ce qui risquait d’être difficile ici.
Et par-dessus tout, Giovanni s’inquiétait pour Matilda, être réduit en esclavage ne l’enchantait guère, mais que elle aussi y soit condamnée lui était insupportable, il ne se faisait aucune illusion sur ce qui pourrait advenir d’elle dans de telles conditions, lors de la prise de Palerme, il avait vu ce que les hommes faisaient aux femmes sans défenses.
Il s’y opposerait, il en mourrait s’il le fallait mais c’était un prix bien faible par rapport au fait de savoir celle qu’il aimait aux mains de tels monstres.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:31

Chapitre VI

Francis Ducher marchait devant le marin qui le suivait sans rien dire. Tout était finit à présent, son commerce allait lui être dérobé, il ne serait jamais à Marseille à temps avec l’argent.
Près de vingt ans auparavant, Francis s’était lancé dans les affaires, reprenant ce que son père lui avait laissé : moins que rien.
Son père avait été un grand marchand à Marseille, s’enrichissant de tout, vin, bois, blé, charbon, marbre, esclaves, tous était bon pour un homme aussi impitoyable en affaires que l’était son cœur avec ceux qui l’entouraient. Il n’avait donné qu’un seul enfant à sa femme avant de la répudier, il voulait seulement un héritier pour reprendre ce qu’il avait bâti, faisant de lui un être avide de richesses, impitoyable, profitant des faiblesses des autres pour se servir d’eux jusqu’à ce qu’ils deviennent inutiles.
Francis admirait son père, jusqu’à ce que tout s’effondre, sans qu’il ne sache jamais pourquoi, toute sa fortune s’était évaporée. Fondant comme neige au soleil vers la fin de sa vie, ses affaires devenant de véritables gouffres financiers, finalement, son père était mort sans le sous, criblé de dettes.
Et c’était Francis qui avait dut remonter la pente de la même manière que son père, mais en plus impitoyable encore, allant jusqu’à ordonner à cette vermine de William pour éliminer ses créanciers et ses concurrents. Francis s’était bâti un empire sur les ruines de celui de son père, mais depuis peu, tout avait commencé à s’effondrer, mais la malchance n’y était pour rien, il n’y avait pas de concurrent étrangers surgissant de l’ombre pour tout lui voler, non.
Francis avait connut un vide démesuré toute sa vie que rien ne pouvait soulager, pas un grain de joie, pas de bonheur, toujours cette sensation de lourdeur dans la poitrine, comme une main agrippant de toutes ses forces son cœur.

Et puis un jour, un homme était venu lui demander de financer son projet dans les Alpes de mine de fer ou de charbon, il ne savait plus exactement. Cette affaire, il l’avait sentit à des kilomètres était une véritable folie sans nom, même le plus incapable des hommes l’aurait sentit, pourtant il avait accepté sans savoir pourquoi, mais lorsqu’il l’avait fait, il s’était sentit comme libéré d’un poids. Une première bouffée d’air pour ses poumons asphyxiés, une joie intense s’était emparée de lui, il allait perdre une fortune, mais il était heureux.
Et il avait enchaîné les catastrophes, tous les projets les plus suicidaires, il les avait financé, perdant chaque jours plus d’argent, jusqu’à il y a quelques mois où il se rendit compte : il ne lui restait plus rien. Tous ses efforts avaient disparut, il était endetté et bientôt, on lui prendrait tout.
Ce fut comme un réveil brutal d’un rêve magnifique pour replonger dans une réalité abominable. Pendant des années, il avait usé d’une drogue qui petit à petit le rongeait mais lui procurant un bien impossible à décrire, et à présent qu’elle était sur le point de le tuer, il tentait de décrocher et sauver sa pauvre vie. C’était tel qu’il voyait les choses, il avait été abusé par quelques mécréants qui avaient œuvré pour sa chute, il avait alors fait voile vers Palerme afin de tenter de refaire sa fortune en se procurant de la soie avant qu’il ne soit trop tard pour lui. Mais sans argent, il avait dut faire appel à William, ce chien qui l’avait laissé tomber il y a des années, pour faire le voyage, et arrivé à Palerme, il avait vendu tous ses biens, tout ce qui lui restait y était passé afin d’acheter la soie qu’il gardait dans les cales pour la revendre à Marseille avant que ses concurrents ne lui prennent tout.

Mais à présent, tout était finit, William se vengeait de lui, il faisait tout pour le mener à sa chute. Il ne savait pas comment, mais il était responsable de l’absence du vent, et quand il était revenu, il avait cette fois prétexté une tempête afin d’encore une fois l’empêcher d’arriver à Marseille. Et maintenant que la tempête était passée, il y avait ce navire et ses prétendus esclavagistes.
Francis se rendit compte qu’il était piégé sur cette misérable île, il comprenait enfin ce que faisait William : il se jouait de lui, lui faisant croire régulièrement que l’espoir revenait pour ensuite lui annoncer un autre empêchement, tout ça pour le voir souffrir, pour le regarder mourir à petit feu devant sa vie qui se désagrégeait à chacun de ses pas. Il avait fait baisser les voiles pour ne pas profiter du vent et lui avait fait croire qu’il n’y en avait pas, avait envoyé le navire s’échouer alors que la tempête n’était pas si forte que ça, et ces pirates, il avait dut les engager pour l’effrayer.
Et une fois qu’il aurait finit de s’amuser, que ferait-il de lui ? C’était évident, il le tuerait. Il lui trancherait la gorge en lui faisant contempler une dernière fois le désastre qu’était devenue sa vie avant de finalement la lui retirer. Mais il ne se laisserait pas faire, non, il se battrait jusqu’au bout.

Alors qu’il marchait vers le village le long d’un sentier abandonné, Francis s’arrêta net. Le marin derrière lui faillit lui rentrer dedans. A quelques mètres devant eux, le père de Francis était là, à regarder son fils avec cette expression qu’il arborait souvent lorsqu’il l’incitait à se surpasser, à se montrer toujours plus ruser pour arriver à ses fins lors des jeux qu’il lui faisait faire lorsqu’il était enfant : ce sourire sinistre, la tête légèrement baissée qui rendait son regard sournois.
Son père l’emmenait avec lui dans ses voyages d’affaires et se montrait impitoyable avec les gens qu’ils croisaient pour lui montrer comment les traiter. Un des jeux préférait de Francis enfant était lorsque son père lui ramenait quelques insectes prisonniers dans des boites en bois, dans les jardins de leur manoir se trouvait une fourmilière, Francis prenait les insectes que son père lui offrait et leur arrachait les pattes avant de les livrer aux petites créatures qui le dévorait sous ses yeux avides. La lente agonie des sauterelles, des guêpes et de tous ces insectes avaient été de vrais moments de plaisirs sadiques pour lui.
Un jour, Francis avait capturé lui-même une minuscule souris, peut-être un nouveau-né, alors qu’il était là, en Sardaigne, immobile à regarder le fantôme de son père, il se remémorait avec extase le son des petites pattes de la souris se briser entre ses doigts, il l’avait ensuite déposé avec autant d’attention qu’une mère à côté de la fourmilière.
Au départ, les fourmis s’étaient éloignées, paniquées par cette bien bête plus grosse que celles qui leur étaient apportées jusque là. Mais au bout d’un moment, l’un des insectes plus courageux que les autres s’aventura sur la souris paralysée et ce fut alors la ruée. Les fourmis se jetèrent sur le nouveau né, cela avait duré des heures avant que les fourmis n’en finissent. Lorsque le jeune Francis s’était relevé avec une curieuse sensation agréable dans le bas ventre, il avait vu son père derrière lui, qui le regardait avec le même regard qu’il avait aujourd’hui. Plein de fierté pour le fils qu’il avait crée.

Francis regarda avec attention le fantôme de son père qui fit un léger signe de tête pour l’encourager.

-Qu’est-ce que t’as ? Demanda le marin derrière lui. Tu te bouges oui ? On a pas toute la journée !

Francis chercha quelque chose sous ses vêtements au niveau des aisselles qu’il trouva très rapidement, William n’avait pas ordonné à ce qu’on le fouille, ce manque de vigilance allait lui coûter très cher. D’un mouvement brusque, il se retourna en fendant l’air avec le couteau qu’il avait retiré de sa cachette sous son bras gauche. La gorge du marin s’ouvrit, laissant gicler un torrent de sang sur Francis, l’homme s’effondra à terre en se tenant la gorge, poussant de petits cris étouffés.
Francis devait faire vite, il devait retourner au village et en chemin trouver un plan pour se venger de William…mais la vision de l’homme baignant dans une mare de sang grandissante s’imposa à lui. Francis s’agenouilla à côté du marin et le regarda se vider de son sang avec la même fascination morbide que le jour où il avait regardé une petite souris se faire dévorer vivante par des centaines de fourmis.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:34

Chapitre VIII

William, Francesco et Giovanni marchaient lentement en direction du village. Aucun d’eux ne parlait, il n’y avait pas grand-chose à dire de toute façon.
Giovanni était inquiet, un sombre sentiment de malaise l’habitait et il soupçonnait les esclavagistes d’en être la cause. Evidemment, il était normal qu’il s’inquiète à leur sujet, pour lui et encore plus pour Matilda, une nouvelle chance s’offrait à eux, ils pourraient rebâtir leur vie quelque part ensemble et ces pirates apparaissaient alors qu’ils étaient si proches de la fin de leur voyage. Seul un simple d’esprit ne s’inquiéterait pas.
Mais ce n’était pas tout, autre chose l’angoissait, il n’arrivait pas à savoir ce que ça pouvait bien être. Mais la chose la plus troublante était que dans sa tête, il revoyait son double, « L’Autre », dans son église en flammes. L’Autre ne le regardait pas avec son air narquois, mais avec sévérité et appréhension, comme s’il voulait le mettre en garde.
Giovanni repoussa cette idée, s’il commençait à penser de telles choses, il serait bien vite dans le même état que Francis, au bord de la folie, ou en plein dedans.

-Bordel de... Jura William devant lui.

Tiré de ses pensées, Giovanni mit quelques secondes à comprendre ce que ses yeux voyaient, allongé au milieu du chemin. Le marin qui avait été envoyé plus tôt pour raccompagner Francis était allongé dans une mare rouge, du sang ?
Puis, son esprit parvint à assimiler l’image et l’angoisse qu’il ressentait augmenta considérablement en intensité.
William et Francesco se précipitèrent auprès du corps, ils ne prirent même pas la peine de tâter son pou, vu la quantité de sang qu’il avait perdu, il était bien mort.

-Et merde ! Hurla William comme un damné. J’aurais dut me douter que ce bâtard avait perdu l’esprit ! Et moi je n’ai même pas regardé s’il était armé ! J’aurais dut le raccompagner moi-même et là ce misérable n’aurait pas eu autant de chance !

-Il faut retourner au camp. Dit calmement Francesco. Il se peut qu’il ait poursuivi sa route après avoir assassiné ce malheureux, où peut-être s’est-il enfuit vers l’intérieur des terres en espérant y être en sécurité. Quoi qu’il ait fait, on doit vite aller prévenir nos camarades pour qu’ils sachent ce dont ce fou est capable, ensuite on avisera.

-Oui. Répondit William sans pour autant se calmer. On retourne au camp et si cet ignoble rat s’y trouve…on laisse le corps ici, on reviendra le chercher plus tard.

-Et la sentinelle ? Demanda Giovanni. On ne peut pas le laisser tout seul, il se peut que Francis retourne le voir et lui fasse subir le même sort, nous ne devons pas rester seul avec ce cinglé dans la nature.

-J’y vais. Fit Francesco. Je resterais avec lui jusqu’à ce que vous veniez me chercher pour la relève, si vous n’avez pas attrapé ce fumier d’ici là, envoyez deux hommes.

A contrecœur, William et Giovanni regardèrent Francesco s’en retourner vers la falaise en courant, espérant que Francis ne le prennent pas en traître comme il avait dut le faire avec la malheureux qui gisait à leurs pieds.
Giovanni n’arrivait pas à évaluer combien de temps d’avance Francis pouvait avoir sur eux, il ne savait pas combien de temps s’était écoulé entre le moment où ils avaient envoyé le marin raccompagner Francis au village et le moment où eux même étaient repartit, cinq, dix minutes ? Ils avaient marché lentement en plus, Francis et le marin n’allaient pas très vite non plus, mais à présent, Giovanni avait l’impression qu’ils étaient partit aussi vite qu’un cheval au galop et que eux s’étaient trainés aussi lentement qu’une tortue.
William et Giovanni se mirent eux aussi à courir, ils devaient alerter leurs camarades, les mettre en garde contre le fou dangereux qui avait déjà assassiné un homme. Et par-dessus tout, Giovanni devait protéger Matilda.


Francis arriva au village, essoufflé par sa course. Il avait perdu du temps en contemplant le cadavre du marin, et bientôt, William et ses compères allaient trouver le corps, si ce n’était déjà fait. Francis avait pensé à le cacher, mais les traces de sang auraient été impossible à dissimuler, alors mieux valait le laisser là plutôt que de perdre un temps précieux à le déplacer.
Francis repéra les marins, le village n’était pas bien grand, logé entre une falaise et une petite forêt, il ne comptait pratiquement qu’une unique rue qui la parcourant dans sa longueur, les maisons ayant été construites le long de la route de terre qui partait de la plage et s’enfonçait vers l’intérieur de la Sardaigne à l’ouest, sûrement vers des villes plus importantes.
Les marins étaient à l’entrée ouest, réunis sur une petite place qui en fait était juste un espace entre deux maisons dans la rue qui était plus large que les autres. Ils ripaillaient ensemble, l’un d’entre eux avait même une mandore qu’il jouait plutôt bien, les autres l’accompagnaient par quelques chants de marins dans un ensemble assez chaotique et frappaient des mains et des pieds pour essayer de donner un rythme convenable sans y parvenir.

Mais soudain, il la vit. La fille qui avait embarqué à Palerme, c’était avec elle que tout avait commencé. L’ami de William avait insisté pour qu’ils les attendent, lui faisant perdre de précieuses heures, puis il l’avait battu comme un chien pour cela et l’avait traîné comme un misérable jusqu’aux quais.
C’était à cause de cette catin que ses malheurs avaient commencé, elle aussi il la tuerait, Francis s’en faisait le serment, mais pour l’instant elle pourrait lui être utile. Elle marchait seule sur la plage près du navire échoué.

-Excellent. Susurra Francis, un ignoble sourire sur les lèvres.

Il se mit à courir dans sa direction, elle ne le voyait pas arriver, lui tournant légèrement le dos. Il parcourut la trentaine de mètres qui séparait le village de la plage et commença à s’enfoncer dans le sable, la mer était calme et quelques minuscules vagues venaient mourir aux pieds de la fille. Francis arrêta de courir pour adopter une allure plus lente, tentant d’être le plus silencieux possible, mais elle l’entendit tout de même et le vit s’approcher d’elle.
Aussitôt, Francis sentit qu’elle se méfiait de lui, il pouvait le lire dans ses yeux, jamais elle ne lui avait adressé la parole. Sûrement avait-elle sentit elle aussi chez lui sa haine et sa répulsion. Elle fit un pas en arrière en voyant que Francis s’approchait d’elle. Il n’y avait même pas cinq mètres entre eux deux à présent.
Il la regarda des pieds à la tête, c’était une bien belle catin, jeune et bien formée, Francis aurait peut-être plus d’une manière de s’amuser avec elle.

-Bonjour. Fit-elle lentement comme si elle parlait à un enfant ou à un arriéré.

Francis sentit un effroyable flot de haine déferler en lui, il voulait la tuer, la saigner comme un port rien que pour cette manière condescendante avec laquelle elle venait de lui parler.

-Bonjour espèce de traîné ! Répondit Francis en souriant, mais son sourire ne fut qu’un affreux rictus pervers.

La fille fit un nouveau pas en arrière, puis, ses yeux descendirent sur la main droite de Francis qui serrait toujours son couteau taché de sang. Et ses jambes en étaient également recouvertes, le tissu de sa tunique autrefois blanc était rouge sombre, le sang ayant déjà commencé à sécher.
Elle fit demi-tour dans l’espoir de s’enfuir trouver refuge auprès des marins, mais Francis fit un bond en avant et l’attrapa par ses longs cheveux blonds qu’elle laissait libres, une vrai traîné, expression que son père adorait utiliser autrefois pour parler de sa mère et généralement de toutes les femmes.

-Tu n’iras nulle part espèce de chienne ! Marmonna Francis en la tirant brutalement, la faisant tomber à quatre pattes dans le sable.

Un cri s’échappa de ses lèvres mais mourût aussitôt lorsque Francis lui lança son pied dans le ventre avec une grande satisfaction. La fille gémit et suffoqua en s’affaissant dans le sable, se tenant le ventre à deux mains, le souffle coupé.

- Ecoute-moi bien espèce de garce ! Tu es à moi à présent et tu as intérêt à faire ce que je te dis, si tu désobéis, je te tranche la gorge, si tu cris, je te tranche la gorge, si tu tentes de t’enfuir c’est pareil. Tu m’as bien compris ?

Pour étayer ses propos, Francis se mit à genoux à côtés d’elle et lui entailla la joue droite d’un rapide coup de couteau. Elle émit un léger gémissement étouffé qu’il prit pour un oui, mais l’occasion était trop belle pour ne pas en profiter.

-Réponds espèce de traînée ! Cria-t-il en écrasant sous sa botte une de ses mains alors qu’elle tentait de se redresser.

-Oui ! Fit-elle en pleurant.

Francis eu un grand sourire de joie perverse et la fit se relever promptement, il l’aida à se remettre sur ses jambes en la tirant par les cheveux, et l’entraîna vers le navire échoué.
Le bateau était échoué sur la plage, penché sur un côté, il ressemblait à un de ces gigantesques monstres marins que l’on disait avoir découvert le long de certaines plages en France où en Ibérie.
Ils arrivèrent au pied du bateau, quelques cordes permettaient de se hisser à bord, Francis poussa la fille vers l’une d’elles.

-Allez monte, mais je te préviens, une fois là-haut, ton imagination te jouera des tours. Tu vas sûrement t’imaginer que tu pourrais m’avoir d’une quelconque manière lorsque je monterais à mon tour où bien que tu pourrais sauter lorsque je serais en haut et rejoindre le village sans que je ne te rattrape. Mais je t’en pris, hôtes-toi ces idées de la tête dès qu’elles viendront, car même si je serais en train de grimper, j’aurais mon couteau et toi tu n’aurais pas d’armes, ne penses même pas aux rames, elles sont très lourdes pour être maniée. Et si tu sautais, tu risquerais de te fouler la cheville et même si ce n’était pas le cas, rien ne ta garantit que je ne suis moins rapide que toi.
Alors soit raisonnable et tout se passera bien et tu pourras t’en sortir sans plus de mal.

Francis ne sut pas si son petit jeu avait marché, la fille le regardait avec colère, mais il sentit tout de même qu’elle y réfléchirait avant de tenter de faire une bêtise.
Elle attrapa l’une des cordes et se mit à monter plutôt rapidement, apparemment elle était en grande forme, avant qu’elle n’ait atteint le sommet, Francis se mit également à grimper le long d’une corde, non sans s’être assuré que personne ne les avait remarqué depuis le village où les suivait.
Il monta difficilement, sa course l’avait épuisé mais il savait trouver des forces supplémentaires dans sa rage contre William.


Matilda arriva sur le pont du navire, le français n’allait pas tarder à monter aussi. Elle se mit à chercher autour d’elle une arme quelconque, sans en trouver une seule, les rames étaient posées le long du pont, mais elle n’avait pas été assez stupide pour s’imaginer pouvoir s’en servir comme arme.
Une main s’aplatît derrière elle sur le pont, la tête du français dépassa et il commença à se hisser un peu plus haut. Matilda avait bien vu la folie dans son regard et aussi la manière dont il l’avait regardé, elle avait vu ce regard chez bien des soldats vénitiens à Palerme, sans Benasuto, elle n’aurait sûrement pas échappé aux sombres désirs de ses hommes.
Mais là, elle était à la merci d’un dément armé et qui apparemment avait déjà fait usage de son arme. Soudain, une peur horrible étreignît le cœur de Matilda, le marchand était partit avec William, Francesco et Giovanni, et maintenant il revenait seul et couvert de sang. Peut-être était-ce Giovanni qui avait succombé face à la folie de cet homme, où peut-être même les avait-il tous tué ?
Matilda, dans un élan de colère frappa du pied le visage de Francis qui essayait encore de se hisser sur le pont. Le fou hurla de douleur lorsque Matilda lui envoya son pied nu dans le nez, le talon de la femme le lui brisa et du sang s’écoula en abondance sur son visage. Mais Francis ne lâcha pas prise.

-Sale merdeuse ! Je t’avais dit de pas jouer à ça avec moi ! Hurla le marchand en se hissant sur le pont avec une nouvelle force.

Matilda voulut s’enfuir mais le fou se jeta sur elle comme un chien enragé, la plaquant à terre avec force. Le sang coulant de son nez lui tombait à présent sur son visage à elle, Francis, les dents serrées, les lèvres retroussées comme un animal prêt à mordre, le regard fou, leva son couteau au-dessus de sa tête, prêt à le lui enfoncer dans la gorge.
Matilda attrapa le poignet de l’homme au moment où il abattait sa lame, le couteau s’arrêta à quelques centimètres de son cou, mais le marchand était beaucoup plus fort, la folie décuplant ses forces. Francis susurrait des paroles incompréhensibles entre ses dents, lentement, le couteau se rapprochait de sa peau et bientôt finirait par la transpercer.
Dans un dernier effort, Matilda dévia la lame sur le côté, le marchand planta le couteau dans le bois juste à côté de la gorge de la jeune femme qui se redressa pour frapper avec a tête le nez déjà brisé du fou.
Elle sentit les os se broyer et le sang couler sur son front, Francis s’écroula en arrière en hurlant à plein poumon.

-Sale traînée ! Catin !

Matilda se mit à ramper loin de lui, elle devait fuir, elle devait s’assurer que Giovanni allait bien. Mais des mains puissantes l’attrapèrent aux chevilles, Francis s’était déjà redressé et la tirait en arrière, vers la cale à laquelle on accédait par une grande trappe au milieu du pont. Celle-ci était ouverte, Matilda ne savait pas ce qu’il pouvait vouloir y faire, même si une idée déplaisante lui vint à l’esprit. Elle regarda autour d’elle en vain à la recherche de quelque chose pour s’accrocher, soudain, Francis la lâcha et l’attrapa par les cheveux, il la fit se relever brutalement, Matilda hurla de douleur et voulu envoyer son poing à nouveau dans le nez de son agresseur, Giovanni lui ayant dit un jour que c’était le meilleur moyen pour se défaire d’un adversaire plus fort, en lui brisant le nez qui était si fragile.
Mais son geste s’arrêta, Francis n’avait pratiquement plus de nez, ce petit morceau de chaire pendait au niveau de sa bouche, encore retenu par quelque lambeaux de peau, le sang avait arrêté de s’écouler.

-Tout le monde descend ! S’exclama le fou avant de la saisir aux épaules et de la jeter dans le trou béant qui menait à la cale.

Sans avoir le temps de s’accrocher à quoi que ce soit, Matilda sentit le sol disparaître sous ses pieds et elle vit le ciel au-dessus d’elle, puis les contours de la grande trappe, et les ténèbres semblèrent s’emparer d’elle.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 5:36

Chapitre IX

Francis descendit les escaliers menant à la cale, de l’eau lui arrivait presque jusqu’aux chevilles, il devait y avoir une voie d’eau, ou peut-être était-ce William qui avait mit en scène tout cela afin de lui faire croire qu’ils étaient condamnés à devoir rester ici. Cependant, Francis avait découvert ses mensonges, et à présent, il allait lui faire payer, mais avant toute chose, il fallait mettre la soie à l’abri de l’eau, c’était son unique espoir de survie.
Se dirigeant vers le fond de la cale, Francis passa à côté du corps inanimé de la femme, étendue de tout son long, elle ne bougeait pas d’un pouce, Francis se demanda si sa chute ne l’avait pas tuée, si sa tête avait heurté le sol en premier c’était très probable.
Arrivant face une douzaine de caisses disposées de manière chaotique, Francis contempla un instant la merveilleuse soie qui lui permettrait de retrouver sa richesse. Un élan de colère le saisit un bref instant, les marins avaient mit à l’abri les réserves de nourriture, les apportant avec eux sur la terre ferme, mais ils avaient laissé sa précieuse cargaison ici.
Francis allait devoir porter toutes ces caisses sur le pont, ensuite il improviserait, son plan n’était pas tout à fait au point, mais il avait déjà une idée sur la manière de se venger de William. Francis se pencha en avant, prêt à se saisir de la caisse de soie la plus proche, lorsqu’un coup d’une rare violence porté à la tête l’envoya à terre.


Giovanni frappa de toutes ses forces et avec toute sa rage Francis qui alla s’écraser sur le sol, sans lui laisser le temps de se relever, Giovanni se jeta sur lui pour le rouer de coups de pieds.
Soudain, le français roula au sol, évitant le dernier coup de Giovanni qui perdit l’équilibre, et sauta sur lui, le plaquant à terre. Francis s’agenouilla sur le torse du jeune homme qui resta un instant horrifié par la vue du visage mutilé du dément qui lui envoya son poing en pleine figure. En quelques secondes, le français avait prit l’avantage, martelant le visage de Giovanni de coups en hurlant comme le fou qu’il était.
Dans un dernier effort, Giovanni tenta d’attraper le visage de Francis et s’agrippa à la première chose qu’il trouva : ses oreilles, le jeune homme tira de toutes ses forces d’un geste sec. Un horrible bruit de déchirement transperça l’air, suivit d’un hurlement tout aussi perçant. Le sang gicla sur le visage de Giovanni qui lâcha les morceaux de cartilages qu’il tenait encore entre ses doigts et se redressa brusquement, envoyant le sommet de son crâne dans la mâchoire du français qui s’effondra en arrière, le visage en sang, son nez et ses oreilles ayant disparu.

Giovanni se leva, tremblant de tous ses membres et se prépara à devoir en découdre à nouveau, mais Francis semblait définitivement hors de combat. Ce dernier était recroquevillé sur lui-même, le teint livide, du sang s’échappant de ses atroces blessures et rougissant l’eau de mer qui s’était infiltrée dans la cale.
Voyant que son adversaire ne lui causerait plus de problèmes, Giovanni se précipita vers Matilda derrière lui qui semblait reprendre connaissance. La jeune femme poussait quelques gémissement et bougeait un peu, s’agenouillant près d’elle, Giovanni lui souleva la tête pour la sortir de l’eau qui montait petit à petit, brutalement, Matilda se redressa et le frappa en plein visage en hurlant de terreur, Giovanni sentit une intense douleur à la joue mais ne lâcha pas la jeune femme qui se débattit avec violence.

-Matilda, arrête, c’est moi ! La rassura t’il en la maîtrisant du mieux qu’il pouvait. C’est finit, tu n’as plus rien à craindre, je suis là ! Ecoute ma voix, c’est moi ! Je suis avec toi, je ne t’abandonnerais plus ! Matilda, c’est moi !

Lentement, Matilda se calma et finalement se jeta au cou de Giovanni et le serra avec une force prodigieuse en pleurant. La berçant lentement dans ses bras en lui murmurant quelques mots à son oreille, Giovanni lutta pour retenir ses propres larmes qui menaçaient de monter à ses yeux. Regardant avec dégoût le français à côté de lui qui continuait de gémir, à demi-inconscient, Giovanni se jura qu’il allait payer pour le mal qu’il avait fait à Matilda…


La nuit était tombée depuis quelques heures, Giovanni regardait les marins réunis autour du feu de camp au centre du village. Matilda s’accrochait avec force à son bras, assise à côté de lui, ses blessures ne semblaient pas très graves mais elle avait subit un sacré choc émotionnel et n’avait prononcé que quelques mots depuis qu’il l’avait tiré de cette cale humide.
William et quelques marins étaient arrivés peu de temps après lui, qui, lorsqu’il avait constaté de retour au village que Matilda était introuvable, s’était précipité sur la plage là où elle aimait tant se promener, distançant rapidement William et les marins qui s’étaient mobilisés en apprenant le meurtre commis par Francis. Les traces laissées dans le sable étaient flagrantes et il était monté dans le bateau.
William et les autres avaient sortis Francis de la cale et l’avaient enfermé dans un petit abri en bois dans le village qui avait dut servir à stocker du bois autrefois et était à présent une prison de fortune. C’était de son sort qu’ils allaient débattre à présent.

-Vous savez pourquoi nous sommes ici. Annonça William debout près du feu en regardant ses spectateurs. Mais je vais tout de même vous exposer les faits avant de décider du sort que nous réserverons à Francis Ducher, notre employeur. Cet après-midi, le corps sans vie de l’un de nos camarades a été retrouvé sans vie, il avait pour mission de raccompagner Ducher, qui semblait indisposé, jusqu’au village. Ducher étant introuvable sur les lieux du meurtre, tout porte à croire qu’il en est le responsable. Et pour finir, ce même homme a agressé Matilda ici présente, et cela, nous en sommes sûrs grâce au témoignage de notre amie.
La question que je vous pose est : qu’allons nous faire de Francis ?

-Tranchons lui la gorge ! S’exclama avec fureur l’un des marins qui se leva en brandissant le poing. Ce ne sera que justice ! Je ne sais même pas pourquoi vous posez la question capitaine ! Egorgeons cette ordure comme un porc pour ce qu’il a fait et laissons sa carcasse ici !

Plusieurs autres marins se levèrent et hurlèrent leur approbation, tous réclamant la tête du français. Giovanni se serrait très certainement levé lui aussi pour se joindre à eux si seulement Matilda ne l’avait pas agrippé comme elle le faisait.
Francesco, assit à côté d’eux était étrangement silencieux, ses énormes bras croisés sur sa poitrine, il regardait la scène avec sévérité. Les marins debout près du feu semblaient comme habités par quelques esprits maléfiques, les flammes se reflétant dans leurs yeux et formant des ombres dansantes sur leurs visages rendus sinistres par la rage.

-Très bien… Fit William en hochant la tête. Puisque vous êtes tous d’accord concernant le jugement…Francesco, va le chercher s’il te plait, nous…

-Non. Interrompît Matilda en se levant lentement.

Un profond silence s’installa dans l’assemblée, les marins, qui quelques secondes auparavant étaient déchainés, avaient soudainement retrouvé leur calme et regardaient avec surprise la jeune femme.

-Mais…il a faillit vous tuer ! Peut-être pire même ! Matilda, cet homme doit mourir pour ce qu’il vous a fait et pour ce qu’il a fait à notre camarade ! Protesta un des marins.

-Oui. Approuva-t-elle. Mais cet homme n’est plus lui-même. Je l’ai vu dans son regard, il a perdu la raison, sa façon de parler, sa façon de se mouvoir, j’ai sentit la folie en lui. Il ne contrôle plus ses actes. S’il vous plaît, nous devons l’emmener avec nous et le remettre à quelques personnes qui pourront l’aider où au moins lui permettre de continuer à vivre sans mettre en danger la vie d’autres personnes.

-Matilda, le fait qu’il ait perdu l’esprit ne change pas le fait qu’il soit un meurtrier. Expliqua William. Il a du sang sur les mains, et maintenant qu’il sait qu’il peu tuer quelqu’un, il n’hésitera pas à le refaire, tout comme un chien qui a gouté au sang, il y prendra goût. Cet homme est devenu une grave menace pour nous tous, la raison ne fait plus partie de ses priorités désormais comme vous l’avez si bien remarquée. Et de toute manière, croyez-moi sur parole…je connais Francis depuis assez longtemps pour vous dire que cet homme n’a jamais vraiment été sain d’esprit.

-Peut-être… Fit Matilda avec peine. Mais je l’ai vu dans la cale du navire, il semblait voir quelque chose qui n’était pas là, il parlait tout seul…je n’ai pas tout compris mais je crois que si nous l’aidons…peut-être retrouvera t’il une quelconque lucidité. Malgré ce qu’il m’a fait…j’ai de la peine pour cet homme, il a besoin d’aide.

Un autre profond silence s’installa parmi les marins qui se regardaient, espérant que l’un d’eux prendrait la parole pour eux, pour condamner Francis au sort qu’il méritait. Mais aucun n’osait aller à l’encontre de la demande de Matilda.


Alexis gardait la réserve dans laquelle était enfermé le français. De tous les membres d’équipages, Alexis était peut-être celui qui désirait le plus la mort de Francis. L’homme qu’il avait tué était l’un de ses meilleurs amis, il ne pouvait s’empêcher de s’imaginer en train d’éventrer cet enfant de putain. Au lieu de cela, il avait eu pour ordre de garder cette ordure pendant que tous étaient en train de débattre pour savoir ce qu’ils allaient faire de Francis, Alexis avait une réponse toute prête à cette question.
Debout devant le petit abri en bois d’à peu près deux mètres de large comme de long, à peine assez haut pour qu’on puisse y marcher sans avoir à se baisser, serrant dans sa main sa dague, Alexis entendait le gémissement continu de Francis, mettant ses nerfs à rude épreuve.
Depuis presque une heure, Francis s’était réveillé et ne cessait de gueuler comme une truie qu’on égorge. La métaphore qu’Alexis venait d’utilise inconsciemment ne fit qu’accroitre sa rage, Jean, son ami, avait-il hurlé avant que Francis ne lui tranche la gorge ? Avait-il seulement vu le coup venir ? Ou bien cette vermine l’avait-il prit en traître ?

-Pèèèèèèèèèère ! Hurla Francis d’une voix pathétique.

-Tu vas fermer ta gueule pourriture de merde ?! Jura Alexis en ramassant puis jetant une pierre sur l’abri.

Les hurlements ne firent que redoubler, augmentant encore la colère d’Alexis qui se retourna. Au loin, le feu autour duquel tous les autres étaient réunis brûlait lentement, leur prison de fortune était à l’extrémité est du village, près de la plage. Ils n’avaient pas pu prendre une des habitations à cause de leurs fenêtres par lesquelles Francis aurait put s’échapper.
Un nouveau hurlement déchirant transperça les oreilles d’Alexis qui craqua.

-Je vais te donner des raisons de gueuler moi ! Siffla Alexis entre ses dents serrées.

La rage au ventre, il attrapa son poignard avec sa main droite et de l’autre dégagea la planche de bois qui verrouillait la petite porte de l’abri et s’y enfonça.
Avant qu’il ne fasse le moindre geste, une ombre se jeta sur lui et lui enfonça quelque chose dans le cou, la peau se déchira et le sang se mit à se déverser le long de son cou. Battant l’air de ses bras, Alexis sentit très vite ses forces le quitter et s’effondra face contre terre sans qu’il ne s’en rendre compte. Curieusement, il ne ressentait presque plus la douleur, Alexis était juste…fatigué, ses pensées étaient de plus en plus floues mais cela ne lui importait guère…il voulait dormir…jamais il n’avait été aussi épuisé.


Francis se jeta sur le garde et lui planta dans la gorge le morceau de bois qu’il avait arraché au mur en bois de sa prison. Il sentit avec satisfaction le sang gicler sur son visage, enfonçant et remuant toujours plus le morceau de bois qu’il avait taillé avec ses ongles et ses dents, Francis sentit que son adversaire perdait déjà ses forces. Plaquant sa main sur la bouche du garde pour s’assurer de son silence, Francis en profita pour arracher son arme de fortune du cou du marin pour la replonger une fois encore dans sa gorge…encore…et encore…
Puis, l’homme s’effondra, Francis lécha le sang imprégné sur ses mains, le goût distinctif de l’hémoglobine eu l’effet d’un véritable coup de fouet sur le français. Prenant conscience que William et ses hommes n’étaient pas très loin, Francis s’élança sans la moindre hésitation vers les arbres, se faufilant entre les ombres mouvantes, il n’était qu’à quelques mètres de la forêt et les chaumières le dissimuleraient, bientôt, il serait à l’abri.
Cependant, Francis stoppa sa course alors qu’il était totalement à découvert, réalisant que l’opportunité d’augmenter ses chances de réussites se présentait à lui. Son plan était déjà fin prêt, son père l’avait aidé, lui soufflant ses instructions pendant qu’il reprenait ses forces dans sa prison. Mais s’il partait tout de suite, ses chances de succès risquaient d’être balayées comme un château de carte par le vent. Non, Francis n’était pas stupide, loin de là, il ne l’avait jamais été, et cette nuit, une logique froide et implacable avait germé dans son esprit.
Lentement, il fit demi-tour, retournant près de l’abri où il avait été séquestré et ferma la porte restée ouverte, dissimulant le corps du marin à l’intérieur.
Se tapissant dans les ombres derrière un arbre accolé à une chaumière, Francis attendît, serrant le poignard dérobé à sa dernière victime entre ses doigts engourdit, Francis attendait, il patientait tel le prédateur qu’il était devenu, bientôt, une autre proie viendrait à sa porté. William enverrait quelqu’un pour relever le garde qui gisait dans l’abri…si personne ne donnait l’alerte, Francis aurait tout le temps d’aller rejoindre ses nouveaux alliés qui campaient à quelques kilomètres au sud dans une crique, et il aurait tout le temps de pouvoir admirer William et ses hommes en prise avec les esclavagistes qu’ils redoutaient tant…bientôt, sa vengeance allait s’accomplir.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 13:39

Mais, c'est la suite...

Il a fait la suite, merci ô grand Squall

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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 31 Oct - 16:33

euh évitons de poster icije propose que nous laission la palce au récit, et que nous postions nous remarques dans la taverne
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMar 20 Nov - 5:34

Chapitre X

La nuit s’écoulait paisiblement sur le petit village où avait trouvé refuge l’équipage du navire, lentement, la lune à moitié pleine poursuivait son chemin à travers le ciel parsemé d’étoiles. Les branches des arbres battaient l’air faiblement, secouées par le vent soufflant.
Tandis que les quelques marins chargés de monter la garde autour du village patrouillaient tranquillement, le reste de l’équipage dormait profondément, inconscient du danger qui les menaçait.
Car, pendant qu’ils dormaient, les corps de deux des leurs gisaient dans leur prison de fortune et leur meurtrier fuyait à travers la forêt vers le sud, cherchant à tout prix à rejoindre le campement de l’équipage d’un autre navire. Un navire dont les cales maintenaient déjà prisonniers une dizaine d’hommes et de femmes que devaient être vendu sur un marché de Tunis d’ici deux semaines.

La nuit s’écoulait paisiblement sur le petit village où avait trouvé refuge l’équipage du navire, lentement, la lune à moitié pleine poursuivait son chemin à travers le ciel parsemé d’étoiles.
Francis courait, les branches des arbres lui giflaient et lui griffaient le visage, mais la douleur ne le préoccupait guère, il la sentait à peine. Il devait trouver les esclavagistes, il devait faire payer à William sa trahison, il méritait de mourir, ils méritaient tous de mourir. Pour tout ce qu’il avait enduré, pour avoir tenté de le détruire, Francis devait leur faire payer.
Puisant dans les dernières forces qu’il lui restait, le marchand français accéléra l’allure, sautant par-dessus les buissons et le terrain accidenté.
Son père était là, tout près, il le sentait, il ne l’abandonnerait pas, il serait là pour le soutenir et lui dire quoi faire, Francis avait confiance, il n’était pas seul.
Soudain, ses pieds ne rencontrèrent que le vide, sans qu’il ne s’en rende compte, Francis poussa un long hurlement rauque alors qu’il chutait, la nuit et la végétation avaient été traîtres, dissimulant la pente particulièrement raide qu’il dévalait. Roulant sur le sol et criant à chaque pierre qui venait lui enfoncer les côtes, lui griffer les parties de son corps découvertes, heurter ses membres, briser ses os et déchirer sa peau. La chute sembla durer une éternité, une éternité pleine de souffrance qui après s’être volatilisée venait le harceler avec une impitoyable furie.
Francis en vint à espérer la mort, que sa tête aille heurter une pierre plus grosse que les autres, que son cou se brise, que la douleur fasse s’arrêter son cœur, n’importe quoi, pourvu que cela cesse. Et pourtant, arrivant sur un terrain plat, sa chute s’acheva. L’insoutenable douleur lui arracha une série de gémissements pathétiques alors que Francis tentait de se relever dans un reflexe de survie, mais ses membres brisés refusèrent de bouger, où en tout cas, ne le purent pas suffisamment pour lui permettre de se redresser.
Une voix attira l’attention de Francis alors que l’inconscience le guettait, chassant les ténèbres qui s’insinuaient dans son esprit, le français souleva sa tête, ce qui lui infligea de terribles douleurs. En face de lui à quelques mètres seulement, un homme vêtu comme un nomade des déserts d’Afrique l’observait, s’approchant lentement avec prudence, un arc à la main et une flèche déjà prête encochée. L’arabe s’agenouilla à côté du lui, regardant ses blessures avec minutie sans pour autant baisser sa garde, lançant des regards furtifs tout autour de lui à intervalles réguliers. L’homme s’adressa à Francis une première fois, au ton, il s’agissait d’une question, mais il ne comprît pas un traître mot de ce qu’il venait de dire, l’arabe enchaîna en répétant sa question en une autre langue, puis une autre, sans que Francis ne comprenne rien.

-Il y en a d’autres avec toi étranger ? Demanda-t-il une fois encore avec un fort accent après un moment d’hésitation.

Comprenant enfin ce que l’esclavagiste lui demandait, un large sourire tendît les lèvres de Francis.


Les flammes dévoraient l’église, ce rêve, Giovanni ne parvenait même plus à se rappeler combien de fois il l’avait fait. Remontant lentement la nef, il fit face à son double, les deux sosies se regardèrent longuement, attendant que quelque chose se produise. Giovanni aurait put décrire dans les moindres détails la scène qui vivait pour l’avoir tant de fois vu se dérouler, les mouvements des flammes, les symboles des vitraux, la disposition des bancs, les fêlures dans les carreaux pavant le sol, absolument tout.
Son alter ego lui en revanche changeait, cela n’avait pas été immédiat, Giovanni ne l’avait remarqué qu’il y a peu. Quelque chose dans son regard avait changé, mais il paraissait aussi un peu plus vieux, comme une image de son futur, il y avait quelque chose dans son regard qui lui faisait terriblement penser à Fransesco, cette dureté et cette résiliation qui faisaient sa personnalité imprégnaient le regard de son double.

-Tu ne parles toujours pas. Constata Giovanni à voix haute.

Ses paroles ne produisaient aucun écho dans cette immense église habitant ses songes ce qui rendait ses mots étranges, comme s’ils n’avaient rien à faire dans ce monde parallèle de son esprit.

-Il se passe quelque chose. Répondit son double.

Giovanni sentît le sang se glacer dans ses veines en entendant pour la première fois parler son double, sa voix ressemblait à la sienne, mais était froide, posée, presque naturellement haineuse, et par-dessus tout, elle provoqua un écho qui répéta ses mots une centaine de fois.

-Réveilles-toi. Ordonna son sosie.

-Réveilles-toi ! Hurla Matilda.

Giovanni se redressa d’un bond sur sa paillasse, le cœur battant avec violence contre sa poitrine nue et couverte de sueur. Cependant, malgré son était de désorientation, il retrouva tous ses esprits en voyant l’expression effrayée sur le visage de sa compagne, éclairée par une lueur rougeâtre venant de la fenêtre de leur chambre. La porte s’ouvrît brutalement devant un homme au teint basané, armé d’une hachette. Posant son regard sur les deux jeunes gens allongés sur leur paillasse, les traits de l’esclavagiste s’étirèrent en un sourire sauvage.
Sans la moindre hésitation, sentant en lui les réflexes et la fureur du champ de bataille se répandre dans tous ses membres comme une vague de chaleur foudroyante, laissant l’Autre s’emparer de lui et guider ses gestes, Giovanni roula sur le côté au moment même où l’arme de l’arabe s’abattait à l’emplacement où se trouvait sa tête moins d’une seconde auparavant. S’emparant de l’épée dont il ne se séparait plus depuis que Francis avait faillit tuer Matilda, Giovanni trancha la gorge de l’esclavagiste avant que ce dernier ne puisse réagir, éclaboussant de son sang les murs proches de la chambre.
Se laissant guider par son instinct et l’Autre, le jeune homme se releva d’un bond et fit se redresser Matilda qui s’était recroquevillée sur elle-même sous l’effet de la peur si soudaine. La forçant à reprendre ses esprits, Giovanni arracha la hachette qui avait faillit lui prendre la vie des doigts morts du basané et la mit dans la main de sa compagne, l’obligeant sans délicatesse à la serrer de toutes ses forces.

-Vient et ne traîne pas ! Ordonna t’il avec plus de sévérité qu’il ne l’aurait voulut, l’attrapant avec force par le poignet, la tirant derrière lui.

Sortant en trombe de la chaumière qui les abritait, un spectacle encore bien trop familier à eux s’offrit à leurs yeux. Les maisons en flammes, les cris, les cadavres, le sang, tout cela ils l’avaient connut à Palerme, cela leur semblait s’être produit il y a une éternité mais les souvenirs revenaient en force ce soir et devenaient si vivace qu’il leur semblait ne pas avoir connut de moment de paix depuis cette nuit de terreur.
Se jetant sur eux en hurlant, un autre esclavagiste surgît de l’ombre, brandissant une épée au dessus de sa tête. Ne pensant qu’à protéger celle qu’il aimait, Giovanni la tira sans ménagement pour la positionner dans son dos, son épée rencontra celle de son adversaire dans un tintement de métal qui lui sembla assourdissant. Forcé de combattre avec une main dans le dos qui tenait fermement le poignet de Matilda, Giovanni mit toutes ses ressources dans la rapidité de ses mouvements, parant et attaquant à une vitesse fulgurante, son adversaire exposa une faille infime dans sa garde un court instant, le sicilien se jeta sur l’occasion.
D’un coup leste et puissant, il infligea une terrible blessure au ventre de l’arabe qui hurla en se tordant de douleur, Giovanni mît fin à ses souffrances en plongeant sa lame dans le cou de son ennemi.

-Giovanni ! Hurla Matilda. A gauche !

Réalisant tardivement qu’il s’était exposé trop longtemps, Matilda et lui, Giovanni jura en voyant un autre esclavagiste fondre sur eux, brandissant un long poignard, déterminé à venger la mort de son camarade. Tirant à nouveau sa compagne pour la mettre à l’abri et levant son épée pour parer l’assaut de l’ennemi, Giovanni fut trop lent et vît la lame de son adversaire descendre sur son visage bien trop près. Finalement, les deux armes se heurtèrent à quelques centimètres seulement de la tête de Giovanni, mais sous l’effet du choc, le sicilien ne put contenir la puissance de l’attaque et le poignard de son ennemi lui entailla la joue en descendant encore plus près de ses traits.
Repoussant de toutes ses forces la lame de l’esclavagiste, Giovanni se lança l’épaule en avant, le heurtant en plein torse, l’empêchant ainsi de lancer une autre attaque. Profitant de ce moment de flottement, Giovanni planta son épée dans le ventre de l’arabe et l’y enfonça jusque sentir que sa pointe ressorte de l’autre côté. Jetant son ennemi à terre avant même que la vie ne le quitte, Giovanni se retourna vers Matilda et la foudroya du regard, sentant la colère l’envahir, s’il n’avait pas réagit aussi vite, il serait tombé sous les coups de l’esclavagiste…et Matilda aurait été à sa merci. Si elle l’avait prévenu plus tôt où si elle avait tenu l’ennemi à distance en le menaçant avec son arme, le risque aurait été moins grand.

-Si je t’ai donné cette arme c’est pour que tu t’en serves ! Hurla-t-il avec rage.

Voyant les traits de celle qu’il aimait, déjà déformés par la peur, s’imprégner de tristesse, Giovanni sentît la honte l’envahir, remplaçant sa colère. Mais ils étaient sur un champ de bataille, il n’avait pas le temps de se sentir honteux, même si elle devait le haïr par la suite, il se montrerait aussi dur, aussi ignoble qu’il le devrait afin qu’elle y survive.

-Viens ! Dépêche ! Cri t’il pour couvrir le vacarme, lui tenant toujours le poignet avec fermeté.

Dans le village, les marins se battaient avec acharnement contre les brigands qui les assaillaient, s’armant de simples morceaux de bois, de rames et de fourches pour ceux qui n’avaient pas de véritables armes. Les maisons en proie aux flammes se consumaient à une vitesse folle, produisant un nuage de fumé épais et de braises qui s’envolaient au gré du vent qui soufflait sans pour autant rafraichir la fournaise.
Parmi les ombres qui bataillaient autour d’eux, Giovanni était bien incapable de discerner une seule qu’il parvenait à reconnaître, à savoir celle de Francesco. Aux côtés du vieux guerrier, Giovanni savait que Matilda ne courrait aucun risque.
Un esclavagiste sortît d’une habitation non loin d’eux et les vît, malgré qu’il soit séparé d’eux par plusieurs combattants, il se dirigeait vers eux, Giovanni savait pourquoi ils s’acharnaient sur eux : Matilda. A elle seule, il savait qu’elle justifiait cette attaque, elle était suffisamment belle et gracieuse pour compenser les éventuelles pertes par l’or qu’elle rapporterait sur un marché aux esclaves.
La vision de sa bien aimée, couverte de chaînes, vendue comme un animal et promise à un avenir sordide ralluma en Giovanni les flammes de la fureur que la honte avait atténué.

-Derrière ! Hurla Matilda.

Regardant dans son dos, Giovanni vît un autre homme se précipiter sur eux. Les maudissant tous, le sicilien prit des mains de sa compagne la hachette qu’il lui avait donné plus tôt.

-Matilda, reste derrière moi ! Cria-t-il, sa voix laissant percevoir la colère mêlée à la peur qu’il éprouvait.

L’homme qui lui faisait face attaqua avec sauvagerie, visant sa gorge, Giovanni n’eut aucun mal à parer mais devina ce qu’il préparait avec son camarade.

-Matilda ! Baisses-toi ! Ordonna Giovanni en jetant un œil derrière lui, voyant arriver la lame de son adversaire qui les avait prit à revers.

La jeune femme se laissa tomber à terre, se protégeant la tête sous ses mains fines. Giovanni lança son bras armé de sa hachette pour repousser l’assaut de son second ennemi.
Sachant dans quelle posture il était, Giovanni misa le tout pour le tout, levant sa jambe droite en se mettant de profil par rapport à son adversaire et mettant toutes ses forces dans le coup de pied qu’il donnant dans le ventre de l’esclavagiste qui lui faisait face. L’homme fut mit à terre sous la force du coup, désormais libre face à un seul ennemi, Giovanni para une nouvelle attaque avec son épée, mais trop vif pour son adversaire, il lui planta profondément sa hachette dans l’avant bras. L’homme hurla d’une manière horrible lorsque Giovanni tourna brutalement la hachette dans la large blessure, faisant craquer les os contre lesquels elle frottait. D’un large mouvement de bras, le sicilien balaya l’air au niveau du visage de l’esclavagiste avec son épée, lui sectionnant les joues en passant par la bouche, coupant probablement la langue par la même occasion.
L’homme s’effondra à terre, serrant entre ses mains poisseuses de sang son visage mutilé. Derrière Giovanni, son autre adversaire se relevait seulement, il n’eut cependant pas le temps de reprendre son arme, le sicilien l’achevant d’un coup d’estoc dans le gorge.
Attrapant à nouveau Matilda à peine son dernier adversaire mis à bas, Giovanni reprît sa course, fuyant avec elle aussi vite qu’il le pouvait, sous les flèches enflammées que tiraient les archers sous le couvert des arbres de la forêt, les esclavagistes cherchaient-ils donc à tous les tuer ? Et d’ailleurs, Giovanni ne comprenait pas comment ils avaient put les découvrir, ils avaient pourtant bien dissimulé leur présence…à moins que…quelque les ai prévenu. A cet instant, Giovanni regretta amèrement de ne pas avoir mis un terme à la misérable vie de Francis, car il en était certain, cette pourriture les avait donné aux esclavagistes, par un quelconque moyen, il s’était échappé.
Courant toujours en tirant derrière lui Matilda, le jeune sicilien jura sur la mémoire de son père qu’il massacrerait ce misérable français si la moindre occasion se présentait. Alors qu’il injuriait en silence Francis, Giovanni vît de nouveaux arabes surgir dans la rue unique du village, sortant de la forêt, redoutablement organisé, ils ne pourraient pas s’enfuir, il leur faudrait combattre. Reculant lentement vers le centre du village où d’autres marins s’étaient attroupés en voyant l’ennemi approcher, Giovanni eu une terrible pensée, d’abord pour lui-même, puis tournée vers Matilda.
Il venait de penser qu’il préférerait mourir que d’être réduit en esclavage par ces porcs, puis, il avait réalisé que le sort qu’ils réserveraient à Matilda serait bien plus ignoble que tout ce qu’on pourrait jamais lui faire subir à lui…et il pensa avec une terrible souffrance qu’afin d’éviter à sa bien aimée à devoir endurer une telle vie…il devrait la tuer lui-même avant de se donner la mort.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMar 20 Nov - 20:15

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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMar 20 Nov - 22:19

étant donné que, pris d'une soudaine envie de m'exprimer en toutes lettres, je ne veux pas m'exprimer avec des smyles, mon émotion reposera sur ce qui suit: ton récit et indubitablement formidable. Quiconque prouvera le contraire pourra aller à la guillotine. - vous notterez que je m'abstins ici d'utiliser le smyle reprèsentant une pastille jaune se faisant trancher sa tête, puisque je me suis promis d'utiliser aucune de ces images comme je l'ai dit plus haut - Vous aurez donc compris que je veux dire exactement la même chose que Le-Nain, mais de manière plus humaine, si j'ose dire. Sur ce, je vais manger des tacos.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMar 11 Déc - 6:18

Chapitre XI

Les marins formèrent un cercle autour de Matilda, Giovanni aurait ressentit une reconnaissance s'il en avait eu le temps, envers ces hommes qui étaient aussi déterminés que lui à protéger la jeune femme, ancienne princesse de Sicile et désormais soeur de leur coeur. Un arabe s'élança sur lui comme un enragé, sousestimant la fureur qui habitait Giovanni, lui exposant une faille énorme dans sa garde. Le jeune sicilien lui fit payer son mépris d'un seul coup d'épée qui lui sectionna presque le bras droit, faisant gicler une énorme quantité de sang de sa blessure mortelle entre l'épaule et le cou. L'esclavagiste s'effondra en hurlant, immédiatement remplacé par un autre, Giovanni ne faillît pas un instant, sa main ne tremblait pas, aucune hésitation ne vint la ralentir lorsqu'il amorça son geste, parant l'attaque pour passer immédiatement en dessous de la garde de son adversaire et de lui infliger à lui aussi une blessure qui lui serait fatale.

Les brigands affluaient dans leur direction, combien étaient-ils sur leur navire ? Où même, combien avaient-ils de navires ? Leur nombre ne cessait de croitre alors que lui et ses camarades étaient submergés. A ses côtés, William et Francesco se battaient comme de veritable démons, hurlant et jurant de leurs voix sonores qui faisaient douter l'ennemi avant de les occire. Mais eux seuls avec Giovanni étaient des combattants expérimentés, bien que ne manquant pas de vaillances, les marins n'étaient pas des guerriers, plus habitués à manier des rames que des épées.
Giovanni élimina deux autres assaillants mas la fatigue commençait à se profiler, ses bras le faisaient souffrir, sa réspiration devenait laborieuse, il n'arriverait pas à soutenir un rythme aussi élevé que ses deux pairs.
Un cri dans son dos indiqua qu'un des marins venait de succomber sous le nombre, ils n'étaient plus qu'une dizaine à se défendre au centre du village et ceux qui étaient tenus à l'écart de la mêlée ne tiendrait plus très longtemps.
Giovanni jura avec colère, son juron fut vite suivit par une réponse de Francesco à ses côtés.

-Va donc crever chez les grecques baiseur de porc ! Rugit le vieux guerrier en ouvrant la gorge d'un esclavagiste qui venait de lui infliger une blessure au bras. Venez chiens galeux, je vous prends tous, un par un où en même temps au choix !

-Je préfèrerais que l'on trouve un moyen de se tirer de là ! Lui cria Giovanni qui ne put s'empêcher de sourire en entendant Francesco déployer ses insultes préferées.

-Désolé gamin mais ces fils de putains nous ont encerclé, il faudrait qu'on force leurs rangs et j'pense pas qu'on soit assez nombreux pour ça où bien qu'ils nous laissent faire ! Ces batards ont des archers et ils ont moins d'honneur qu'un porc et n'hésiteront pas à s'en servir !

Giovanni emprunta l'un des jurons de Francesco tant la frustration était grande, il devait trouver un moyen de mettre Matilda à l'abri...sans quoi il devrait empêcher les esclavagistes de la souiller de son vivant...
Un autre ennemi s'attaqua à lui, Giovanni dut parer une succession d'attaques rapides et puissantes avant que l'arabe ne périsse sous sa lame. A sa gauche, William se battait furieusement contre trois ennemis en même temps, tenant son sabre d'abordage dans une main et une longue rame dans l'autre pour tenir à distance ses adversaire.
Giovanni s'apprêta à aller porter secour à son ami lorsque les esclavagistes battîrent en retraite sans motif apparent. Giovanni redoubla alors de prudence, scrutant les alentours à la recherche de ce qui pouvait expliquer le repli de leurs ennemis.
Les derniers marins isolés avaient péri où été fait prisonniers, les corps de nombre d'entre eux gisaient sur le sol en compagnie de ceux de leurs assassins tandis. Plus une seule chaumière n'était intacte, toutes étaient dévorées par les flammes et Giovanni ravala une exclamation d'horreur en entendant des plaintes sinistres sortir d'une d'entre elles dont les portes avaient été barricadées de l'extérieur probablement par les esclavagistes, combien de ses compagnons allaient brûler vif dedans ?
Mais il ne pouvait rien faire, les arabes s'étaient retirés pour les encercler, ils n'étaient plus que sept en tout, en cercle afin de se prôtéger mutuellement tandis que leurs ennemis devaient être au moins cinq fois plus nombreux. Dans les rangs des esclavagistes, des archers se tenaient prêts, des flèches encochées, prêtes à leur ôter la vie.

Giovanni comprît ce qui avait arrêté l'attaque des esclavagistes lorsque l'un d'entre eux se fraya un chemin dans le cercle qu'ils avaient formé autour d'eux. Le nouvel arrivant faisait au moins une tête de plus que les autres, vêtu lui aussi comme un homme du désert, il avait cependant rejeté sur ses larges épaules son foulard qui voilait son visage. Bien qu'il soit incroyablement masif, les traits de cet homme étaient plutôt fin, une longue balafre parcourait sa joue droite et remontait jusqu'à sa tempe, son crâne rasé luisait à la lueur des flammes et ses yeux noirs les scrutaient comme ceux d'un rapace.

-Vous vous êtes admirablement battus. Dit-il d'une voix grave dénuée d'accent. Moi, Hassi Al'Nasser, j'acclame votre ardeur et votre vaillance, c'est pourquoi je vous propose un accord : vous avez tué beaucoup des membres de mon équipage, je vous offre leurs postes, le capitaine de mon second navire git navré à mort, si votre capitaine où son second est en vie, je lui donne sa place. Tout ce que je demande, c'est la fille. Sa beauté ravira le gouverneur de Tunis, Fahim Hanya, soyez certains qu'il la traitera convenablement et qu'absolument aucun mal ne lui sera fait durant notre trajet.
En temps normal, nous nous assurons qu'une femme saura se montrer docile sous tous les angles avant de la livrer à un client, cependant, le seigneur Fahim Hanya n'aime pas que ses concubines soient maltraitées et soumises à des rustres aussi humbles que nous. Qu'en dites vous ? Avant de répondre, souvenez vous bien que la seule alternative qui vous est offerte est la mort. Croyez moi, nulle offre ne saurez être plus gracieuse.

Un murmure de contestation parcouru les rangs des esclavagistes, apparament, ils n'appréciaient pas d'être privés de la possibilité de s'amuser avec Matilda. C'était un maigre réconfort pour Giovanni mais la rage bouillait en lui, jamais de son vivant il ne laisserait faire une chose pareille.
Giovanni s'apprêtait à parler lorsque la poigne d'acier de Francesco l'empêcha de s'avancer.

-Gamin, écoute moi bien ! Murmura t'il d'une voix autoritaire. Nous n'avons aucune chance de nous en sortir si nous refusons leur offre ! Nous serons tués où fait prisonniés et Matilda aussi, quoi que nous fassions elle est condamnée ! Alors je t'interdis de nous emporter avec toi parce que tu refuses que ta belle soit emportée ! Cet homme est honnète, il a beau être un esclavagiste, sa parole vaut autant que celle de William, autrefois pirate et moi ancien contrebandié, mercenaire et brigand. Crois moi, le sort de Matilda sera bien plus enviable que celui de milliers d'autres filles réduites en esclavage par des hommes que lui chaque année !

-Ce n'est pas acceptable. Siffla Giovanni entre ses dents serrées. Je ne la laisserais pas.

-Nous aurons toujours une chance de la secourir si nous obtenons leur confiance une fois arrivée à Tunis ! Tenta de le raisonner Francesco.

-Mais entre temps je sais qu'elle...

-Il t'a donné sa par...

-SA PAROLE NE VAUX RIEN ! Explosa Giovanni. Elle vaut aussi peux que la tienne Francesco ! Tu m'avais juré que tu veillerais à ce qu'il n'arrive rien à Matilda et à présent tu tentes de marchander sa vie comme si elle t'appartenait ! Tu ne vaut pas mieux que Francis ! Tu ne vaux pas mieux que ces misérables marchands vénitiens qui ont saccagé notre royaume, notre Sicile, asservit notre peuple pour leur propre profit !

Dans un mouvement de colère et de désespoir, Giovanni se retourna et plaqua la lame de son épée contre la gorge de Matilda sous les yeux stupéfaits de l'assemblée. Un faible hoquet de terreur s'échappa des lèvres de celle qu'il aimait par dessus tout, ses yeux implorant le percèrent bien plus douloureusement que nul épée où flèche ne pourrait jamais le faire. Des larmes comencèrent à monter aux yeux de Giovanni et ses mains se mirent à trembler mais il se jura de ne pas lacher prise.

-Que fais-tu ?! S'exclama Francesco. Tu as perdu l'esprit ?!

Les marins et les esclavagistes fixaient Giovanni avec anxieté, fixant une fine goute de sang qui coulait le long du cou entaillé de Matilda qui restait figée sur place.

-Vous aimez marchander tous autant que vous êtes ! Lança Giovanni en tournant son regard vers Hassi Al-Nasser sans pour autant écarter son arme de sa compagne. A mon tour de faire une offre ! Si vous faites le moindre geste, je lui trancherais la gorge de votre raid aura été inutil ! Pas plus d'une dizaine d'entre nous ne survivraient au voyage jusqu'à Tunis dans vos cales et notre valeur est ridicule à côté de celle de Matilda ! Partez ! Laissez nous tranquille et allez faire votre ignoble commerce chez vous !

Le visage du chef des esclavagistes s'étira en un ignoble sourire qui dévoila des rangées de dents blanches aux lignes parfaites.

-Ca se voit mon garçon que tu n'es pas commerçant. Sussura t'il d'une voix douce. Ton offre ne vaux rien car mon partie n'a rien à gagner dans ta proposition, pourquoi accepterais-je ? De plus, je doute que tu puisses la tuer, tu l'aimes, ça crève les yeux.

-Oui je l'aime, tellement que je préfère la savoir morte plutôt que d'endurer toute sa vie la captivité et l'asservissement sordide que tu lui prépares ! Répondit Giovanni avec détermination. Même si je dois endurer mille supplices de mon vivant comme dans la mort pour avoir commis un tel acte, je sais que je lui aurais épargné bien des souffrances.

-Que c'est touchant. Murmura Hassi Al-Nasser. Mais le problème reste le même. Voila ce qui pourrait se produire : tu l'égorges, après cela, je vendrais tes compagnons à Tunis, même si cela doit me faire perdre de l'argent, toi en revanche, tu risques bien pire pour m'avoir fait passer à côté d'une telle affaire.
Ou bien, je repars en vous laissant en paix...mais dans ce cas, je ne gagnerais rien et je devrais engager de nouveaux hommes au prochain port...
Je veux cette fille, nous sommes dans une impasse...à moins que...

L'esclavagiste laissa sa phrase interrompue faire son effet, la tension grimpa en même temps que la température à cause des flammes qui dévoraient le village.

-Qu'es-tu prêt à sacrifier pour cette fille ? Jusqu'où es-tu prêt à aller ?

-Je ferais n'importe quoi ! Répondit Giovanni sans hésiter. Je donnerais ma vie et bien plus encore si ça lui permettait d'échapper au destin que vous lui préparez !

-Parfait, je vais m'amuser un peux. Fit le chef esclavagiste. Voila ma proposition : toi et moi allons nous battre en duel. Le vainqueur gagne tout ! Si tu me bas, tu gardes la fille, l'équipage, je suis même prêt à te donner un de mes navires pour repartir de cette île, le votre à l'air en mauvais état. Mais si je l'emporte...vous serez tous ma proprieté.

Giovanni grimaça, la proposition était tentante mais dangereuse, qui lui disait qu'il n'ordonnerait pas à ses archers d'ouvrir le feu sur lui à l'instant où il écarterait sa lame du cou de Matilda ?

-Je suis peut-être un ignoble esclavagiste comme tu sembles le penser, bien que je préfère me voir comme un simple commerçant, mais j'ai aussi mon honneur. Dit Hassi visiblement irrité devant l'hésitation de Giovanni.

-D'accord. Se résigna le jeune sicilien après un long moment de mutisme au cours duquel tous le regardèrent avec apréhension.
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMar 11 Déc - 22:07

allez, le duel de quinze minutes va commencer, Govanni va se faire couper les jambe et tomber dans la lav...dans l'eau. MrGreen
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MessageSujet: Re: Le Sicilien   Le Sicilien Icon_minitimeMer 12 Déc - 11:05

Il ne se fera jamais couper les jambes. Tout ce que je peux te dire c'est qu'on le reverra à la fin en Hongrie dans l'armée vénitienne.
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